Cette étude révèle comment l’épargne planifiée CLCAM influence la mobilisation des ressources financières à Cotonou, tout en mettant en lumière un faible taux de participation. Quelles stratégies pourraient renforcer l’engagement des épargnants et assurer la pérennité de ce produit ?
CHAPITRE I
PRESENTATION DU CADRE DE L’ETUDE
Dans ce chapitre, il est question de présenter la FECECAM-BENIN et sa structure organisationnelle dans une première section puis dans une deuxième section le cadre de l’étude et les travaux effectués.
Section 1 :
Présentation et structure organisationnelle de la FECECAM-Bénin
Cette section comporte deux (02) paragraphes. La FECECAM-Bénin est présentée dans le premier paragraphe et sa structure organisationnelle est décrite dans le second.
Paragraphe 1 : Présentation de la FECECAM-Bénin
I.1. Historique
L’histoire du réseau est caractérisée par un certain nombre de mutations profondes dans son évolution à travers les grandes phases ci-après :
Phase de tutelle de l’ex-CNCA de 1976 à 1988.
Réseau des Caisses Locales de Crédit Agricole Mutuel (CLCAM) et des Caisses Régionales de Crédit Agricole Mutuel (CRCAM), la CNCA, société bancaire d’économie mixte est créée par l’ordonnance N° 75-59 du 22 août 1975 modifiées successivement par les ordonnances N° 76- 31 du 11 juin 1976 et N° 77-37 du 26 septembre 1977. Cette société et les responsables politico- administratifs dirigeaient quasiment l’activité crédit des CRCAM. Ce mode de financement a biaisé le bon développement du réseau.
Aussi, la crise bancaire des années quatre-vingt a compromis toutes ses chances de réaliser les objectifs qui lui sont assignés. Ce qui a abouti à la dissolution de la structure par décret N° 87-394 du 16 novembre 1987.
Phase de réhabilitation de 1989 à 1992.
Cette phase est caractérisée par le désengagement de l’État et la réaffirmation du caractère mutualiste et autonome du réseau CLCAM/ CRCAM à travers le pilotage d’un projet. En effet, suite à la crise du système bancaire béninois en général et de la CNCA en particulier, toutes les banques de la place ont été liquidées.
Mais les nombreux rapports d’audit et de mission d’experts qui avaient précédé la liquidation de la CNCA avaient déjà constaté que dans les villages, les CLCAM jouissaient d’une importante capitale confiance et méritaient d’être réhabilitées compte tenu de l’engagement dont ont fait preuve les populations à la base.
Dans ce cadre, l’Etat a permis, avec le concours des bailleurs de fonds que sont le Fonds d’Aide et de Coopération (FAC), la Caisse Française de Développement (CFD), la Coopération Suisse, la Banque Mondiale (BM) et la République Fédérale d’Allemagne (RFA), d’injecter 3,2 milliards de francs CFA dans le réseau et de remettre sur pied les CLCAM.
Ceci redonna confiance aux producteurs ruraux et à tous les coopérateurs.
La réhabilitation du réseau CLCAM/CRCAM venait ainsi d’être réalisée dans la période du 1er janvier 1990 au 31 décembre 1992.
Phase de réhabilitation et de croissance de 1993 à 1998.
Cette phase est caractérisée par la création de la Fédération des Caisses d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuel (FECECAM-Bénin) le 7 juillet 1993 sous la loi bancaire N° 90-018 relative à la réglementation bancaire autorisant la création de la banque sous forme coopérative mutualiste à capital variable, la révision et l’adoption des textes organiques du réseau, la transformation des CRCAM en Union Régionale des CLCAM (URCLCAM) ainsi que la création des Caisses Villageoises d’Epargne et de Crédit (CVEC) en 1995.
Elle visait à consolider les acquis à savoir : sociétariat, épargne, crédit, formation, information. Jusqu’en 1998 la FECECAM était une institution financière très performante mais plus tard plusieurs problèmes qui vont la conduire à l’adoption des plans de redressement.
Phase de redressement et de transformation à partir de 1999.
Des plans de redressement et de renforcement du réseau et la mise en conformité des statuts et règlements intérieurs des entités avec les dispositions de la loi N° 97-027 du 8 août 1997 portant appui à la réglementation des mutuelles d’épargne et de crédit sont adoptés.
