Analyse Cruciale : L’Impact de l’Épargne Planifiée sur CLCAM Cotonou

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🏫 Université d’Abomey-Calavi (UAC) - Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG)
📅 2019
🎓 Auteur·trice·s
AKPEKOU Allêdagbé Eugène & DEYÔMI Bossèdé Elisabeth
AKPEKOU Allêdagbé Eugène & DEYÔMI Bossèdé Elisabeth

Cette étude révèle comment l’épargne planifiée CLCAM influence la mobilisation des ressources financières à Cotonou, tout en mettant en lumière un faible taux de participation. Quelles stratégies pourraient améliorer l’engagement des membres et assurer la pérennité de ce produit?


Paragraphe 2 : Revue de littérature

Ce paragraphe est basé sur la clarification conceptuelle, la revue théorique de l’étude et la synthèse de travaux antérieurs.

A- Clarification conceptuelle Microfinance

La microfinance est l’ensemble des services financiers, à petite échelle, destinés à tous ceux qui sont exclus du système financier classique ou formel. Elle représente une source indéniable de financement pour les populations pauvres et surtout les femmes exerçant dans le secteur informel. Elle fournit des prêts de production à celles qui exploitent de très petites entreprises contribuant ainsi à réduire le désavantage des femmes en termes d’activités marchandes (Vonderlack & Schreiner, 2003).

Selon les estimations, les banques et les autres institutions financières officielles ne sont au service que de 25 % des clients potentiels à travers le monde. Les statistiques montrent que seulement 2 % des micro-entrepreneurs sont financés par les banques (Women’s World Banking, 1994). De façon plus générale, la microfinance réfère à une vision du monde où « le maximum de foyers pauvres ou assimilés peuvent avoir un accès permanent à une gamme de services financiers de grande qualité et adaptés à leurs besoins, incluant

non seulement le crédit mais aussi l’épargne, l’assurance et les transferts de fonds » (Robert Peck Christen, Richard Rosenberg & Veena Jayadeva, 2004).

Mais il est important de distinguer les SFD (Systèmes de Financement Décentralisés) des IMF (Institutions de Micro Finance).

Systèmes de Financement Décentralisés (SFD)

Le Système Financier Décentralisé (SFD) est une « institution dont l’objet principal est d’offrir des services financiers à des personnes qui n’ont généralement pas accès aux opérations des banques et établissements financiers tels que défini par la loi portant réglementation bancaire et habilitée aux termes de la présente loi à fournir ces prestations » (UEMOA, 2011). Il est un champ de lecture plus vaste qui rassemble les institutions d’appui aux micro-entreprises et les

institutions de base, contrairement aux IMF qui sont structurées dans l’exploitation des activités de collecte de l’épargne et de distribution de crédits.

Notion d’épargne

Selon Isabel Dauner Gardiol, Intercoopération, Berne (2004), « l’épargne définit l’action de mettre une partie du revenu courant de côté, afin de la consommer ou l’investir ultérieurement. L’argent épargné peut soit être gardé à la maison, soit être déposé sur un compte d’épargne ou encore investi dans différents types de capital.

Parce que dans les pays en voie de développement, beaucoup de ménages à bas revenu ont une petite entreprise familiale informelle ou une ferme, ils investissent une partie de leur épargne dans l’unité de production, afin d’accroître leurs revenus futurs ». C’est alors la part d’un revenu inutilisé qu’une personne peut investir dans diverses options de placement pour la faire fructifier ou garde en réserve dans un bas de laine.

Elle est généralement confiée à un organisme financier qui la rémunère (par un taux d’intérêt).

Josh Martin (2013), dans son rapport sur l’épargne, précise qu’il existe trois approches générales qui définissent l’épargne. Tout d’abord, l’épargne peut être considérée comme la création de l’actif, sous toutes ses formes. Dans cette approche, l’épargne peut être semblable au crédit qui offre un financement pour l’achat d’actif. La conception qui est peut-être la plus fréquente est celle de l’épargne comme outil de gestion des rentrées de fonds, qui aide l’épargnant à combler les lacunes de consommation et de revenus avec une liquidité supplémentaire. Dernièrement, l’épargne peut être vue comme un tampon contre le risque, une ressource, comme une réclamation d’assurance, qui peut contribuer à atténuer les effets de crises imprévisibles.

Notion de crédit

Le crédit est l’échange d’un bien actuellement libre (bien réel ou monnaie) contre la promesse de rendre plus tard la valeur de ce bien majorée d’un certain intérêt.

