L’impact des IDE sur l’économie algérienne est limité par un climat des affaires défavorable et un cadre institutionnel inadapté. Cet article propose des recommandations pour renforcer l’attractivité de l’Algérie, en s’inspirant de modèles internationaux, notamment asiatiques.
Partie I: IDE, croissance et développement économiques : approches théorique et conceptuelle
Introduction
La multinationalisation des entreprises et la localisation de leurs activités économiques dans les divers pays ainsi que leur impact sur l’économie, sont aujourd’hui au cœur des considérations des politiques économiques et de beaucoup de travaux académiques.
En fait, la réflexion sur les déterminants de multinationalisation des firmes et l’impact de leurs activités sur les économies d’accueil ressort des interrogations des analystes et des experts économiques sur les facteurs sur lesquels opte la FMN pour s’implanter à l’étranger. Aujourd’hui, il est bien admis que l’IDE constitue un élément essentiel de l’intégration, du diversification économique, voire une principale source de croissance.
Mais force est de constater que ces entreprises étrangères ne s’internationalisent qu’en quête de la maximisation de leurs profits et l’accroissement des économies d’échelle, correspondant d’abord à leurs nouvelles stratégies dans leur conquête de nouveaux marchés et le renforcement de leur position concurrentiel au niveau mondial.
Ceci étant, dans le cadre de vaste corpus théorique qui sera développé, notre analyse se focalisera sur la compréhension du canevas théorique constituant le cœur logique de l’IDE, de la croissance ainsi que la causalité dialectique entre ces deux fameux phénomènes et ce, en vue principalement de tirer les instruments d’analyse nécessaire à la réalisation de la présente recherche.
En effet, l’objectif escompté à travers la présente partie est de mettre en lumière, les fondements théoriques expliquant le phénomène de multinationalisation des firmes, de la croissance et développement économiques. Un premier chapitre sera consacré à la définition des différents concepts et caractéristiques inhérentes à l’IDE et la FMN. Suivra un chapitre où seront analysés les déterminants de multinationalisation et de localisation de la firme, enfin le dernier chapitre va mettre le point sur l’explication de la croissance et du développement économiques dans la théorie économique ainsi que l’analyse de l’impact des activités des IDE sur les économies des pays hôte, en l’occurrence, les pays en développement(PED).
Chapitre I : IDE et multinationale: définitions et caractéristiques
Introduction
Aujourd’hui, l’investissement direct étranger(IDE) est considéré comme une des grandeurs caractéristiques de la mondialisation, et les FMN y sont un vecteur le plus structurant dans la transformation de l’économie mondiale. Ces dernières par leurs stratégies de localisation dans le monde et par leurs modes d’organisations très évolués, influencent le marché et les Etats. Celles-ci, se livrent aussi à une concurrence acharnée pour pouvoir, un tant soit peu, attirer ces firmes, pourtant, qui n’est sans s’interroger sur leurs effets sur tous les plans: économique, politique, social, culturel et environnemental.
Comme nous pouvons l’observer dans les pages précédentes : les termes d’IDE, de firme multinationale et corolaires, ont été cités à plusieurs reprises. En effet, pour que nous puissions répondre à la finalité de notre recherche, la définition de l’IDE, de la FMN et leurs caractéristiques s’imposent. Ainsi, une série de questions mérite d’être posée qui sont comme suit : c’est quoi l’IDE ? De quoi s’agit-t-il ? Qu’entend-on par la FMN? Comment se déploie-t-elle à l’étranger ?
Le présent chapitre sera en effet scindé en deux sections. La premiére section va mettre en lumière les différentes difinitions de l’IDE ainsi que de la FMN. Suivera la deuxième section où seront analysés les différents modes de présence à l’étranger qui peuvent être poursuivis par les entreprises dés que la décision de se multinationaliser est prise.
Section1 : IDE et Multinationale : éléments de définitions
Les premières bases scientifiques des IDE et des FMN ont été forgées à partir des réflexions de trois courants : des traditionalistes (dépendistes), des modernistes et celui des intégrationnistes. Le plus grand apport des premiers à l’IDE découle de l’intérêt qu’elle porte aux implications des FMN dans les PED et la mise en cause portée au paradigme éclectique ne voyant les effets des IDE que positifs.
Du côté de l’école moderniste1 présentée essentiellement par Mundel (1957), Hymer et Kindleberger(1960), Coase et Williamson, Markusen, et les structuralistes ont été énormément critiqués du fait que toutes ces théories n’étaient pas vérifiables (voir le chapitre II). Pour J.L.Mucchielli cité par Nonjon et Dallenne, « l’entreprise multinationale effectue des IDE. Cependant ces deux concepts sont différents »2.
En fait, cette notion d’IDE3 a connu de multiples modifications dans le temps et dans l’espace, d’un simple transfert des capitaux à l’étranger à un facteur de développement et d’apports positifs.
Il existe autant de définitions d’IDE et du FMN, aussi bien chez les pays que chez les différentes institutions internationales, voire même les auteurs. Pour simplifier, nous allons scinder les définitions en deux groupes: définitions des organismes internationaux et définitions précises d’auteurs.
