Quelles Stratégies pour Assurer la Gratuité de l’Éducation en RDC ?

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🏫 UNIVERSITE PEDAGOGIQUE NATIONALE - FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L’EDUCATION - DEPARTEMENT DE GESTION ET ADMINISTRATION DES INSTITUTIONS SCOLAIRES ET DE FORMATION
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Licence - 2019-2020
🎓 Auteur·trice·s
NDJETE IMBILE
NDJETE IMBILE

Les stratégies de mise en œuvre éducative révèlent les défis majeurs de la gratuité de l’enseignement primaire en République Démocratique du Congo. Comment ces obstacles politiques et économiques affectent-ils la qualité de l’éducation à Matete et la motivation des enseignants ?


Diagnostic récent du système éducatif en RDC

L’éducation s’entend comme la formation intégrale de l’homme. Depuis l’accession du pays à l’indépendance en 1960, aucune politique cohérente du système éducatif n’a été conçue et appliquée en vue de trouver des adaptations nécessaires entre la demande de l’éducation, toujours croissante, et les ressources de l’Etat de plus en plus décroissantes. L’insuffisance de la capacité d’accueil des écoles publiques en est la cause de la prolifération des établissements d’enseignements privés.

      1. L’éducation en situation de crise: Invention d’un nouveau paradigme L’émergence du paradigme d’éducation en situation de crise s’inscrit tout d’abord en continuité avec la construction progressive d’un « agenda global pour l’éducation » depuis les années 1980 (King, 2007, p. 377-391). C’est à cette époque en effet qu’apparaît une vision plus sociale du développement, notamment au sein de la Banque mondiale et du PNUD qui considèrent avec l’adoption de l’Indicateur de Développement Humain que le développement ne peut plus se réduire à la seule croissance économique mais doit aussi permettre l’amélioration de l’accès à l’éducation et à la santé. Au même moment, les politiques d’ajustement structurels mises en œuvre dans la plupart des pays du Sud ont amené l’État à se retirer de ce secteur, tandis que la Convention relative aux droits de l’enfant, adoptée en 1989, reconnaît pour la première fois l’éducation de base comme un droit fondamental devant être garanti à tous les

enfants à l’échelle internationale.

Fort de cette assise juridique de portée universelle, et profitant de la faiblesse relative de l’État, les agences d’aide au développement multiplient alors leurs programmes d’interventions au sein et en parallèle des systèmes éducatifs nationaux, à la fois pour les financer mais aussi pour les réformer, suivant des standards, des politiques et des modèles définis au sein d’arènes publiques internationales. C’est ainsi que les trois dernières décennies ont vu une multiplication de conférences mondiales sur le thème de l’Éducation Pour Tous (Jomtien en 1990, Amman en 1996 et Dakar en 2000) jusqu’à ce que celle-ci soit intégrée dans les points 2 et 3 des Objectifs du Millénaire pour le développement.

Selon l’article 28 de la Convention relative aux droits de l’enfant (1989), l’éducation de base ne se réduit pas à l’éducation primaire. S’il rend l’école primaire obligatoire et gratuite pour tous, il encourage aussi l’organisation de différentes formes d’enseignement secondaire (général et professionnel) par la prise de mesures appropriées. Toutefois, en pratique, les bailleurs de fond ne tendent qu’à financer des interventions dans le secteur de l’enseignement primaire.

Considérations théoriques sur la mise en œuvre de la Gratuité de l’Enseignement en RDC

Comme nous venons d’indiquer, depuis des années, le système éducatif congolais fait face aux multiples défis; le plus criant était la prise en charge de l’école par les ménages (parents d’élèves). Cette situation aurait même porté coup dur à la qualité de l’enseignement à tous les niveaux. Pour y arriver à appliquer la loi portant gratuité de l’enseignement primaire voire éducation de base, il fallait commencer par relever les défis en phare. Dans le cas contraire, nous aurons une école gratuite qui ne rimera pas forcément avec la qualité.

Arrivé au pouvoir, le 24/01/2019; samedi, le 02/03/2019, le chef de l’Etat Congolais, au cours d’un meeting ténu à la place de l’échangeur-Kinshasa, fait plusieurs déclarations politiques et « annonce les vœux de son programme mandat (connu sous le nom du programme d’urgence ou programme de cent 100 jours) ». Dans son allocution, il révèle ses priorités dans dix (10) secteurs : santé, enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP), l’agriculture, le développement rural, infrastructures et travaux publics, transports, Energie, Mines, industrie, Formation professionnelle, Métiers et artisanat, Fonction

publique, défense et service de sécurité, justice et pouvoir judiciaire, et affaires étrangères. Sans pour autant présenter un cadre programmatique dans lequel devrait s’inspirer les participants pour faire le travail. A la foulée de ces déclarations, il formule aussi le vœu de rendre gratuite l’éducation de base.

Sans transition, en lieu et place, il intime l’ultimatum d’appliquer la gratuité dans tous les établissements publics au niveau primaire et secondaire général. Discours controversé par un nombre d’écoles de Kinshasa qui s’attendaient avant tout à la résolution des préalables. Car, en réalité des faits, les chefs d’établissements commençaient déjà à percevoir les acomptes de paiement des frais scolaires n’étant pas sûr de l’effectivité de la gigantesque réalisation du gouvernement. Ils se souciaient aussi de rembourser aux parents les frais déjà perçus.

