Comment le cadre théorique révolutionne la lutte biologique à Ngaoundéré ?

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🏫 UNIVERSITE DE NGAOUNDERE - FACULTE DES SCIENCES - Département des Sciences Biologiques
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2023
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Le cadre théorique de la lutte biologique révèle comment les extraits aqueux d’Azadirachta indica, Eucalyptus camaldulensis et Tithonia diversifolia influencent l’entomofaune de Helianthus annuus à Ngaoundéré. Découvrez l’impact de ces traitements sur les populations d’insectes et les rendements en graines.


    1. Méthodes utilisées pour la lutte contre les ravageurs de Helianthus annuus

En générale, il existe plusieurs moyens de lutte contre les organismes nuisibles aux plantes. Pour le cas du tournesol spécifiquement, il existe cinq catégories de moyens de lutte contre les bioagresseurs (ravageurs, maladies, adventices) : la lutte génétique, la lutte chimique, la lutte physique, la lutte biologique et la lutte agronomique (Mestries et al., 2011).

Lutte physique

C’est une méthode qui consiste à utiliser les agents physiques (mouvement, chaleur, lumière, froid, eau, électricité et radiation) afin de ralentir au maximum l’activité biologique des ravageurs (Hamdani, 2012). Elle se fait selon différentes techniques parmi tant d’autre : le triage où les insectes présents dans le grain et les jeunes plantules endommagées peuvent être retirés à la main.

L’abaissement de la température en dessous de 10°C ou son augmentation au-delà de 40°C bloque le développement des insectes (Gwinner et al., 1996).

Lutte génétique

La lutte génétique (par le choix de variétés résistantes ou à bon comportement) a fait beaucoup de progrès pour le contrôle des maladies du tournesol. Elle est aujourd’hui le moyen de lutte principal parmi l’ensemble des méthodes disponibles (Vincourt et al., 2011 ; Mestries et al., 2011).

Lutte biologique

La lutte biologique contre les ravageurs d’une culture est l’action exercée par certains parasites, prédateurs et pathogènes de ces ravageurs dans le but de réduire leurs dégâts ou de réguler la population d’un organisme à des densités inférieures à celles qui se produisent en leur absence (Prasanna et al., 2018). Ces organismes sont les ennemis naturels des ravageurs et sont naturellement inféodés à ces ravageurs dans leur biotope (kouadio, 2015).

Comme pour de nombreux pucerons, la population de Brachycaudus helichrysi sur le tournesol est contrôlée par la présence de coccinelles (Terres Univia, 2021). Toutefois, outre les prédateurs comme les coccinelles, les syrphes, les chrysopes et les punaises, les pucerons peuvent aussi être décimés par des mycoses (Terres Univia, 2021).

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Figure 6: Coccinelle capturant Brachycaudus helichrysi sur la tige de Helianthus annuus

Source: Terres Univia, 2021

Lutte chimique

Elle est le principal moyen de lutte contre les ennemis des cultures notamment les insectes ravageurs, basée sur l’utilisation des insecticides de synthèse (Aïboud, 2012). Ces derniers sont des composés chimiques dotés de propriétés toxicologiques utilisés par plusieurs agriculteurs afin de lutter contre les insectes ravageurs (Adigoun, 2002). Parmi la multitude des insecticides de synthèse qui existent, figure l’insecticide chimique TEMA.

L’insecticide de synthèse (TEMA) contient 60g/Kg d’Emamectine Benzoate et 75g/Kg de Teflubenzuron (Adamou et al., 2022). C’est un insecticide larvicide qui peut être utilisé en préventif ou en curatif. Il agit par ingestion. L’association des deux matières actives et ses propriétés translaminaires lui confèrent une efficacité accrue sur un grand nombre de chenilles de Lépidoptères sur toutes cultures, une bonne persistance d’action de l’ordre de 15 jours, ainsi qu’une très bonne résistance au lessivage (Adamou et al., 2022).

Utilisation des extraits de plantes comme insecticides

Face aux difficultés d’intoxication de l’homme et de la pollution de l’environnement par les insecticides de synthèse, de nombreuses recherches à travers le monde se focalisent sur l’utilisation des plantes contre les ravageurs pour leurs effets répulsifs, de contact ou fumigant (Kpatinvoh et al., 2016 ; Barry et al., 2017).

        1. Azadirachta indica

Généralités

Appelé Neem ou Nim dans la plupart des régions du monde, Azadirachta indica de la famille des Meliaceae est l’un des très rares arbres connus dans le sous-continent indien depuis l’Antiquité (Puri, 1999). C’est un arbre monoïque à croissance rapide qui peut atteindre une hauteur de 20 m et plus rarement 35 à 40m.

