Analyse des flux d’IDE en Algérie et leur impact économique

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🏫 Université Mouloud MAMMERI de Tizi-Ouzou - Faculté des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion - Département des Sciences Economiques
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Magister - 2015-2016
🎓 Auteur·trice·s
GUESMIA El Hadi
GUESMIA El Hadi

Les flux d’IDE en Algérie ont connu une évolution contrastée depuis les années 1970, révélant une faible contribution à l’économie nationale. L’article identifie les obstacles liés au climat des affaires et propose des stratégies inspirées de modèles internationaux pour renforcer l’attractivité du pays.


Section 2 : IDE et dynamisme de l’économie algérienne : états des lieux et impact

Avant de passer à l’étude des effets potentiels des IDE entrants sur l’économie algérienne, il nous parait très utile, au premier lieu, d’analyser aussi bien l’évolution de leur flux entrants, que leur répartition sectorielle et provenance.

Etat des lieux de flux d’IDE en Algérie: évolution contrastée

Depuis le début des années 1970, les flux des IDE entrants en Algérie ne cessent de connaitre un trend d’évolution en dents de scie et ce, en dépit de potentiel que recèle le pays en termes d’abondance en ressources naturelles à faibles coûts et sa position géographique. Ainsi, malgré les différentes moutures des cadres institutionnel, réglementaire et juridique restent instables et sont vu comme frein au développement et au capital étranger.

Pourtant, après un mouvement marginal d’IDE dans la décennie postindépendance, à partir de 1970, l’Algérie a vait connu une profonde orientation et les investisseurs étrangers commençaient à apprécier le marché algérien, mais les investissements n’ont été que dans dans l’énergie, suite à l’ouverture du secteur aux étrangers. En revanche, la période s’étalant de début des années 80 à la moitie de la décennie 90, hormis dans les hydrocarbures l’Algérie avait connu une quasi-absence d’IDE.

Néanmoins, depuis 1995, l’Algérie a vait connu un regain d’intérêt de capital étranger, et même l’accélération des flux d’IDE à partir de 1998 (voir la figure 12). Y contribuant, le retour des équilibres macro-économiques, l’engagement du pays dans un processus de privatisation et la promulgation de code des investissements de 1993, amendé en 2001 et en 2006.

Une législation fiscale et un cadre institutionnel d’appui attractif.

Figure12 : développement des flux nettes d’IDE en Algérie entre 1970-2013($US courant

[img_1]

Source: université de Sherbrooke, perspectives de monde, 2014

A travers le graphe 12, nous pouvons aisément observer l’évolution contrastée des flux d’IDE entrants en Algérie, durant toute la période 1970-2013, voire bien même une stagnation depuis le début de la décennie 80 à la moitié de décennie 90328. Pour TALAHITE. F, ces variations s’expliqueraient par la dégradation/l’amélioration des termes de l’échange.

Par ailleurs, bien que de flux importants d’investissements étranger aient été enregistrés, à partir de la fin de la décennie 90, ceci néanmoins resterait globalement le seul fait de secteur des hydrocarbures (comme ils l’étaient dans les années 1970), suite au processus d’ouverture du secteur. Ceci restait très faible et au delà des es pérances vu les potentiels que renferme le pays, comme semble le montrer le tableau 13, en comparant les montants d e s IDE entrants en Algérie, eu égard des pays voisins entre la période 2000-2013.

Tableau 13: Evolution des flux d’IDE entrants en Afrique de Nord (M$)

Tableau 13: Evolution des flux d’IDE entrants en Afrique de Nord (M$)
années2000200520062007200820092010201120122013
Algérie438108116621 6622 6822 7462 3012 5811 4991691
Tunisie779782331216162 7591 6881 5131 1481 6031 096
Maroc471294628982 8032 4871 9521 5742 5682 7283 358
Total168848097872808120 51316 40813 6455 5089 0357 454

Source : construit par nous-mêmes d’après, la Trésor direction générale(TDG), publications de services économiques, « les IDE en Algérie» 2010 à 2014, P1-2.

Incontestablement, comme il ressort de tableau(13) ci-dessus, l’Algérie a une attractivité bien moindre que les pays voisins. Ainsi, si le volume des IDE reçus, en Algérie, s’est multiplié par 2.5 (en 2006)329 , comme conséquence de l’ouverture du secteur des hydrocarbures et d’une valorisation accélérée des ressources énergétiques (la nouvelle loi sur les hydrocarbures du mars 2005), renforcé aussi par l’amélioration du risque pays, depuis l’année 2006, ceci restait cependant marginal. L’Algérie n’a reçu, en 2006 que 1 662M$ contre 3 312 et 2 898M$, consécutivement en Tunisie et le Maroc.

