Comment l’innovation technologique peut transformer l’éducation gratuite en RDC ?

Pour citer ce mémoire et accéder à toutes ses pages
🏫 UNIVERSITE PEDAGOGIQUE NATIONALE - FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L’EDUCATION - DEPARTEMENT DE GESTION ET ADMINISTRATION DES INSTITUTIONS SCOLAIRES ET DE FORMATION
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Licence - 2019-2020
🎓 Auteur·trice·s
NDJETE IMBILE
NDJETE IMBILE

L’innovation technologique en éducation révèle les défis cruciaux de la gratuité de l’enseignement primaire en République Démocratique du Congo. Découvrez comment les obstacles politiques et économiques affectent la qualité de l’apprentissage à Matete et pourquoi cela mérite votre attention.


Le conseil des Ministres sceptique à la gratuité totale

Après son investiture le 06 septembre 2019, le Gouvernement sylvestre Ilunga trouve sur sa table l’épineuse question de la gratuité de l’enseignement de base. Pour gérer la question, une commission est mise en place pour l’examiner. Le 13 septembre 2019, lors du premier conseil des Ministres du Gouvernement Ilunga, le rapport des experts est soumis pour approbation.

Les ministres passent en revue les trois propositions soumis sur la table, notamment la prise en charge de 34 740 enseignants sur le stock de 132 614 non payés ; le réajustement de salaire des 410 284 enseignants payés et de frais de fonctionnement des écoles primaires publiques et des bureaux gestionnaires ; le paiement des indemnités de transport et logement aux enseignants des chefs-lieux des provinces et réajustements pour ceux de la ville-province de Kinshasa.

Face à la modicité des recettes publiques, l’option de la gratuité totale devient hypothétique. Le conseil des Ministres opte pour l’approche partielle et valide le rapport des experts. En ce qui concerne le réajustement de salaire 410 284 enseignants payés, le scénario prévoit le paiement du dernier enseignant à 100 USD contre 74 USD payé actuellement. Et que le salaire moyen soit élevé à 410.284 FC soit 245 USD ; la prise en charge de 34 740 enseignants non payés sur le stock de 132.613 enseignants.

Pour ce, le Gouvernement doit trouver l’enveloppe mensuelle de 4, 603 millions USD tout grade confondu, soit 13,811 millions USD d’octobre à décembre 2019. Dans l’ensemble, l’enveloppe de rémunération pour les 445.024 enseignants passe de 42,045 millions USD à 67,540 millions USD soit un additionnel mensuel de 25,495 millions USD et 202,650 millions USD d’octobre à décembre 2019.

Par ailleurs, le Gouvernement décide d’assurer les indemnités de transport et de logement aux enseignants des 24 chefs-lieux des provinces pour concrétiser la gratuité. 62.859 enseignants seulement sur 445.024 vont bénéficier chacun d’un montant de 35.000 FC pour le logement et 35000 FC pour le transport soit 70.000FC (41,9 USD) le mois.

Quant à la ville de Lubumbashi, un effectif de 7.472 enseignants va bénéficier chacun d’un montant de 70.000 FC comme frais de transport et 70.000 FC de logement pour.

S’agissant des frais de fonctionnement des écoles publiques et bureaux gestionnaires, l’enveloppe sera porté à 50 USD (82.500 FC) le mois contre 26,9 USD (45.000 FC) payés actuellement aux 42.170 écoles primaires publiques et aux bureaux gestionnaires sur 51 574 répertoriés. Ce qui porte l’enveloppe additionnelle mensuelle à 37.500 FC (22,4 USD) par école, soit 947 498 USD le mois et 2,842 millions d’octobre à décembre 2019.

Les promesses deviennent de plus en plus intenables

Suite à la modicité du budget pour financer la paie des enseignants et la prise en charge des frais de fonctionnement, le Gouvernement compte recourir aux bons du trésor ; au reliquat de la paie issue de l’opération de bancarisation et aux efforts de mobilisation des recettes des administrations financières. Cependant, le calendrier indicatif des adjudications des bons de trésor, publié par le Ministère des finances indique un montant de 89 millions USD pour le dernier trimestre 2019, soit d’octobre à décembre.

