La performance des entreprises publiques au Cameroun a connu une transformation marquante suite à la privatisation. Cette étude révèle des améliorations significatives en rentabilité et productivité, remettant en question les idées reçues sur l’impact de la privatisation dans le secteur public.
5.3 Effets statiques de la privatisation sur la productivité des entreprises
Les premiers résultats de calcul des moyennes trois années avant et cinq années après la privatisation des ratios de productivité de chaque entreprise ainsi que les représentations graphiques de l’évolution du ratio SPE et des tests effectués sur les deux indicateurs de productivité sont illustrés dans les paragraphes suivants.
Tableau 14: Comparaison de la productivité des entreprises publiques trois ans avant et cinq ans après leur privatisation (t = -3 à +5, variante 1)
Mesure Entreprises | SPE (VR/NE) | IPE (RN/NE) | ||
MOYb | MOYa | MOYb | MOYa | |
AES-SONEL | 0,890 | 0,996 | -2,143 | 5,958 |
CAMRAIL | 2,996 | 4,506 | -1,155 | 0,456 |
CDC | 0,833 | 1,022 | -0,250 | 0,079 |
CHOCOCAM | 1,12 | 1,25 | 0,684 | 1,92 |
HEVECAM | 4,90 | 5,940 | -0,179 | 0,215 |
SEPBC | 1,270 | 1,963 | 0,105 | 0,671 |
SOCAMAC | 0,833 | 0,918 | 0,703 | 1,195 |
SOCAPALM | 1,546 | 1,762 | 0,002 | 0,194 |
Source : l’auteur à partir des données de l’ARSEL, la CTR, l’INS et la SNI
Légende
SPE : Sales Per Employee ou productivité commerciale (= Ventes Réelles / Nombre d’Employés).
IPE : Income Per Employee ou bénéfice par employé (= Bénéfice net / Nombre d’employés).
MOYa : moyenne « after privatization », après privatisation
MOYb : moyenne « before privatization », avant privatisation
Au seul vu de ces chiffres, on peut dire qu’il y a une amélioration notable de la productivité des entreprises après leur privatisation. Ceci vient corroborer les allégations théoriques de Kikeri et al. (1994) ; Boyko et al. (1996), pour qui à la suite de la privatisation, les entreprises sont amenées à utiliser de manière plus efficace leurs ressources technologiques, humaines et financières, étant donné leur nouvel objectif de maximisation des bénéfices et la réduction et/ou la disparition des subventions publiques dont elles bénéficiaient.
En effet, lorsque nous observons par exemple le ratio Ventes/Effectifs qui donne l’efficience de la main d’œuvre en rapport aux ventes, nous constatons, en ce qui concerne la SONEL, qu’il passe de 0,890 à 0,996 soit une amélioration en moyenne de 0,106 qui peut être due à l’augmentation du capital de la société après sa privatisation. Notons quand même qu’en ce qui concerne la SONEL, l’augmentation du volume d’investissement a tardé à suivre le mouvement de privatisation de la société ce qui peut du reste expliquer les nombreux délestages qu’ont connu les populations camerounaises même après la privatisation de la SONEL, situation caractéristique d’une insuffisance de l’énergie électrique produite par rapport aux besoins de l’économie toute entière.
On note en ce qui concerne le rapport Bénéfices Nets/Effectifs qu’il est passé en moyenne de -2,143 à 5,958 ce qui traduit une hausse considérable pouvant être due au fait que, la SONEL, ayant des dettes énormes avant sa privatisation, sans compter la vétusté de ses infrastructures qui ne lui permettait pas de répondre aux besoins des populations et grandes entreprises consommatrices d’énergie, et donc faisant ainsi face à une faiblesse de la production d’énergie électrique a dû, après sa privatisation, intégrer dans sa fonction d’objectifs, des exigences de rentabilité et de productivité, ce qui s’est traduit par quatre augmentations successives des tarifs basse et moyenne tension au cours des quatre premiers exercices qui ont suivi sa privatisation à savoir : une augmentation de 5% en année 1 et 7,65% pour les années 2, 3 et 4.
Mais il faut dire que ces augmentations étaient faites sous le contrôle de l’ARSEL qui est l’autorité de régulation chargée de préserver les intérêts des consommateurs et d’assurer la protection de leurs droits pour ce qui est du prix, de la fourniture et de la qualité de l’énergie électrique.
En ce qui concerne la REGIFERCAM, nous constatons que le ratio Ventes/Effectifs est passé de 2,996 à 4,506 tandis que le ratio BN/Effectifs est passé de -1,155 à 0,456 traduisant ainsi une amélioration de la productivité de la société après sa privatisation. On est néanmoins en droit de se demander si cette amélioration de la productivité n’est pas le fait de la coïncidence entre la privatisation de la société et le début des travaux de construction du pipeline Tchad-Cameroun dont le transport des matériaux a en majorité été assuré par la CAMRAIL ; et non le fait juste de la privatisation de la société.
En effet, cette préoccupation est d’autant plus pertinente que l’investissement, après la privatisation de la REGIFERCAM n’a pas suivi les bons résultats que la société a enregistrés au niveau de la productivité ; en témoigne du reste la formation d’une commission parlementaire en 2003 pour étudier avec la société les modalités d’une aide de l’Etat afin que celle-ci (CAMRAIL) puisse augmenter ses investissements.
L’évolution des ratios de productivité de HEVECAM, CDC, CHOCOCAM, SEPBC SOCAMAC et SOCAPALM traduit également une amélioration de la productivité de ces entreprises après leur privatisation mais, nous devons souligner que ces résultats doivent être pris avec beaucoup de prudence car des événements contingents peuvent très bien avoir influencé favorablement ces résultats et si tel était le cas, on ne pourrait plus dire que l’amélioration de la productivité de ces entreprises est le fait de leur privatisation.
Toutefois, on peut souligner que même si la privatisation n’est pas la raison directe de l’amélioration de la productivité de ces entreprises, elle n’y est pas tout à fait étrangère ne serait-ce que pour les bénéfices en amont qui résultent des nombreuses restructurations qui sont opérées au sein de l’entreprise à l’annonce ou à l’aune de sa privatisation.
Questions Fréquemment Posées
Quelle est l’incidence de la privatisation sur la productivité des entreprises publiques au Cameroun?
Les résultats montrent une amélioration notable de la productivité des entreprises après leur privatisation.
Comment la privatisation a-t-elle affecté la rentabilité des entreprises publiques au Cameroun?
L’analyse révèle une hausse considérable du ratio Bénéfices Nets/Effectifs après la privatisation, passant de -2,143 à 5,958 pour la SONEL.
Quels indicateurs de performance ont été analysés dans l’étude sur la privatisation au Cameroun?
L’étude a analysé les ratios de productivité tels que le Ventes/Effectifs et le Bénéfice par Employé avant et après la privatisation.