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Quelles stratégies d’adaptation pour les nomades face aux défis climatiques ?

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🏫 UNIVERSITE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES BAMAKO - Faculté de Sciences Humaines et de Sciences de l’Education - null
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Maitrise - 2016-2017
🎓 Auteur·trice·s
Mohamed Assaleh
Mohamed Assaleh

Les stratégies d’adaptation climatique sont essentielles pour comprendre les conflits croissants entre nomades et agriculteurs à Gargando. Cette étude révèle comment la raréfaction des ressources naturelles exacerbe l’insécurité, posant la question : quelles solutions durables peuvent émerger de cette crise ?


Cadre physique et climat

Je limiterais ici l’étude du cadre physique au climat et à l’hydrographie qui sont directement liés à la vie économique des populations du Sahel. La zone sahélienne étudiée connaît un climat tropical à deux saisons contrastées: une courte saison14 des pluies irrégulières dans l’espace et dans le temps et une longue saison sèche de 10 à 11 mois (au-dessous du seuil de 100mm). Les pluies conditionnent la vie des populations et du bétail, la survie du nomadisme.

Selon (CILSS, 2012), ces dernières années les pluies sont moins nombreuses, moins abondantes unitairement, mais proportionnellement plus agressives, avec des coefficients de ruissellement d’autant plus imposants que le couvert végétal protecteur se raréfie. Les ressources en eau au Sahel sont constituées par les grands cours d’eau permanents (fleuves Niger, Sénégal, Gambie, Chari, etc.), les cours d’eau non permanents actifs pendant la saison des pluies et les eaux souterraines renouvelables. Le bilan hydrique est alors variable suivant les types de sols (CILSS, 2008). Il est défavorable, d’autant que l’évaporation est exacerbée par les températures élevées et le vent.

4.1.1.2 La pluviométrie: variable déterminante au Sahel

Le climat d’une zone dans une période donnée peut se référer à l’étude et à la situation de certaines variables naturelles comme la température, la pluie et le vent. L’importance relative accordée à chacune de ces variables dépend de chaque zone.

Mais au Sahel, selon (Abdou Ali, 2010) la pluie15 reste véritablement la variable climatique la plus déterminante pour la vie des populations. L’étude de la pluviométrie peut donc être considérée comme le paramètre le plus indiqué pour caractériser ou analyser l’évolution du climat au Sahel.

Aussi selon la (CEDEAO-CSAO/OCDE/ CILSS, 2008), il existe une rapide évolution des températures dans le Sahel, par rapport à la tendance mondiale, avec des augmentations allant de 0,2°C à 0,8°C par décennie depuis la fin des années 1970 dans les zones sahélo-saharienne, sahélienne et soudanienne. Ce qui a une incidence certaine sur les précipitations. Selon le centre AGRHYMET (CILSS), on utilise couramment l’indice pluviométrique standardisé (IPS) pour déterminer le caractère humide ou sec de la saison des pluies. Pour une année donnée, cet indice fait la moyenne des cumuls pluviométriques saisonniers des stations pluviométriques disponibles.

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Source: URL

Fig. n°: Indice de variation annuelle des précipitations au Sahel entre 1900 et 2010 (sources: I. Garba, I. Touré, A. Ickowicz, JD. Cesaro)

Ainsi, si l’IPS est positif la saison peut être qualifiée d’excédentaire et de déficitaire (s’il est négatif). Les variations pluviométriques 16 au Sahel de 1900 à 2010 (fig. n°3) oscillent en dents de scie, alternant des périodes humides et des périodes sèches. La période allant de 1900 à 1950 est marquée par une alternance de 3 à 4 années humides suivies d’une année sèche. De 1951 à 1969, on observe une persistance d’années humides. De 1970 à 1993, on note une succession d’années sèches. En revanche, la période allant de 1994 à 2011 est caractérisée par une alternance d’une année humide suivie de 3 à 4 années sèches.

15 Les études ont été réalisées par le centre régional Agrhymet qui est une institution spécialisée du CILSS. Il assure l’information et la formation des acteurs dans les domaines de l’agroclimatologie, l’hydrologie, la protection des végétaux dans les pays du CILSS.

16 Les séries pluviométriques utilisées dans figure ci-dessus proviennent de données mesurées (bases de données AGRHYMET) mais certaines sont estimées à partir de données satellitaires (NOAA, NCDC, GPCC).

Au cours des quatre dernières décennies, le Sahel a connu plusieurs déficits de pluviosité à l’origine des crises majeures de sécheresse (1968-1974, 1983-1984, 2002-2003, 2005, 2009) qui ont lourdement affecté les populations humaines et animales. D’autre part, l’analyse de la moyenne des précipitations estimées entre 2000 et 2010 au Sahel (carte. n°2) montre une répartition suivant 4 zones :

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Source: URL

Carte n°2: Moyenne des précipitations (mm) entre 2000 et 2010 (données estimées): (sources: Data Global Precipitation Climatology Centre (GPCC), 2011)

  • La zone de transition sahélo-saharienne avec moins de 150 mm de pluviosité annuelle, permet le développement de plantes à cycle court et des herbacées pérennes éparses que les troupeaux (essentiellement de camelins et caprins) des nomades exploitent dans leur déplacements selon la disponibilité des points d’eau.
    • La sous-zone nord-sahélienne (150-300 mm) dispose d’un couvert ligneux ne dépassant guère 2% et une production de biomasse allant jusqu’à 400 kg de MS/ha (Boudet, 1977). Cette zone est généralement la plus convoitée par les éleveurs nomades et transhumants.
    • La sous-zone sahélienne typique (300-450 mm) est caractérisée par une végétation très différenciée suivant les principales unités géomorphologiques. Sur les terrains sablonneux, le couvert ligneux ne dépasse guère 5%. La biomasse herbacée annuelle varie de 500 à 2000 kg MS/ha, en moyenne du nord vers le sud.
    • La sous-zone sud-sahélienne plus arrosée (450-600 mm) avec un taux de recouvrement ligneux variant du nord vers le sud de 5 à 30%.

