Analyse de l’impact des Investissements Directs Etrangers en Algérie

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🏫 Université Mouloud MAMMERI de Tizi-Ouzou - Faculté des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion - Département des Sciences Economiques
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Magister - 2015-2016
🎓 Auteur·trice·s
GUESMIA El Hadi
GUESMIA El Hadi

L’impact des IDE en Algérie est limité par un climat des affaires défavorable et un cadre institutionnel inadapté, entravant leur contribution à l’économie. Cet article propose des recommandations pour améliorer l’attractivité du pays, en s’inspirant de modèles de réussite internationaux.


Partie II : Les IDE dans l’économie des PED : Evolutions et Impacts

Introduction

Aujourd’hui, les IDE prennent une importance grandissante. A en juger par l’attitude de surenchère des pays en développement(PED) à son égard. Autrement dit, l’IDE semble être devenu la voie privilégiée pour s’insérer efficacement dans la division spaciale du travail (DST). Ainsi, pour reprendre Busse et Groizard cité par OZTURK.I(2005) « l’évolution accrue des flux de l’IDE à travers les pays serait un des signes claires de la globalisation de l’économie mondiale, depuis quelques décennies »1.

Par ailleurs, partons de l’analyse théorique et dialectique, que nous avons faite, des effets potentiels des IDE sur l’économie d’accueil(celles des PED en particulier) ainsi que de la confrontation des explications, que soient en continuité ou en rupture, de la croissance et sources, il nous semble très judicieux de vérifier cet état de fait sur une des économies des PED, en l’occurrence l’économie algérienne, c’est notre choix comme cas d’étude.

L’objet de la présente partie sera d’analyser les effets report (avérés ou réels) des IDE entrants sur l’économie algérienne et ce, à travers l’étude de l’impact des IDE sur les différents variables micro, méso et macro-économiques. Dans un premier chapitre, nous nous livrons à analyser les évolutions des IDE dans le monde (anciennes comme récentes, leur répartition régionale et sectorielle) ainsi que les facteurs de croissance de leurs flux.

En suite, le deuxième chapitre sera, dans un premier temps, consacré à analyser le climat des affaires , l’attractivité de l’Algérie, et étudier, dans un deuxiéme temps, les effets potentiels des IDE sur les différents paramètres socio-économiques nationaux. Enfin, le dernier chapitre sera consacré à vérifier empiriquement l’impact des IDE sur la croissance et les variables économiques.

Chapitre I : Evolutions, et Evolutions récentes des IDE dans le monde

Introduction

L’IDE n’est pas un phénomène nouveau. En effet, depuis quelques années, son évolution croissante ainsi que la concurrence ardue que semblent s’adonner les FMN, comme son principal vecteur, ne témoigneraient que sur leurs recherches croissantes de profits et de nouveaux débouchés pour leurs produits. Manifestement, le pullulement des opérations de fusions et acquisitions (F&A) internationales en serait une preuve édifiante.

Pourtant, bien que beaucoup d’économistes considèrent l’IDE comme phénomène récent et composante dynamique de l’économie mondiale, remontant à la deuxième moitié de siècle dernier2, (pour reprendre Tersen et Bricout, «l’investissement international est un phénomène économique significatif dès le début de XXème siècle »)3, cependant, l’investissement international remontait à bien des siècles.

Certains, le voient aux XVII et XVIIIème, dans les activités des grandes foires au moyen âge, des compagnes des indes orientales, anglaises et françaises, et de la baie de Hudson4. A cet effet, il nous semble judicieux de nous pencher sur un développement des anciennes évolutions de l’IDE, afin de pouvoir établir un aperçu comparatif.

Il en est ainsi de leur spécialisation, leurs types d’investissement, d’obstacles ainsi que leur polarisation géographique et sectorielle.

L’objet de ce présent chapitre sera d’étudier les différentes évolutions de phénomène de multinationalisation et de l’IDE et ce, en termes du flux entrants et sortants dans le monde. La première section sera consacrée sur un éclairage historique de l’émergence de phénomène d’IDE et les facteurs déterminants. Enfin, les deux sections suivantes, seront consécutivement consacrées au développement des évolutions des IDE dans le monde ainsi que leurs répartitions géographique que sectoriel.

Section 1 : éclairage historique sur l’IDE : prédominance des pays riches

Il convient de rappeler qu’il serait insignifiant de fixer une date à la naissance de l’investissement international qui, quand, en Phénicie, à Milet, avant notre ère, des citoyens quittaient leur cité pour aller loin fonder un autre établissement dépendant d’elle. Il y avait déjà l’IDE. C’est au XVII et XVIIIème, qu’il faudrait attendre un essor moins limité dans l’investissement international.

