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Quelles perspectives d’avenir pour les nomades face aux défis climatiques ?

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🏫 UNIVERSITE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES BAMAKO - Faculté de Sciences Humaines et de Sciences de l’Education - null
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Maitrise - 2016-2017
🎓 Auteur·trice·s
Mohamed Assaleh
Mohamed Assaleh

Les perspectives d’avenir pour les nomades révèlent comment les changements climatiques exacerbent l’insécurité dans la commune rurale de Gargando. Découvrez les défis socio-économiques et les solutions durables qui pourraient transformer cette crise en opportunité pour les populations sahéliennes.


Impacts sur les ressources en eau

Selon le quatrième rapport d’évaluation du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC, 2007), l’écoulement annuel des rivières et la disponibilité en eau sont appelés à s’amoindrir 19 de 10 à 30% dans certaines régions sèches du Sahel des moyennes latitudes et dans les tropiques secs. Les communautés pauvres seront les plus vulnérables du fait de leurs capacités d’adaptation limitées.

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19 Voir le bulletin mensuel (octobre 2010) du centre regional selon le par Dr. Abou AMANI, Unesco et le Dr. Abdou ALI, Centre Régional AGRHYMET.

L’impact du Déficit pluviométrique20 selon (C. OUEDRAOGO, 2012) se traduit par le glissement des isohyètes vers le sud d’environ 100 mm depuis 50 ans, et par la diminution des écoulements des grands cours d’eau sahéliens de 20 à 40 %. Par exemple, selon (A. AMANI et A. ALI, 2012) respectivement de l’UNESCO du centre AGRHYMET, depuis la sécheresse des années 1970 le lac Tchad a perdu la moitié de sa superficie entre 1970 et 1997.

            • Les phénomènes liés à la sécheresse ont considérablement affecté les surfaces traditionnellement inondables du Delta (30.000 Km² en 1960, 5.000 Km² en 1980). Par ailleurs, la dégradation du couvert végétal contribue à l’ensablement des cours d’eau et des mares limitant ainsi les possibilités de culture et d’alimentation en eau des hommes et du bétail.
            • D’ici 2020: entre 75 millions et 250 millions de personnes sont susceptibles d’être exposés à un manque accru d’eau dû au changement climatique.
            • La modification du système naturel des crues suite aux changements climatiques, entre autres, engendre une transformation importante dans les systèmes de production traditionnels basés sur les cultures de décrue et diminue également les zones de pâturages naturels entraînant ainsi des conflits fonciers entre agriculteurs et éleveurs.
            • Ces ressources en eaux de surface et souterraines sont fortement menacées, entre autres par les gaspillages et/ou la gestion non rationnelle et/ou l’ensablement des cours d’eau, des lacs et des mares et/ou les pollutions diverses: pertes annuelles estimées à 30.000 milliards de m³ d’eau dans le delta intérieur du Niger; dépôt annuel de 13 millions de tonnes de limon chaque année au niveau des grands cours d’eau.
            • Le dessèchement et l’ensablement constituent les principaux facteurs de dégradation des oasis, et de leur mutation.
            • Malgré l’existence d’un potentiel considérable en eaux souterraines, son exploitation est confrontée à une répartition spatiale très irrégulière, aux difficultés de mobilisation et aux contraintes d’accès à l’eau (profondeur des nappes).

    A tout cela s’ajoute le phénomène de désertification qui se manifeste aussi par l’ensablement qui affecte les habitations, les terres agricoles, les voies de communication, routières et fluviales, ainsi que les cours et points d’eau dont particulièrement le fleuve Niger.

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    20 Coalition mondiale sur l’eau au Sahel ; RPCA Novembre 2012 – OUAGADOUGOU Présenté par Clément OUEDRAOGO, coordonnateur PRAME/ Secrétariat Exécutif du CILS.

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    Carte n°3: Pluviométrie et zones climatiques au Sahel

    Source: Centre Régional Agrhymet (CRA), CSAO / OCDE (2005) © Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest / OCDE 2007

    Selon (P. Heinrigs et C. Perret, 2005) entre les isohyètes 200 et 600 mm se situe «la limite des cultures sous pluie». Au nord de cette ligne s’étend la « zone nomade » où chaque année la repousse des plantes herbacées témoigne ou non de la qualité de la saison des pluies et détermine l’activité pastorale (carte n°3).