Du point de vue classique, le crédit est une opération par laquelle une personne physique ou morale (prêteur), met temporairement à la disposition d’une autre (l’emprunteur), une somme d’argent ou un bien matériel qui devra être restitué (e) en espèces à un moment convenu de commun accord (échéance) et avec paiement du prix d’usage de la somme ou du bien (l’intérêt) du fait du danger couru : danger de perte partielle ou totale que comporte l’opération de crédit. (AMAHOWE Sylvain & YAHA Antoine, 2010). Cette définition est appuyée par celle de G. Petit DUTAILLIS (1981) pour qui « faire crédit, c’est faire confiance, c’est donner librement

la disposition effective et immédiate d’un bien réel, d’un pouvoir d’achat, contre la promesse que le même bien sera restitué dans un certain délai, le plus souvent avec rémunération du service rendu et du danger couru, danger de perte partielle ou totale que comporte la nature même de ce service ».

Notion de tontine

Qualifiée de finance informelle, la tontine est une association collective d’épargne, qui réunit les épargnants pour investir en commun dans un actif financier ou dans bien dont la propriété revient à une partie seulement des souscripteurs. Desroche (1990) définit la tontine comme un mode d’épargne collectif où la notion de groupe est déterminante dans la collecte et la distribution des fonds ; le groupe tontinier se présente comme un médiateur entre des agents ayant alternativement une capacité et un besoin de financement. Makarimi Abissola ADECHOUBOU (1992) classe la tontine en quatre catégories que sont :

  • Tontine mutuelle

Cotisation d’argent entre des gens qui se connaissent, liés par la profession, la parenté, la camaraderie… Se pratique dans une entreprise, une maison… Enlèvement par rotation. Pas de prélèvement pour l’organisateur. Pas de garde d’argent.

  • Tontine commerciale

Les épargnants ne se connaissent pas forcément. Il s’agit d’une entreprise financière qui assure la garde d’argent (la rémunération équivaut au prélèvement d’un tour) : cas des tontiniers sédentaires.

  • Tontine financière

Mobilisation de l’épargne, accord d’avance sur cotisation. Prélèvement d’une mise : cas de banque ambulante.

  • Tontine d’affaires

Elle regroupe des personnes possédant de grands moyens financiers et qui peuvent épargner des millions par mois. Cette épargne est recyclée dans les crédits d’investissement : construction d’hôtels, crédits commerciaux importants.

Épargne planifiée

Inspirée du système de la tontine traditionnelle, l’épargne planifiée est une forme de collecte de l’épargne progressivement constituée par les populations et d’octroi de crédits en vue de renforcer les activités génératrices de revenus, l’objectif étant de faciliter l’accès à ces populations aux services financiers et partant de lutter contre la pauvreté.

Ce produit s’adresse prioritairement aux personnes physiques (femme et homme) ou morales exerçant une activité génératrice de revenus, donc à des personnes économiquement actives en milieu urbain et périurbain. Il permet de renforcer les ressources propres de l’entrepreneur et de lui permettre de s’épanouir par son travail. SOEDJEDE D. A. (1992), explique qu’il permet surtout aux commerçants et aux revendeurs de remettre chaque jour à une personne appelée tontinier, une somme fixe pour une durée généralement d’un mois.

B- Revue théorique de l’étude Théorie de l’épargne

Pour les économistes de l’école classique, les individus n’épargnent pas pour le plaisir de détenir des liquidités oisives ; ils n’ont pas de préférence pour la liquidité. Ils épargnent pour effectuer des placements rémunérés par un taux d’intérêt, qui augmentent leur richesse future. Les agents n’étant pas victimes d’une illusion monétaire, ils ne s’intéressent bien entendu qu’au pouvoir d’achat que représente le taux d’intérêt. Ils tiennent donc compte du taux d’intérêt réel, c’est- à-dire le taux d’intérêt nominal (le taux affiché sur les marchés financiers) éventuellement corrigé pour éliminer la dépréciation de la monnaie liée à l’inflation. L’épargne (S) est une fonction croissante du taux d’intérêt réel (i).

S S(i),

Avec i le taux d’intérêt

Tandis que dans les années 1930, Keynes se distingue principalement des classiques en ce qu’il considère que, l’épargne (S) est un résidu : elle est tout simplement la partie du revenu qui n’est pas consommée.

S Y C Y cY  (1 c)Y

Si la propension à consommer est de 0,8 et qu’en conséquence 80 % du revenu est consommé, 20 % du revenu est épargné. La propension marginale à épargner (s) est simplement la complémentaire, par rapport à 1, de la propension à consommer (c) :

s = 1 – c, et

S sY

Les agents cherchent d’abord à satisfaire leurs besoins de consommation présente. S’il reste quelque chose par rapport au revenu qu’ils ont effectivement perçu, cela constitue une épargne.