Alors que la prise en charge de 42.170 écoles primaires publiques et des bureaux gestionnaires, ainsi que de 445.024 enseignants s’évalue à 70,382 millions USD d’octobre à décembre 2019.

Même si le comité de suivi de la paie des agents de l’Etat a découvert au début du mois de septembre 2019 un effectif de 5 823 comptes bancaires fictifs, dont l’impact financier est de 6,18 millions USD, les 4 516 agents de l’Etat devraient bénéficier d’un moratoire dont la durée devrait être déterminée au cas par cas, sans toutefois dépasser 3 mois, avant que ces fonds soient affectés à d’autres besoins.

Il est, par ailleurs, difficile pour le gouvernement de compter sur la performance des administrations financières, suite à un environnement économique instable ; la corruption et l’évasion fiscale, qui minent la chaîne des recettes en RDC, soutenue par l’impunité. Aux dernières nouvelles, le Gouvernement compte obtenir un prêt auprès de Afriland First Bank pour payer les enseignants.

Au moment où les enseignants attendent une solution à leurs problèmes, depuis le 6 septembre le trésor public a enregistré un déficit budgétaire de 237 millions USD. Lors de la réunion de la conjoncture économique du 1er octobre, le vice-gouverneur de la BCC a partagé la nouvelle. Une situation qui suscite des inquiétudes du Gouvernement. Les participants à la réunion ont même appelé à la gestion rapide du déficit budgétaire.

Par ailleurs, le projet de Loi des finances 2020 arrêté à 7,0 milliards USD ne rassure pas, avec plusieurs priorités annoncées par le chef de l’Etat. Les dépenses de l’éducation, qui seront portées à 1,7 milliards USD soit 20% ne peuvent résorber le gap rechercher pour financer les besoins de la gratuité de l’éducation de base, évaluée à plus de 2,4 milliards USD. Au niveau du Gouvernement, tout le monde en est conscient.

L’échec d’une gratuité totale a été constaté et personne n’y croit encore. Même si les comptes rendus de deux derniers conseils de Ministres n’en fait pas allusion.

C’est la raison pour laquelle le Ministre de l’EPST a annoncé le retrait des classes de 7ème et 8ème de la gratuité de l’éducation de base. Et que les parents sont appelés à payer les frais, qui seront fixés par arrêtés des gouverneurs. Lors de sa rencontre avec la société civile le 22 septembre 2019, Willy Bakonga a sollicité l’apport des ONG à sensibiliser les parents au paiement des différents frais fixés par les Gouverneurs.

Une décision, qui viole la loi cadre de l’enseignement de 2014, qui considère le secondaire général comme faisant partie de l’éducation de base. Ce qui est sûr, même les 245 USD promis par le Gouvernement, ne seront pas payés en totalité, compte tenue de la situation de la trésorerie de la RDC.

Ce montant demeure un objectif à atteindre et ne sera payé que par palier. Les modalités de paiement feront l’objet d’un protocole d’accord entre le Gouvernement et le banc syndical de l’enseignement primaire, secondaire et technique, en discussion. D’où le protocole d’accord de Bibwa.

Entretemps, sur le terrain, la grogne sociale s’annonce imminente.

Bref, les participants aux assises ont présenté un tableau sombre de l’état des lieux du système éducatif congolais. Vraisemblablement, les problèmes soulevés ont été tous de grande envergure. Toutes les analyses ont été soldées par la sollicitation d’un budget conséquent au secteur de l’éducation.

Paul Jean Jacques (1999, p.360) déplorait le fait que l’image de l’économie de l’éducation soit aujourd’hui altérée par une représentation négative. Sa fonction se limiterait au calcul et à l’ajustement des coûts, tandis qu’elle serait profondément marquée par l’idéologie très complexe. Les conditions d’apprentissage des élèves ne sont généralement pas prise en compte.

Pourtant, l’éducation et la formation restent des préoccupations de premier plan, pour lesquelles il faut trouver des ressources et les utiliser au mieux.

