Analyse des flux d’IDE en Algérie et leur impact

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🏫 Université Mouloud MAMMERI de Tizi-Ouzou - Faculté des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion - Département des Sciences Economiques
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Magister - 2015-2016
🎓 Auteur·trice·s
GUESMIA El Hadi
GUESMIA El Hadi

Les flux d’IDE en Algérie sont analysés pour évaluer leur impact limité sur l’économie nationale, en raison d’un climat des affaires défavorable et d’un cadre institutionnel inadapté. L’article propose des recommandations pour renforcer l’attractivité du pays, en s’inspirant de modèles asiatiques réussis.


Section 2 : continuité et évolution récente des IDE: importance des F&A internationales

Les IDE sont considérés comme un des principaux vecteurs de la globalisation des économies. Les flux d’IDE ont évolué beaucoup plus vite que les flux commerciaux. Les PI sont les principaux investisseurs et les principaux PA de capitaux. Pour rappel, leur part aurait représenté 95% du stock total d’IDE à l’étranger, dans les années 80, et 90%

depuis les années 90. L’évolution des flux d’IDE s’est depuis intensifiée et a enregistré une importante croissance. En effet, ils ont passé de 20% des IDE mondiaux en 1990 à prés de 30% en 1995, avec une progression de ces flux de 15% en 1999. Mais, c’est qu’à partir des années 2000, que l’importance des IDE s’est sensiblement accrue1.Cette croissance serait essentiellement portée par la multiplication des fusions et acquisitions(F&A) internationales, dans le sillage notamment, d’une vague des restructurations mondiales et de repositionnement des FMN2,

qui a largement été le fruit de la libéralisation des échanges et des investissements ainsi que l’évolution des NTIC. Ainsi, l’encours des IDE en proportion de PIB mondial est passé de moins de 5% en 1980 à 25% en 2006, comme pourrait en témoigner la figure (04), portant sur l’évolution des IDE dans le PIB mondial des années 1980 à 2001.

Figure04: flux d’IDE et taux de croissance de PIB mondial, 1980-2001(en Mds$ et en %)

[22_img_1]

Source : CNUCED, « les sociétés transnationales et la compétitivité à l’exportation », 2002, P07.

Cette progression rapide des IDE donne à la production internationale un rôle grandissant dans l’économie mondial. Ils ont augmenté en 2000 de 18% par rapport à l’année précédente, avec un taux de croissance plus élevé que celui des autres agrégats économiques (la

production internationale et le commerce), en atteignant un montant record de 1411 Mds $, ce qui illustrent bien les bons résultats économiques enregistrés dans de nombreuses parties du monde, dû à plus de 60 000 FMN possédant au moins 800 000 filiales à l’étranger3.

Cependant, cet exploit n’aurait pas duré longtemps, de fait qu’un renversement de tendance a eu lieu avec une forte baisse des flux des IDE en 2001-2003 pour la première depuis dix ans, comme raison le fléchissement de l’économie mondiale4. Le taux annuel de croissance des exportations entre 2000-2003, a largement dominé celui du sorties des IDE avec respectivement, 7% et 12% annuels.

Une chute des valeurs des F&A transfrontières, la valeur totale des opérations réalisées en 2001 n’a représenté que la moitié de chiffre réalisé en 2000(594 Mds $), soit une baisse de 7800 en 2000 à 6000 en 2001 en termes de nombre d’opérations transfrontières réalisées5. Un niveau plus bas jamais atteint depuis cinq consécutive.

A noter que cette dégringolade a concerné essentiellement les PD, du fait de la forte concentration des IDE, avec une chute de 59% alors qu’il ne l’était que 14% dans PED6. Ce déclin s’est aussi poursuivi en 2002 qui, selon la CNUCED, serait dû à la faible croissance enregistrée dans le monde essentiellement dans les PD, joints par des faibles chances de reprises.

Y contribuaient aussi, les dépréciations des valeurs boursières, la baisse des profits et l’arrêt des opérations des privatisations dans beaucoup de pays. Mais, selon la même institution souvent, cette contraction est vue comme un retour à la normale.

