L’analyse comparative des compétences révèle que, contrairement aux idées reçues, les qualités comportementales surpassent souvent les diplômes dans la réussite des experts-comptables. Cette découverte soulève des questions cruciales sur les véritables facteurs de succès dans l’exercice libéral de cette profession essentielle.
Sous-section 2 : Concertation et ouverture de canaux d’accès aux plus hauts responsables
La gestion des risques est l’affaire de tous mais, in fine, l’expert-comptable en est à la fois le principal acteur et le propriétaire et en assume la responsabilité365.
L’importance des collaborateurs sur l’efficacité du processus de gestion des risques justifie l’importance de leur adhésion à la politique générale du cabinet ainsi que de l’échange continue des informations. D’où l’importance de la concertation et l’ouverture des canaux d’accès aux responsables.
364 Yaïch (A.), « La culture du risque », La RCF n° 66, 2004, page 3.
365 IFACI, PricewaterhouseCoopers & Landwell & associés, op.cit, page 11.
§1. La concertation
Chaque collaborateur joue un rôle dans la gestion des risques et contribue à l’efficacité de mise en œuvre du processus. C’est ainsi que la majorité des informations nécessaires à une gestion efficace sont produites par les collaborateurs. Encore, faut-il rappeler l’importance du travail collectif et de l’esprit de groupe qui doit régner au sein du cabinet afin de mettre en contribution l’intelligence collective de tous les membres.
Toutefois, impliquer les collaborateurs dans le processus de gestion des risques, afin qu’ils apportent les soins nécessaires aux activités quotidiennes, dépend de leur degré d’adhésion à la politique générale du cabinet. Une forte adhésion suppose la compréhension des objectifs fixés et du rôle de chacun pour les atteindre.
La participation active des collaborateurs ne se limite pas à la fixation de la politique, dans la mesure où elle s’étend aux activités de perfectionnement du processus et de mise à jour des objectifs. Elle se manifeste aussi par l’accès direct aux hauts responsables en cas de nécessité.
§2. L’ouverture des canaux d’accès aux hauts responsables
La remontée de l’information en temps opportun est un facteur important de gestion des risques. Yaïch (A.) affirme que, les responsables doivent être mis au courant des événements et risques dès leur apparition ou découverte selon une politique et des procédures sécurisées de remontée de l’information (Whistle – blowing policy)366.
Il est fondamental, donc, de mettre en place des circuits de communication permettant la transmission rapide et sécurisée des informations, jugées urgentes, aux responsables concernés. L’accès direct et le contact de ces derniers constituent à la fois le circuit le plus rapide et le plus sûr permettant de transmettre l’information sans risque de déformation ni de represaille.
§3. Les limites de l’ouverture des canaux d’accès aux hauts responsables
La concertation ainsi que l’accès direct aux hauts responsables connaissent quelques limites devant être prises en considération par l’expert-comptable.
D’une part, la politique générale du cabinet en matière de gestion peut ne pas gagner l’adhésion unanime de tous les collaborateurs, ce qui risque de se traduire par des
366 Yaïch (A.), « L’impôt sur les sociétés 2007 », page 27.
différences dans la perception des risques, pouvant générer des inefficacités individuelles.
D’autre part, l’accès direct aux hauts responsables peut se convertir en un risque d’absence de formalisation des travaux accomplis, rendant ainsi le contrôle difficile. Par conséquent, le circuit de communication doit être bien contrôlé et limité aux situations urgentes.
Ces limites sont généralement plus accentuées lors de la mise en place du processus de gestion des risques, d’où la nécessité d’organiser des réunions régulières visant à contrôler l’efficacité du processus et à familiariser les collaborateurs à la gestion des risques.
Sous-section 3 : La tenue de réunions régulières
Les réunions font partie intégrante des outils de gestion de la productivité organisationnelle et personnelle. Pour tirer profit des réunions et les utiliser pour créer un environnement productif et harmonieux, il faut comprendre tout ce qu’une réunion implique et posséder des compétences en matière d’animation efficace de réunions367.
§1. L’impact des réunions régulières sur l’efficacité du processus de gestion des risques
L’organisation de réunions régulières avec les collaborateurs contribue à l’amélioration de la performance du processus de gestion des risques. En effet, des réunions, bien organisées, constituent à la fois un moyen de suivi et de contrôle des travaux et un outil de motivation et de développement de l’esprit d’équipe.
L’expert-comptable peut profiter de ces rencontres avec les collaborateurs pour :
- Expliquer, davantage, la politique de gestion des risques choisie par le cabinet, ainsi que les tâches attribuées à chaque collaborateur afin de garantir leur concertation.
- Développer un langage commun en matière de gestion des risques facilitant ainsi le transfert des informations ;
- Faire participer les collaborateurs et bénéficier des avantages du travail collectif ;
- Encadrer les collaborateurs ;
367 Conduite efficace de réunions, http://www.statcan.ca/francais/training/generic_f.htm#0517, visité en janvier 2007.
- Découvrir les qualités individuelles de chaque collaborateur permettant de procéder à des affectations pertinentes des tâches ;
- Prendre connaissance des défaillances et des problèmes rencontrés lors de la mise en œuvre du dispositif de gestion des risques ;
- Adapter la stratégie de gestion des risques aux circonstances internes et externes.
