Analyse de l’impact des IDE sur l’économie en Algérie

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🏫 Université Mouloud MAMMERI de Tizi-Ouzou - Faculté des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion - Département des Sciences Economiques
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Magister - 2015-2016
🎓 Auteur·trice·s
GUESMIA El Hadi
GUESMIA El Hadi

L’impact des IDE en Algérie est limité par un climat des affaires défavorable et un cadre institutionnel inadapté, entraînant une faible contribution à l’économie. L’article propose des recommandations inspirées de modèles internationaux pour renforcer l’attractivité des investissements étrangers en Algérie.


Section 2 : analyse de l’impact des IDE sur l’économie des PA : théorie et réalité

Si on se rappelle de la littérature qui traitait, pendant longtemps, de flux et effets d’IDE, dont les différentes théories s’opposent quand aux liens entre l’économie et l’IDE, deux peuvent en être distingué : certaines considèrent que l’IDE n’avait apporté que des effets négatifs et ne fait ainsi que renforcer le sous-développement, tant dis que d’autres (comme l’école de la modernisation)1, au contraire, semble s’être favorable à l’IDE en le considérant comme un catalyseur de la croissance, mais tout en suggérant des pays d’accueil(PA) d’être libérés des interventions étatiques contraignantes, et ouverts à l’investissement et au commerce.

Mais force est de constater que, si l’on se raisonne selon la première thèse, beaucoup de pays seraient aujourd’hui devenus très accueillants à l’égard des IDE. Ceci dit, la grande raison qui expliquait la volonté des pays en développement(PED) à attirer les IDE serait vraisemblablement ses supposés effets de report.

Par ailleurs, si on compare l’IDE aux autres formes de capitaux privés, il se trouva que l’IDE aurait un coté sûr le rendant moins volatil et plus assuré à LT2. L’IDE est solidement installé et ne peut pas quitter le PA aussi facilement aux premiers signes de difficultés, qui ne serait pas le cas de la dette à court terme(CT) dont les investisseurs en sont immédiatement réévalués en cas de crise. L’IDE est considéré comme étant du « bon cholestérol »3. Mais, il n’en demeure pas moins que la mesure de l’impact des IDE sur le PA, un travail difficile, vu la multiplicité des canaux de transmission et la difficulté de spécifier le contrefactuel.

Impact des IDE sur l’économie d’accueil : effets ambigus

L’IDE pour le pays d’accueil(PA) n’est pas seulement, soulignent les experts, un rapport de flux financier non générateur de dette, mais il est aussi un transfert de technologie, un accès à des informations sur les marchés internationaux et une intégration croissante au processus de mondialisation. L’IDE permet d’utiliser rationnellement et efficacement les ressources des PA, et contribuer à la croissance de la productivité globale des facteurs(PGF) et des revenus (accumulation de capital), et partant sur la croissance. D’où l’importance à savoir, comment l’IDE affecterait-il l’économie hôte?

Pour que nous puissions répondre à la question posée, il nous parait très judicieux d’analyser les différents effets potentiels d’IDE entrant sur les différents variables économiques de pays d’accueil(PA). Théoriquement, les canaux de transmission des effets des IDE sur l’économie et la croissance de PA, doivent être organisé en cinq groupes: les effets sur le commerce extérieur et sur la balance des paiements, les effets sur les marchés des produits, effets sur les marchés des facteurs et les effets d’externalités.

Effet d’IDE sur le commerce extérieur

Analyser les effets des IDE sur le commerce extérieur du PA, c’est dire analyser son impact sur leur balance commerciale et donc les échanges. Cet impact dépendra étroitement de l’objectif préalablement fixé par l’investisseur étranger, d’une part, et de la nature des secteurs économiques et du PA, d’autre part. Ceci étant, deux hypothèses s’affrontent quant à la nature d’impact des IDE sur les échanges :

  1. Pour l’hypothèse dominante dans les années 1950 et 1960, l’IDE visait prioritairement à servir le marché local du PA. Il serait ainsi vu comme un destructeur d’échanges, en avançant que l’IDE était un substitut aux importations.
  2. Mais, quand à la deuxiéme, l’IDE est considéré comme un créateur d’échanges qui dynamiserait les échanges des PA et ce, par le fait le plus souvent de la propension à importer et à exporter des filiales étrangères. A long terme(LT), l’IDE contribuera à l’intégration des économies hôtes dans la division spaciale du travail (DST) et l’économie mondiale. Ainsi, l’engagement des PA dans le commerce mondial pourrait s’expliquer sur la base des opérations d’importations et d’exportations.