4.1.1.3. Rappel des principales activités économiques au Sahel

L’agriculture sahélienne constitue la principale source de revenus pour 90% des actifs et procure plus de 50% des recettes d’exportation (FAO, 2003). La production est déficitaire dans les zones sahariennes, excédentaire dans les régions soudano-sahéliennes (+500 mm d’eau par an) et aléatoire dans la zone sahélienne à proprement parler (200 à 500 mm d’eau).

Les céréales sont prépondérantes dans l’agriculture sahélienne (80% des superficies cultivées) après vient le maraîchage et les oléagineux (arachides) dans les productions vivrières.

L’agriculture pluviale est la technique de production la plus largement répandue au Sahel (90% des productions). Les cultures sont réalisées pendant les saisons de pluies. L’agriculture pluviale concerne surtout le mil, le sorgho, le fonio et le maïs, mais aussi les cultures de rente comme l’arachide. L’agriculture irriguée est en perpétuelle évolution, cependant pour des raisons techniques (maîtrise de l’eau), financières (coût des investissements) et culturelles (absence de tradition), elle n’est pas encore développée. L’irrigation par submersion contrôlée (riziculture) ou par aspersion est de plus en plus utilisée malgré les difficultés de mise en œuvre.

Le Sahel est aussi la zone agropastorale par excellence ; l’élevage des bovins, ovins et caprins y est très développé. L’élevage est traditionnellement extensif, mais, avec la croissance démographique, les problèmes d’espace pour les pâturages se posent. Aussi, les traditions doivent intégrer les enjeux environnementaux et s’inscrire dans un objectif de développement durable.

L’élevage est une activité essentielle pour le pays et pour la population de Gargando qui est en majorité composée d’éleveurs aujourd’hui sédentarisés dans la ville ou à sa périphérie. Ces familles continuent de pratiquer l’élevage de chameaux, de chèvres et de moutons. La plupart des habitants pratique un élevage de « sécurité économique ».

Ils ont souvent deux, trois, voire une dizaine de chèvres ou de moutons qu’ils élèvent chez eux. En cas de période difficile, ils peuvent faire appel à cette « épargne sur pattes ». Tous les matins, des bergers rassemblent ces animaux, moyennant 150 ou 200 francs par mois par tête, pour les emmener pâturer à plusieurs kilomètres en-dehors de la ville : ces chèvres et moutons constituent des troupeaux qui avoisinent les 300 à 400 têtes.

À certaines périodes de l’année, il y a beaucoup d’animaux et d’éleveurs sur un espace réduit, ce qui impacte les réserves d’herbes et d’eau qui sont, certaines années, largement dépassées.

Avec les CC, les animaux errent, entrent dans les zones de culture, détruisent ou mangent la production agricole, ce qui crée des problèmes avec les agriculteurs.

De l’autre côté, les agriculteurs empiètent sur les terres pastorales, parce que la population s’accroît et les progrès technologiques permettent aujourd’hui de cultiver des terres arides. C’est difficile d’interdire aux gens de cultiver une terre qui peut leur paraître « inutilisée » parce qu’elle sert de pâturage aux troupeaux une partie de l’année.

Les changements climatiques de ces dernières années ont exacerbé un conflit qui existe depuis des lustres, il s’agit du conflit entre agriculteurs et éleveurs.

Comme on peut le voir, l’élevage intensif et sédentaire occupe un rôle important dans la dégradation de la planète. Le pastoralisme a toujours eu et n’a comme vocation que la préservation de l’environnement, et de la biodiversité, les nomades en ont fait une tradition et une culture qu’ils portent depuis la préhistoire. Il est quasiment impossible de faire comprendre à quel point la préservation de l’environnement est essentielle pour la vie et les espèces, sans le rôle du pastoralisme au Sahel sur l’environnement, la vie risque de disparaître de cette région.

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14 Les caractères de la pluviométrie de ces dernières années au sahel selon le CILSS.

15 Les études ont été réalisées par le centre régional Agrhymet qui est une institution spécialisée du CILSS. Il assure l’information et la formation des acteurs dans les domaines de l’agroclimatologie, l’hydrologie, la protection des végétaux dans les pays du CILSS.

16 Les séries pluviométriques utilisées dans figure ci-dessus proviennent de données mesurées (bases de données AGRHYMET) mais certaines sont estimées à partir de données satellitaires (NOAA, NCDC, GPCC).


Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les principales caractéristiques climatiques du Sahel?

La zone sahélienne connaît un climat tropical à deux saisons contrastées: une courte saison des pluies irrégulières et une longue saison sèche de 10 à 11 mois.

Comment les changements climatiques affectent-ils les ressources en eau au Sahel?

Les ressources en eau au Sahel sont affectées par des pluies moins nombreuses et moins abondantes, avec une évaporation exacerbée par des températures élevées.

Pourquoi la pluviométrie est-elle une variable déterminante pour les populations du Sahel?

La pluie reste véritablement la variable climatique la plus déterminante pour la vie des populations, conditionnant la survie du nomadisme et la vie économique.

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