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Quelles stratégies d’implémentation pour analyser le discours politique ?

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🏫 Université d’Alger 2 - Faculté des langues étrangères - Département de français
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021-2022
🎓 Auteur·trice·s
Mme Messili Amel
Mme Messili Amel

Les stratégies d’implémentation argumentative révèlent comment le discours du ministre algérien des affaires étrangères manipule les perceptions politiques. Découvrez les techniques de persuasion qui façonnent l’opinion publique et les enjeux cachés derrière ses déclarations. Quelles vérités se cachent derrière ses mots ?


    1. Analyse argumentative et rhétorique

Dans cette approche, nous allons voir l’analyse argumentative et l’analyse rhétorique en même temps que les techniques de persuasion et de convaincre qui ont été aperçues dans cette étude.

L’approche argumentative :

L’approche argumentative est l’une des branches de l’analyse de discours qui s’intéresse à analyser les discours qui comportent une dimension argumentative qu’elle soit implicite ou explicite dans le discours, le but de l’analyse argumentative est de détecter toutes les techniques qui figurent dans le discours servant d’agir sur l’interlocuteur « tout échange verbal repose sur un jeu d’influences mutuelles et sur la tentative, plus ou moins consciente et avouée, d’user de la parole pour agir sur l’autre » (Amossy, 2008 : 02).

Comme il est cas dans le discours politique en général, l’homme politique est vouée de convaincre le public par les mots : « La politique est vraiment le lieu où « dire c’est faire » » (Gilles Achache, 1990). [(Gilles Gauthier, 1995 : 167)].

L’approche argumentative s’apparente à l’approche pragmatique car même les arguments et les stratégies argumentatives produisent une action sur le destinataire comme le confirme Ruth Amossy dans ces travaux : « le discours comporte comme qualité intrinsèque la capacité d’agir sur autrui, de l’influencer, il faut différencier entre l’entreprise de persuasion programmée et la tendance de tout discours à orienter les façons de voir du/des partenaires » (Amossy, 2008, 04).

Selon la même source, le locuteur change selon les intentions de son interlocuteur « L’argumentation se situe dans le cadre d’un dispositif d’énonciation où le locuteur doit s’adapter à son allocutaire, ou plus exactement à l’image qu’il s’en fait ». Cela veut dire que l’argumentation est considérée comme un ensemble d’énoncés produit par le locuteur pour son interlocuteur ciblé ou l’énonciateur doit forcément se viser de la manière la plus adéquate pour convaincre son interlocuteur.

    1. Les stratégies discursives de persuasion :

Le discours politique est chargé de techniques et de stratégies langagières employées selon les intentions de l’orateur qui tente de persuader ou convaincre son auditoire et le faire adhérer à ses thèses, parmi ces techniques on abordera certaines techniques qui figurent dans notre corpus en particulier :

      1. Techniques de persuasion :

Selon Robert Cialdini, un psychologue social américain connu par ses travaux sur les techniques de persuasion, il y a plusieurs méthodes pour dresser un message au grand public et l’influencer et même parfois le manipuler, ses recherches illustrées dans son œuvre célèbre : « influence et manipulation », on met la lumière sur quelques principes de persuasion utilisés par l’orateur.

On a pu repérer ses techniques qu’on va brièvement définir :

1. La réciprocité : faire sentir à l’auditeur l’obligation de se comporter de la même façon que celle de l’orateur, réciproquer le bien avec le bien.

  1. La cohérence : l’orateur incite l’auditeur à agir selon les principes et les engagements qu’il a annoncé en premier.
  2. L’importance de vision : appelée également ; principe d’expérience. Le locuteur fait appel à des expériences connues et applique la règle qui confirme que les mêmes procédures mènent aux mêmes résultats. C’est un argument par lequel il arrive à justifier ses choix selon les leçons tirées des expériences vécues ou celles des autres.

4. La sympathie : il entreprend fréquemment avec la forme collective pour démontrer la complicité et l’union avec l’auditoire.

5. L’autorité : l’orateur cherche à consolider ses propos en faisant référence aux érudits, aux personnes instruites et reconnues ou des connaisseurs, des scientifiques, des expérimentés,… les interlocuteurs obéissent aux lois de celui qui détient l’autorité sur eux, celui qui détient le pouvoir qui est en position de force.