Définitions retenues par l’OMC et le FMI
La définition standard de l’IDE est celle répertoriée à travers le manuel de la balance des paiements du FMI situant l’IDE par la définition suivante:« Les investissements effectués dans le but d’acquérir un intérêt durable dans une entreprise exerçant ses activités sur le territoire d’une économie autre que celle de l’investisseur, le but de ce dernier étant d’avoir un pouvoir de décision effectif dans la gestion de l’entreprise. Les entités ou les groupes d’entités associés non résidentes qui effectuent les investissements sont appelées investisseurs directs érigés ou non en sociétés, (respectivement filiales ou succursales) dans lesquelles ces investissements directs ont été effectués, sont désignés par le terme « entreprises d’investissement direct»4
Par convention, le minimum de participation financière dans le capital d’une entreprise pour que l’investissement soit déclaré et répertorié comme un IDE est de 10 %, ce qui est, a priori, faible. En conséquence, cette définition étendue coexiste avec d’autres définitions dont celle de l’OCDE, largement reprise dans de nombreuses études et qui définit l’IDE en ces termes : « L’IDE est une activité par laquelle un investisseur résidant dans un pays obtient un intérêt durable et une influence significative dans la gestion d’une entité résidant dans un autre pays. Cette opération peut consister à créer une entreprise entièrement nouvelle(investissement de création) ou, plus généralement, à modifier le statut de propriété des entreprisesexistantes (par le biais de fusions et d’acquisitions). Sont également définis comme des IDE d’autres types de transactions financières entre des entreprises apparentées, notamment le réinvestissement des bénéfices de l’entreprise ayant obtenu l’IDE, ou .d’autres transferts en capital»5
De ces définitions nous retenons plusieurs aspects à savoir:
- L’IDE est un engagement de moyen et long terme(MLT) ;
- Un certain degré d’influence doit être exercé par l’investisseur étranger sur la direction de l’entreprise ;
- L’IDE recoupe trois composantes : l’entrée dans le capital d’une entreprise préexistante, la constitution d’une nouvelle entité juridique dans le cas de filiales à 100 % et la fusion, auxquelles viennent s’ajouter le réinvestissement des profits ainsi que des prêts et dettes entre maisons mères et filiales ou entre différentes filiales.
Définitions de certains auteurs
Krugman et Ofsted entendent par IDE : « les flux des capitaux internationaux par lesquels une entreprise d’un payse crée ou développe une filiale dans un autre pays. Le trait distinctif de l’IDE qu’il n’entraine non seulement un transfert de ressource mais aussi l’acquisition de contrôle. Ainsi donc une n’a seulement des obligations financières à l’égard l’entreprise-mère, elle fait partie de la même structure organisationnelle »6. Par ailleurs R.E. Caves et J.Frankel, définissent l’investissement direct comme étant : « un mouvement de capital, mais le préteur transfère des ressources et prend le contrôle du projet. L’essentiel de l’investissement direct passe par les FMN, définies comme des entreprises qui gèrent des unités de productions dans plus d’un pays»7
Partant de cette multitude de définitions, nous remarquons le retour à chaque fois de l’expression « d’intérêt durable », autrement dit, le caractère de durabilité des transactions des flux causée par l’IDE, qu’entend-on alors par ce vocable ? L’intérêt durable c’est l’existence d’une relation de long terme entre l’investisseur direct et l’entreprise investie ainsi qu’un degré significatif d’influence ou la capacité de l’exercer(le droit de vote) de l’investisseur dans la gestion de l’entreprise investie.
En d’autres termes, un IDE implique une relation à long terme avec une unité étrangère et cette relation doit être une relation de contrôle. Statistiquement parlons, plus de 50% de droit de vote, c’est le contrôle (une filiale), et entre 10% et 50% des droits de vote, c’est quand on parle d’influence (associée ou affiliée) à degré significatif, mais non le contrôle.
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1 Représentés essentiellement par, la théorie de l’organisation industrielle, la théorie de la firme et la théorie de l’internalisation. ↑
2 NONJON.A et DALLENNE.P, « la mondialisation : genèse, acteurs et enjeux », éd, Ellipses, 2004, p325. ↑
3 Du coté des pays d’origine(PO)(notamment les pays développés(PD) de l’investissement, l’IDE est appelé « une délocalisation », qui comporte trois types: délocalisation au sens strict (il y a transfert de tout ou une partie de l’appareil productif afin de réimporter ensuite sur le sol de PO l’essentiel des biens produits à bas coûts), la sous-traitance internationale(sub-contracting) et en fin la délocalisation par extension des capacités de production engendrant des flux commerciaux et dégradation de situation de l’emploi dans le PO. ↑
4 FMI, Manuel de la balance des paiements, 5e édition. Washington, D.C. 1993. ↑
5 Définition de référence des IDE, OCDE, 4ème édition, 2008, Paris. p45 ↑
6 [Référence manquante pour Krugman et Ofsted] ↑
7 [Référence manquante pour R.E. Caves et J.Frankel] ↑