Notons que « même si les objectifs d’une réunion ne sont pas atteints, une réunion n’est jamais inutile, car elle fait toujours avancer la connaissance des autres et le sentiment de groupe »368.
Toutefois, les réunions ne peuvent générer des avantages que lorsqu’elles ont été bien organisées et dirigées.
§2. Organiser et diriger efficacement les réunions
Organiser et diriger des réunions efficaces exige le respect des règles suivantes369 :
- Confirmer l’objectif de la réunion ;
- Confirmer l’identité des parties représentées à la réunion ;
- Confirmer que l’éventail des parties représentées est approprié aux fins de l’atteinte de l’objectif ;
- Analyser l’objectif et voir si la tenue d’une réunion est la meilleure façon de l’atteindre ; discuter de ce point et le confirmer avec les participants éventuels (par exemple : éviter de tenir une réunion pour diffuser de l’information qui serait mieux diffusée par une note ou un courriel) ;
- Collaborer avec les participants pour établir un ordre du jour qui permettra d’atteindre l’objectif dans un temps raisonnable ;
- Collaborer avec les participants pour fournir la documentation à l’avance lorsque cela est nécessaire ;
- Diriger la discussion d’une façon structurée370 ;
- Solliciter les points de vue d’une façon engageante et confirmer la compréhension commune des différents points de vue ;
- Enoncer ses points de vue de façon claire et concise ;
368 L’information, http://perso.orange.fr/m.emery.management/ME6informationpdf.pdf, visité en mars 2007.
369 Yaïch (A.), « Ethique et compétence comptables », page 47.
370 L’incapacité à diriger une réunion réside dans le fait de la laisser partir à la dérive plutôt que de la focaliser sur l’ordre du jour. Autre carence de même ordre : l’incapacité d’être clair et ferme, si bien que les collaborateurs ne savent pas ce qu’on attend d’eux.
- Concilier ou rapprocher les points de vue des dirigeants pour parvenir à une entente lorsque c’est possible ;
- Diriger le groupe vers un consensus clair ;
- confirmer les étapes subséquentes ; consigner le travail dans un dossier.
Bien que le respect de ces règles garantisse le bon déroulement des réunions, l’expert-comptable doit, toutefois, éprouver certaines qualités.
§3. L’importance de l’attitude de l’expert-comptable
Lorsque l’expert-comptable communique oralement avec ses collaborateurs, notamment au cours des réunions, l’attitude et le ton de la voix accentuent le contenu des messages communiqués371.
L’expert-comptable est appelé à dire ce qu’il fait, c’est-à-dire servir d’exemple pour les collaborateurs. En effet, les actes sont plus parlants que les mots dans la mesure où les actes des collaborateurs sont influencés par l’histoire et la culture du cabinet et s’inspirent de la façon dont leur chef gère et a géré des situations similaires372.
Les outils de communication doivent permettre de véhiculer les informations nécessaires permettant la mise en œuvre efficace du processus de gestion des risques. Toutefois, la performance des ces outils ne dispense pas de mettre en place un système de pilotage et de contrôle du fonctionnement de ce processus. En effet, la délégation implique un accompagnement avec un contrôle poussé et régulier.
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364 Yaïch (A.), « La culture du risque », La RCF n° 66, 2004, page 3. ↑
365 IFACI, PricewaterhouseCoopers & Landwell & associés, op.cit, page 11. ↑
366 Yaïch (A.), « L’impôt sur les sociétés 2007 », page 27. ↑
367 Conduite efficace de réunions, http://www.statcan.ca/francais/training/generic_f.htm#0517, visité en janvier 2007. ↑
368 L’information, http://perso.orange.fr/m.emery.management/ME6informationpdf.pdf, visité en mars 2007. ↑
369 Yaïch (A.), « Ethique et compétence comptables », page 47. ↑
370 L’incapacité à diriger une réunion réside dans le fait de la laisser partir à la dérive plutôt que de la focaliser sur l’ordre du jour. Autre carence de même ordre : l’incapacité d’être clair et ferme, si bien que les collaborateurs ne savent pas ce qu’on attend d’eux. ↑
Questions Fréquemment Posées
Quelles sont les compétences essentielles pour réussir en expertise comptable ?
L’article identifie trois types de compétences interdépendantes : comportementales, techniques et en gestion des risques.
Pourquoi la concertation est-elle importante dans la gestion des risques en expertise comptable ?
La concertation est essentielle car chaque collaborateur joue un rôle dans la gestion des risques et contribue à l’efficacité de mise en œuvre du processus.
Comment l’accès direct aux hauts responsables influence-t-il la gestion des risques ?
L’accès direct aux hauts responsables permet une remontée de l’information en temps opportun, ce qui est un facteur important de gestion des risques.