La situation fait de la rentrée Scolaire 2019-2020 un foyer des tensions, des manifestations de mécontentement et déclenchement des mouvements de grève au point que le gouvernement avait du mal à contenir. A ce titre, s’imposera en date du 22 au 24 Août 2019 une table ronde convoquée par le chef de l’Etat, absent aux assises, et qui sera représenté par son directeur de cabinet. Le conclave va charger un groupe d’expert pour étudier les défis et en proposer les pistes. Une sous-commission composée des experts de l’administration publique (Ministres de l’EPSP, budget, du plan et des Finances), les conseillers du Président de la République, et les organisations de la société civile. Les praticiens de l’éducation n’ont pas été intéressé.

Une nouvelle impulsion en éducation s’impose. Pour prendre en charge la gratuité de l’enseignement de base, la sous-commission EPSP, l’évalue à 2 905 906 965 USD : assurer le fonctionnement de 51 574 écoles publiques et bureaux gestionnaires, la prise en charge de 542 834 enseignants ; la suppression de frais de bulletins, les frais des épreuves, etc. Suite à la modicité des recettes de l’état, évalué à 4,9 milliards USD, les membres de la sous-commission optent pour une

mise en œuvre progressive de la gratuité de l’éducation de base tout en échelonnant les besoins pour une période de trois ans (2020-2022). Sur le terrain, les parents sont partagés entre l’espoir et la prudence.

Considérant les problèmes d’ordre budgétaire, le Ministre du Budget annonce cinq actions principales pour 2020: la mise en œuvre progressive de la gratuité de l’enseignement de base ; la formation continue des enseignants ; l’extension en province de la mutuelle de santé des enseignants ; l’acquisition et distribution des manuels scolaires et des guides pédagogiques aux écoles primaires ; la rente, la pension et la mise à la retraite des enseignants.

Les participants sont allés loin en proposant même le recours à une taxe de solidarité : la participation de 10% des recettes perçues des secteurs miniers, d’hydrocarbure, télécommunications, billet d’avion, péage, pollution de l’environnement. Une proposition, qui devrait être approuvée par le nouveau Gouvernement et votée par le Parlement.

L’absence de planification crée la confusion

A une semaine de la rentrée scolaire, les discours changent. Le Ministre intérimaire de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel, Emery Okundji, annonce la gratuité totale de l’éducation de base. Sans une planification programmatique et budgétaire cohérent, le 27 août 2019, le Secrétaire Général à l’Est, Jean-Marie MANGOBE BOMUNGO, interdit la perception par les écoles publiques des frais scolaires et de motivation.

Son courrier, adressé aux directeurs provinciaux, annonce par ailleurs quelques mesures, notamment la mécanisation de 15 000 enseignants sur le stock de 132.613 non payés ; la prise en charge des frais de fonctionnement dès le mois d’octobre 2019, sans préciser le montant ; la restitution des frais perçus aux parents.

Cependant, certaines écoles publiques ont eu à restituer les frais perçus aux parents et d’autres hésitaient encore d’obtempérer à la décision du

Ministère, pour n’avoir reçu aucune garantie en ce qui concerne la prise en charge des enseignants et des frais de fonctionnement par l’Etat.

Pourtant, lors des conférences budgétaires pour l’exercice budgétaire 2020, organisées par le Ministère du Budget du 5 au 16 août 2019, le Ministère de l’EPST avait présenté les besoins de la gratuité de l’éducation de base de manière échelonnée. Son plan triennal (2020-2022) prévoyait l’augmentation du budget de l’EPST à 3,233 milliards USD soit 1,077 milliards USD l’année. En première année, c’est-à-dire en 2020, le gouvernement devrait prendre en charge les frais de bulletin, de Minerval et d’Identification, du Test National de Sélection, et d’Orientation Scolaire Professionnelle (TENASOSP) de 13 579 065 élèves et suivi de leurs cursus scolaires; des frais d’Examen National de fin d’études Primaires (ENAFEP) pour 1 500 000 élèves.

S’agissant du fonctionnement et de la mécanisation des enseignants, le scénario projetait la prise en charge des frais de fonctionnement de 30 773 écoles, la mécanisation de 40 000 enseignants sur le stock de 132 613 enseignants non payés au cours de l’exercice budgétaire 2020, alors que les syndicats des enseignants affirment avoir déposé au mois d’avril 2019 à la présidence de la République un mémorandum reprenant un effectif de 240 000 enseignants, dont 104 387 nouvelles unités.

Pour y parvenir, un crédit de 439 271 756 USD était disponible dans le budget 2019. Et, qu’il suffisait de rechercher 637 728 244 USD pour lancer la gratuité progressive dès la rentrée scolaire 2019-2020. Cependant, la proposition n’a pas été acceptée par les politiques, qui ont proposé la gratuité totale, sans tenir compte des préalables. Tout en rassurant les parents de la capacité du pays à mobiliser le gap de 2,466 milliards USD pour financer la gratuité de l’éducation de base. Pourtant, l’application de la gratuité progressive telle qu’échelonner par les experts devrait entraîner un allégement partielle et progressive de la contribution des parents, jusqu’en 2022.


Questions Fréquemment Posées

Quels sont les principaux défis de la gratuité de l’enseignement primaire en RDC?

Les principaux défis incluent les obstacles politiques et économiques qui entravent l’application de la gratuité, ainsi que les conditions d’apprentissage dégradées.

Comment la gratuité de l’éducation affecte-t-elle la qualité de l’enseignement en RDC?

La gratuité de l’éducation peut mener à une école gratuite qui ne rime pas forcément avec la qualité, surtout si les défis ne sont pas relevés.

Quelle est l’importance de l’éducation de base selon la Convention relative aux droits de l’enfant?

L’éducation de base est reconnue comme un droit fondamental devant être garanti à tous les enfants, et elle inclut l’éducation primaire obligatoire et gratuite.

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