Analyse des résultats sur l’insertion socioéconomique des talibés au Burkina Faso

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🏫 Université Aube Nouvelle
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Licence professionnelle - Mai 2021
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L’insertion socioéconomique des talibés au Burkina Faso révèle des défis alarmants, avec une majorité d’entre eux vivant dans la précarité. Cette étude met en lumière les initiatives du Groupe de travail sur l’éducation non formelle, essentielles pour transformer leur avenir à travers des programmes d’alphabétisation.


CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE

Dans ce premier chapitre, il sera question pour nous dans un premier de situer la problématique de notre recherche à travers les questions, hypothèses et objectifs de recherche. Dans un second temps, la revue de littérature nous permettra de présenter le cadre conceptuel qui circonscrira nos recherches.

Problématique

Dans la dynamique de la recherche, cette partie constitue un maillon essentiel de la phase théorique, car elle situe le problème dans un contexte de vie et de recherche et permet de poser les bases de la recherche en termes de questions, hypothèses et objectifs.

Contexte du problème

L’enfant a droit à l’éducation aux soins de santé et doit être inséré dans la société dans laquelle il vit. Dans son ouvrage intitulé « L’ouverture entre l’école et le milieu en Afrique noire », Pascal MUKENE soulignait déjà le rôle capital de la société dans l’éducation de sa composante. Selon lui : « L’éducation est pour toute société la pierre angulaire de la construction de son avenir. L’éducation traduit les tendances et les options présentes dans la société et en même temps elle constitue un processus de projection dans le futur ».

Le temps de l’enfance est synonyme d’amour parental, de protection familiale, de joie, d’univers ludiques, d’apprentissage en société. Pourtant, ceci n’est pas effectif pour des millions d’enfants à travers le monde en général et plus particulièrement au Burkina Faso. Les talibés vivent souvent dans des conditions pitoyables et sont l’objet d’abus de toutes sortes.

Ils sont nombreux à souffrir de maladies diverses en raison de leurs conditions de vie déplorables. Beaucoup d’entre eux fréquentent peu ou ne fréquentent plus les foyers coraniques. Nous pensons que ces talibés, devenus adultes seront un danger pour la société, car certains deviendront des délinquants, des drogués, des braqueurs à main armée par le fait qu’ils n’ont pas été encadrés et insérés dans la société à temps opportun par leurs familles ou les pouvoirs publics.

L’éducation islamique par le biais des foyers coraniques concerne aujourd’hui l’ensemble des pays de l’Afrique subsaharienne sans exception. Beaucoup d’enfants et d’adultes sont de plus en plus attirés par ce type de scolarisation. Cependant, plusieurs études ont montré que les ministères de l’Éducation et de l’Alphabétisation ne leur accordent pas l’attention qu’elles méritent malgré les preuves de leurs contributions effectives au développement de l’offre

d’éducation, notamment en faveur des populations marginalisées. Face à cette situation, les pays subsahariens sont à la recherche d’alternatives en vue d’éduquer les enfants non scolarisés. Cette alternative ne prend pas juste en compte la scolarisation des jeunes, mais aussi leur insertion sociétale, qui leur permettra d’avoir une vie future meilleure. D’où la nécessité de réguler et appuyer les écoles coraniques qui peuvent contribuer à l’atteinte des Objectifs du millénaire. C’est dans cette optique que nous nous proposons de mener une analyse sur le dispositif d’insertion socioéconomique de ces talibés fréquentant ces foyers.

Il faut aussi noter que les talibés sont susceptibles d’être des proies faciles pour les réseaux radicaux, d’où la nécessité de les récupérer et de les insérer dans le tissu social.

La mise en place d’une politique intégrée nationale d’insertion socioéconomique des talibés est fondamentale pour résorber le chômage généralisé des jeunes et partant contribuer à la création des richesses et donc du développement du pays.

Il est indispensable dans une perspective de relance de l’économie et donc de lutte contre la pauvreté d’opérer une transformation structurelle et fonctionnelle du système d’insertion socioéconomique des talibés. Le changement comme facteur de progrès devrait être l’élément qui guide les propositions d’une approche intégrée.

