Le cadre théorique des conflits climatiques révèle comment les changements climatiques exacerbent l’insécurité des nomades à Gargando. Découvrez les défis socio-économiques et politiques qui en découlent et comment des solutions durables peuvent transformer cette crise en opportunité.
Revue de la littérature :
De nombreuses études ont produit des grilles des menaces sécuritaires potentielles liées aux changements climatiques ; d’où parfois la difficulté de se retrouver dans ces études. Leur diversité tant dans l’approche que dans les chaines de causalité mises en avant illustrent à elle- seule la difficulté et l’ambigüité de l’exercice. Comme le soulignent d’ailleurs H. Buhaug, N.P. Gleditsch et O.M. Theisen (2008), la nature subjective du jugement d’un État sur les atteintes à sa sécurité nationale ouvre la voie à diverses interprétations.
Selon une étude du GIZ (???), l’économie du Mali repose essentiellement sur l’exploitation des ressources naturelles. La croissance démographique et les contraintes climatiques, au premier rang desquelles les sécheresses à répétition, ont entraînés une surexploitation et une dégradation de ces ressources, surtout au niveau local. Fait aggravant, le Mali figure parmi les pays les plus vulnérables aux changements climatiques, dont les effets accélèrent ce phénomène de dégradation.
Aussi, selon toujours cette étude du GIZ les effets des changements climatiques se manifestent surtout au plan local, étant donné que la population malienne dépend fortement du secteur agricole et de l’exploitation des ressources naturelles pour assurer sa subsistance. Elles affectent ainsi les activités de subsistance et l’économie locale et par conséquent, l’adaptation aux changements climatiques au niveau local et communal est d’une importance cruciale.
Et de ce fait, selon plusieurs spécialistes des questions climatiques et sécuritaires, l’intégration des enjeux climatiques ainsi que des mesures d’adaptation dans le processus de planification permet de réduire la vulnérabilité de la population locale aux changements climatiques et contribue en même temps à un développement durable qui apporte souvent la sécurité des personnes contre la faim et la malnutrition et permettra la stabilité et la cohésion sociale entre les communautés.
Selon plusieurs études, les modes d’exploitation non durable des ressources naturelles au Mali et la pression démographique accrue ont entrainé leur dégradation à grande échelle. Par exemple, la perte annuelle de superficies forestières est estimée à environ 100 000 hectares par le ministère malien de l’Environnement et de l’Assainissement (MEA). La dégradation des terres constitue également un grand problème pour l’écologie et l’économie du pays. Les coûts en résultant se situeraient entre 20,9 et 26,5 % du PIB (MEA s.d.).
Le Mali étant un pays sahélien, les contraintes climatiques y constituent une préoccupation majeure pour le développement socio-économique, surtout en milieu rural.
En effet, le Mali est caractérisée par une forte variabilité aussi bien spatiale que temporelle des paramètres climatiques, notamment des précipitations.
Selon toujours l’étude du GIZ, cette situation entraîne fréquemment des déficits pluviométriques récurrents, qui se traduisent souvent par des sécheresses.
Le Mali a connu cinq épisodes majeurs de sécheresse de 1970 à nos jours et se caractérise depuis par des conditions climatiques sévères.
Selon une étude du MEA datant de 2011, le déficit pluviométrique et l’augmentation de la température constituent des facteurs supplémentaires de stress pour les écosystèmes et les systèmes socio-économiques qui entrainent la dégradation des ressources naturelles, comme les terres agricoles et les ressources pastorales. L’insécurité alimentaire, qui concerne aujourd’hui environ 15 % de la population, risque ainsi de s’accentuer.
De ce fait, selon l’Agence de l’environnement et du développement durable (AEDD) et la coopération allemande (GIZ), le Mali figure ainsi parmi les pays particulièrement vulnérables aux changements et à la variabilité climatiques. Cela concerne surtout le niveau rural, où la dégradation des terres et des ressources naturelles ainsi que la pauvreté figurent parmi les facteurs qui font que la population est particulièrement touchée par ces phénomènes.
Le changement climatique pourrait affecter l’agriculture dans certaines régions compte tenu de sa dépendance du climat et des conditions naturelles (FAO, 1997). C’est ainsi que l’accélération des changements climatiques qui pourrait se traduire en un nombre croissant d’inondations, de sécheresses ou d’ouragans conduirait à d’énormes pertes de terres cultivables (Swarup, 2009. En Afrique, l’agriculture sera affectée par des changements de température et l’augmentation de CO2 (Bals et al, 2009) ainsi que par la grande variabilité intra-annuelle de la répartition des pluies (Janin, 2010).
La plus grande inquiétude, c’est l’ampleur et le rythme auxquels ces changements se produisent (GIEC, 2007).
