Comment l’analyse de cas dévoile les mécanismes de défense en communication interculturelle ?

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🏫 Institut Facultaire des Sciences de l'Information et de la Communication - Département du 3ème Cycle
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) - 2014
🎓 Auteur·trice·s
PATA KIANTWADI David
PATA KIANTWADI David

L’analyse de cas en communication révèle des mécanismes de défense surprenants au sein des interactions interculturelles congolaises. Cette étude, alliant méthodologies qualitative et quantitative, transforme notre compréhension des dynamiques socioculturelles, avec des implications cruciales pour la psychologie interculturelle.


    1. Communications généralisées et contextualités situationnelles du « conformisme »
      1. Description de cas

Pour comprendre comment les acteurs sociaux congolais produisent le « conformisme » dans un contexte multiculturel, les sujets enquêtés ont été appelés à tour de rôle à discuter autour du thème ci-après : « Vous avez facilement intégré dans votre culture les habitudes d’autres provinces ».

Les données recueillies de ces échanges peuvent être résumées comme suit447:

  • Bandundu : Jamais nousn’ intégrons les cultures d’ailleurs puisqu’il n’est pas intéressant d’adopter les comportements des autres. Par exemple, malgré la présence des Kasaïens au Bandundu, les autochtones n’ont pas copié leur système patriarcal au détriment du leur qu’accuse des faiblesses.
  • Bas-Congo : Souvent, les Bakongo adoptent les comportements d’ailleurs pour assurer leur survie, comme exemple brutal, lorsque l’on est devant un Equatorien, mélanger la farine de maïs avec celle de manioc pour préparer du « fufu », habitude culinaire reconnue aux Kasaïens.
  • Equateur : Il nous arrive quelquefois d’adopter les habitudes d’ailleurs. Ainsi, nous avons appris à manger le poisson salé et le mfumbwa avec l’arrivée des Bakongo ; le tressage des cheveux avec des plantes, l’éclaircissement de la peau et le port de pantalon par les filles comme des Kinois ; l’utilisation du « vélo » ou de la « moto » comme moyen de transport avec les Kasaïens.

447 Données recueillies lors des entretiens avec les étudiants des premières années de graduat (A et B) de l’IFASIC, du 09 au 30 avril 2013.

  • Kasaï Occidental : Souvent, il nous arrive d’intégrer dans notre culture les habitudes d’ailleurs. Par exemple, auparavant les Kasaïens n’exigaient pas beaucoup de biens en guise de dot, mais actuellement nous vivons le contraire avec l’influence des autres peuples comme les Kinois. Chez nous la fille ne porte pas le pagne de sa mère, mais les Kasaïens vivant à Kinshasa ne tolèrent presque pas ce principe lorsqu’ils reviennent chez nous. Actuellement, les Kasaïens commencent à avoir honte de parler leur langue en face d’autres peuples, surtout les Kinois. Chez nous, après le mariage, les deux familles sont devenues une et peuvent se fréquenter. De leur côté, les mariés se permettent de prendre en charge quelques membres de leurs familles (frères, sœurs, cousins ou cousines), chose que l’on ne trouve plus chez les Kasaïens vivant à Kinshasa. D’ailleurs, une fois notre cousin a été chassé par son frère.
  • Kasaï Oriental : Souvent, il nous arrive d’adopter les comportements d’ailleurs. C’est le cas de l’arrivée des Balubakat qui a fait évoluer la mentalité de beaucoup d’autochtones, par exemple manger les animaux morts de la forêt, le serpent, …
  • Katanga : Quelquefois, nous commençons à intégrer les habitudes des Kinois, par exemple on remarque ces derniers temps certains Lushois prendre de l’air dans des espaces vides ou s’asseoir devant leur parcelle ou encore s’habiller indécemment comme des Kinois.
  • Kinshasa : Souvent, les Kinois ont intégré aussi dans leurs habitudes des modèles venant d’ailleurs, comme exemple manger le « chat » (venant du Bakongo par assimilation de « mbala », le chat errant dans la brousse) ou le « chien » (venant des Baluba) ; les gens venant d’ailleurs sont très consciencieux et prennent leurs études au sérieux que les Kinois, ces derniers ont commencé aussi à les imiter.
  • Maniema : Rarement, nous copions les habitudes d’ailleurs dans notre culture, parce que nous sommes fiers et sûrs de notre propre culture. Les rares habitudes que nous avons copiées sont celles pratiquées par nos frères sociolinguistiques, comme exemple se promener avec le vélo en usage en Province Orientale, l’accoutrement (préférence de porter de longs métrages), l’art culinaire (manger la pomme de terre avec les haricots) du Nord-Kivu et le commerce très visible au Sud-Kivu.
  • Nord-Kivu : Quelquefois, il nous arrive d’intégrer dans notre culture les habitudes d’ailleurs. Actuellement, nous sommes emportés par la mondialisation, ce qui fait que les filles portent les pantalons, mini-jupes, surtout chez celles qui ont étudié à ailleurs, certains hommes commencent à avoir deux femmes, ce qui n’était pas de mise par le passé.
  • Province Orientale : Rarement il nous arrive d’accepter les habitudes d’ailleurs, par exemple manger le « Mfumbwa » ou le « Misili, fougère en français», car ils sont considérés chez nous comme des herbes ou encore manger des aliments préparés à base de la pâte d’arachide avec le « Fufu ».
  • Sud-Kivu : Jamais nous n’intégrons les habitudes d’ailleurs dans notre culture. Chez nous quand une fille est engrossée, c’est sa propre famille qui la prend en charge. Malgré les attitudes opposées des Kasaïens ou Bangubangu (Province Orientale) à cette pratique, nous sommes constants, parce qu’elle fait partie de notre coutume. D’ailleurs, ce sont des étrangers qui subissent les influences de notre milieu. Rarement nous adoptons les habitudes d’ailleurs, comme exemple jusqu’aujourd’hui nous avons du mal à manger la chenille.