En effet, lors de la phase de réhabilitation et de croissance, les performances enregistrées n’ont pas permis d’atteindre l’équilibre financier global du réseau à cause de la dégradation du portefeuille de crédit dans la plupart des caisses locales. Aussi, la multiplication des institutions de microfinance a conduit les autorités monétaires ouest africaines à réglementer les activités de ce secteur sensible de l’économie.
Dans le cadre du redressement, des mesures ont été prises par la FECECAM. On distingue entre autres la création d’une unité spéciale de recouvrement, la catégorisation des caisses du réseau, la professionnalisation des activités, l’assainissement du portefeuille de crédit et la diversification des produits.
Mais ces différentes mesures sont limitées. C’est ainsi qu’avec la transformation des Caisses Villageoises d’Epargne et de Crédit (CVEC) en Guichets des CLCAM en 2004, l’Etat met en place un plan spécial de redressement le 23 novembre 2007 conduit par l’expert Nicolas M. DOSSOU-AHOUE sur deux ans afin de mieux restructurer le réseau.
Plusieurs réformes ont été entreprises parmi lesquelles nous avons l’audit de gestion et du personnel ainsi que la dissolution des sept (07) URCLCAM devenues Délégation Technique Régionale (DTR) et la transformation de 37 CLCAM en guichets de CLCAM en 2008. Ces réformes se sont poursuivies en 2011 et ont conduit dans la première quinzaine du mois d’octobre, à de nouvelles fusions de CLCAM et au changement de dénomination de certains guichets qui deviennent des agences.
Mission
Le réseau FECECAM s’est assigné comme mission : offrir aux populations rurales et urbaines des services financiers et non financiers afin d’améliorer leurs conditions de vie tout en assurant la pérennité du réseau et ce à travers des objectifs.
Objectifs
Il a pour objectifs :
- Collecte et gestion de l’épargne et des dépôts de fonds de ses membres ;
- Domiciliation des salaires et pensions de retraite ;
- Octroi de crédit à court, moyen et long terme à ses membres ;
- Solidarité et coopération entre les membres ;
- Promotion de l’éducation économique, sociale et coopérative de ses membres ;
- Autorisation en dépôt des lignes de crédit destinées au financement de ses membres et d’organisme intervenant en milieu rural ;
- Création et gestion des fonds spécifiques notamment les fonds de garantie et autres fonds.
Population cible
Les services de la FECECAM-BENIN s’adressent à toute personne physique ou morale, résidant en milieu rural ou urbain, ayant difficilement accès aux institutions financières conventionnelles et désireuse de prendre en main la clé de son développement.
Alors, agriculteurs, pécheurs, éleveurs, artisans, petits commerçants, associations et groupements, salariés du secteur public et prive, etc. forment leur population cible.
Vision
La vision de la FECECAM-Bénin est : « être un Réseau leader de référence dans la sous-région pour le développement socio-économique à la base ».
Environnement
6.1- Le micro-environnement
Le micro-environnement de la FECECAM-Bénin regroupe l’ensemble des facteurs internes pouvant influencer l’entreprise et sur lesquels elle pourrait interagir afin de maitriser son marché et assurer sa pérennité. En tant que facteurs internes, nous pouvons nous intéresser entre autres à la clientèle, aux partenaires financiers ainsi qu’à la concurrence.
Les clients : Il s’agit de ceux qui font la raison d’être de l’entreprise, notamment de fonctionnaires d’État, de commerçants, d’entrepreneurs, de paysans. Ces clients lui permettent d’assurer sa mission et de se rapprocher davantage de l’atteinte de ses objectifs.
Les partenaires : La FECECAM-Bénin est en partenariat avec plusieurs structures nationales et internationales telles que la DID (Development International Desjardins), la CIF (Confédération des Institutions Financières), le PASMiF (Programme d’Appui au Secteur des Micro-Finances), le FNM (Fonds National de la Microfinance), le Consortium ALAFIA. Ces différentes institutions proposent des appuis financiers à la FECECAM-Bénin et l’aident également à améliorer et varier les produits qu’elle met à la disposition de sa clientèle.
La concurrence : Dans le domaine de la microfinance aujourd’hui, plusieurs institutions se font du coude à coude pour gagner davantage de marchés que leurs concurrents. Face à la FECECAM-Bénin, nous retrouvons entre autres le PADME, le PAPME, P.E.B.Co- BETHESDA. En dehors de ces institutions de microfinance, nous pouvons citer comme banques concurrentes la DIAMOND BANK, la Bank Of Africa (BOA), la UBA.