Comme dans l’essor enregistré en 2000, la baisse enregistrée des IDE dans l’année 2002, a été aussi inégalement répartie tant suivant les régions et les pays que les secteurs (voir le point portant sur la répartition géographique). Les IDE ont augmenté dans le secteur primaire alors qu’ils ont baissé dans l’industrie et les services. En 2003, pour la troisième année consécutive, les IDE ont baissé dans le monde, à 560 Mds $.7 Cette baisse est dû principalement à la diminution des IDE à destination des PD, qui sont passé de 460 Mds $ à

367Mds $, soit une baisse de 25% par rapport à l’année précédente. A l’opposé, les PED ont enregistré une reprise des IDE. Les IDE à destination de ces derniers ont progressé de 9% pour atteindre 172 Mds $. Parmi les PED, sauf les pays de l’Amérique latine et les Caraïbes, ont vu leur entrée d’IDE diminuer. Les pays moins avancés, n’ont reçu que 7 Mds $(Cnuced, 2004).

Après trois années consécutive de baisse au niveau international : en 2004, les entrées d’IDE se sont cependant vus redresser, tout en ayant sensiblement enregistré une hausse de 2% par rapport à l’année précédente, et s’élevant à 648 Mds $8. Soulignons que cette forte reprise de l’IDE, selon la CNUCED, serait essentiellement incombée à la forte hausse des entrées enregistrée à destination des PED.

Ces derniers, ont vu en effet leur part, dans les entrées mondiales, s’élever à 36% des entrées mondiales, un sommet jamais atteint depuis sept ans consécutives. Mais il n’en demeure pas moins que les IDE dans le secteur des services taillaient souvent la part de lion des entrées mondiales, notamment dans les pays émergents et dans les PED.

Selon la CNUCED9, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette forte croissance dans les PED à savoir: l’intensification de la concurrence dans de nombreuses industries conduit les FMN à rechercher de nouveaux moyens pour améliorer leur compétitivité, la hausse des prix de nombreux produits de base a en plus favorisé l’IDE dans les pays dotés en ressources naturelles et enfin, la forte reprise des F&A internationales.

Apres la progression positive enregistrée en 2004, les entrées IDE ont continué dans la même trajectoire dans l’année suivante, et ce, en augmentant de 29%, 916 Mds $ soit-il , et après avoir augmenté de 27% en 2004. L’IDE a progressé dans toutes les sous-régions, atteignant dans certaines, des niveaux jamais enregistrés avant, dans 126 des 200 pays pris par la CNUCED.

Jusqu’à maintenant, selon le même organisme, on n’a pas encore enregistré un niveau surpassant ou égal au sommet enregistré en 2000, 1411Mds $10. Puis venait l’année 2006, où les entrées mondiales des IDE s’approchent de leur record de 2000. Ainsi, pour la troisième année consécutive, les entrés des IDE ont progressé pour atteindre 1 306 Mds $, soit une augmentation de 38%.

Selon la CNUCED(2007)11, ce résultat illustre bien les résultats économiques enregistrés dans de nombreuses parties de monde. Comme

dans les deux années précédentes, selon l’organisme, cette amélioration significative serait essentiellement due au pullulement des opérations de F&A internationales notamment dans les PED12 (elles-mêmes dues en partie à l’augmentation des bénéfices des entreprises dans le monde et la hausse consécutives des cours d’actions) et au dynamisme économique enregistré aussi dans les PED et les pays en transition13.

Par ailleurs, en dépit de la crise financière et bancaire en 2007, et grâce au rôle croissant des F&A internationales14, les entrées des IDE mondiales, avaient enfin arrivé à surpasser le fameux niveau record enregistré en 2000(voir la figure 05). Cela étant, après quatre années consécutives de croissance, les entrées mondiales des IDE enregistrent un montant significatif un montant de 1971 Mds $, soit une hausse de 30%.

Selon la CNUCED(2008)15, cette hausse s’expliquerait dans une large mesure par la croissance économique élevée et des performants résultats économiques des sociétés enregistrée dans de nombreux pays du monde. Ainsi, les bénéfices réinvestis ont représenté 30% environ des entrées totales des IDE, qui sont du principalement à la hausse des profits et bénéfices des filiales à l’étranger, en particulier dans les PED.

Figure 05 : flux mondiaux d’IDE entre 2005-2010(en Mds$)

[22_img_2]

Source : rapport sur l’investissement dans le monde, « modes de production internationale sans participation au capital de développement », CNUCED, 2011, P1.