Reconfirmé, avec l’extension de commerce et de l’investissement en dehors d’Europe, notamment par les compagnes coloniales, par des pratiques courantes des placements et des interventions à l’étranger sur des places financières en l’occurrence les place de Londres et d’Amsterdam. Cependant, ces activités resteraient exclusivement dans le commerce et ce ne serait qu’à la deuxième moitié de XIXème siècle, que des activités de nature extractive et dans la production en dehors notamment des pays d’origine(PO), auraient commencé à avoir lieu.

Ceci dit, l’IDE daterait de la révolution industrielle, où la Royaume-Uni(R-U) était son foyer(Bouyeur, 1972, p18).

Ainsi, le point devrait être mis sur six grandes périodes : a) l’âge d’or de l’IDE (privé)(1800-1913): suprématie de l’Angleterre, b) le recul de l’IDE (1919-1945), c) le renouveau de l’IDE(1946-1965), d) la première vague (1965-1980), e) la deuxième vague (1980-1995) et enfin, f) la dernière vague s’étalera de 1995 à nos jours5.

L’avant-guerre et la suprématie du R-U (1800-1913)

Le libre échange et l’ouverture des frontières auraient été les traits de l’économie mondiale pendant cette période.

L’IDE étant en quasi-totalité européen. Le R-U était le seul pays qui investissait à l’étranger. Ce qui refléterait, son avance technologique et économique, une abondance de l’épargne de fait de son trait comme première place financière mondiale, sa disposition des réseaux bancaires internationaux, entre autres les débouchés naturels offerts par les Commonwealth6. Ce faisant, le R-U investissait à l’extérieur, pour augmenter les matières premières dont aura besoin son industrie. Mais, il faudrait attendre la deuxième moitié de XIXème siècle, pour que la France vienne la rejoindre. Après 1870, c’est l’Allemagne impériale qui l’emboiterait le pas. D’autres pays, Belgique au Congo, Pays-Bas aux Indes Néerlandais, la Suisse, investissaient aussi à l’étranger. Bien que débiteurs, par ailleurs, jusque 1914, les USA commençaient déjà à ouvrir des usines à l’étranger, au Mexique, Cuba et en Europe(Bouyeur, 1972, p20). Toutefois, il convient de noter, que si l’on compare ces derniers pays à la R-U, comme semble le montre le tableau 03, demeureraient ne représenter qu’une place non perceptible.

Tableau 03 : les parts des pays investisseurs sur la période d’avant 1914

Tableau 03 : les parts des pays investisseurs sur la période d’avant 1914
Pays investisseursMontant en Mds de $% de total (Approximative)Principaux pays d’investissement
La RU1842Empire britannique (47%). Les USA (20%). Amérique latine (20%) et Europe (6%)
France8,519,3Europe (61%) dont Russie (25%), Empire français (9%).
Allemagne613,7Europe centrale (53%), Amérique latine (16%), Amérique de nord (15%).
Etats-Unis3,57,7Canada, Amérique Latine.
Divers7,517,3
Dont :
Belgique2Congo, Europe occidentale et Russie.
Pays bas2Empire colonial, Europe.
Suisse1,5Europe
Ensemble44100

Source : BOUYEUR.J, op.cit, p17.

L’IDE était privé et l’Etat n’intervenait plus dans la sphère économique, ce serait l’autre caractéristique de cette période. L’investissement était uniquement le fait des banques et sociétés privées, hormis, certains cas où les projets d’investissements portaient sur des projets stratégiques et souverains, entre autres, sur la mise en valeur des nouveaux pays et sur l’ouverture d’autres espaces tous neufs. Mais force est de constater que la dépression qu’aurait vu le monde entre 1914 et 1918, va rendre cet équilibre sujet à caution.

L’entre les deux guerres : recul de l’IDE dans l’Europe

La guerre va modifier l’orientation de l’IDE et avoir une influence directe sur ses composantes. Se traduisant par la vente forcée par les belligérants européens de leurs avoirs à l’étranger notamment aux USA et l’Amérique latine. Les effets étaient assez considérables.

Ainsi, les britanniques pour payer les dépenses de la guerre, ne conservaient que les participations des compagnes pétrolières et de l’or. S’agissant de l’Allemagne, une grande partie des investissements ont été liquidés, soit suite à la guerre ou suite aux réquisitions que les pays triomphants ont opérées, se soldant par un écroulement quasi-total des avoirs d’origine allemande, passant ainsi entre 1914-1938, de 10,5% à 1,3% de stock mondial7.