    De l’avis de certains experts21, relancer les agricultures sahéliennes pourrait être possible « à la condition d’un véritable plan Marshall nécessitant un transfert de ressources de l’ordre d’un milliard d’euros par an pendant 15 ans.». Cependant, la restauration de l’activité agricole est une priorité absolue. Elle implique l’accès à l’eau, à l’électricité, la restauration de l’hydraulique rurale, et une réhabilitation de populations qui ont parfois tout perdu, en particulier les réfugiés suite aux différents conflits.

          1. Une situation humanitaire aggravée par l’insécurité

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    21 Cf. «Le nord du Sahel a besoin d’un plan Marshall pour sortir de la violence», Serge Michailof, Le Monde.fr, 29 mars 2012.

    Comme dans de nombreux cas, ce sont bien les populations civiles qui font les frais de l’instabilité sécuritaire. Dans la période dite «de soudure»22, aussi bien pour les agriculteurs que pour les éleveurs, le nombre des personnes en besoin d’assistance23 alimentaire immédiate par exemple au Mali est maintenant estimé à environ 1,4 million et celui des personnes à risque à environ 3,5 millions. Dans les trois régions du nord du Mali, la même source affirme qu’un foyer sur cinq fait face à la pénurie alimentaire.

    Malgré une bonne récolte et une meilleure production céréalière dans la plupart des zones du Sahel en 2012, l’accès à la nourriture demeure un problème sérieux. Les prix des denrées alimentaires restent élevés et les ménages pauvres et très pauvres peinent à reconstituer leur capital et à se remettre des effets des crises combinées qui affectent la région.

    Les Agences des Nations Unies et leurs partenaires humanitaires ont lancé début 2013 un appel pour plus de 1,6 milliard de dollars afin d’aider les personnes touchées par la crise alimentaire et nutritionnelle à travers la région du Sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Gambie, Cameroun et Nigeria). En 2013, on estime que plus de 10 millions24 de personnes sont touchées par l’insécurité alimentaire, dans neuf pays d’Afrique de l’Ouest et centrale (voir carte n°4), du Sénégal au Tchad. Environ 4,5 millions d’enfants sont menacés par la malnutrition, dont 1,4 million d’enfants de moins de cinq ans atteints de malnutrition aiguë.

    22 La période de soudure désigne la période difficile que traversent les agriculteurs comme les éleveurs dans l’attente de la situation pluvieuse. Les populations vivent uniquement de leur réserve car aucune production n’est possible dans cette période.

    23 Rapport de Bert Koenders, chef de la MINUSMA (mission des NU au Mali) devant le Conseil de sécurité des Nations Unies le 25 juin 2013.

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    24 OCHA, 31 janvier 2013.

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    Conclusion générale :

    Les changements climatiques constituent un des défis majeurs pour l’Humanité. Les pays du monde entier se sont entendus sur des objectifs de réduction des Gaz à effet de serre.

    Les changements des événements extrêmes, tels que des sécheresses et les inondations, ont des implications importantes pour de nombreux Africains et exigent davantage d’attention. Les sécheresses ont longtemps contribué à la migration humaine, à la séparation culturelle, à la dislocation de population et l’effondrement des sociétés.

    L’élevage est une activité essentielle pour le pays et la population de Gargando qui est en majorité composée d’éleveurs aujourd’hui sédentarisés dans la ville ou à sa périphérie. Ces familles continuent de pratiquer l’élevage de chameaux, chèvres et moutons. La plupart des habitants pratiquent un élevage de « sécurité économique ». Ils ont souvent deux, trois, voire une dizaine de chèvres ou de moutons qu’ils élèvent chez eux.

    En cas de période difficile, ils peuvent faire appel à cette « épargne sur pattes ». Tous les matins, des bergers rassemblent ces animaux, moyennant 150 ou 200 francs par mois par tête, pour les emmener pâturer à plusieurs kilomètres en-dehors de la ville : ces chèvres et moutons constituent des troupeaux qui avoisinent les 300 à 400 têtes.

