L’analyse comparative de l’urbanisation à Louga révèle des défis socio-économiques inattendus, tels que la ségrégation sociale et la pression sur l’agriculture. Ces résultats soulignent l’urgence d’une gestion urbaine efficace pour naviguer dans cette crise croissante et ses implications pour la communauté locale.
Autres impacts de l’extension urbaine
Figure 15 : Les conséquences de l’extension urbaine à Louga
Extension spatiale dans la ville de Louga
Conséquences sociales ;
- Ségrégation spatiale et sociale
- Individualisme et perte de sens de la vie en communauté
- Stress des ménages
- Conflits d’usage des sols
- Problèmes de santé
Conséquences économiques
- Pression permanente et fragilisation de l’agriculture péri- urbaine
- Spéculation foncière et augmentation du prix du foncier
- Investissements supplémentaires de la municipalité de Louga
- Entretien des équipements
- Budgets familiaux (couts des déplacements)
- Modification de l’occupation du sol
- Disparition des espaces à fortes qualités écologiques
- Fragmentation des structures paysagères
- Pollution (eau, air, sonore)
Source : Hane M, 2019
Sur le plan économique
Sur le plan économique, l’extension de la ville s’accompagne de couts financiers importants à la fois pour la collectivité et pour les ménages. En effet, avec l’expansion spatiale, les égouts et le réseau de conduites d’eau, les routes ainsi que les réseaux d’électricité doivent être plus longs et étendus sur de plus grandes surfaces. C’est dans ce cadre que la mairie cherche toujours le financement pour réaliser ces projets d’envergure afin de desservir l’ensemble des quartiers de ces infrastructures.
En outre, en dehors de cout généré par ces déploiements, il y a aussi le cout pour l’offre de certains services. Au vu de l’extension fulgurante de l’espace urbain de la ville ces dernières années, il devient plus dispendieux de couvrir cet espace pour la police, les pompiers, les services de santé, la collecte des ordures ménagères, l’entretien de la voirie ainsi que le transport en commun.
On a montré dans les facteurs économiques de l’extension de la ville que les ménages décident de s’installer en périphérie pour des raisons économiques notamment avec la cherté de la vie et du foncier au centre-ville. Cependant, la prise en compte de autres couts vient augmenter de façon non négligeable le coût réel de la vie à la périphérie de la ville.
En effet, cette population vivante à la périphérie de la ville de Louga dépense beaucoup pour leur déplacement en raison de l’abscence de transport en commun dans certaines zones qui peut être expliqué par l’habitat spontané, très mal organisé avec l’étroitesse des rues et la mauvaise desserte en infrastructures routières. Ce qui se répercute sur la situation financière des ménages vivant dans ces quartiers car il faut toujours payer le transport cher pour bénéficier des services pour la plupart très loin des habitations (écoles, hôpitaux,
lieux de travail).
Par ailleurs, l’extension de la ville qui s’est effectué au détriment des espaces agricoles met aussi une pression économique supplémentaire sur les agriculteurs pour les inciter à la conversion des terres précieuses en espace habité moyennant un rémunération. En effet, le flux migratoire des population rurales qui viennent s’installer à la périphérie de la ville de Louga associé à l’intérêt des émigrés sur le foncier augmentent substantiellement la valeur économique des terrains.
Ce qui rend du coup la vente de ces terres aux promoteurs immobiliers très séduisante pour les agriculteurs. Ce faisant, il prend une importante source financière qui leur procurait chaque année des revenus et se rabattent souvent dans les activités informelles où peu de gens réussissent à avoir une situation économique stable.
Sur le plan social
L’étude de l’extension de la ville de Louga permet de voir les impacts de ce phénomène sur l’angle social.
Ainsi, d’un point de vue social, l’extension urbaine concourt à des différenciations socio- spatiales comme le montre Sainteny (2008). En effet, dans le contexte de la ville de Louga, les ménages localisés dans les quartiers périphériques et spontanés retrouvent plus difficilement du travail, ont moins accès aux services sociaux de base et aux équipements de qualité. Les foyers qui se sont installés dans ces zones pour des raisons économiques, se retrouvent quasiment « piégés » et paient cher pour le déplacement puisque installés dans des lieux mal ou pas desservis par les TATA.
