Les institutions et organisations en Algérie jouent un rôle crucial dans l’attractivité des investissements directs étrangers. Cette étude analyse l’impact des réformes institutionnelles sur le climat d’investissement entre 2000 et 2016, soulignant l’importance de la qualité des institutions.
Les Organisations et les Institutions :
1. Les institutions :
D’après North (2005), les institutions sont des contraintes humaines qui structurent les interactions politiques, économiques et sociales. Il s’agit de « l’effort généralisé des humains pour rendre leur environnement intelligible –pour réduire ses incertitudes » (North, 2005), et apporter plus de prévisibilité. North (2005) définit les institutions d’une société comme « l’ensemble des règles de jeu ».
Elles sont créés par les hommes pour structurer leurs relations et réduire l’incertitude, et correspondent à la société pour laquelle ont été crées. Elles construisent des structures d’incitations et définissent la façon dont le jeu est joué. Plus simplement, une institution est une règle collectivement acceptée dans un espace social donné.
North (2005, p.25) propose le terme de « matrice institutionnelle » pour désigner un ensemble de règles formelles (Constitution, lois, décrets,…), de contraintes informelles (coutumes, habitudes, conventions,…) et des moyens mis en oeuvre pour les faire respecter. Ainsi, le changement institutionnel peut résulter de modifications de cet ensemble. La « matrice institutionnelle » permet de distinguer, tout en les reliant, les règles du jeu (institutions) et les joueurs (organisations).1
2. Les Organisations :
Dans l’analyse de D.North les organisations se situent au deuxième niveau et les définit comme suite : « les organisations représentent un groupement d’individus qui partagent les mêmes objectifs ». Les organisations comportent :
- Les organisations politiques(les partis politiques, le sénat…) ;
- Les organisations économiques (les entreprises publiques et privées, les firmes, les unions de commerces, les coopératives…) ;
- Les organisations sociales(les clubs, les associations, mosquées…) ;
- Les organismes éducatifs (écoles, les collèges, universités…).2
2.1. La distinction entre institution et organisation :
D.North tient à préciser la distinction entre institution et organisation. Même si toute les deux structurent les incitations humaines, c’est l’organisation qui conçoit les institutions.
Une autre distinction que North tient à démontrer, cette fois, entre règles et joueurs, c’est-à- dire, entre institutions et individus. , même si les institutions régissent les comportements des individus, ces derniers sont libres de faire les choix qui correspondent à leurs objectifs.
Si les institutions sont élaborées par les organisations et si les organisations sont un ensemble d’individus, cela veut dire que l’individu est au même temps joueur et maitre du jeu. Dans ce sens la théorie institutionnelle doit commencer par l’individu. Fonder une théorie institutionnelle basée sur les choix des individus serait une étape vers une réconciliation entre les sciences économiques et les autres sciences sociales qui ont tant été séparées pendant la dominance du courant classique et néoclassique.3
3. L’émergence et l’évolution des institutions :
3.1. L’émergence des institutions :
Les néo-institutionnalistes sont en désaccord sur l’émergence des institutions. Ils se sont longtemps demandé si ce sont les institutions qui sont apparut en premier ou bien les individus. Ainsi, il existe deux approches.
3.1.1. Les individus apparaissent en premier :
Certains économistes comme : Menger, Andrew ou encore Schotter(2007), pensent que les institutions émergent spontanément à partir des relations entre les individus. Ce qui veut dire que les institutions sont le résultat des interactions humaines. Ils prennent comme point de départ l’existence d’un ensemble d’individus qui par leurs choix rationnels font évoluer les institutions.
Selon eux les individus influencent les institutions car ils sont impliqués dans l’évolution et le changement de ces dernières.
3.1.2. Les institutions émergent en premier :
D’autres économistes comme Alexander Field (le leader de cette approche) pensent que les individus ne peuvent pas interagir sans la présence de règles et normes préalables qui influencent leur comportement et guident ainsi leurs choix et motivations.
Selon Field, les économistes qui supposent que les institutions qui émergent en premier, négligent le fait que les institutions présentes sont le résultat de l’évolution des institutions passées. En effet, dans un jeu les règles et les gains potentiels sont établis au début de la partie. 4
[Hodgson opcité] ; pense qu’aucune explication est légitime car les institutions sont différentes des individus. Ils n’ont pas les mêmes caractéristiques.
- Les individus sont des êtres réfléchis contrairement aux institutions.
- La reproduction et la durée de vie des êtres humains est différentes de celles des institutions.5
3.2. L’évolution des institutions :
Les économistes néoclassiques ont refusé d’admettre l’existence des institutions. Selon eux, les coûts de transactions dans le marché sont nuls et par conséquent la présence d’institutions sans intérêt. Ce n’est que récemment que les économistes ont reconnu que le processus d’échange entraine des coûts de transaction élevés et nuisibles pour l’investissement. Dans ce cas, la mise en place d’institutions aptes à réduire les coûts des échanges est primordiale. Les institutions ne sont pas apparut soudainement, mais elles ont évolué à travers le temps avec la progression du commerce mondiale.