    À certaines périodes de l’année, il y a beaucoup d’animaux et d’éleveurs sur un espace réduit, ce qui impacte les réserves d’herbes et d’eau qui sont, certaines années, largement dépassées.

    Avec les changements climatiques, les animaux errent, entrent dans les zones de culture, détruisent ou mangent la production agricole, ce qui crée des problèmes avec les agriculteurs. De l’autre côté, les agriculteurs empiètent sur les terres pastorales, parce que la population s’accroît et les progrès technologiques permettent aujourd’hui de cultiver des terres arides. C’est difficile d’interdire aux gens de cultiver une terre qui peut leur paraître « inutilisée » parce qu’elle sert de pâturage aux troupeaux une partie de l’année.

    Les changements climatiques de ces dernières années ont exacerbé un conflit qui existe depuis des lustres, il s’agit du conflit entre agriculteurs et éleveurs.

    Comme on peut le voir, l’élevage intensif et sédentaire occupe un rôle important dans la dégradation de la planète. Le pastoralisme a toujours eu et n’a comme vocation que la préservation de l’environnement, et de la biodiversité, les nomades en ont fait une tradition et une culture qu’ils portent depuis la préhistoire. Il est quasiment impossible de faire comprendre à quel point la préservation de l’environnement est essentielle pour la vie et les espèces, sans le rôle du pastoralisme au Sahel sur l’environnement, la vie risque de disparaître de cette région.

    Grâce à ma recherche, j’ai pu comprendre que les changements climatiques n’ont pas de lien direct sur l’insécurité des nomades de Gargando, autrement l’hypothèse selon laquelle les changements climatiques conduisent à l’affrontement direct entre les groupes d’éleveurs est infirmée grâce aux résultats obtenus sur le terrain.

    Les changements climatiques provoquent la désertification, l’exode des populations, l’érosion du sol, l’élévation des températures, les désastres naturels, la migration.

    Les migrations massives dégénérant souvent en conflits en raison de la déforestation et de l’érosion, d’épidémies ou encore de réduction d’eau.

    Les changements climatiques peuvent conduire à la montée des océans, aggravation de la rareté des ressources et l’intensification des désastres naturels. Les risques associés à ces processus sont la destruction des infrastructures, l’augmentation du risque sanitaire et la perte des moyens de subsistance mais rarement à un affrontement direct.

    Les changements climatiques sont un multiplicateur de conflits et aussi à l’origine des multiples sécheresses qu’ont connu depuis 1973 jusqu’à aujourd’hui le septentrion malien et qui, par conséquent, ont rendu des familles entières pauvres en décimant tout leur cheptel qui est la 1ère source de revenu pour les éleveurs.

    La pauvreté, la mal gouvernance, les litiges fonciers, les successions de chefferies traditionnelles, les sentiments d’injustice, sont entre des facteurs qui exacerbent les conflits entre les communautés. Tous ces facteurs ont rendu la tâche facile aux mouvements radicaux pour enrôler en masse la population locale en leur promettant des meilleures conditions sociales mais aussi une justice sociale.

    Le vol de bétail, l’exploitation des ressources pastorales sont aussi des causes des conflits inter et intracommunautaires.

    Les objectifs fixés au départ de ma recherche sont plus ou moins atteints dans les chapitres 4 et 5 de ce document et les détails du phénomène de changements climatiques y sont exposés.


    Questions Fréquemment Posées

    Quels sont les impacts des changements climatiques sur les ressources en eau au Sahel?

    Selon le GIEC, l’écoulement annuel des rivières et la disponibilité en eau sont appelés à s’amoindrir de 10 à 30% dans certaines régions sèches du Sahel, rendant les communautés pauvres plus vulnérables.

    Comment la sécheresse affecte-t-elle les nomades et les agriculteurs?

    La modification du système naturel des crues entraîne une diminution des zones de pâturages naturels, ce qui provoque des conflits fonciers entre agriculteurs et éleveurs.

    Quelles solutions peuvent être proposées pour les nomades face aux défis climatiques?

    La restauration de l’activité agricole est une priorité, nécessitant un accès à l’eau, à l’électricité, et un véritable plan Marshall avec un transfert de ressources significatif.

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