Mais force est de constater qu’avec l’aggravation de la crise économique et financière, les flux mondiaux des IDE sont tombés d’un niveau historique de 1.971 Mds $ en 2007 à

1.744Mds $ en 2008, en baisse de 14%. Mais il convient aussi d’ajouter que le recul global enregistré en 2008 ne s’est pas manifesté de la même manière dans les PD et PED, et même les pays en transition, traduisant un impact différent de la crise(Cnuced, 2009). En fait, dans les PD, où la crise s’est éclatée, les flux des IDE ont chuté en 2008, alors qu’ils continuaient d’augmenter dans les PED et les pays en transition, comme nous le montre la figure(06).

Figure 06 : entrées d’IDE par trimestres, 2007-2009(en Mds$) les pays de monde

A-Pays développés(PD)16 B-Pays(PED)17

[22_img_3][22_img_4]

D- Europe de Sud-est et CI(pays en transition)18

[22_img_5]

Source : rapport pour l’investissement dans le monde, « sociétés transnationales, production agricole et développement », 2009, P07.

La CNUCED(2009)19 attribue cette baisse de 29% des flux des IDE vers les PD en 2008, à la chute des ventes par F&A internationales qui, après cinq ans d’euphorie, ont reculé de 39%. Ainsi, en Europe, ces opérations ont diminué de 56% et au Japon de 43%. Les opérations de très grande envergure, d’une valeur supérieure à un 1Mds $, se sont particulièrement ressenties de la crise financière. Contrairement aux PD, les PED ont moins ressenti et ont résisté à la crise. Ceci, selon le même organisme, pourrait être imputé à la faible imbrication de leurs systèmes financiers dans les systèmes bancaires très touchés des

USA et d’Europe. En sus, leur croissance économique est restée ferme grâce notamment à la hausse relative des prix des ressources et des produits de base. En effet, ces pays ont continué d’enregistré des augmentations en termes des entrés des IDE, mais s’il l’on compare aux niveaux précédents, reste à rythme beaucoup lent, s’élevant à 621 Mds $ avec une augmentation de 17%.

En raison de la diminution des opérations des F&A internationales et le recul des bénéfices des filiales étrangères, la première moitie de 2009 a connu un repli dans toutes les composantes des flux des IDE : investissements en actions, prêts intragroupe et réinvestissement des bénéfices, mais à la seconde moitie de 2009, grâce à l’amélioration des profits des entreprises, il y a eu un modeste redressement du réinvestissement des bénéfices.

Ce qui a fait qu’au premier trimestre de 2010, l’IDE soit plus dynamique. En effet, les opérations des F&A internationales, qui ne représentaient pas plus de 250 Mds $ en 2009, ont cependant progressé de 36% au cours des cinq premiers mois de 2010 par rapport à l’année précédente. Les entrées d’IDE mondiales ont légèrement augmenté de 5% pour s’établir à 1 240 Mds $ en 2010.

Par ailleurs, alors que la production industrielle mondiale et le commerce mondiale aient déjà trouvé leurs niveaux d’avant la crise, les entrées d’IDE internationales sont inferieurs d’environ 15% à leur moyenne d’avant la crise, l’écart étant de prés de 37% par rapport au niveau record de 2007.20

Après deux années consécutives de croissance, malgré l’instabilité de l’économie mondiale, les flux d’IDE en 2011, ont dépassé le niveau moyen d’avant crise, atteignant 1 500 Mds $, mais restant encore inferieurs au niveau record de 2007, s’élevant à 23%. Les entrées d’IDE mondiales ont enregistré une hausse de 16% en 2011. Ainsi, en dépit de la crise économique (2008-2009) et de la dette souveraine, les flux d’IDE mondiaux ont dépassé pour la première fois le niveau atteint de 2005 à 2007. Selon la CNUCED (2012)21 , cette progression serait due principalement à la hausse des profits des FMN et à une bonne croissance économique dans les pays en développement(PED) en 2011.

Néanmoins, après avoir affiché une nette progression en 2011, malheureusement, ce n’était pas le cas en 2012, du fait qu’en cette année les flux d’IDE mondiales ont chuté de 18% pour s’établir 1 350 Mds $. Alors que la tendance de l’IDE n’a fait que chuter, les autres indicateurs économiques fondamentaux comme le PIB, le commerce international et l’emploi

ont enregistré une croissance positive au niveau mondial. Selon la CNUCED(2013)22, cette chute des IDE aurait été essentiellement générée par les actes de redimensionnement procédés par un bon nombre de FMN, en procédant surtout à des restructurations, des cessions d’actifs et des relocalisations.