On peut aborder cette question d’inégalité sociale sur le plan environnemental. En effet, l’observation de l’espace urbain de la commune de Louga montre que le quartier central de Thiokhna est mieux loti en termes d’aménités et d’accès que les quartiers périphériques à l’exception de Grand Louga qui lui accueille une bonne partie des infrastructures de la ville. Une analyse plus fine laisse voir aussi que des espaces périurbains accueillent des activités à fortes nuisances sonores olfactives ou atmosphériques. De cette extension, il en découle un mode de vie différent en société qui a des impacts négatifs autant sur la santé que sur la cohésion sociale (Brunette 2009).
Photo 8: Disparité sociale en périphérie avec la proximité des maisons bâties et traditionnelles
[17_analyse-comparative-de-urbanisation-a-louga-enjeux-et-solutions_30]
Source : Hane M, 2019
En outre, l’expansion de l’espace urbain engendre également une différenciation par structure des ménages et par revenus. L’évolution du marché foncier et du marché immobilier dans la
ville a contribué à renforcer la ségrégation spatiale en excluant certaines populations du centre des villes, notamment des quartiers réhabilités (gentrification). On assiste alors à une plus grande ségrégation des développements résidentiels en fonction des revenus qui exacerbe les divisions sociales et économiques et se traduit par une polarisation sociale selon la perception
« riche au centre ; classe moyenne à la périphérie » même si elle est à relativiser.
Sur le plan environnemental
L’extension spatiale de la ville de Louga s’accompagne de divers impacts sur le plan environnemental. Elle a des conséquences sur les sols, les ressources en eau, l’air, sur les habitats naturels, la biodiversité etc.
Dans la ville de Louga on note une augmentation progressive de l’espace occupé avec notamment la construction de maisons individuelles qui est le moteur de l’artificialisation des sols, mais aussi des équipements et infrastructures qui conduit naturellement à cette artificialisation du sol urbain. Ce phénomène induit un changement de la nature des sols qui entraîne des conséquences environnementales sans précédent (Alberti, 199916).
La compacité et l’artificialisation des sols les rendent imperméables, ce qui accélère la circulation de l’eau, augmente le ruissellement et diminue la capacité de rétention et d’absorption. Ainsi, ce processus d’artificialisation induit l’imperméabilisation des sols, qui associé à l’inexistence de système d’évacuation des eaux pluviales dans certains quartiers de la ville, sont à l’origine d’importantes inondations en période d’hivernage.
Il est aussi important de noter que l’extension importante des surfaces artificialisées autour des villes entraîne aussi une dégradation importante de la qualité et de la quantité de l’eau (Brunette 2009) avec notamment la pollution de l’eau et la diminution de l’approvisionnement des nappes phréatiques (Beaudoin 2010) dans cette ville où l’essentiel de la population s’alimente en eau à travers les forages.
En outre, l’extension urbaine modifie quasiment le paysage et la morphologie de la ville. Elle entraine des changements importants au niveau de l’usage des terres et des structures paysagères et provoque par conséquent une fragilisation des espaces « naturels ». Ce qui
16 Cité Aguejdad R.,2009. Etalement urbain et évaluation de son impact sur la biodiversité, de la reconstitution des trajectoires à la modélisation prospective. Application à une agglomération de taille moyenne : Rennes Métropole, thèse de doctorat ès Géographie de l’université Rennes 2, 374p.
provoque des perturbations des écosystèmes et porte préjudice à la biodiversité. C’est dans ce sens que Aguejdad affirme que l’extension de l’espace urbain entraine des conséquences sur le fonctionnement des « écosystèmes localisés à proximité des espaces urbanisés (…), notamment à travers la modification des habitats des espèces végétales et animales, de la production de ressources alimentaires, du stockage de l’eau… ».