Les feuilles sont généralement isolées et composées (Jonathan, 2017). Les branches sont larges et s’étendent, les fleurs protandres blanches et parfumées apparaissent de janvier à mai en zone tropicale. Les inflorescences se ramifient et portent 150 à 250 fleurs. Les fruits sont une drupe ressemblant à une olive mesurant entre 1,4 et 2,8 cm (Jonathan, 2017).

A. indica pousse de préférence dans les régions tropicales et subtropicales. Il s’adapte facilement aux conditions pédoclimatiques de son environnement et supporte des températures extrêmes (4°C à 44°C) et une pluviométrie variant entre 400 mm et 1500 mm. Il peut pousser jusqu’à une altitude de 1500 mètres (Jonathan, 2017). Le neem est résistant à la sécheresse grâce à ses profondes racines mais pas au froid (température inférieure à 40°C).

L’arbre est introduit dans plusieurs pays en voie de développement, et particulièrement en Afrique tropicale (Jonathan, 2017).

Position systématique justifiée

Source : 1 = Schmutterer, 1995 ; 2= Puri, 1999

  • eucaryote Domaine : Eucarya (1)
  • autotrophe, fixé au sol par les racines Règne : Plantae (2)

-vaisseaux (xylème et phloème) assurant la circulation de la sève………………

… Sous-règne : Tracheobionta (2)

  • trachéobiontes à graines Super-embranchement : Spermaphytes (1)
  • spermaphytes à fleurs Embranchement : Magnoliophyta (2)
  • présence de deux cotylédons Classe : Magnoliopsida (1)
  • dicotylédones supérieures dialypétales à fleurs cycliques hétéroclamydes, (tétra-) pentamères à ovaire bitégumenté et crassinucellé Sous-classe : Rosidées (2)

-rosidées à feuilles composées, fleurs dissifères diplostémones ou haplostémones, synapomorphies… Ordre : Sapindales (2)

  • feuilles alternes et pennées, fleurs de petites tailles à 4 ou 5 sépales, 3ou7 pétales et de 8 à 10 étamines… Famille : Meliaceae (2)
  • présence de l’azadirachtine Genre : Azadirachta (1)
  • comestible Espèce : indica (2)

Nom scientifique : Azadirachta indica A. juss, 1830 (2)

Usages

En inde, le neem est considéré comme un arbre sacré tant ses vertus sont nombreuses. En effet, toutes les parties de la plante (fruits, graines, feuilles, racines, écorces) et leurs constituants ont été exploitées en médecine. L’huile extraite de ses graines est utilisée contre le paludisme (Mouffok et al., 2008). Le neem est aussi un fébrifuge, anthelminthique, vermifuge, antiseptique, antibiotique et un remède parfait pour divers troubles cutanés (piqures d’insectes, boutons, gerçures, mycoses, acné…), des furoncles.

Il est aussi efficace dans le traitement des maladies de la peau grâce à ses propriétés anti-inflammatoires (Daniel, 1990 ; Adjanohoun, 1980). Plusieurs autres recherches pharmacologiques ont signalé que des extraits des graines du neem possèdent des propriétés antidiabétiques, antibactériennes et antivirales (Daniel et al., 1990).

Utilisation comme insecticide

Les extraits aqueux des feuilles du neem sont utilisés pour le contrôle des ravageurs des cultures (Barry et al., 2017). Roth et al., 2001 et Gueye et al., 2011 ont signalé la présence de plus de 40 substances actives à propriétés insecticides dont l’azadirachtine, la salanine, la nimbine, le méliantriol et leurs analogues qui affectent les capacités reproductives et nutritionnelles de nombreuses espèces de ravageurs. L’azadirachtine contenu dans les graines de neem est reconnue comme étant le principe actif le plus important dans l’activité anti-appétant (Philogene, 1991) ; bloque la métamorphose du stade larvaire et paralyse le tube digestif (Mouffok et al., 2008).

        1. Eucalyptus camaldulensis

Généralités

Eucalyptus camaldulensis est un arbre de nombreuses rivières australiennes et présente des feuilles toujours vertes, au tronc droit lisse et cendré. Ses écorces sont épaisses, légères et tachetées de rouge, de gris, de vert et de blanc (Johnson, 1997). L’extrémité des rameaux et les feuilles pendent perpendiculairement au soleil, de manière à avoir un minimum d’évaporation. C’est une plante à feuilles persistantes, plates, luisantes, alternes, lancéolées, bleu-gris, glabres et ont une odeur forte (Johnson, 1997). Une inflorescence faite de nombreuses petites ombelles de fleurs blanchâtres et les fleurs sont bisexuées régulières. Son fruit est une capsule ligneuse à paroi fine, anguleuse à 4 valves contenant des graines (Johnson, 1997).