Ces données sont analysées en termes d’éléments communicationnels (généralisés et contextuels) dans le paragraphe qui suit en fonction de « tableau panoramique de dépouillement » (voir le tableau n°08) et de la « grille d’analyse » (voir tableau n°09).

      1. Analyse des éléments communicationnels (généralisés et contextuels)

Il s’agit ici de dégager les éléments de la communication généralisée et de la contextualité situationnelle à partir des discours (réactions) des sujets enquêtés décrits ci-haut. Le tableau panoramique n°25 résume les éléments de cette analyse.

Tableau n°25 : Tableau panoramique du mécanisme de conformisme

Tableau n°25 : Tableau panoramique du mécanisme de conformisme
ProvincePratique du conformisme
BandunduJamais
Bas-CongoSouvent
EquateurQuelquefois
Kasaï OccidentalSouvent
Kasaï OrientalSouvent
KatangaQuelquefois
KinshasaSouvent
ManiemaRarement
Nord-KivuQuelquefois
Province OrientaleRarement
Sud-KivuJamais

Il y a lieu de relever du tableau n°25 les conclusions ci-après :

  • le mécanisme « conformisme » est pratiqué par six provinces (soit 55 %). Il s’agit de : Bas-Congo, Equateur, Kasaï Occidental, Kasaï Oriental, Katanga et Kinshasa. D’après les discours analysés, ces provinces véhiculent des valeurs positives, notamment le sentiment d’acceptation des autres culturels, la confiance et la tendance grégaire ;
  • en revanche, cinq provinces ne pratiquent pas ce mécanisme (soit 45 % de cas). Il s’agit de : Bandundu, Maniema, Nord-Kivu, Province Orientale et Sud-Kivu. Ces provinces, selon les discours des enquêtés, véhiculent des valeurs négatives comme le sentiment de rejet des autres, la méfiance et la tendance égocentrique.

Questions Fréquemment Posées

Comment les Congolais intègrent-ils les habitudes d’autres cultures ?

Les Congolais intègrent parfois les habitudes d’autres cultures, comme les Bakongo qui adoptent des comportements d’ailleurs pour assurer leur survie, ou les Kasaïens qui commencent à avoir honte de parler leur langue en face d’autres peuples.

Quelles sont les différences culturelles observées entre les provinces congolaises ?

Les différences culturelles varient selon les provinces, par exemple, les habitants de Bandundu n’intègrent pas les cultures d’ailleurs, tandis que les Kasaïens vivant à Kinshasa adoptent des comportements influencés par d’autres peuples.

Quels mécanismes de défense sont identifiés dans la communication interculturelle au Congo ?

L’article identifie des mécanismes de défense socioculturelle, tels que le conformisme, où les acteurs sociaux congolais produisent des comportements d’intégration ou de rejet des habitudes d’autres cultures.

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