Bien qu’il soit très difficile de trouver un indicateur pour mesurer la vitesse de la dégradation de la biodiversité, il est cependant sans équivoque que la fragmentation des continuités paysagères influence négativement le maintien de la biodiversité. En effet, dans la ville de Louga, avec la construction de nouveaux bâtiments dans des zones résidentielles, commerciales ou encore industrielles et l’extension des infrastructures routières issues de l’extension urbaine, il y a évidemment fragmentation des espaces naturels et agricoles empêchant ainsi les déplacements et la reproduction de
la faune. L’urbanisation dans cette ville s’est surtout développée, en périphérie au détriment des terres agricoles et des espaces naturels qui subissent ainsi de fortes pressions.
Cependant, il est nécessaire que les acteurs concernés s’inquiètent plus de ces conséquences car en détruisant ce capital naturel pour urbaniser des territoires de plus en plus grands, l’homme se retrouve même à supprimer des services gratuits rendus par les écosystèmes, alors qu’il doit dépenser des sommes astronomiques pour réaliser ces services par lui-même.
L’observation de tous ces dommages d’envergure générés par l’extension sans précèdent de la ville nous amène à nous poser la question à savoir : comment les autorités organisent la gestion urbaine à Louga ?
Conclusion partielle
L’étude de la dynamique de l’extension spatiale de la ville de Louga montre que ce processus qui a fini par installer la ville en dehors de son périmètre réglementaire relève des stratégies de multiples acteurs.
Les pouvoirs publics (Etat et la municipalité) qui organisent l’affectation des sols à l’échelle de la commune, développent de nouveaux secteurs de l’économie urbaine et réalisent des infrastructures afin de raccourcir le temps de déplacement et rendre accessible les nouveaux quartiers. Les ménages essentiellement migrants ou émigrés qui sont encouragés par les politiques des autorités avec les stratégies d’aide à l’accession à la propriété mais aussi leur préférence de la maison individuelle pour des raisons sociologiques.
Les entreprises privées ou même les émigrés devenus des promoteurs immobiliers qui augmentent la valeur du foncier soit par la spéculation foncière soit par leurs activités qui finissent par attirer les populations. En effet, les grandes enseignes commerciales qui se sont s’implantées à la périphérie de la ville de Louga, à proximité des grandes infrastructures routières et des points d’échanges ont joué un rôle non moins important dans le processus d’extension de la ville
Ainsi depuis la période coloniale, la ville de Louga ne cesse de grandir et de s’étaler et devient avec le temps une véritable région urbaine qui imitent bien les phénomènes d’extension autrefois observés dans les autres villes du pays (Dakar, Thiès etc.).
Cette extension non contrôlée génère pourtant des impacts qui entrainent à leur des répercussions graves à tous les niveaux. En effet, elle pose premièrement le problème lié au foncier qui est beaucoup courtisé. L’extension de la ville au-delà des limites préalablement définies entraine également des conséquences sur la gestion des ordures, l’éclairage public, l’assainissement et l’alimentation en eau potable dont l’accès est limité à quelques
« privilégiés ». En outre, sur le plan économique, les conséquences de cette expansion touchent aussi bien les pouvoirs publics que les habitants en périphéries dont les dépenses ne cessent de multiplier et ceci sans oublier ses implications néfastes au niveau social et environnemental.
Face à l’ampleur des impacts de l’extension spatiale au niveau de la ville de Louga, une bonne gestion de l’espace urbain est un impératif pour pallier à ce phénomène.
________________________
16 Cité Aguejdad R.,2009. Etalement urbain et évaluation de son impact sur la biodiversité, de la reconstitution des trajectoires à la modélisation prospective. Application à une agglomération de taille moyenne : Rennes Métropole, thèse de doctorat ès Géographie de l’université Rennes 2, 374p. ↑
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les impacts sociaux de l’extension urbaine à Louga?
Les impacts sociaux incluent la ségrégation spatiale et sociale, l’individualisme, le stress des ménages, les conflits d’usage des sols et des problèmes de santé.
Comment l’extension de Louga affecte-t-elle l’économie locale?
L’extension de la ville entraîne des coûts financiers importants pour la collectivité et les ménages, notamment en raison de l’augmentation des dépenses pour les infrastructures et les services publics.
Pourquoi les ménages choisissent-ils de s’installer en périphérie de Louga?
Les ménages s’installent en périphérie pour des raisons économiques, notamment la cherté de la vie et du foncier au centre-ville, mais cela augmente également leurs coûts de déplacement et d’accès aux services.