Mais le problème ne résidait pas là, forte exportatrice nette de capitaux qu’elle était, l’Europe reculait et va céder sa place aux USA, qui en leur emboitant le pas, devenaient un grand créancier de monde. En profitant de la faiblesse de l’Europe, les firmes US8 ont consolidé leur position et passé de 18,5% à 2,7% de stock mondial, entre uniquement 1914 et 19389.

Force est cependant de constater que cette nouvelle orientation des IDE ne concernait pas uniquement l’Europe, de fait de nouveaux Etats au Moyen Orient et l’Asie, vont être les conséquences de l’atomisation des empires russes, ottomans. Et surtout l’émergence de l’URSS porteur de visions pessimistes et hostiles à tout capital étranger, qui va modifier la nouvelle orientation gérant les IDE.

En sus, notamment de la crise de 1929 et corolaires ayant exacerbé les risques et le repli national de beaucoup de pays, en l’occurrence socialistes qui s’en est suivi. De ce fait, les IDE sont affectés, et comme recherche de solutions, les investisseurs se sont vus aller vers des pays plus stables et épargnés par la crise, où les richesses naturelles devraient être abondantes, vers le Canada, l’Australie etc.

Un renouveau dans l’IDE (1946-1965) : affirmation nord-américaine

En cette période, en raison de renouveau dans la gouvernance mondiale, les risques et tensions qu’avait connus l’environnement mondial dans la période de première guerre ne vont pas être sentir dans la deuxième, débuté en 1939. Ce renouveau dans l’environnement politique et économique s’est traduit par, notamment, l’instauration d’un code économique mondial accompagné par des politiques favorables à l’investissement international. Le plus marquant encore, c’est les accords de Breton Woods, qui vont mettre, désormais, les principes et règlements de conduite et de gouvernance internationale. Ainsi, de nouveaux besoins et conditions vont en avoir lieu à savoir:

Des besoins en capital énormes ont été ressentis, suite aux destructions et dépenses de la guerre. Un désir stratégique contraignant de trouver hors territoire des ressources abondantes avait poussé les pays riches à accroitre leur investissement par la mise en valeur et recherche des ressources. C’est ce qu’a été d’ailleurs constaté, dans l’IDE des USA dans le pétrole au Venezuela et au Moyen Orient, entre 1943-1964.

En mettant en évidence le rôle essentiel de l’IDE dans l’économie, chaque pays s’est en effet vu en quête croissante de ses ressources. Ce qui s’est soldé par le fait que l’offre mondial de l’IDE soit surpassée par la demande mondiale de l’IDE, ce qui n’était pas cependant le cas en 1914.

S’agissant des PED, suite à leurs problèmes sociaux accrus et retard économique mondial, auraient vu l’aide étrangère et l’IDE plus qu’indispensable. Toutefois, ce dernier n’auraient été que dans les ressources en recherchant davantage à maximiser leurs profits(Delapierre et Milleli, 1995, p48).

L’économie mondiale était, à cette période, organisée d’une manière simple et hiérarchisée et ce, par l’hégémonie des USA et ses FMN, et autour desquels vont par ailleurs s’articuler les économies européennes et japonaises.

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1 BUSSE. M et GROIZRD. J. L(2005). , cité in, OZTURK.I « FDI, Growth Nexus: a review of the recent literature», international journal of applied econometrics and quantitative studies, volume 4-2, 2007, p80.

2 Si nous nous référons au classement de C.A.Michalet, ça devrait correspondre à la deuxième phase de classement de la mondialisation, donc la phase « l’économie multinationale », ère de l’accélération de la mondialisation. Ainsi, précédée par la phase d’économie internationale et relayée après par la phase de l’économie globale. Voir MICHALET.C.A, Op.cit, Paris, 1999.

3 TERSEN.D et BRICOUT.J.L, Op.cit, P29.

4 DELAPIERRE.M, C.MILELLI, 1995, Op.cit p 35.

5 BOUYEUR.J, « l’investissement international », 1972, 2éme édition, Paris, PUF, QSJ ?, P17

6 Le Commonwealth consiste en ses différentes colonies à travers le monde, en Afrique et en Asie.

7 DELAPIERRE, op.cit, 1995, P41.

8 Notamment en industrie électrique (Général Electrics), industrie automobile (Général Motors, Ford), pneumatique( Goodyear, Fierstone), qui ont été (le sont encore) le levier de l’industrie américaine dans le monde.

9 DELAPIERRE, ibidem, p41.

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