Accueil / Economie et Gestion / Comment l’analyse de cas révèle l’impact de la microfinance en Haïti ?

Comment l’analyse de cas révèle l’impact de la microfinance en Haïti ?

Pour citer ce mémoire et accéder à toutes ses pages
🏫 Université d'État d'Haïti (UEH) - Institut National d'Administration, de Gestion et des Hautes Études Internationales (INAGHEI) - Département des Sciences Administratives
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Licence - 2014-2018
🎓 Auteur·trice·s
Sarah DUMA
Sarah DUMA

L’analyse de cas en microfinance révèle que 80 % des bénéficiaires de FINCA en Haïti ont vu leur niveau de vie s’améliorer significativement entre 2014 et 2019. Cette étude met en lumière des méthodes innovantes et des résultats surprenants, essentiels pour comprendre l’impact des prêts sur les communautés.


Cadre Théorique

Nombreuses sont les théories et les approches théoriques composant une explication à notre travail de recherche. Et parmi ces théories et approches théoriques, nous avons pris en compte trois (3) d’entre elles. Telles sont entre autres:

  • La théorie du crédit solidaire
  • L’approche institutionnaliste
  • L’approche Welfariste.
      1. Théorie du crédit solidaire

Cette théorie a été développée dans les années 1974 par le Docteur Muhammad Yunus. Elle a été élaborée dans le cadre d’une recherche faite par ce Docteur avec un groupe d’étudiants alors que son pays (Bengladesh) connaȋssait une grande famine. Il trouvait en effet inconcevable qu’en tant que Docteur alors qu’il connaȋt beaucoup de théories économiques, il était dans l’incapacité d’utiliser une d’entre elles afin de sortir son pays de cette crise.

Il décida alors de fonder avec ses étudiants un groupe de recherche nommé « Recherche d’action » avec pour objectif l’amélioration des conditions de vie des habitants de la région de recherche. Le village de Jobra6 et d’autres villages avoisinants l’Université de Chittagong7 furent les premiers à être étudiés par Yunus et ses étudiants.

Il s’est d’abord lancé dans l’agriculture mais, a constaté que le problème des villages n’était pas l’agriculture mais un problème de soutien financier tandis que banques traditionnelles se montrent extrêmement frileuses quant à leur accorder un prêt. Il a décidé de commencer à donner des prêts dans ses fonds sous forme de micro-crédit.

Il sélectionna en effet un échantillon de 42 familles œuvrant dans la fabrication de tabourin8. Le montant accordé est de 27 dollars, tous les prêts furent remboursés à temps. Les retombées furent surprenantes, en effet, non seulement les prêts furent totalement remboursés mais ils ont un effet à long terme sur son bénéficiaire.

Yunus a bien compris que proposer de tels produits disponibles à grande échelle pourrait améliorer la condition de pauvreté du monde rural Bangladesh. Voulant ainsi rallier les banques d’alors à cette cause, aucun d’entre eux ne voulait prendre ce risque. C’est ainsi qu’en Octobre 1983, il lance la Grameen-Bank appelée familièrement « banque des pauvres ».

Deux (2) approches différentes proposent ayant des approches différentes à expliquer la portée sociale des IMF.

      1. Approche institutionnaliste

Développer dans les années 1990, l’approche institutionnaliste se fonde sur l’idée que le microcrédit aussi efficace soit-elle, ne fera jamais de véritable différence sur le niveau général de pauvreté dans le monde si les opérations dépendent du financement des donneurs (Dugas-Iregui, 2007, p. 6). En effet, selon eux, le capital financier nécessaire pour poursuivre leur objectif qui vise à servir les clients qui ne sont pas servis ou qui ne le sont pas suffisamment, dépasse loin de ce que l’aide internationale peut leur donner.

Dans ces conditions, pour atteindre cet objectif et la rendre pérenne, les IMF doivent aspirer à l’autosuffisance, et, le seul moyen d’y parvenir est la rentabilité (recherche de profit) afin de ne pas perdre de vue leurs objectifs.

