Les conditions des Investissements Directs Etrangers en Algérie sont analysées pour comprendre leur faible impact économique. L’étude identifie des obstacles tels que le climat des affaires et l’absence de cadre institutionnel, tout en proposant des solutions inspirées de modèles asiatiques pour améliorer l’attractivité du pays.
Impact de l’IDE sur l’économie des PED : les facteurs de conditionnalités
Quel soit le degré d’estimation de positivité globale de la contribution des IDE à l’économie des pays en développement (selon notamment S olow et les modèles de croissance endogène), néanmoins, comme nous l’avons déjà évoqué, ceci ne serait-il possible que sous absolument la présence de certains pré-requis et facteurs (conditions). Ceux-ci, seraient liés au niveau de développement initial du pays d’accueil(PA) et au niveau d’accumulation de capital humain, mais en dessous d’un certain seuil, l’IDE n’aurait pas d’effets significatifs1.
En effet, il faudrait d’abord que les PA aient une réelle potentielle capacité d’absorption (capacité d’apprentissage locale suffisante) semblant constituer un pré-requis pour assimiler les technologies introduites par la FMN, des conditions économiques locales devant permettre de maximiser et amplifier les gains espérés, et de tirer plus bénéfices de FMN et corolaires.
Par ailleurs, pour capter les spillovers des IDE, dans le cadre notamment des PA à bas niveau technologique, il faudrait que ces pays disposent d’un capital humain bien formé, engagé dans les différentes activités économiques, ainsi que d’un tissu d’entreprises locales suffisamment développé et solide, entre autres d’infrastructures de base importantes et développées.
Mais force est de constater que l’IDE, sous formes le plus souvent d’unités simples de la FMN tournées essentiellement vers les marchés locaux, sans contact avec l’entreprise mère qui, elle, est intégrée aux réseaux internationaux, ne vont que diffuser peu, voire nulle, d’externalités positives dont pourraient profiter les entreprises domestiques. Dans ce sens, il paraît en effet intéressant de préconiser aux PA de mettre en œuvre un cadre réglementaire et juridique particulier qui va permettre la fluidité entre l’entreprise mère et ses filiales, ce qui ne laisserait sans doute pas, par conséquence, limiter les activités des filiales exclusivement au niveau domestique.
Contrairement à une économie fermée, il y a souvent d’opportunité de rent-seeking(la corruption) et l’absence de compétitivité consentent aux entreprises à endurer dans l’inefficience et générant une sous allocation des ressources au détriment des effets sur l’économie.
Somme toute, une autre conditionnalité et non des moins importantes, serait celle inhérente au climat des affaires local du PA en termes notamment de lenteurs administratives, services centralisées, la corruption, l’absence de législation claire sur la propriété, entre autres le non respect du processus de la concurrence susceptible de réduire toute possibilité d’effets positifs la croissance et la productivité de PA. La figure (03), nous montre bien en effet le mécanisme de transmission des externalités et leur impact sur l’économie hôte ainsi que les conditions qui en sont nécessaires.
La figure 03: conditions et canaux de transmission des effets d’IDE sur l’économie hôte
IDE
FMN
ou
Conditions et Capacités d’absorption
Spillovers (externalités positives)
Investissement domestique
Croissance économique
Imitation
Compétence et dextérité
Contact
Compétition
Source: FDI, Domestic Investment and Economic Growth: A Theoretical Framework Bhissum Nowbutsing, University of Technology Mauritius, 2012, P 01, traduit par nous soins.
D’après cette analyse théorique de l’ensemble des effets d’IDE sur les économies des pays d’accueil(PA), nous constatons que ces effets ne sont pas que sur les paramètres économiques (la croissance, le capital humain, ..), mais sont aussi sur l’environnement et la vie sociale et sociétale. Ce qui aurait été notamment confirmé à travers l’analyse des interdépendances et rétroactions des IDE avec les différents canaux d’intermédiation existants dans le pays hôte.
« L’IDE est un paquet de ressources qui pourrait agir comme catalyseur de développement sur les pays d’accueil(PA) »2, mais, d’après de nombreux observateurs l’IDE correspond d’abord aux nouvelles stratégies des FMN dans leur conquête de nouveaux marchés et dans leur recherche de taux de profits les plus élevés possibles et ce, en optant le plus souvent sur les nouvelles géographies de capitalisme (les délocalisations)3, l’outsourcing(en français, externalisation)4, qui ne seraient d’abord et avant tout que des réponses des FMN à la dite « crise d’accumulation »5. Autrement dit, une logique d’accumulation du capital qui dépasserait les frontières nationales, et de recherche de débouchés extérieurs, au sens de Rosa Luxembourg(1913)6, enfin, le renouvèlement des bases d’exploitation du travail, y compris sur le plan spatial.
Ainsi, la boucle est bouclée, pour reprendre, S.Hymer : « on assisterait à une rupture symbiotique entre les firmes, Etats et territoires »7. Les firmes organiseraient leurs stratégies en fonction des avantages comparatifs(AC) des différents pays (en termes de fiscalité, couts de main d’œuvre, protection de la propriété des droits de brevets etc.), et ce, même au détriment des intérêts de leur pays d’origine(PO). Ainsi, l’environnement devrait toujours être plus attractif pour drainer et capter les firmes étrangères et leurs investissements.
Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons analysé les différentes théories de croissance. Des classiques aux théories modernes symbolisés notamment par les modèles de croissance endogène. En effet, comme nous l’avons démontré, la vision des économistes de la croissance était généralement divergente et paradoxale: une existence ou non d’une croissance de longue période, une croissance équilibrée et de plein emploi, substituabilité/complémentarité des facteurs de production, et surtout des controverses ont été constatés en termes d’exogénéité et/ou d’endogénéite de progrès technique.
Celui-ci est en effet estimé comme une importante source de croissance et de développement ce dont l’IDE y étant censé d’être porteur. A ce titre, c’est la théorie de la croissance endogène qui allait devenir le modèle de base des théories de la croissance qui, en se basant sur une critique de modèle de Solow, serait initialement une interrogation relativement pessimiste sur les possibilités d’une croissance équilibrée et de plein emploi.
De façon générale, partant de l’analyse faite sur les diverses approches explicatives de mécanisme de la croissance économique, quatre principales sources peuvent en effet être distingués à savoir : l’accumulation du capital physique et du capital humain, le progrès technique et les dépenses publiques, dont les modèles néoclassiques de Solow et de la théorie de croissance endogène, en sont en effet le principal précurseur. Mais, il ne demeure pas moins qu’il existe encore d’autres facteurs par ailleurs pouvant influencer et expliquer, aussi bien la croissance que l’économie dans son ensemble à savoir: le phénomene de la mondialisation (la croissance des marhés et les exportations), le role de la demande, les effets multiplicateurs de l’augmentation des investissements, les économies d’échelle, les dotations en ressources naturelles et les institutions (au sens de D. North, 1990) etc.
Au total, compte tenu de l’objet de notre recherche, nous constatons que contrairement au modèles néoclassiques où l’effet d’IDE sur l’économie est limité et à court terme(CT) et ce, compte tenu notamment de l’hypothèse des rendements décroissants; la théorie de croissance endogène qui, le cadre que nous avons opté pour notre recherche, aurait encouragé la recherche sur les canaux sur et/ou via lesquels l’IDE pourrait promouvoir la croissance de long terme(LT).
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Partie I IDE, Croissance et développement économiques: approches théorique et conceptuelle
Conclusion
Il convient de rappeler qu’il a été question pour nous, dans le cadre de cette partie, d’identifier les déterminants théoriques de la multinationalisation et de la localisation des firmes et l’IDE, d’une part, et d’analyser les différentes théories explicatives de la croissance économique et ses sources ce dont le rôle et la place de l’IDE nous semble être déterminant, dans d’autre part.
C’est l’importance de ce dernier qui devrait sans doute expliquer, aujourd’hui, la course et les préoccupations majeures des gouvernements des PED à améliorer leur attractivité, en cherchant davantage à valoriser à tout prix leurs avantages de localisation. Ainsi, dans le contexte actuel de la mondialisation (DIPP, délocalisations, maximisation des avantages comparatifs(AC), il nous parait plus judicieux d’admettre qu’il n’y a pas d’AC acquis (pétrole, mines), mais que d’AC construits et crées.
Nous avons analysé les différentes théories relatives aux FMN et l’IDE ainsi que les facteurs expliquant leur multinationalisation et leur localisation dans le PA. Ce faisant, nous avons tenté de brosser les différentes explications de l’IDE, traditionnelles comme contemporaines, ça dans le premier chapitre. Ensuite, dans le deuxième chapitre, nous avons analysé et développé les différentes théories de croissance, d’Adam Smith à la théorie de croissance endogène et ce, tout en tentant d’expliquer la croissance et l’investissement en tant que source importante de croissance, pour ainsi analyser théoriquement la place et l’impact potentiel des IDE sur l’économie de PA, via notamment l’analyse des différentes interrelations et rétroactions des IDE et les différents canaux d’intermédiation à travers lesquels l’économie est censé d’être affectée. Enfin, nous avons analysé les conditions nécessaires auxquels devraient répondre les économies hôtes, notamment les PED, pour pouvoir bénéficier davantage des externalités positives des activités des FMN.
Mais il convient toutefois de savoir, si le poids important des divers paramètres, précédemment étudiés, pourraient-ils certainement être portés par les IDE entrants dans le pays d’accueil(PA) ? Quels effets auraient-ils alors les IDE entrants particulièrement sur l’économie algérienne. C’est l’objet de la partie suivante.
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1SACHWALD.F et PERRIN.S, Op.cit, 2003, P09. ↑
2SACHWALD .F, ibidem. ↑
3BOUBA-OLGA.O, « nouvelles géographies du capitalisme », éd, Seuil, 2006. ↑
4 Opération par laquelle une entreprise confie à une autre entreprise selon un cahier des charges tout ou une partie d’un service non destiné à ses clients. ↑
5BOUZIDI.A, « les investisseurs directs étrangers », le soir d’Algérie du mercredi 18/03/2009. ↑
6 Voir POTTIER .C, « mondialisation et mise en concurrence des salaries, le rôle des FMNs », in D. Lévy et al « le triangle infernal, crise, mondialisation, financiarisation », PUF, 1999, P270. ↑
7 HYMER.S, dans sa dissertation de doctorat au MIT, cité in, NONJON.A, P.DALLENNE, Op.cit, 2004, p294. ↑