Les problèmes sociaux liés aux accidents de travail sont cruciaux pour la CIDT, où l’absence de service social exacerbe les risques. Cet article propose une stratégie de communication pour modifier les comportements et réduire l’incidence des accidents en tenant compte des dimensions politique et économique.
2.2. DIAGNOSTIC
L’analyse du cadre d’intervention à travers le guide d’entretien, l’observation et l’analyse documentaire nous a permis de relever quatre
- problèmes classés en trois (03) domaines : Politique, Economique et Social.
DOMAINE POLITIQUE
- Absence de service social
Dans l’exercice de leurs fonctions, les travailleurs de la CIDT sont amenés à vivre en communauté et œuvrer en synergie pour atteindre les objectifs assignés à chaque service ou cellule. La gestion des relations interhumaines demande un équilibre psychologique et social de l’individu dans la mesure où il doit communiquer avec ses collaborateurs, partager des informations ou connaissances, travailler en groupe.
Mais, la CIDT, ne disposant pas de Service Social assuré par un assistant social conformément à l’Article 44.1 et 44.2 de la loi N°2015-532 du 20 Juillet 2015 portant Code du Travail, les problèmes personnels et familiaux des travailleurs ne sont pas pris en compte dans la gestion du personnel. Pourtant, les difficultés familiales qu’ils rencontrent peuvent avoir une influence sur leur motivation et leur rendement au travail.
- Absence de mécanisme d’entraide entre les travailleurs L’homme est un animal social selon Aristote1. Il est appelé à entretenir des rapports avec autrui pour exister. Ces rapports, pour avoir raison d’être en entreprise doivent être encadrés afin de favoriser une entraide en cas d’événements heureux ou malheureux. Mais face aux situations personnelles et familiales des employés de la CIDT, aucun mécanisme évident d’entraide notamment une mutuelle ou une caisse de soutien n’est mise en place. Ce défaut de dispositif social non seulement isole le travailleur qui rencontre des difficultés mais aussi laisse entrevoir un manque de solidarité entre les travailleurs, comme pour appliquer le proverbe : « chacun pour soi, Dieu pour tous ».
DOMAINE ECONOMIQUE
- Instabilité de revenus des travailleurs saisonniers
Les salaires des travailleurs de la CIDT sont majoritairement au-delà du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) en Côte d’Ivoire (60 000 F CFA). Et le personnel de la CIDT est composé de trois (03) grandes catégories d’employés notamment les permanents, les saisonniers et les manœuvres occasionnels. Les travailleurs permanents perçoivent un salaire mensuel qui leur permet de répondre aux besoins primaires de leurs familles.
Quant aux saisonniers, ils sont recrutés en nombre considérable et pointés à la carte durant la période de l’égrenage (campagne agricole). Ces derniers travaillent pendant une période pouvant s’étendre sur quatre, cinq ou six mois en fonction de la production agricole pour être ensuite relaxés. De cette situation, il ressort que leur salaire à la CIDT ne constitue pas une source de revenus permanente et stable.
DOMAINE SOCIAL
- La récurrence des accidents de travail
Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT, 2017), « est considéré comme accident de travail, tout accident survenu à un travailleur, qu’elle qu’en soit la cause, par le fait, à l’occasion ou en raison de son travail ». En clair, l’accident de travail désigne tout accident qui survient dans le cadre de l’exercice d’une profession.
Selon la cellule gestion du personnel du SARH, (CGP-SARH, 2019) de la CIDT, le nombre d’accidents de travail à la CIDT est passé de 23 durant la période 2017-2018 à 33 en 2019.
L’analyse documentaire a révélé que sur un échantillon de 33 dossiers d’accidents de travail couvrant la période 2017-2019, les cas les plus récurrents sont les accidents de motos des conseillers agricoles à savoir 19 cas. Ces accidents survenus dans les zones rurales sont causés entre autres par des crevaisons de pneus, des nids de poules, des animaux domestiques.
Les 14 autres accidents de travail se sont produits dans les usines de la CIDT à savoir Bouaké, Mankono et Séguéla. A cet effet, 12 des 14 AT proviennent de l’usine de Bouaké, 01 de Mankono et 01 de Séguéla. En 2019, nous notons que 12 cas d’AT à l’usine de Bouaké se sont produits dans différents secteurs et se répartissent comme suit: 03 cas à l’égrenage, 01 au garage, 03 à l’atelier mécanique, 03 à la section aspiration, 01 au cerclage et 01 à l’atelier de fabrication.
Cette diversité de milieux de production de ces accidents dénote qu’en entreprise, tout travailleur est une potentielle victime d’accident qui doit par conséquent se protéger à travers le respect des mesures d’hygiène et de sécurité au travail en vigueur dans son espace professionnel.
Cette progression est non négligeable dans la mesure où ces accidents portent atteinte à la ressource humaine, principale maillon de la chaîne de production d’une entreprise agroindustrielle telle que la CIDT.
Après avoir énuméré les problèmes rencontrés sur notre lieu de stage, il sera question de dégager le problème prioritaire, et ce, à travers deux(02) instruments que sont la matrice des impacts croisés et le tableau de sélection des problèmes et solutions. Notre choix s’est porté sur la matrice des impacts croisés pour sa facilité d’usage et sa précision dans la mise en évidence du problème réel à traiter.
La matrice des impacts croisés est un instrument scientifique sous la forme de tableau à double entrée et contenant trois domaines: social, économique et politique. Le croisement des problèmes inscrits en abscisse (impactant) et de ceux en ordonnée (impactés) permet de dégager l’impact des problèmes des uns sur les autres. Des scores sont affectés selon une échelle allant de 0 à 5. Ainsi, nous avons 0= effet inexistant ; 1= effet minimal; 2= effet faible; 3= effet moyen; 4= effet appréciable; 5= effet fort.
Après croisement, le total des scores en ordonnée indique le problème prioritaire sur lequel nous devrons intervenir et les scores en abscisse la stratégie d’intervention à adopter pour la résolution du problème prioritaire.
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TABLEAU I. Sélection du problème prioritaire à partir de la matrice des impacts croisés
IMPACTANTS IMPACTES | SOCIAL | ECONOMIQUE | POLITIQUE | TOTAL | ||
---|---|---|---|---|---|---|
Récurrence des accidents de travail | Instabilité de revenus travailleurs saisonniers | Absence de mécanisme d’entraide | Absence de service social | |||
SOCIAL | Récurrence des accidents de travail | 3 | 1 | 2 | 6 | |
ECONOMIQUE | Instabilité de revenus travailleurs saisonniers | 1 | 1 | 2 | 4 | |
POLITIQUE | Absence de mécanisme d’entraide | 0 | 1 | 3 | 4 | |
Absence de service social | 0 | 0 | 1 | 1 | ||
TOTAL | 1 | 4 | 3 | 7 |
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DEFINITION DE LA STRATEGIE D’INTERVENTION
COMMUNICATION POUR LE CHANGEMENT DE COMPORTEMENT
ECHELLE : 0 = effet inexistant 1 = effet minimal 2 = effet faible 3 = effet moyen 4 = effet appréciable 5 = effet fort
Commentaire de la matrice des impacts croisés
Le principe de la matrice des impacts croisés est qu’après le croisement des problèmes, celui qui aura le score le plus élevé est le problème prioritaire. Dans le cas espèce, c’est la récurrence des accidents de travail qui constitue le problème prioritaire avec un score de 6. Aussi, sera-t-il l’objet de notre intervention.
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1 https://la-philosophie.com/homme-animal-politique-aristote consulté le 02 février 2020 à 10h13 min ↑