Par ailleurs, selon certaines prévisions, d’ici à 2020, les récoltes issues de cultures pluviales pourraient diminuer de 50% dans certains pays (Lung’ahi et al., 2009).
D’autres prévoient pour la deuxième moitié du 21ème siècle, des rendements en déclin à cause de températures trop élevées (Esther et al., 2009). Cela causera dans le même temps une baisse de la production mondiale de céréales de 1 à 7% d’ici 2060 (Care, 2011). Cette baisse sera encore plus sévère si le réchauffement de la planète dépasse 2 °C (PNUD, 2010). Dans leur étude, R. Kaplan (1994) parle de migrations massives dégénérant en conflits le plus souvent en conflit en raison de la déforestation et de l’érosion, d’épidémies ou encore de réduction d’eau.
Thomas Homer-Dixon quant à lui, énumère les impacts sécuritaires du changement climatique :
génocide, guérillas, insurrections, terrorisme. Les thèses de GIEC, AR4 sont plus modérées dans leurs analyses ; elles insistent seulement sur les relations du changement climatique avec les composantes sociétales et les retombés sécuritaires. Parmi les résultats du GIEC, H. Buhaug et al. s’attardent sur trois processus au travers desquels le changement climatique peut conduire à l’instabilité sociale et au conflit :
- augmentation du niveau des océans,
- rareté des ressources et désastres naturels, et ce par le biais de trois risques que sont :
- destruction d’infrastructures, risques sanitaires et perte des moyens de subsistance. Cependant, H. Buhaug et al. mettent en avant l’échelle d’adaptabilité, fonction de la soudaineté de l’événement climatique et du contexte des pays affectés, un critère majeur dans la capacité de réponse à une situation conflictuelle. Cet argument est notamment développé par Homer-Dixon et est repris dans notre développement.
Les travaux de H. Buhaug et al. s’intéressent plus particulièrement aux conflits armés et leurs conclusions appellent à une grande précaution dans l’établissement de liens entre ces derniers et le changement climatique notamment par manque de recul et de données statistiques allant dans ce sens. Par exemple, un graphique mettant en parallèle la température et le nombre de conflits armés montre depuis les années 90, une montée de la première variable et une baisse de la seconde. L’analyse proposée sur la zone sahélienne étudie des événements sécuritaires autres que les conflits armés tels que les tensions entre agropasteurs, les tensions frontalières, les coups d’Etat, les crises humanitaires et alimentaires.
H. Buhaug et al. mentionnent trois processus intervenant dans les mécanismes des relations entre changement climatique et conflit : la montée des océans, aggravation de rareté des ressources et l’intensification des désastres naturels. Les risques associés à ces processus sont la destruction des infrastructures, l’augmentation du risque sanitaire et la perte des moyens de subsistance. Nous retenons également ces trois risques dans notre analyse en faisant l’hypothèse qu’ils puissent mener à des tensions sans toutefois dégénérer en conflit armé.
Le rapport Solana de mars 2008 établi à l’attention du Conseil européen aborde les menaces liées au changement climatique en termes de sécurité internationale et non plus seulement nationale (avec des incidences directes sur les intérêts européens). Il détermine sept menaces liées au changement climatique, en précisant qu’elles ne dégénèrent pas nécessairement en conflit armé : Conflit lié aux ressources ; Préjudice économique et risque pour les villes côtières et les infrastructures essentielles ; Perte de territoire et litiges frontaliers ; Migrations dues à des
facteurs environnementaux ; Situations de fragilité et radicalisation ; Tensions liées à l’approvisionnement énergétique ; Pression sur la gouvernance internationale. Le changement climatique est posé comme un multiplicateur de menaces qui « renforce les tendances, tensions et instabilités existantes ».
Ces menaces ou « formes de conflit » couvrent l’ensemble des pays. Les enchainements proposés pour expliquer les impacts du changement climatique sur les menaces, s’articulent autour de trois paramètres : la montée des océans, l’élévation des températures et les désastres naturels. Dans de nombreux cas, des variables environnementales dépendantes du changement climatique sont mis en avant comme facteurs d’influence sur les menaces (désertification, baisse des réserves en eau..).
Une première lecture du rapport Solana ne renseigne pas sur les études prospectives ou rétrospectives, études de cas ou statistiques qui auraient conduit à l’identification des menaces. Bien que le changement climatique soit un vecteur récent, un certain nombre des paramètres climatiques et/ou environnementaux mis en avant comme conséquences du changement existent déjà depuis un moment.
L’Afrique est mise en avant comme l’un des continents les plus vulnérables et donc susceptibles de provoquer une insécurité grandissante à l’échelle internationale, avec le changement climatique. Les réponses proposées par le rapport Solana abondent donc dans ce sens. Buhaug et al. décryptent également à travers une grille de facteurs socio-politiques communément reconnus comme facteurs déclencheurs de conflits, les trois principaux effets du changement climatique seuls ou combinés.