L’évolution de l’enseignement coranique traditionnel dans la sous-région a connu plusieurs mutations depuis l’époque coloniale jusqu’à nos jours. Durant la période coloniale, l’enseignement coranique ou islamique a toujours été en conflit avec l’école moderne introduite par le colonisateur qui a œuvré pour contenir la propagation des écoles coraniques.

Au Burkina Faso, les écoles coraniques sont nées avec l’introduction de l’Islam dans les grandes villes du pays. Ce système éducatif traditionnel en milieu islamique n’a certainement pas su faire sa mutation dans le contexte socioéconomique actuel d’où certaines dérives telles que la mendicité lui sont attribuées. Ce phénomène, accentué par le caractère presque mercantile de certains maîtres coraniques qui utilise les enfants comme un fonds de commerce a pris une grande ampleur à tel enseigne qu’elle heurte la conscience des citoyens à tous les

coins de rue. Selon une étude de l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF), environ 44,04% des enfants de la rue de Ouagadougou étaient d’anciens talibés en 2004. Alors il y a nécessité de remédier à un tel phénomène qui ne fait que prendre de l’ampleur et mine la société.

En effet, les écoles coraniques sont une réalité éducative au Burkina Faso et regroupent beaucoup d’enfants d’âge scolarisable. À cet effet, elles jouent un rôle assez important dans le dispositif

éducatif pour mériter qu’on s’y intéresse à l’instar du secteur formel et des alternatives éducatives non formelles en cours au Burkina Faso.

Jadis, considérés comme creuset du savoir et du transfert des valeurs sociétales en plus de l’apprentissage des règles de disciplines, les foyers coraniques sont de nos jours confrontés à de nombreux problèmes. Ceux-ci sont la résultante de plusieurs facteurs parmi lesquels quatre sont particulièrement lourds de conséquences :

 le premier concerne la question des « enfants dans la rue » et « le phénomène de mendicité ». Dans toutes les villes ouest-africaines, le spectacle des enfants talibés tenant à la main une boîte est devenu familier. Cette situation d’errance expose les enfants à des maux comme les travaux pénibles, la violence, le trafic, la drogue, la délinquance, les maladies, etc. 3 ;

 le second facteur est l’intrusion de pratiques mercantiles et lucratives de certains maîtres qui ont dénaturé l’essence même des foyers coraniques ;

 le troisième facteur qui semble être le plus préoccupant du moment est l’absence de contenu professionnel dans le programme des foyers coraniques. En effet, de l’avis de certains gouvernements, l’enseignement dispensé dans les foyers coraniques est inadapté et incapable de faire face aux besoins modernes du marché du travail. Il est abstrait et coupé des réalités économiques des apprenants ;

 enfin, la majorité des foyers coraniques évoluent dans un système informel et ne sont pas pris en compte dans les statistiques scolaires officielles, pas même celles du non formel, car les foyers coraniques ne font pas partie des priorités nationales. Les apprenants de ces foyers vivent dans des conditions difficiles, car leur nombre est souvent élevé chez le maître, qui n’arrive plus à bien les loger, les nourrir, ni les soigner. Lui-même est sans revenu particulier et sans soutien.

Les talibés constituent la frange jeune de la population oubliée dans les budgets nationaux, car il existe peu d’initiatives portées par l’État avec pour objectif de faciliter leur insertion. Ce sont les organisations de la société civile, des institutions religieuses et des personnes physiques qui subviennent à leurs besoins de survies : nourriture, centre d’accueil ou d’écoute, vêtement, santé, soutien juridique, conseil sanitaire, protection contre la violence, la répression imméritée et les abus divers au nom de la loi et de l’ordre. Ces jeunes sont en proie aux sectes islamiques et autres à vision nocive pour la société dans toute sa globalité.

3 TALIBÉS au Burkina Faso, de l’étude à l’action : Recherche Action participative pour l’amélioration de leurs conditions de vie dans les villes de Ouagadougou, Ouahigouya et Zorgho. Dakar : ENDA TIERS MONDE, 2007/05 – 34 P (JEUDA 117). ISSN : 0850 – 1629.

