Analyse comparative : Impact de la gratuité sur les enseignants en RDC

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🏫 UNIVERSITE PEDAGOGIQUE NATIONALE - FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L’EDUCATION - DEPARTEMENT DE GESTION ET ADMINISTRATION DES INSTITUTIONS SCOLAIRES ET DE FORMATION
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Licence - 2019-2020
🎓 Auteur·trice·s
NDJETE IMBILE
NDJETE IMBILE

L’impact de la gratuité sur enseignants révèle des défis cruciaux dans l’enseignement primaire en République Démocratique du Congo. Découvrez comment les obstacles politiques et économiques affectent la motivation des enseignants et la qualité de l’éducation à Matete : quelles solutions émergent face à ces enjeux ?


Question n°3. Qu’est-ce que la gratuité de l’enseignement primaire a-t-elle apporté de plus aux conditions de vie de l’enseignant congolais ? A vous personnellement!

Tableau 25 : Impact de la gratuité sur la survie de l’enseignant

Impact

Fréquence

pourcentage

Argumentation

Fréquence

Pourcentage

Positif

41

45,56

Ont poussé des

arguments

87

96,67

Négatif

41

45,56

N’ont pas argumenté

3

3,33

Sans réaction

8

8,88

Total

90

100

Total

90

100

Deux courants de pensées contradictoires se dégagent sur cette question : 41 enseignants soit 45,56 affirment que la gratuité de l’école a apporté un plus dans leur vie. Leurs arguments tournent autour de la petite majoration du revenu mensuel de l’enseignant, la considération sociale et l’estime. Ils profitent ici de l’occasion pour dévoiler que l’enseignant ne valait plus rien dans la société du fait qu’il était rémunéré en monnaie de singe. La fonction enseignante commence à redevenir attractive. Dans le même ordre d’idées ils ont réaffirmé qu’en tant que parents à la fois, la gratuité de l’école a réduit les exigences financières en termes de prise en charge de la scolarité des enfants.

Par opposition, 41 enseignants soit 45,56 se sont montrés sceptiques aux éventuels apports de la gratuité, disant qu’elle n’est porteuse de rien, au contraire elle a aggravé la misère en supprimant toutes motivations des parents sans pour autant harmoniser le salaire. Un enseignant de l’EP KINZAZI fait savoir : « Avant l’application de la gratuité, seulement avec les contributions des parents je n’avais pas moins de 500$ (cinq cents dollars américains) par mois y compris le maigre salaire de l’Etat, ce qui me permettait de louer une maison de 200$ et de subvenir aux autres besoins fondamentaux. Aujourd’hui,

on nous impose la gratuité avec un salaire qui ne vaut même pas 200 $. Imaginez vous-même mon sort avec toute la maisonnée cher étudiant! De cet enseignant, peut-on espérer la qualité d’enseignement?

Ils présentent une autre facette : la gratuité devient à force une source des pressions mentales avec des sérieuses répercussions sur la santé physique. On assure l’encadrement des effectifs très élevés dans des conditions dûment précaires. Et, en enfin, 5 enseignants soit 6% se sont abstenus de répondre.

Nous avons remarqué aussi la mauvaise interprétation de la gratuité. Une mauvaise interprétation de la politique gouvernementale en faveur de la « gratuité » de l’enseignement primaire pourrait laisser penser que celle-ci est totale et à effet immédiat. Certains ne contemplent pas la gratuité comme opportunité. Il est indéniablement important que l’État mette en place un dispositif d’information et de communication efficace en favorisant l’utilisation des relais communautaires existants : radios, églises, associations locales etc.) Pour garantir une compréhension correcte de la politique gouvernementale par les bénéficiaires (parents, élèves, enseignants) et éviter les erreurs d’interprétation.

Question n°4. La gratuité de l’enseignement primaire, proclamée et mise en application en RDC, est-elle déjà stable ? Justifiez-vous !