Revenons pour dire que la commission était vague quant aux problèmes liés à la construction des écoles puisqu’on notait jadis, une insuffisance des infrastructures et capacités d’accueil des établissements qui n’augmentaient pas proportionnellement à l’accroissement du nombre d’élèves. L’explosion démographique a joué son rôle, mais aucune politique des adaptations n’était prise en compte.

A la même longueur d’onde, le délabrement très avancé des quelques écoles publiques existantes reste constant. Il fallait aussi, penser à la qualité. C’est-à-dire le renforcement des capacités de ces enseignants qui vont encadrer le flux d’élèves comme conséquence première de la gratuité, l’amélioration des dispositifs pédagogiques (bancs et pupitres, manuels scolaires et autres fournitures), le taux d’encadrement, etc.

L’Enseignant Kinois et la gratuité de l’enseignement

Il faut voir les inquiétudes des enseignants face à l’application de la gratuité ; surtout qu’ils n’avaient pas été associés aux négociations. Pour les enseignants des écoles catholiques, le rêve de la gratuité n’est qu’illusoire étant donné que les difficultés persistent encore.

Prenons par exemple le problème de rémunération, les enseignants révèlent que ce qu’ils touchaient comme salaire auparavant qualifié de monnaie de singe y compris les contributions de ménages était supérieur au montant touché aujourd’hui pendant qu’ils encadrent des classes pléthores.

Les auteurs estiment que la principale source d’échec des réformes scolaires tient cependant aux résistances que les enseignants manifestent envers toute transformation de leurs pratiques, pas nécessairement pour de mauvaises raisons. Les inviter à abandonner leurs routines relativement efficaces pour une innovation sans doute prometteuse, mais qui n’a pas fait ses preuves, revient à leur demander de prendre des risques sans leur garantir une contrepartie véritablement intéressante.

De nombreux auteurs décrivent en outre la capacité des enseignants à interpréter les textes des réformes de manière à les adapter à leurs propres priorités (Oelkers, 1994, pp. 71-94. ; Bal, 1998, pp. 70-83).

Les adeptes de la pédagogie nouvelle affirment depuis toujours que seule une approche centrée sur le terrain et amenant les praticiens à construire et à diffuser l’innovation pédagogique, de proche en proche, pourrait permettre de rénover le système éducatif en profondeur.

Gather Thurler (2000, pp. 29-42) fait remarquer que les nouvelles approches pédagogiques étaient fortement dépendantes du contexte et ne pouvaient donner leur pleine mesure dès lors qu’elles étaient appliquées en pièces détachées, au gré du preneur sans remise en question, ni réaménagement global du système éducatif.

S’ajoute à cela une série de conflits de pouvoir entre l’administration et les milieux professionnels, à propos de modes de prise de décision et de la définition des standards de qualité.

Tout en adhérant par principe, ou par obligation, à l’idée d’un partenariat entre acteurs sociaux, l’autorité se trouve dans une posture difficile, cherchant à se montrer ouverte au changement sans perdre l’adhésion des milieux conservateurs, à jouer le principe de réalité face aux propos certes intéressants et parfois pleins de bons sens, mais en même temps souvent déstabilisateurs venant de l’aile la plus progressiste.

Car c’est elle qui devra rendre compte au politique et assumer, face au grand public, la responsabilité des réformes et de la cohérence globale du système.


Questions Fréquemment Posées

Quels sont les défis de la gratuité de l’enseignement primaire en RDC ?

Les défis incluent des obstacles politiques et économiques, des conditions d’apprentissage dégradées, et un effectif pléthorique qui affecte la qualité de l’enseignement et la motivation des enseignants.

Pourquoi le gouvernement congolais a-t-il opté pour une approche partielle de la gratuité ?

Le gouvernement a choisi une approche partielle en raison de la modicité des recettes publiques, rendant l’option de la gratuité totale hypothétique.

Comment le gouvernement prévoit-il de financer la gratuité de l’enseignement primaire ?

Le gouvernement compte recourir aux bons du trésor, au reliquat de la paie issue de l’opération de bancarisation et aux efforts de mobilisation des recettes des administrations financières.

Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top