3.2.1. L’échange personnel :
Cet échange caractérise les sociétés primitives dans lesquelles les individus vivaient essentiellement de l’agriculture (la chasse et la collecte). Il y’avait aussi des petits commerces dans les villages où l’échange se réduisait à un petit groupe de personnes qui se connaissaient mutuellement. Ces gens étaient donc liés par une relation de confiance qui a permis la création d’un réseau social facilitant les échanges. Dans cet environnement de confiance, les comportements d’opportunismes étaient rares. Par conséquent, les coûts de transaction étaient très faibles et les contraintes informelles comme « la confiance » suffisaient pour réguler les transactions économiques. En revanche, les coûts de production étaient élevés en l’absence de spécialisation et d’une technologie moderne.6
3.2.2. L’échange impersonnel :
Cet échange caractérise les sociétés modernes où les marchés sont larges. Le commerce s’étend au-delà des frontières grâce au développement des moyens de transport (essentiellement les navires). Par conséquent, les échanges deviennent complexes et coûteux.
Le secteur de transaction s’élargie, et donne apparition à deux types de coûts :
- Les problèmes d’agence due à l’imperfection de l’information lors des échanges.
- Les problèmes de négociation et du respect des contrats entre les personnes.
L’augmentation de la taille des marchés et l’amplification des échanges a entrainé la spécialisation des producteurs et la division du travail. Ainsi l’activité économique s’est étendue à la manufacture, la construction des usines, et les services. On assiste à un phénomène d’urbanisation de la société.
Dans cette société moderne, les acteurs économiques adoptent des comportements opportunistes pour arriver à leur fin. Par conséquent, l’élaboration de structures institutionnelles efficaces (règles formelles, contrats formels,…), d’un système politique et judiciaire efficients sont indispensables pour la réduction des coûts de transaction.7
4. Le rôle des institutions :
Le rôle majeur des institutions est de réduire l’incertitude en établissent une structure (plus au moins stable mais pas nécessairement efficiente) aux interactions humaines. Réduire l’incertitude se traduit par une réduction des coûts liés à l’asymétrie d’information, rendre l’environnement intelligible et apporter plus de prévisibilité. Les institutions peuvent autrement affecter la performance économique par leur effet sur les couts des échanges et de la production, en effet, la technologie et les institutions peuvent déterminer les coûts de transaction et de transformation (production). L’objectif de North est d’étudier et d’expliquer l’existence et la nature des institutions pour savoir comment les institutions déterminent les coûts du fonctionnement de l’économie.
5. L’environnement institutionnel :
L’environnement institutionnel ou simplement, « les institutions, sont caractérisées comme, un ensemble de règles du jeu, stables, abstraites et impersonnelles, inscrites dans une longue durée, encastrées dans des lois, des traditions ou des coutumes, et associées à des mécanismes destinés à asseoir et mettre en œuvre des schémas de comportement gouvernant les relations entre agents ou groupes d’agents».
Autrement dit, l’environnement institutionnel est constitué de règles de jeu qui s’appliquent dans le secteur privé et public. Il s’impose à l’ensemble des individus à travers un faisceau de règles, de lois, d’institutions politiques mais aussi de coutumes et de normes sociales8. EI a un double rôle : organiser les relations économiques entre les individus et veiller à l’allocation des ressources entre les différents usages possibles. On peut identifier quatre composantes particulièrement importantes dans la définition de l’environnement institutionnel :
- le régime politique (en particulier son degré de centralisation et l’existence ou non de puissants mécanismes de contrôles),
- le cadre administratif (son degré d’expertise, son caractère plus ou moins arbitraire et discrétionnaire),
- le système juridique (et sa capacité de faire respecter les accords transactionnels),
- et enfin, le système des valeurs et des normes qui structurent les comportements des agents (par exemple, l’importance accordée au respect de l’engagement pris).
6. L’arrangement institutionnel :
Les arrangements institutionnels, « appelés mécanisme de gouvernance ou modes organisationnels des transactions, concernent la façon dont les agents structurent leurs activités de production et d’échange dans le cadre des règles définies par les institutions ».9
Les arrangements organisationnels sont le fruit des accords contractuels librement choisis par les acteurs économiques pour réduire le coût en choisissant entre acquérir des biens ou services sur le marché ou produire eux même ces biens ou services, entre « faire » ou « faire faire ». Ils organisent les relations économiques des agents sous formes de marché, de contrat à longue durée ou de firme.
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1 Douglass North ; The new institutional economics and development,1993; Economic History series number 9309002; p 62; http://ideas.repec.org/p/wpa/wuwpeh/9309002.html ↑
2 Douglass North ; The new institutional economics and development,1993; Economic History series number 9309002; p 64; http://ideas.repec.org/p/wpa/wuwpeh/9309002.html ↑
3 Douglass North, the role of institutions in economic development, op.cite.p8. ↑
4 Hodgson, the evolution of institutions: An agenda for future research, op.cite. p 114. ↑
5 Martin J.Held- Hans G Nutzinger, Institutions interact with economic actors: Plea for a general institutional economics; 2003; international journal of social economics,Emerald article,p239, http://www.emeraldinsight.com.www.sndl.arn.dz/search.htm?st1=Institutions%20interact%20with%20economic%20actors ↑
6 Jeffrey A.Frieden-David A .Lake, Ouvrage : International political Economy, perspectives on Global power and Wealth; 2003; Fourth edition, Chapter 3: Institutions and Economic Growth: A Historical Introduction Douglass C. North,p47; muhammadgozyali.files.wordpress.com/…/international-political-eco… ↑
7 Idem ; p48. ↑
8 Narith Chan ,institutions et investissement, thèse de doctorat, soutenue 2011, p15 ↑
9 [Source non fournie dans le texte original] ↑