Tableau 26 : Avis sur la Stabilisation de la gratuité de l’enseignement

Réaction

Fréquence

Pourcentage

Justification

Fréquence

Pourcentage

Oui

10

11,11

Ont justifié

83

92,22

Non

77

85,56

N’ont pas

justifié

7

7,78

Sans réaction

3

3,33

Total

90

100

Total

90

100

Dans ce tableau, il se dégage que 10 sujets soit 11,11% ont répondu oui, pour ainsi dire, la gratuité de l’enseignement primaire est déjà stable. Les raisons avancées pour justifier leur assertion se récapitulent par l’amélioration de salaire des enseignants, le paiement d’un lot des enseignants non payés communément appelé NP et l’engagement de l’Etat qui promet à la population de se faire premier financeur de

l’éducation. Ils signalent aussi que les enfants ne sont plus chassés de l’école faute de paiement des frais d’écolage comme par le passé.

A l’inverse, 77 enseignants soit 85,56% ont répondu non, la gratuité de l’enseignement est loin d’être stable. Pour eux, le gouvernement a mis la charrue devant le bœuf, c’est-à-dire, la gratuité n’a pas été bien préparée ; plusieurs facteurs et barrières d’instabilité ont été évoqués lesquels si l’on y prend pas garde, la fameuse gratuité risque d’enfoncer de plus en plus l’école congolaise.

Il s’agit principalement de la démotivation des enseignants estimant qu’ils sont toujours mal payés (le salaire alloué aux enseignants s’élève à ±360.000fc ≈ 180$ au taux du marché pour les enseignants du primaire et 367.000fc ≈ 184$ pour ceux du secondaire), la tentative d’altération du protocole d’accord de Bibwa sur l’augmentation du salaire des enseignants en paliers, le pléthore d’élèves et moins de place dans les salles de classes, la détérioration des conditions d’apprentissages dont l’insuffisance des infrastructures et des équipements scolaires (bâtiments, bancs et pupitres), la disette des outils de formation (matériels didactiques et autres), plus de

380.000 enseignants nouvelles unités non payés. Les 3 autres sujets soit 3,33% de l’ensemble n’ont pas commenté la question.

Question n°5 : Quels sont les principaux problèmes (pédagogiques, administratifs, sociaux-climat de la classe) crées par la gratuité dans votre salle de classe ?

Tableau 27 : Principaux problèmes crées par la gratuité dans salle de classe

Problèmes

F

%

Afflux d’élèves face à l’insuffisance des structures d’accueil. Ceci ne permet plus à l’enseignant d’interagir correctement avec la classe en général et chaque élève en particulier, la difficulté à s’assurer l’assimilation des matières par les élèves. S’ensuit la difficulté d’exécuter comme il se doit les tâches liées au contrôle des matières, notamment la correction des devoirs et exercices dirigés. L’horaire des cours n’est plus respecté par contrainte du temps si l’on s’intéresse à combler les hiatus des

élèves. Manque de suivi individuel des travaux des élèves.

55

30,22

L’insuffisance des matériels didactiques (livres, manuels scolaires, cartes et autres) à la disposition des apprenants et l’insuffisance des fournitures scolaires à la disposition de l’enseignant.

43

23,62

La Difficulté de contrôler les relations interpersonnelles (maitriser les liens d’affinités

entre élèves). Le manque de contact personnel élève-maître.

22

12,09

L’indiscipline, trop de bruits, bagarres et cas des blessures.

21

11,54

La pénurie des conditions sociales adéquates (étouffement dans les classes, carence

des bancs et pupitres).

21

11,54

L’insatisfaction et la démotivation des enseignants suite au non-respect de pallier-paie et différents pactes signés entre l’Etat et le bac syndical des enseignants dont le

protocole d’accord de Bibwa

20

10,98

Remarques : L’absence de total des fréquences indique l’inflation de N. Un seul sujet avait la possibilité de fournir plus d’un avis.

Question n°6 : Dans votre école, constatez-vous quelques avancées réalisées par le gouvernement dans le souci de remédier aux défis que représente la gratuité de l’enseignement élémentaire?