L’Algérie, paradoxalement, à la conjoncture caractérisant le monde et le recul des IDE qui en résultait, en 2009, affichait une croissance appréciable en termes des flux d’IDE (+70%) : le Maroc (65%) et l’Egypte (50%), la Tunisie (-34%) et la Libye (-49%). Cette augmentation des IDE en Algérie serait due, principalement au secteur des hydrocarbures, notamment avec les projets pétroliers de Total et Patrex pour les gisements gaziers d’Ahnet, Rosneft et Stroytransgaz dans le périmètre Gara Tisselit, Anadarko et Conono Phillips pour le complexe pétrolier et gazier d’El Merk et celui de GDF Suez dans le champ de Touat330. Ce qui fait que, neuf des dix plus gros projets d’IDE, en 2009, étant représenté par les hydrocarbures, et la recapitalisation des banques étrangères présentes en Algérie331. En revanche, les autres secteurs de l’économie attirent peu de capitaux étrangers.

Après quatre années consécutives d’évolution positive, et contrairement à la hausse enregistrée en 2011 (+14%, s o i t 2 571Mds$), les flux d’IDE entrants en Algérie ont ont chuté, en 2012, à 1.499M, d$332, soit une chute de -42 %333, (voir la figure 13). A l’opposé, le Maroc qui, en dépit d’une baisse de 17% de ses IDE, il s’est tout de même octroyé, en 2012, 8.3% de la part de gâteau de continent, en drainant 2.84MD$ d’IDE et retrouvant son niveau d’avant crise mondiale (25% de flux en Afrique de Nord). Il importe de noter que cette baisse s’inscrivait dans un contexte plus large du faible dynamisme des flux d’IDE mondiaux en 2012, en diminution de -18.2% par rapport 2011.

Figure 13: évolution des flux et stocks des IDE entrants en Algérie (2008-2012) (Mds$)

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Source : Rapport économique d’Algérie, N°20-juin 2013, DG Trésor, p02.

A travers la figure 13, la baisse enregistrée en 2012, des flux nets d’IDE en Algérie, parait pure et simple, et ce, en dépit d’une évolution rapide, du coté des stocks, qui aussi restent relativement modestes. Les stocks d’IDE entrants en Algérie, ont passés de 1 561Million$ en 1990 à 3 379M$ en 2000, pour atteindre à 25 298M$ en 2013335.Ces derniers ont représenté en 2010, 2011 et 2012, consécutivement, 11.9%, 11% et 11.1% de PIB336.

Cependant, le pire est à signaler du coté des IDE sortants de la part des nationaux (publics ou privés) qui deviennent de plus en plus insignifiants. Excepté la SONATRACH, présente dans de nombreux pays africains (Lybie,..), voire ailleurs dans le secteur pétrolier et gazier337, et encore moins, présentement, quelques entreprises privées nationales qui se comptent sur le bout des doigts. Pensons-nous ainsi au développement international de Groupe Cevital, par la reprise, notamment, d’Oxo fabricant de fenêtres en PVC, Fagor-Brandt en électroménager(France) et Lucchini (Aciérie en Italie).

Mais, en dépit des opportunités et atouts dont regorge l’Algérie, les avantages fiscaux accordés et de cadre institutionnel d’appui, sa position stratégique, une main d’œuvre abondante, force est cependant de constater, si l’on compare aux pays voisins, les performances des flux nets d’IDE entrants, en Algérie (%PIB et FBCF338), resteraient en deçà des attentes, comme le montre le tableau 14. Qu’est ce qui rendrait alors les investisseurs étrangers réticents, voire exerçant un effet repoussoir à l’égard de l’Algérie ?

Tableau 14 : Comparaison de rang de l’Algérie selon l’indicateur de performances des flux d’IDE sur 141 entre 1990-2005(pour 2010 et 2011, rang sur 181 économies)

Tableau 14 : Comparaison de rang de l’Algérie selon l’indicateur de performances des flux d’IDE sur 141 entre 1990-2005(pour 2010 et 2011, rang sur 181 économies)
Années1990199520002001200220032004200520102011
classement102130110103969295109113103

Source : réalisé par nous-mêmes, à base de CNUCED(2004), op.cit, p9, CNUCED (2006), et CNUCED(2012).

