Analyse des conditions des IDE pour l’émergence en Algérie

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🏫 Université Mouloud MAMMERI de Tizi-Ouzou - Faculté des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion - Département des Sciences Economiques
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Magister - 2015-2016
🎓 Auteur·trice·s
GUESMIA El Hadi
GUESMIA El Hadi

Les conditions des IDE en Algérie sont entravées par un climat des affaires défavorable et un cadre institutionnel insuffisant, limitant leur impact économique. L’article propose des recommandations inspirées de modèles asiatiques pour renforcer l’attractivité des investissements étrangers en Algérie.


IDE et conditionnalités d’émergence de NSI en Algérie

Comme nous l’avons déjà constaté, d’après l’analyse faite sur le succès industriel et le décollage économique des pays émergents d’Asie, surtout, quand il s’agit d’analyser la contribution des entreprises étrangères(IDE), il convient a priori de dire que les différentes expériences présentées se caractérisent par une politique particulière de libéralisation des flux de capitaux. Ceci étant, les différents pays étudiés n’ont pas suivis les recommandations des institutions internationales (la BM et le FMI) qui ont encouragé les pays en développement(PED) à procéder directement à une libéralisation totale et complète.

En fait, bien que ces économies aient opté sur le capital étranger, certaines restrictions y sont cependant demeurées et ce, en vue de protéger leurs marchés et investissements domestiques, et le choix des investissements qui vont avec leur politique de développement interne (la Corée du sud et Taiwan, notamment). Cette protection n’a pas empêché les pays étudiés à réussir et à atteindre des niveaux de croissance exceptionnels et à passer au rang des pays industrialisés(PI).

Mais, il est important de noter que les conditions sous lesquels les IDE sont opérés s’avèrent déterminants pour la nature et la forme de leurs investissementss.Ces conditions concernent: la qualité institutionnelle, la gouvernance, l’existence d’un Etat fort et rationnel (d’un Etat-Développeur), d’une véritable stratégie de développement, de sous- traitance nationale, de dotation d’une politique précise en matière d’IDE qui va souvent avec les priorités nationales etc.

Partant de ce constat qui, de surcroît, avec la nouvelle donne caractérisée par l’annonce et/ou la réalisation ces dernières années de plusieurs projets d’investissements industriels, (dans l’industrie mécanique, l’automobile, l’électronique etc.), notamment, avec des partenaires français, américains, turcs, italiens, chinois mais aussi arabes(de Golfe persique), il nous semble plus utile de nous poser un certain nombre de questions sur l’avenir de l’industrialisation et du rôle déterminant des IDE dans l’émergence de nouvelles spécialisations industrielles(NSI) de l’Algérie.

Ainsi, il ne serait pas vain de chercher à savoir, si cette nouvelle donne est-elle de nature ou non à relancer la dynamique du partenariat et des IDE en Algérie pour l’orienter vers les secteurs industriels et exportateurs, hors mines et pétrole, notamment? Comment procéder ? Et enfin, pour quelles conditions ?

Quoi que répondre à ces questions semble difficile, force est cependant d’admettre, si nous partons de l’expérience asiatique que certaines configurations institutionnelles et réglementaires sont encore incompatibles avec la nécessité louée, depuis quelques années, d’amorcer une dynamique industrielle ce dont le capital étranger y est censé d’être plus déterminant. Il en est ainsi de rigidité de régimes de change et douanier, de la bureaucratie étouffante, de la corruption, et tant d’autres désincitations institutionnelles, pour reprendre Djoufelkit(2008)12 qui décourageront les véritables investisseurs qui, eux, implantés dans divers pays et ajustaient leurs choix stratégiques en fonction de logiques globales.

En effet, il serait judicieux d’admettre qu’aux pouvoirs publics qu’il incomberait de réévaluer la contribution future des IDE et de voir comment il pourrait les aider à atteindre leurs objectifs de développement et de compétitivité industrielle. Ainsi, que l’existence d’une véritable volonté politique et institutionnelle et une bonne gouvernance économique suffisent, à travers l’accélération de processus de privatisations et la conclusion des partenariats gagnant-gagnant qui seront conjugués à un milieu des affaires propice aux initiatives créatrices de VA, pouvant être une approche pour développer de telles branches d’activités et promouvoir lesdites potentielles NSI. La poursuite du développement de ces dernières, en les aidant à conquérir les marchés internationaux, serait une véritable opportunité et acquis pour l’économie algérienne et ce, compte tenu notamment de potentialités et atouts que recèle l’Algérie. Ainsi, sa proximité avec l’Europe la rend compétitive sur les industries de montage et de transformation en tant que relais, notamment pour les industriels chinoises qui s’intéressent aussi au marché algérien (montage de véhicules, de pièces de industrie rechange), qui voient en l’Algérie une vraie base de réexportation vers l’Europe et l’Afrique.