Tableau 28: Avancées réalisées jusqu’ici pour stabiliser la gratuité

Réaction

Fréquence

Pourcentage

Justification

Fréquence

Pourcentage

Oui

30

33,33

Ont justifié

70

77,78

Non

55

61,11

N’ont pas

justifié

20

22,22

Sans réaction

5

5,56

Total

90

100

Total

90

100

Comme l’illustre le tableau ci-dessus, 30 enseignants soit 33,33% ont reconnu les avancées réalisées par le gouvernement dans l’optique de remédier aux défis que représente la gratuité de l’enseignement. Les adeptes de cette thèse ont soutenu deux avancées dont l’allocation des frais de fonctionnement aux écoles, bureaux gestionnaires et l’identification des nouvelles unités; par contre, 55 sujets soit 61,11% n’ont reconnu aucune avancée concrète si ce ne sont que les discours de persuasion. Ensuite, 5 sujets soit 5,56% n’ont pas donné leurs avis.

Question n°7. Sachant que partout à travers le monde, la gratuité de l’enseignement a comme conséquence phare l’afflux de la population scolaire et la redynamisation de tout le système :

  1. Vos capacités d’accueil (salle de classe et cours de récréation) sont-elles adaptées à l’afflux actuel d’élèves? Justifiez-vous !

Tableau 29: Rapport élève-classe et cour de récréation

Réaction

Fréquence

Pourcentage

Justification

Fréquence

Pourcentage

Oui

28

31,11

Ont justifié

72

80

Non

60

66,67

N’ont pas justifié

18

20

Sans réaction

2

2,22

Total

90

100

Total

90

100

En réponse à cette question, 28 sujets soit 31,11 % ont affirmé que les effectifs scolaires correspondent aux capacités d’accueil des locaux; à l’opposé, 60 sujets soit 66,67% ont fait montre que l’insuffisance des capacités d’accueil

et dépassement du taux d’occupation des locaux sont des faits réels. Vous n’avez qu’à parcourir nos registres d’appel. Ces enseignants pensent que si l’on tient compte des normes pédagogiques, on va très vite conclure que les dispositifs font cruellement défaut. En principe, les inscriptions devraient être fonction des nombres des places disponibles, ce qui n’a pas été le cas dans nos écoles cette année ; estiment-ils. Subséquemment, 2 enseignants soit 2,22% n’ont pas intervenu quant à ce.

En réponse à l’afflux prévu d’enfants dans le système, notamment du fait des mesures de gratuité de l’enseignement primaire et de leurs répercussions sur l’enseignement secondaire, le Gouvernement devait élargir la capacité d’accueil par la construction et la réhabilitation de salles de classe et leur équipement en mobiliers scolaires dans des conditions sanitaires viables. Les tableaux sur l’évolution des statistiques scolaires démontrent clairement le surpeuplement des classes dans la plupart des écoles publiques de la sous province éducationnelle de Matete. Nous avons enregistré des écoles dont le rapport élève/classe est supérieur à 100. Plus de 100 élèves dans une même salle de classe, qu’en est-il de l’encadrement ?

  1. Disposez-vous d’un équipement pédagogique adapté à la population scolaire actuelle ?

Tableau 30 : Adéquation Equipement pédagogique-population scolaire

Réaction

Fréquence

Pourcentage

Non

79

87,78

Oui

11

12,22

Sans réaction

0

0

Total

90

100

Par rapport à ce tableau, il est à observer que 11 enseignants soit 12,22% ont fait savoir qu’ils sont dans le bon en ce qui concerne les outils de formation. 79 enseignants soit 87,78% indiquent qu’ils ne disposent pas en quantité les outils pédagogiques, que ce soit du côté des maîtres que des élèves, en

l’occurrence les livres. Il n’est pas étonnant de rencontrer une telle vérité puisque la gratuité est introduite dans un contexte d’improvisation. L’expression de la majorité ici est une réalité vivante. Il n’est pas à démontrer, depuis plusieurs décennies l’école congolaise est caractérisée par la carence du matériel didactique le plus élémentaire. La preuve en est qu’on arrive plus à organiser comme il faut les sections techniques et professionnelles. Toutes les écoles préfèrent les options normales qui n’exigent pas assez. Selon les résultats de la recherche, dans de nombreuses écoles, les manuels font défaut, ce qui rend difficile le travail des enseignants et ne facilite pas les apprentissages.