6.2- Le macro-environnement
Le macro-environnement est l’ensemble des éléments externes, hors du domaine d’action de la FECECAM-Bénin, qui agissent sur elle au point d’influencer son marché et capables de mettre en péril son devenir.
L’environnement démographique : L’ensemble de la population Béninoise, la cible de la FECECAM-Bénin. Il est nécessaire et même vital qu’elle surveille l’évolution de la population et sa zone géographique. Elle doit alors s’intéresser à la taille de la population, sa densité, son taux de natalité et sa répartition géographique.
L’environnement économique : La FECECAM-Bénin met à la disposition des sociétaires un certain nombre de produits d’épargne et de crédit afin de les soulager dans leurs besoins.
L’environnement politico-légal : La FECECAM-Bénin, pour exister, doit suivre certaines lois à savoir : les règlements des marchés, le cadre juridique des IMF et les Systèmes Financiers Décentralisés (SFD). Etant un SFD, elle est de ce fait régie par un cadre réglementaire uniforme pour les SFD dans l’ensemble des Etats de l’UEMOA appelé PARMEC et mis en place par la BCEAO.
L’environnement technologique : Pour s’égaliser de la pleine mutation du monde en communication et en technologie, le réseau use permanemment de techniques de communication visant à la faire connaître et à faciliter la communication interne et externe. Elle s’appuie sur un progiciel SAF 2010.
L’environnement socioculturel : Pour rendre favorable la demande, l’entreprise met en place une tontine qui a pour but de favoriser son développement et permet aux adhérents le financement de leurs activités. Elle offre aussi des services non financiers pour diriger ceux qui ont de crédit à pouvoir bien entreprendre leurs activités.
Paragraphe 2 : Structure organisationnelle de la FECECAM
La FECECAM-Bénin est une institution mutualiste qui regroupe des coopératives d’épargne et de crédit à trois niveaux régit par la loi N° 97-027 du 8 août 1997 portant appui et la réglementation des mutuelles d’épargne et de crédit. On distingue :
- Les Caisses Locales de Crédit Agricole Mutuel (CLCAM) dont le nombre est de 33 (comprenant en dehors des agences sièges, 32 agences et 71 guichets) soit au total 136 points de service au 31 décembre 2018.
- Les Unions Régionales des Caisses Locales de Crédit Agricole Mutuel (URCLCAM) devenues aujourd’hui DTR.
- La FECECAM au plan national.
Les Caisses Locales de Crédit Agricole Mutuel (CLCAM)
Les CLCAM, Caisses de base, à travers leurs Guichets ont pour objet la collecte de l’épargne et la distribution de crédits en milieu rural et périurbain. Elles mobilisent l’épargne rurale sous forme de dépôts, de comptes courants et de comptes sur livret puis octroient des prêts à court, moyen et long terme. Les prêts sont accordés aux groupements, aux paysans individuels ainsi qu’aux petits commerçants, aux salariés et aux artisans.
Les Délégations Techniques et Régionales (DTR)
Au niveau des départements, les DTR assurent la formation, la supervision et le contrôle des activités des CLCAM à qui elles apportent leur appui technique. Les DTR jouent également le rôle de banquier des Caisses Locales de leur zone. Elles font partie du fonctionnement du réseau et jouent un rôle d’intermédiaire entre les CLCAM et la FECECAM.
Les DTR constituent un groupement de services décentralisés de la FECECAM-BENIN. Elles apportent aux CLCAM par ses compétences territoriales tous les services et appuis qu’elles attendent de la FECECAM. Le réseau comporte huit (08) DTR :
- DTR Atacora
- DTR Borgou
- DTR Zou
- DTR Mono
- DTR Atlantique
- DTR Ouémé
- DTR Alibori
- DTR Colline
La Faitière des Caisses d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuel
Au niveau national, la FECECAM a pour rôle essentiel la définition de la politique générale, l’appui technique, la supervision, la formation et la gestion des excédents de trésorerie des DTR et des Caisses de base. Elle assure également les fonctions d’inspection et d’audit interne dans l’ensemble du réseau.
Notons que seules les CLCAM collectent l’épargne et distribuent les crédits.