La meilleure approche serait en effet de savoir profiter du développement international et l’intégration dans les CVI. Ceci serait non seulement une condition pour pouvoir diversifier le financement international de son économie, mais surtout transférer le savoir-faire et les pratiques qui vont booster l’efficacité économique interne. Nul n’aurait mieux compris ce phénomène que les pouvoirs publics des pays émergents d’Asie qui ont saisi l’opportunité des CVI. Ceci étant, les sociétés coréennes (Samsung, LG) et chinoises (Lenovo et Huawei), s’appuyant cette stratégie sont devenues aujourd’hui des acteurs majeurs sur les marchés internationaux des ordinateurs et des équipements de télécommunication etc.

Les pays asiatiques avaient montré toute l’efficacité d’une stratégie fondée sur l’exploitation judicieuse des CVI dans les secteurs de hautes technologies (Automobile, industrie navale etc.). Encore plus proche de nous, le Maroc et la Tunisie, ayant aussi compris l’intérêt de ces investisseurs stratégiques pour leur développement industriel qui, en s’inspirant de la même approche, avec un Plan Emergence pour le Maroc(2005), et le projet Enfidha pour la Tunisie, ont réussi à ériger sur leurs territoires des capacités de production de rang mondial dans des industries à haute technologies.

L’Algérie devrait délaisser les visions industrielles classiques qui, en l’occurrence l’ISI et la restructuration des entreprises publiques industrielles, semblent guider ses choix stratégiques par l’adoption de mesures protectionnistes contre productives et préjudiciables à la compétitivité, ce qui leur fermait les marchés à l’export. La raison pour laquelle, les initiatives lancées avec l’usine de montage Renault d’Oran ou celle de Tiaret, pour reprendre l’expert en Management Smail Sghir, n’auraient aucune chance de pouvoir stimuler une industrie Automobile algérienne compétitive, capable de s’imposer sur le marché mondial3.

La nécessité de (ré-) constitution de contexte institutionnel et réglementaire en Algérie, à l’aune notamment de cette nouvelle ère caractérisant la production industrielle de par le monde, est impérieuse. C’est ainsi qu’il sera possible d’orienter les IDE aux secteurs industriels plus structurants à forte VA, pourvoyeurs de devises et en recettes export, et du coup, à pouvoir stimuler une dynamique industrielle nationale endogène et exportatrice.

Pourtant, c’est ce que semble, depuis quelques années, espérer les pouvoirs publics en Algérie qui se sont succédés (et en place), qui s’y emploient avec beaucoup d’enthousiasme en ayant vraisemblablement fait des IDE, une de leurs priorités. Là, faudrait-il encore penser à la fameuse nouvelle stratégie industrielle qui, fut lancée en 2007, avec une volonté de (ré-)déploiement industriel et sectoriel et du promotion de nouvelles branches par la constitution de zones de développement industriel intégrée en vue de continuer dans le développement d’une industrie de substitution et d’exportation où l’IDE étant considéré comme un véritable vecteur de restructuration et de mise à niveau. Ce faisant, la contribution de l’IDE au pays aurait en effet été située en trois niveaux4 : a) un premier niveau de financement de l’investissement dans les activités à haute intensité capitalistique et du partage de risque, b) un second niveau de l’apport et la diffusion de nouvelles technologies et l’amélioration des capacités managériales, donc le transfert des technologies et l’amélioration des capacités d’innovation technologiques et managériales etc. c) Enfin, au troisième niveau l’accès au marché mondial et la diversification des exportations… Mais, il n’en reste pas moins que la question qui demeurait posée et attendant toujours de réponse est de savoir, si les divers gouvernements publics qui se sont succédés (et celui en place), depuis l’ouverture à l’IDE, négocient-ils fréquemment avec les investisseurs étrangers en faisant de leur responsabilité de faire mieux, ou autrement ? L’Algérie devrait user de sa force de négociation (qu’une commission mixte permanente siège au niveau des ministères en question pour prendre des mesures appropriés et concertés) pour tirer un maximum de ses avantages comparatifs(AC) et l’IDE, en l’orientant vers le développement d’autres industries créatrices de richesses et d’emploi et à fort levier d’intégration dans l’économie mondiale et les CVI.