Comme il ressort de tableau 14, selon cet indicateur de performances, nous observons que l’Algérie connait toujours un classement en matière d’IDE entrants, qui signifierait que le volume des flux d’IDE ne correspondait pas réellement à son importance en termes de PIB. Néanmoins, comparée, consécutivement, au Maroc et la Tunisie, 59(2010) et 76(2011)), l’Algérie se classe bien à des niveaux reculés et instables.

Par ailleurs, pour répondre à la question déjà posée, autant d’éléments de réponse existent quant aux facteurs faisant frein à l’afflux d’IDE en Algérie, que soit in-post ou ex-post des réformes lancés, et ce malgré la présence de certaines améliorations. Globalement, autant de problèmes auraient refait surface et influencé négativement l’investissement, et du moins en pouvoir tirer profit. Pour reprendre MEBTOUL. A(2014), « le déblocage de l’investissement ne réside pas seulement dans l’élaboration d’un code d’investissement mais dans l’approfondissement des reformes micro-économiques et institutionnelles, sans lesquels le cadre macro-économique relativement stabilisé d’une manière artificielle par des transferts de rente, est éphémère»339.

Par ailleurs, pour Africain Developpement bank Group(2011)340, cette baisse des flux d’IDE entrants, en Algérie, ne serait due qu’à la persistance de tant de problèmes à savoir: la hausse de chômage des jeunes, la rigidité des régulations de travail, la complexité de régulation et la hausse des coûts des transactions, entrainée par la complexité des procédures administratives. Last but not least, à notre sens, serait les modifications fréquentes des textes de loi et la multiplicité des actes réglementaires seraient des obstacles à l’investissement qui a besoin d’un climat de confiance et d’éliminer les incertitudes.

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328 En sus notamment de l’effet éprouvé par la remise en cause de plan VALYD (valorisation des hydrocarbures) prévoyant un important projet d’investissements, conjugué notamment à la réticence de pouvoir publique à toute présence étrangère en cette période.

329 En 2003 et 2004, les IDE en Algérie ont connu une hausse significative, en enregistrant la première place au Maghreb, consécutivement avec 882 et 1 065 millions $(+23.32%), contre 821 et 639M$ pour Tunisie et 481 et 853M$ pour le Maroc. Cette performance serait principalement due à certains investissements pionniers dans la télécommunication et la sidérurgie (licence GSM, Métal Steel, 6 hôtels de la chaine IBIS…) (CNUCED, 2006).

330 Anima-Mipo, « IDE et partenariat vers pays MED en 2009 », 2010, p 38.

331 Du fait de la nouvelle réglementation de 2008 exigeant que le capital minimum des banques et filiales soit quadruplé (de 2.5MDA à 10MDA). A titre d’illustration: l’augmentation de capital des filiales Fransabank, Citigroup, BNP Paribas, SG et GBAlgérie et Trust Bank Algérie.

332 Selon la CUNCED 2013.

333 Cela s’expliquerait notamment par l’introduction de la règle 49/51, et l’obligation pour les soumissionnaires étrangers, pour les contrats publics, de trouver des partenaires locaux.

334 Journal El Watan de 30 /07/2014, p05.

335Selon les estimations de rapport de la Cnuced « investing in the SDGs : an action plan »(2014), p209.

336http://www.dordogne-perigord-export.com/fr/fiches-pays/algérie.

337Production et distribution de Gaz de liquide en Pérou, production de polypropylène en Espagne en association avec l’allemand BASF, prise de participation dans les entreprises EDP(Portugal), Gaz Naturel(Espagne), prise de participation dans un terminal du regazéification en Galice en Espagne, sociétés de trading notamment en Hollande et société de commercialisation du Gaz en Espagne et Italie. Liberté de 17/12/2014, P.10.

338La formation brute de capital fixe (FBCF), est un indicateur mesurant la somme des investissements, essentiellement matériels, réalisés pendant une année.

339MEBTOUL.A, « le déblocage des investissements ne réside dans l’élaboration d’un code d’investissement », le courrier d’Algérie de 30 juillet 2014, P5.

340Cite par MATALLAH. S et CHAIB. B « the impact of institutional quality in attracting FDI in Algeria», Topics in Middele Eastern and Africa Economies, Vol.16, N°2, September 2014, P149.

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