Sur le plan des importations, l’IDE contribuait à l’amélioration de la balance des paiements des PA, dans le cas notamment où ces derniers produisaient sur leurs territoires des biens qu’ils importaient auparavant. C’est la substitution aux importations et ils pourraient d’ores et déjà exporter. Les IDE pourraient de ce fait contribuer à pallier à court terme(CT) au manque de devises ainsi que l’amélioration de compte financier de pays hôte.

Quant au niveau des exportations, les IDE pourraient exercer un effet moteur sur les PED à s’imbriquer dans le commerce international du fait des flux de devises qui, en contribuant au financement des importations permettraient leurs spécialisations et de dégagement d’économies d’échelles. Par ailleurs, compte tenu de leurs expériences et compétences, la qualité de leurs produits ainsi que leurs capacités d’adaptation rapides aux caractéristiques des pays d’accueil(PA), les FMN pourraient aussi renforcer le caractère exportateur des PA grâce à leurs effets sur la compétitivité et les activités internationales4.

Effets sur la balance des paiements : source du financement ou d’endettement ?

L’IDE est souvent considéré comme fondamental pour les pays en développement(PED). L’IDE est vu comme un palliatif au manque de devises et à l’insuffisance de l’épargne nationale. L’IDE est, selon le rapport de Lester Pearson, devenu le principal vecteur des apports de capitaux dans les PED et ce, depuis notamment la fin des années 19605. Mais il convient d’admettre qu’en dépit des avantages cités, l’impact des IDE sur la balance des paiements du PA dépendrait étroitement, selon de nombreux observateurs, de la nature de l’investissement.

En effet, dans le secteur des biens et services non-exportables, il n’y aura pas de commerce extérieur et donc de devises. L’effet des IDE sur la balance des paiements serait nul. A l’opposé, dans le cas des biens et services exportables, l’IDE aurait des effets positifs sur la balance des paiements à travers notamment l’effet positif sur le compte financier de PA.

Par ailleurs, et si l’on compare l’IDE aux autres formes de capitaux privés, il se trouvera que l’IDE n’engendre pas des rémunérations régulières et automatiques aux bailleurs de fonds et loin des comportements spéculatifs et grégaires6.

Toutefois, pour ne se limiter qu’uniquement au coté positif de l’IDE, et si initialement, l’entrée des IDE est favorable sur la balance des paiements des PA, et s’il est vrai que les machines sont solidement installées, et donc difficile à sortir, il n’en reste pas moins qu’à LT cet effet positif pourrait tendre à se diminuer et devenir source d’endettement.

C’est le cas, notamment, de l’absence de tout renouvèlement des flux pouvant accompagner les sorties du capitaux, tant sous formes de rapatriement des bénéfices que de redevances technologiques et les transactions financières pouvant permettre de rapatrier l’IDE. Ainsi, une filiale étrangère pourrait emprunter contre sa garantie dans le PA et répéter l’argent à sa société mère.

De même, du fait qu’une part importante de l’IDE représente une dette interne de la société, la société mère pourrait en demander le remboursement le plutôt possible. Aussi, les prix de transferts entre les filiales et la FMN qui échappent aux lois de marchés pourraient rendre difficile et complexe toute taxation des bénéfices.

Le recours aux paradis fiscaux où les FMN faisaient des profits dans leurs filiales, constituerait aussi un autre manque à gagner et approfondit de plus en plus le déficit de pays d’accueil(PA).

________________________

1 WILHELMS. S, « L’IDE et ses éléments déterminants dans les économies naissantes », agence des USA pour le développement international, 1998, P9-10.

2 Ce que nous pouvons observer, en analysant les flux d’IDE dans le monde (chapitre 1, partie 2), où les entrées d’IDE ont enregistré un niveau record en dépit de la crise financière et de la dette(2008), s’élevant à 1833 Mds $, une hausse de 30% par rapport au niveau historique inscrit en 2001(1411 Mds $).

3 LOUGANI.P et A.RAZIN, l’IDE est-il bénéfiques pour les PED, revue Finances & Développement, 2001, P7.

4 OCDE, « l’IDE aux services de développement, optimiser les avantages, minimiser les couts », 2002, P109.

5 LESTER.B. PEARSON. « Vers une action commune vers le développement du tiers monde », 1969, cité in MEDDEB.R et ABDALLAH.B « interaction IDE, capital humain et croissance économique dans les pays émergents », GDR d’économie, université Paris 1, 2000, P3.

6 Cité par, LOUGANI.P et A. RAZIN, op.cit, P7.

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