Les auteurs s’appuient sur de nombreuses sources dans leurs démonstrations qui restent essentiellement théoriques et peu illustrées, et font apparaître les mécanismes intermédiaires à travers lesquels les variables environnementales ont un impact sur la sécurité. Ainsi le facteur socio-politique désigné par ‘pauvreté et instabilité politique’ est affecté à travers l’insécurité alimentaire et la perte des moyens de subsistance.
La multitude de dynamiques intervenant dans le lien entre changement climatique et sécurité et la nature de leurs relations (causales, réciproques, associées, etc..) compliquent toutes projections et scénarios. De plus, la menace sécuritaire liée au changement climatique dépend fortement des spécificités propres à chaque pays et d’autres facteurs contextuels. Les relations particulières entre ces variables constituent autant de catalyseurs de crises possibles qu’il existe d’environnements climatiques et socio-économiques différents. En analysant les mécanismes de certains événements sécuritaires de la zone sahélienne et leur correspondance avec des chocs climatiques tels qu’une sécheresse, notre analyse tente de proposer un moyen d’élargir le spectre
des recommandations prenant en compte des préoccupations aussi bien sécuritaires qu’environnementales aux pays de l’UE, au-delà de celles contenues dans le rapport Solana.
L’objet de la prochaine partie est d’identifier à partir d’exemples sahéliens si l’on parvient à des conclusions autres que celles des théories de la sécurité environnementale qui bien que mettant en avant des interactions relativisent ces dernières et leur degré. Dans leur étude, R. Kaplan (1994) parle de migrations massives dégénérant en conflits en raison de la déforestation et de l’érosion, d’épidémies ou encore de réduction d’eau. Thomas Homer-Dixon énumère les impacts sécuritaires du changement climatique : génocide, guérillas, insurrections, terrorisme. Les thèses de GIEC, AR4 sont plus modérées ; elles insistent sur les relations du changement climatique avec les composantes sociétales et les retombés sécuritaires.
Parmi les résultats du GIEC, H. Buhaug et al. s’attardent sur trois processus au travers desquels le changement climatique peut conduire à l’instabilité sociale et au conflit : augmentation du niveau des océans, rareté des ressources et désastres naturels, et ce par le biais de trois risques (destruction d’infrastructures, risques sanitaires et perte des moyens de subsistance). Cependant, H. Buhaug et al. mettent en avant l’échelle d’adaptabilité, fonction de la soudaineté de l’événement climatique et du contexte des pays affectés, un critère majeur dans la capacité de réponse à une situation conflictuelle.
Cet argument est notamment développé par Homer-Dixon et est repris dans notre développement. Les travaux de H. Buhaug et al. s’intéressent plus particulièrement aux conflits armés. Leurs conclusions appellent à une grande précaution dans l’établissement de liens entre ces derniers et le changement climatique notamment par manque de recul et de données statistiques allant dans ce sens. Par exemple, un graphique mettant en parallèle la température et le nombre de conflits armés montre depuis les années 90, une montée de la première variable et une baisse de la seconde.
L’analyse proposée sur la zone sahélienne étudie des événements sécuritaires autres que les conflits armés tels que les tensions entre agropasteurs, les tensions frontalières, les coups d’Etat, les crises humanitaires et alimentaires. H. Buhaug et al. mentionnent trois processus intervenant dans les mécanismes des relations entre changement climatique et conflit : la montée des océans, aggravation de rareté des ressources et l’intensification des désastres naturels. Les risques associés à ces processus sont la destruction des infrastructures, l’augmentation du risque sanitaire et la perte des moyens de subsistance.
Nous retenons également ces trois risques dans notre analyse en faisant l’hypothèse qu’ils puissent mener à des tensions sans toutefois dégénérer en conflit armé.
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Questions Fréquemment Posées
Quels sont les impacts des changements climatiques sur l’insécurité à Gargando?
Les changements climatiques exacerbent les conflits entre nomades et agriculteurs en raison de la raréfaction des ressources naturelles, ce qui entraîne des défis socio-économiques et politiques pour les populations sahéliennes.
Comment les changements climatiques affectent-ils l’économie locale au Mali?
Les effets des changements climatiques se manifestent surtout au plan local, affectant les activités de subsistance et l’économie locale, ce qui rend l’adaptation aux changements climatiques cruciale.
Pourquoi le Mali est-il particulièrement vulnérable aux changements climatiques?
Le Mali est particulièrement vulnérable en raison de sa forte dépendance à l’exploitation des ressources naturelles, de la croissance démographique, et des sécheresses récurrentes qui entraînent la dégradation des ressources.