L’approche institutionnaliste considère que l’un des objectifs primaires de la microfinance est l’approfondissement financier, la création d’un système séparé et viable d’intermédiations financières pour les pauvres. Leur approche de la microfinance en est une de ‘’système financier’’, dans laquelle le futur de la microfinance est dominé par de nombreuses institutions œuvrant à grande échelle, à la recherche de profit, qui fournissent des services financiers de grande qualité à un grand nombre de pauvres (Ibid. p.7).

L’approche institutionnaliste porte son attention vers l’institution elle-même, elle vérifie son efficacité à travers les indicateurs de performance financière, c’est-à-dire la capacité de l’institution à être autosuffisante, à travers le nombre de clients servis et le taux de remboursement.

Avec l’entrée en jeux des agents du développement comme l’USAID, la Banque Mondiale, CGAP, Accion International, l’approche est devenue dominante. Plusieurs auteurs favorisent aujourd’hui cette perception de la microfinance.

      1. Approche Welfariste

Ce n’est que vers les années 1998, qu’une réplique aux institutionnalistes a vu le jour, les Welfaristes. La position de ces derniers s’affirme autour des écrits de nombreux auteurs notamment Jonathan Morduch (1998 ; 1999 ; 2000) et Gary Woller, Christopher Dunford et Warner Woodworth (1999). Plus tard, ils sont suivis par d’autres tels que John Hatch, fondateur de FINCA International ou Anton Simanowitz (2002), directeur d’Imp-Act, un consortium visant la promotion de performance sociale des IMF.

Contrairement à l’approche institutionnaliste qui vise l’aspect commercial de la microfinance, celle des Welfaristes vise l’équité sociale en passant par la famille. Leur clientèle est alors composée des plus pauvres des pauvres économiquement actifs, et leur but vise l’auto emploi. Ces types de prêts sont généralement réservés aux femmes car, d’une part elles démontrent un meilleur taux de remboursement, d’autre part, le contrôle des revenus et l’épargne par ces dernières produit un effet « d’empowerment »9 et ainsi améliore leurs conditions de vie ainsi que celles de leurs enfants.

Ces deux courants visent le même but qui est la réduction de la pauvreté par les produits financiers mais n’ont pas la même approche :

  • L’institutionnaliste préconise une approche commerciale, mettant accent sur la capacité de l’institution à être autonome.
  • Pour les Welfaristes, c’est l’équité sociale en passant par la famille qui prône.

9Empowerment, terme prêté du monde anglo-saxon est un processus par lequel une personne ou une collectivité se libère d’un état de subordination en acquérant la capacité d’user ses droits, s’affranchir de sa dépendance tant sur le plan social, moral et économique.

Mais dans le cadre de notre travail de recherche notre choix est porté sur la Théorie du crédit solidaire et l’approche théorique Welfariste. Parce qu’en ce qui a trait à la théorie du crédit solidaire, elle laisse comprendre qu’un prêt peut-être accordé à n’importe quelle personne, peu importe son niveau économique, toutefois cette personne, une fois avoir reçu le prêt est en mesure de le rembourser. Quant à l’approche Welfariste, elle montre importance des prêts accordés dans l’élévation du niveau de vie des familles. Ces prêts sont encouragés à être donnés aux femmes qui sont considérées comme piliers de leur famille.

Cadre Méthodologique:

La méthodologie est l’ensemble des méthodes organisant une recherche scientifique. Elle forme une partie de la recherche et constitue une étape spécifique résultant d’une position théorique et épistémologique pour la sélection de technique concrète de recherche.

Dans le cadre de cette recherche, on va utiliser les méthodes et techniques documentaires, l’observation directe, l’entrevue et le questionnaire écrit.

Les méthodes seront tant qualitatives que quantitatives et pour les techniques, elles seront entre autres les techniques documentaires, l’observation directe, l’entrevue, le questionnaire écrit.

Techniques documentaires :

Ces techniques nous permettront à faire la recension des écrits sur notre terme de recherche, avec les recherches antérieures qui ont été déjà faites par d’autres contemporains, on va consulter les documents, revus, articles, journaux pour mieux élaborer notre thème de recherche.

Observation directe :

L’observation directe est vue au sens de Raymond QUIVY comme étant une observation ou le chercheur est présent sur le terrain. Cette méthode nous permettra à mieux cerner ce que nous percevons de la réalité.