Les ONG, de par leur prestation dans l’insertion ou la réinsertion des talibés, se montrent pragmatiques par la réalisation des actions concrètes qui se manifestent par un changement de comportement de bénéficiaires.

Et pour ce faire, cette situation exige une stratégie de mobilisation et de coordination de tous les intervenants dans le champ de l’insertion socioéconomique des talibés selon une démarche participative permettant d’assurer l’implication réelle des jeunes à tous les niveaux dans la mise en œuvre des actions d’insertion de ces franges. La croissance soutenue et durable constitue le socle de base sur lequel doit être conçue et organisée la lutte pour l’insertion socioéconomique et professionnelle des talibés dans les circuits de production.

Du reste, c’est cette situation qui a inspiré notre réflexion autour du thème suivant : « analyse du dispositif d’insertion socioéconomique des talibés : cas du Groupe de Travail sur l’Éducation Non Formelle ». Notre ambition à travers cette étude est de faire un état des lieux sur la situation des talibés à travers le GTENF, relever leurs insuffisances, de proposer des stratégies à même de promouvoir leur insertion socioéconomique. Et à en créer d’autres pour les jeunes talibés au chômage et d’autre part pour les milieux urbain et périurbain à même de créer de nouvelles opportunités d’emplois et de revenus dans les réservoirs de productivité que constituent les divers secteurs non structurés et informels.

Questions de recherche

La situation décrite plus haut a suscité en nous plusieurs interrogations, dont la question de recherche suivante qui guide la démarche de notre étude à savoir : quelle est la situation des talibés du Groupe de Travail sur l’Éducation Non Formelle ?

À cette question fondamentale s’adjoignent les interrogations secondaires suivantes :

 Quel est l’impact de la fréquentation des talibés dans les écoles coraniques dans le processus d’insertion socioéconomique ?

 Quelles stratégies proposer en vue de réorienter l’action du GTENF dans leur objectif d’insertion des jeunes talibés dans la vie socioéconomique ?

Les réponses à ces questions constitueront nos hypothèses de recherche.

I.4 Objectifs de recherche

Notre travail vise à analyser la situation des talibés du GTENF.

Pour atteindre cet objectif, nous dégageons deux (2) objectifs spécifiques qui prennent en compte de façon plus précise, chaque aspect de notre préoccupation principale. Ainsi, il s’agira spécifiquement :

 d’analyser l’impact de la fréquentation des écoles coraniques pour les jeunes talibés ;

 de proposer une réorientation de la démarche du GTENF pour des résultats efficaces.

Hypothèses de recherche

L’hypothèse étant une réponse anticipée à la question de départ, nous structurons celles de notre recherche, en une hypothèse principale et trois hypothèses spécifiques.

Hypothèse principale : la situation des jeunes talibés du GTENF est difficile.

La vérification de cette hypothèse passe par celle des hypothèses secondaires suivantes :

 la fréquentation des écoles coraniques est une bonne alternative pour leur insertion socioéconomique;

 La réorientation de l’action du GTENF par la création d’un centre spécifique qui prend en compte les besoins socioaffectifs et qui explore le parrainage familial pourrait parvenir à des résultats plus probants.


Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les conditions de vie des talibés au Burkina Faso?

Les talibés vivent souvent dans des conditions pitoyables et sont l’objet d’abus de toutes sortes, souffrant de maladies diverses en raison de leurs conditions de vie déplorables.

Comment le Groupe de Travail sur l’Éducation Non Formelle aide-t-il les talibés?

Le Groupe de Travail sur l’Éducation Non Formelle facilite l’insertion socioéconomique des talibés à travers des programmes d’alphabétisation.

Pourquoi est-il important d’insérer les talibés dans la société?

Il est fondamental d’insérer les talibés dans la société pour prévenir qu’ils ne deviennent des délinquants ou des drogués, et pour contribuer à la création de richesses et au développement du pays.

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