Conclusion

L’Algérie tout comme un autre pays ne veut pas rester en marge d u processus de la mondialisation. En effet, depuis l’adoption de l’ouverture aux IDE, elle ambitionne de passer du simple exportateur de produits primaires à celui de producteur et d’exportateur de biens transformés à technologie plus élaborée et à valeur ajoutée(VA) importante.

Il était attendu que le capital étranger émerge comme un acteur clé de l’accumulation, de transfert technologique et de savoir faire, aux cotés de l’investissement national (privé notamment), mais compte tenu des résultats et faits observés, la réalité est tout autre, et il est à penser que la présence d’IDE relèverait de discours politique que d’une réalité économique patente et favorable, sans impact significatif sur l’économie et l’investissement national.

Par ailleurs, le caractère rentier de l’économie algérienne et la nature des IDE reçus qui existent souvent, comme nous l’avons constaté, au sens des ressources (dans la moindre mesure les services), constitue un facteur bloquant de sa croissance et développement économiques. D’où notre intérêt, a de ce fait été, de montrer en quoi l’IDE empêche toute autre forme NSI (hors mine) du pays ainsi que de se libérer de joug de dépendance étroite et persistante au secteur des hydrocarbures.

Ce faisant, partant des expériences internationales, il nous semble judicieux d’admettre que la question de développement industriel de l’Algérie devrait être inscrite dans une problématique plus large de développement national et loin de la logique rentière et de dés- incitations institutionnelles, qui sont souvent loin de favoriser l’émergence d’un nouveau modèle de croissance de pays, basé sur de NSI, à forte VA, créatrice de richesses et d’emploi, et susceptible de réduire la vulnérabilité à l’égard de l’extérieur et pouvoir s’insérer par le haut de la mondialisation.

Conclusion à la deuxième partie

Indéniablement, les effets d’ouverture extérieure sur l’économie d’un pays ne se limitent pas à ses échanges internationaux. Elle se caractérise aussi par sa capacité d’accueil des IDE en accordant des avantages notamment, financiers, fiscaux et/ou parafiscaux et administratifs.

Ces IDE pourraient améliorer l’efficacité globale d’une économie via la disponibilité des savoir-faire, et de connaissances technologiques etde lagestion transférables. Ainsi, autant de facteurs ont été intégrés par la théorie endogène pour expliquer le différentiel d’industrialisation et de la croissance à long terme(LT). L’IDE serait un véhicule important de ces facteurs.

Néanmoins, dans le cas de l’Algérie, l’analyse de la contribution de l’IDE à l’économie est souvent peu perceptible et non signifiante, et se compliquant davantage du fait que l’impact dépend étroitement du mode d’implantation de la firme étrangère, du son secteur d’activité, de la capacité concurrentielle des entreprises locales, de développement humain et le degré de développement national.

Du coup, de l’attractivité globale du pays. Il serait très difficile de bénéficier des IDE(meme si sont modeste) que de les convaincre de s’implanter.

Bien que les bienfaits des IDE, comme semble le montrer l’expérience internationale, demeuraient indéniables, et si, sont une source importante de croissance et de compétitivité, ils ne pourraient cependant se substituer aux investissements nationaux. Ceci dit, la politique d’attractivité des IDE et leur pérennité dépendraient de la capacité de l’économie nationale à mobiliser ses propres ressources et à promouvoir les conditions qui favorisent l’investissement local. Ainsi, la diffusion technologique ne pourrait se réaliser sans un ancrage des IDE dans un cadre national et sur un tissu national riche et profitable aux deux parties. Or, en Algérie, le cadre d’investissement demeurait insuffisant pour, tant orienter les IDE selon les priorités nationales que pouvoir en tirer profits.

Quoi que l’IDE somme toute joue un rôle important dans l’investissement et la spécialisation internationale de pays d’accueil(PA), cependant, sa prédilection au secteur des hydrocarbures en Algérie, bloquerait totalement son développement et empêcherait toute nouvelle spécialisation industrielle(NSI) pouvant mener à diversifier la production nationale et les exportations.

________________________

1 REBAH.A, 2012, op.cit, P191.

2 Djoufelkit. H, 2008, op.cit, p16 et 17.

3 Le Quotidien Liberté, 07/10/2015.

4 La synthèse de rapport, « la stratégie et les politiques de relance et de développement industriels », ministère de l’industrie et de la promotion des investissements (MIPI), Alger, 2007, P38.

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