6. La preuve sociale : inciter les gens à se comporter de la même manière que leurs semblables.

7. La rareté : inciter l’interlocuteur à respecter les lois en véhiculant le sentiment de risque et d’urgence dans une situation contraire.

7.3. La rhétorique dans l’argumentation :

Selon la définition donnée par le dictionnaire français, la « Rhétorique désigne l’art du bien parler, l’art qui donne les règles du bien-dire ; science et art se rapportant à l’effet du discours sur les esprits ». Cela veut dire que le locuteur qui dispose d’une bonne éloquence est capable de convaincre et persuader l’auditoire par les mots dans une situation de communication, de susciter l’intérêt chez le public en se servant d’une forme de langage assez particulière comme des figures de style pour décorer le discours et consolider les arguments, faire passer le message d’une manière plus efficace.

Le mot rhétorique est d’origine grec, signifie l’art oratoire, selon Ruth Amossy la rhétorique est une conduite infaillible de la production langagière définie à l’antiquité : « telle qu’elle a été élaborée par la culture de la Grèce antique, la rhétorique peut être considérée comme une théorie de la parole efficace liée à une pratique oratoire ». (Amossy, 2000, 6)

La rhétorique classique ou traditionnelle est caractérisée comme l’art de la persuasion et donc elle a la même définition que l’argumentation puisque leur fonction vise à produire un effet sur l’auditoire, Selon Roland Barthes, la rhétorique est une fabrique d’élocution ingénieuse, il considère « l’art rhétorique comme une machine subtilement agencée, un arbre d’opérations, un programme destiné à produire du discours » (Barthes 1970, 175) [(Koren R. & Amossy R., 2005, 34)].

L’analyse argumentative fait partie de l’analyse de discours qui étudie le discours dans sa dimension argumentative, décrire le fonctionnement du discours selon les moyens linguistiques à visée argumentative puisque c’est évident que le locuteur cherche à faire adhérer son allocutaire à sa thèse et essaie par la parole d’agir sur lui, « toute prise de parole n’est-elle pas destinée à entraîner l’adhésion de l’auditoire à une thèse » (Perelman et Olbrechts-Tyteca 1970 [1958]).

Cependant, le locuteur n’envisage pas uniquement la persuasion de son interlocuteur dans le discours mais aussi de lui faire voir le réel d’une autre façon. « La rhétorique est nécessaire pour compenser, corriger ou simplement confirmer des positions socio et psycho-discursives préalables ». (Koren, R., Amossy, R., 2005)

Cette visée est très répandue dans le domaine politique, le politicien compte souvent agir sur son auditoire par le biais du raisonnement logique (logos), quand le discours vise non pas à défendre une thèse mais vise plutôt à décrire, informer, narrer,…et stimule l’interlocuteur à prendre conscience des vérités d’une manière différente.

    1. Le triangle rhétorique d’Aristote : Tout discours peut être étudié et analysé selon la triade d’Aristote. L’éthos, le logos, le pathos sont les trois piliers de la rhétorique qui est impliquée ces dernières années dans le domaine de l’analyse de discours à travers l’analyse argumentative de celui-ci.

Le discours persuasif qu’il soit publicitaire ou politique ou autre, s’appuie sur trois éléments de la persuasion ; l’éthos, le pathos, le logos. Le premier philosophe qui a pris compte de ces procédés de persuasion dans le discours est le philosophe grec Aristote qui a écrit sa « rhétorique » depuis plus de 2300 ans, et ces éléments sont jusqu’à maintenant les composantes principales d’un discours persuasif cohérent et exhaustif.