Cette réalité ne fait l’objet d’aucun débat, puisque la mise à disposition de manuels dans les écoles publiques a fonctionné normalement jusque vers les années 1980. Par la suite, toutes les initiatives mises en place par l’État se sont soldées par des résultats mitigés, voire des échecs. L’ensemble du dispositif de conception, de production et de distribution des manuels scolaires s’est effondré à cause des pillages de 1991 et 1993 et de l’amenuisement des ressources budgétaires.

Quant à l’enseignement technique, il pâtit surtout d’une insuffisance de matériels didactiques et d’auxiliaires pédagogiques qui ne contribue guère à valoriser les options scientifiques et techniques, sans parler de l’absence de laboratoires et d’équipements. D’où la nécessité de la mise en place d’une politique nationale en matière de manuels scolaires

  1. Aviez-vous été préparé méthodologiquement pour faire face aux conséquences de la gratuité dans votre classe ?

Tableau 31: Approches méthodologiques à l’intention des enseignants

Réaction

Fréquence

Pourcentage

Oui

0

0

Non

84

93,33

Sans réaction

6

6,67

Total

90

100

Les résultats ci-dessus indiquent ce qui suit : aucun enseignant soit 0% ne professe avoir été préparé à faire face aux conséquences de la gratuité. Ainsi, 84 enseignants soit 93,33% ont répondu « non », qui veut dire donc n’avoir pas été préparé ; Et, 6 enseignants soit 6,67% n’ont pas réagi.

Nous voudrions accentuer ici que le service national de formation des enseignants SERNAFOR en sigle a cessé de jouer son rôle depuis des années. Ce qui est fort déplorable, le personnel enseignant surtout les débutants, accusent beaucoup d’insuffisance sur le plan méthodologique. Aucun enseignant ne reconnait avoir été préparé méthodologiquement pour faire face aux conséquences de la gratuité.

Alors que de nos jours l’enseignant et l’enseignement ont une consonance et de plus en plus frise le péjoratif compte tenu de la faible efficacité des enseignants et rendement mitigés des élèves. Au clair, l’image de l’instituteur traduite par les programmes donne le premier rôle aux savoirs. Mais le maître doit aussi être préparé aux méthodes d’enseignements, à la gestion des élèves, aux capacités administratives, etc.

Jean Batiste de la Salle a compris que la réussite d’un projet éducatif dépend essentiellement de la qualité de ceux qui le mettent en œuvre. Si le maître est principalement considéré comme éducateur, sa fonction est élevée à une mission qui engage le mérité de sa personne. De bons enseignants constituent la pierre d’assise des apprentissages de qualité chez les élèves.

Partant, la formation des enseignants devient le levier le plus efficace pour la réussite scolaire des élèves.


Questions Fréquemment Posées

Quels sont les impacts de la gratuité de l’enseignement primaire sur les enseignants en RDC?

41 enseignants soit 45,56 affirment que la gratuité de l’école a apporté un plus dans leur vie, notamment une petite majoration du revenu mensuel et une meilleure considération sociale.

La gratuité de l’enseignement primaire en RDC est-elle considérée comme stable?

77 enseignants soit 85,56% ont répondu non, la gratuité de l’enseignement est loin d’être stable, citant des problèmes comme l’absence d’harmonisation des salaires.

Quelles sont les conséquences de la mauvaise interprétation de la gratuité de l’enseignement?

Une mauvaise interprétation de la politique gouvernementale pourrait laisser penser que la gratuité est totale et immédiate, ce qui nécessite un dispositif d’information efficace pour éviter des erreurs d’interprétation.

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