L’entrevue :

L’entretien est une interview au cours de laquelle un enquêteur interroge une personne sur ses opinions, ses expériences et ses perceptions. Il s’agit d’un tête-à-tête oral entre deux personnes ou une personne et un groupe de personnes dont l’une transmet à l’autre les informations recherchées. C’est un dialogue dans lequel l’interviewé s’exprime librement, tandis que le chercheur facilite ce dialogue par ses questions ouvertes et ses réactions. Le chercheur oriente l’entretien pour éviter que l’interlocuteur s’éloigne des objectifs de la recherche, (NDAGIJIMANA, 2008).

Cette technique nous aidera à entrer en contact avec les particuliers et employés de ladite institution afin de comprendre le mieux que possible l’impact de la FINCA Haïti S.A sur l’amélioration de la qualité de vie de ses bénéficiaires.

Le questionnaire écrit :

Le questionnaire écrit consiste à mettre par écrit une série de questions relatives au travail. Cette méthode exige des réponses par écrit afin de vérifier les hypothèses du travail à travers l’analyse des données relevées par le questionnaire.

Les limites du travail et première difficulté rencontrée

Les limites sont d’ordre temporel et spatial, ce travail s’étant sur une période ne dépassant pas cinq (5) années de suite (2014-2019) dans la Commune de Carrefour. Les premières difficultés sont dues au fait qu’il soit difficile pour ne pas dire impossible de trouver les textes originaux pour travailler sur la revue de littérature, nous étions obligés de travailler plusieurs textes afin d’avoir une idée globale de ce que les auteurs ont laissé comme documentations et ne faire que citer selon ce que nous avons trouvé sur notre thème de recherche, ce qui a engendré un autre problème dès qu’il s’agissait de donner la limite de ses travaux.

Dans ce contexte nous avons pu seulement relever deux travaux en Haïti traitant d’une manière ou d’une autre sur notre sujet de recherche.

La seconde difficulté fut de trouver des informations auprès de l’institution en question, ce qui n’est pas étonnant car les informations sur les institutions en Haïti sont inaccessibles et ce, même pour des personnes désirant mener une recherche d’ordre académique.

Sans oublier les difficultés rencontrées avec les clients lors de l’enquête. Ces personnes furent régissantes quant à la divulgation de quelques informations qu’elles estiment être personnelles.

________________________

6 Petite ville située près de Chittagong

7 Chittagong est le premier port de Bangladesh, la seconde ville de ce pays, sa population dépasse les 3.5 millions d’habitants. L’Université de Chittagong fut fondée en 1966.

8 Tabourin est l’ancien nom du tambourin, ce dernier est un objet rond constitué d’un cylindre de bois ou de plastique, sur lequel est tendue une peau animale ou une surface plastique qui permet de faire percuter ses mains (en musique) ou une balle (en sport) et qui provoque ainsi un son sec et claquant.

9 Empowerment, terme prêté du monde anglo-saxon est un processus par lequel une personne ou une collectivité se libère d’un état de subordination en acquérant la capacité d’user ses droits, s’affranchir de sa dépendance tant sur le plan social, moral et économique.


Questions Fréquemment Posées

Quelle est la théorie du crédit solidaire en microfinance?

La théorie du crédit solidaire, développée par le Docteur Muhammad Yunus, propose que le microcrédit peut améliorer les conditions de vie des pauvres en leur fournissant un soutien financier, ce qui a été prouvé par des expériences réussies dans des villages du Bangladesh.

Comment l’approche institutionnaliste influence-t-elle la microfinance?

L’approche institutionnaliste soutient que pour que la microfinance ait un véritable impact sur la pauvreté, les institutions de microfinance doivent viser l’autosuffisance et la rentabilité, plutôt que de dépendre uniquement des financements des donateurs.

Quel est l’objectif principal de la microfinance selon l’approche institutionnaliste?

L’objectif principal de la microfinance selon l’approche institutionnaliste est l’approfondissement financier, en créant un système viable d’intermédiation financière pour les pauvres, tout en assurant la rentabilité des institutions.

Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top