7.4.1. L’éthos :

L’éthos en grec ou l’image de soi est cette bonne impression que le locuteur transmet à son auditoire lors d’une prise de parole, de discours. Selon Dominique Maingueneau : « l’ethos se montre dans l’acte d’énonciation, il ne se dit pas dans l’énoncé ». (Maingueneau, 2002, 3)

L’éthos signifie de manière générale le caractère et l’attitude du locuteur, sa manière de dresser le discours, sa représentation à travers ce qu’il dit, la crédibilité dans ses propos, selon la même source : « Dès qu’il y a énonciation, quelque chose de l’ordre de l’ethos se trouve libéré : à travers sa parole un locuteur active chez l’interprète la construction d’une certaine représentation de lui-même ». (Maingueneau, 2002, 17)

Le locuteur doit posséder le pouvoir de convaincre le public et gagner l’attention et la confiance de celui-ci pour que son discours soit fiable et efficace « Comme le dit Aristote, la conviction vient de la confiance que l’auditoire est amené à accorder à l’orateur au vu des qualités personnelles qui émanent de son discours. C’est cette image de soi qu’il nomme ethos » (Koren, R. & Amossy, R., 2005).

Être un bon orateur et avoir la bonne posture et la bonne apparence, la réputation honorable, la forte personnalité, le charisme, la confiance en soi,… Tous ces critères contribuent à bien réussir l’acte de la communication et à faire du locuteur un excellent orateur. Selon la même source précédente : « L’efficacité de l’ethos tient au fait qu’il enveloppe en quelque sorte l’énonciation sans être explicité dans l’énoncé ».

Ruth Amossy dans son œuvre « l’image de soi dans le discours » et plusieurs autres analystes ont beaucoup travaillé sur la notion de l’éthos d’une manière très détaillée selon différentes perspectives sociologique, communicative, politique,…

7.4.2. Le logos :

Ce qui veut dire « la logique », le locuteur vise à convaincre les interlocuteurs et susciter leur attention en présentant des arguments logiques faciles à accepter, des arguments qui comportent un raisonnement logique par déduction ou par induction, pour cela il utilise des preuves, des données économiques, des faits réelles, des statistiques, des événements historiques,… qui consolident ses propos pour faire appel à la logique de son public, cela s’inscrit dans l’argumentation et le raisonnement rationnel.

« La domination du pole du logos peut être considérée comme une procédure de démonstration rationnelle tendant vers l’objectivité. En revanche, lorsque les pôles de l’éthos et du pathos dominent le logos, la manipulation n’est pas loin » (Koren, R. & Amossy, R., 2005)

7.4.3. Le pathos : Selon Aristote, pour réaliser un discours persuasif on doit prendre en considération l’affecte, l’orateur a souvent tendance à intégrer le pathos afin d’émouvoir les émotions chez les interlocuteurs « le pole du pathos correspond aux procédés rhétoriques visant à susciter les passions de l’auditoire (pitié, indignation, colère, haine, envie, esprit de contradiction) ».

(Koren, R. & Amossy, R., 2005).

L’orateur doit employer les paroles qui ont le pouvoir d’émouvoir les sentiments des interlocuteurs et acquérir la force de les convaincre car il y a une relation entre l’émotion et la conviction, c’est ce qu’on peut constater par l’extrait de l’œuvre « Pathos et discours politique » de Patrick Charaudeau :

« Comment toucher l’autre est l’objectif que peut se donner le sujet parlant pour faire que cet autre ne pense pas et se laisse emporter par les mouvements de son affect. Le sujet parlant a alors recours à des stratégies discursives qui tendent à toucher l’émotion, les sentiments, de l’interlocuteur ou du public de façon à la séduire ou au contraire lui faire peur. Il s’agit d’un processus de dramatisation qui consiste à provoquer l’adhésion passionnelle de l’autre en atteignant ses pulsions émotionnelles. On est en pleine problématique du pathos ».

(Charaudeau, 2008, 52)

LOGOS

(Arguments)

Invention

(Preuves)

ETHOS

(Mœurs)

PATHOS

(Passions)


Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les techniques de persuasion dans le discours politique ?

Le discours politique utilise plusieurs techniques de persuasion, telles que la réciprocité, la cohérence, l’importance de vision, la sympathie, l’autorité, la preuve sociale et la rareté.

Comment l’analyse argumentative influence-t-elle le discours politique ?

L’analyse argumentative vise à détecter les techniques qui influencent l’interlocuteur, car tout échange verbal repose sur un jeu d’influences mutuelles.

Pourquoi l’argumentation est-elle importante dans le discours politique ?

L’argumentation est essentielle car elle permet au locuteur de s’adapter à son interlocuteur et d’agir sur lui, en orientant ses façons de voir.

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