Par ailleurs, suivant la CNUCED(2013), il a été prévu que l’IDE restera proche en 2013 de son niveau de 2012, avec une estimation haute de 1 450Mds $, cela resterait toutefois dépendant de la prévision d’une nette amélioration de la conjoncture économique future, et les flux des IDE pourraient atteindre même un montant de 1 600 Mds $ en 2014 et 1800 Mds

$ en 2015. Mais des risques potentiels et significatifs pourraient peser sur ce scenario de croissance, loin s’en faut.

En guise de synthèse à cette section, nous avançons que les tendances et les flux des IDE sont très sensibles et même dépendent plus de contexte de leurs évolutions. C’est ce que nous aurions d’ailleurs relevé, dans le cadre de crise financière dont l’influence et le rôle des opérations de F&A internationales, seraient considérable sur les flux des IDE. En sus, la répartition des flux des IDE, les sources et cibles se sont aussi diversifiés et ce, pour cause d’autant de facteurs, ça au niveau mondial, qu’en serait-il alors aux niveaux des régions ?

________________________

1 A noter que la CNUCED publie chaque année un rapport, des séries de données sur les stocks des IDE plus complète, en géographie et temporelle, pour dessiner les tendances internationales.

2 CHRISTIANSEN. H et BERTRAND.A, « tendances et évolution récente de l’IDE », article publié dans « perspectives de l’investissement international », OCDE, édition septembre 2002, P2.

3 ONU, 2007, « rapport sur l’investissement dans le monde : sociétés transnationales, industries extractives et développement », Page xiii.

4 A cause des trois qui ayant déjà contribué à l’expansion de la production international, et agissant négativement à LT : la libéralisation et l’ouverture des marchés nationaux en autorisant tous types d’IDE, la rapidité des progrès techniques, du fait que les entreprises se trouvent contraintes de répartir les couts et les risques sur les marchés de monde et enfin, l’intensification de la concurrence au niveau mondial et la délocalisation comme son corolaire.

5 CNUCED(2002), « rapport sur l’investissement dans le monde : sociétés transnationales et la compétitivité à l’exportation », P7.

6Du fait notamment, l’éclatement de la bulle internet entre 2000 et 2001, suite aux attentats de 11 septembre 2001.

7CNUCED(2004), « rapport sur l’investissement dans le monde : la montée en puissance de secteur des services », P1.

8 CNUCED, « rapport sur l’investissement dans le monde : les sociétés transnationales et l’internationalisation de la recherche et développement », 2005, p1.

9CNUCED, Op.cit, 2005, p 2.

10 CNUCED, « rapport sur l’investissement dans le monde : l’IDE en provenance des PED ou en transition : incidences sur le développement », 2006, P1.

11CNUCED, 2007, « rapport sur l’investissement dans le monde : sociétés transnationales, industries extractives et développement », Page xiii.

12 Les opérations de ce type ont fortement augmenté en 2006, aussi bien en valeur(de 23%, pour atteindre 880Mds $),qu’en nombre (de 14%,pour s’établir à 6 954), se rapprochant de record enregistré en 2000.

13 Par pays en transition, on entend : les pays de l’Europe sud-est et de communauté d’Etats indépendants(CEI)

14 En cette même année, le montant en valeur des opérations F&A internationales ont largement dépassé le niveau historique enregistré en 2000 de 21%, et ce, en s’élevant à 1637 Mds.

15 CNUCED, « rapport sur l’investissement dans le monde : les sociétés transnationales et leur dans les infrastructures », 2008, P1.

16Total pour 35 pays représentant la quasi-totalité des entrées d’IDE dans les PD en 2007-2008.

17 Total pour 49 pays représentant 74% des entrées des IDE dans les PED en 2007-2008.

18Total pour 12pays représentant 95% des entrées d’IDE dans pays d’Europe de Sud-est et de CEI en 2007- 2008.

19 CNUCED, « rapport sur l’investissement dans le monde : sociétés transnationales, production agricole et développement », 2009, P5.

20 CNUCED, « rapport sur l’investissement dans le monde : modes de production internationale sans participation au capital et développement », 2011, P2.

21 CNUCED, « rapport sur l’investissement dans le monde : ver une nouvelle génération de politiques de l’investissement », 2012, P 1.

22 CNUCED, « rapport sur l’investissement dans le monde : les chaines de valeur mondiales : l’investissement et le commerce au service de développement », 2013, P1.

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