C- Synthèse de travaux antérieurs

Plusieurs études menées ont montré que les institutions financières comme les chercheurs mettent continuellement l’accent sur l’importance d’adapter les institutions, produits et les canaux de prestation au contexte client pertinent.

Stuart et Cohen (2012) émettent l’hypothèse que la raison principale pour laquelle de nombreux programmes d’épargne souffrent de faibles taux de participation est leur incapacité à comprendre les besoins des clients dans un segment géographique ou du marché donné.

Pour Josh Martin (2013), dans la mesure où les pauvres épargnent, les praticiens doivent savoir comment ils le font, où ils le font et, ce qui est encore plus important, à partir de quelles rentrées de fonds ils épargnent. Une fois que cela est compris, les produits peuvent être conçus pour ajouter de la valeur à ces rentrées.

KUVO Mathias (2008), après sa recherche sur la Part des IMF dans la Mobilisation de l’Epargne au Togo, affirme que la création du produit tontine est un outil efficace de mobilisation de l’épargne. Le choix des tontines comparativement à la microfinance dans le comportement d’épargne des acteurs informel est corroboré par l’étude de Fofana et Daboné (2015).

Selon ces auteurs, quel que soit leur niveau d’instruction, les actifs informels ont plus tendance à épargner au travers des tontines dont les conditions sont plus souples en termes de dépôts et/ou de retraits. Cette finance informelle se caractérise essentiellement par une grande souplesse au niveau organisationnel, engendre de faibles coûts, et repose sur des formes traditionnelles très anciennes.

A ce sujet, Augustin EPENDA, MX. (2002) avait noté que les tontines ont l’avantage de sécuriser les membres devant les événements inopinés, mais leur désavantage majeur tient au fait qu’au lieu d’être intégrées au circuit formel de l’économie aux banques par exemple, elles sont restées isolées et clandestines. C’est dans ce sens qu’il avait conclu en disant que, même si elles sont un instrument d’épargne, cette épargne est improductive car il s’agit d’une thésaurisation qui ne permet pas la circulation rapide des masses monétaires non

investies et immobilisées par des petits groupes.

Stuart, Ferguson et Cohen (2011) ont étudié une stratégie de la collecte, les banques mobiles. Des véhicules opérés par Opportunity International Bank of Malawi se rendent dans les villages des zones rurales de manière périodique pour prendre des dépôts et offrir d’autres services.

Sur un autre axe, Josh Martin (2013), identifie la confiance comme la clé pour la mobilisation de l’épargne. Mais les tontines font beaucoup plus que s’appuyer sur la confiance, elles sont des lieux privilégiés où l’on peut en toute quiétude s’en remettre aux autres. Elles sont un des foyers où la confiance se crée et se fortifie. Cette confiance est fondée sur une connaissance mutuelle concrète des acteurs, vertu cardinale qui manque le plus aux banques et au système financier institutionnel. A travers leur travail sur les défis de la mobilisation de l’épargne en Inde, Linder et George (2010) déclare que les nouveaux clients font rarement

confiance tout de suite aux établissements pour leur confier les fruits de leur labeur. Pour aider les IMF à gagner la confiance de leurs clients, la Campagne a publié des directives détaillées qui leur apportent une assistance en incorporant des pratiques de protection des clients dans leurs produits de crédit comme d’épargne ( telles que le Développement des produits et distribution appropriés ; la Prévention du surendettement ; la Transparence ; la Tarification responsable ; le Traitement respectueux et équitable des clients ; la Confidentialité des données des clients et les Mécanismes de résolution des plaintes). (Smart Campaign 2011)

Selon le mécanisme de collecte de l’épargne et de financement de l’entrepreneuriat informel et formel par les banquiers ambulants au TOGO déterminé par I.R.A.M en 1992, l’importance de l’épargne dépend aussi du montant de la mise car plus la mise est élevée plus le chiffre d’affaires est important.

L’épargne continue d’être le parent pauvre des services proposés : alors que la collecte d’épargne est reconnue comme un moyen de renforcer la viabilité des institutions et comme une demande de la part des ménages, les innovations en matière de service restent encore timides. (Isabelle Guérin et al., 2009)

Pour rendre plus efficace le produit, Josh Martin (2013) exige davantage de modèles pérennes d’épargne pour les pauvres qui peuvent servir d’exemple opérationnel, les institutions financières doivent donc innover dans la technologie et le système de paiement numérique pour faire entrer plus d’épargne. Victor et Babaci-Victor, (2017) trouvent le digital comme un enjeu majeur pour les entreprises qui s’efforcent d’être en avance sur leurs concurrents tout en transformant leurs menaces en opportunités.

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