  1. Position systématique (Roxb, 1807)
  • eucaryote Domaine : Eucarya
  • organisme autotrophe produisant leurs propres matières organisme à partir des sels minéraux puisé dans le sol et le dioxyde de carbone assimilé par les feuilles grâce à l’énergie solaire : mécanisme de photosynthèse ; organisme fixé au sol par leurs racines ……

… Règne : Plantae

  • plantes présentant des vaisseaux (xylème et le phloème) assurant la circulation de la sève :

… Sous-Règne : Tracheobionta

  • tracheobiontes à graines… Super-Embranchement : Spermaphytes
  • spermaphytes à fleurs Embranchement : Angiosperme
  • fleur possédant deux cotylédons Classe : Dicotylédones
  • dicotylédones supérieurs dialypétales à fleur cyclique heteroclamydes (tétra)……………………

… Ordre : Myrtales

  • pentamères à ovaire bitégumenté et crassinucelle…………………………………………………

… Sous-Ordre : Résidées

-Résidées à feuilles composées, les feuilles dissipées diplostemones ou haplostemones…

… Famille : Myrtaceae

  • Genre : Eucalyptus
  • Espèce : camaldulensis

Nom scientifique : Eucalyptus camaldulensis Dehnh, 1832

Usages

En médecine traditionnelle, les Aborigènes employaient l’essence extraite des feuilles (eucalyptol) de l’Eucalyptus contre les infections et les fièvres et surtout utilisée pour soigner les troubles respiratoires (Iserin et al., 2001 ; Alzogaray et al., 2011). Elle est aussi utilisée pour traiter les maladies infectieuses de l’appareil génito-urinaire, le diabète, l’ictère, l’hépatite, la blennorragie chronique, les fièvres, les vers intestinaux, les urétrites, les vaginites (Alzogaray et al., 2011), contre la tuberculose pulmonaire, les brulures, le catarrhe et la grippe (Bremness, 2005). Le bois de E. camaldulensis sert essentiellement à la production de bois de feu, de charbon, de piquets, de poteaux, d’outils et de pâte à papier (Alzogaray et al., 2011).

Utilisation comme insecticide

L’huile essentielle de E. camaldulensis a une activité anti-acétylcholinestérase avec une concentration inhibitrice 50 de 18.98 μg/mL (Kiendrebeogo et al., 2011) et une activité antiparasitaire (Ghasemi et al., 2011). Elle présente un effet inhibiteur sur les larves de Aedes albopictus (Cheng et al., 2009). D’autres études ont également montré que huile essentielle de E. camaldulensis est un insecticide dans la lutte contre Blattella germanica (Alzogaray et al., 2011 ; Lucia et al., 2009). Les feuilles sont utilisées en fumigation pour chasser les insectes.

        1. Tithonia diversifolia

Généralités

Tithonia diversifolia, est une plante originaire du Mexique appartenant à la famille des Asteraceae. C’est une espèce rudérale qui se multiplie facilement par graines et par boutures. Elle pousse spontanément aux alentours des maisons et des routes (Thorsm Smestad et al., 2002), et produit de grandes quantités de feuilles facilement décomposables et riches en éléments nutritifs (Jama et al., 2000 ; Muliele et al., 2017).

Position systématique justifiée

source : 1 = Woese et al., 1990 ; 2 = Rojas, 2018

  • eucaryote Domaine : Eucarya (1)
  • autotrophe, fixé au sol par les racines Règne : Plantae (2)
  • plante à fleurs Embranchement : spermatophytes (2)
  • graines enveloppées ; ovule clos dans le carpelle ; un ou deux cotylédons ; étamines ; sacs polliniques ; grains de pollen Sous-embranchement : Angiospermae (2)
  • fleurs de type cinq ; deux cotylédons Classe : Dicotyledonae (2)
  • tendance à porter des inflorescences compactes ; fleurs ayant des anthères soudés entre elles et en un tube qui entoure le style Ordre : Asterales (1)
  • les inflorescences sont typiquement des carpelles pouvant être eux-mêmes réunis en grappe, en cyme ou en corymbes Famille : Asteraceae (1)
  • plante herbacée ou arbustive stolonifère pérenne formant rapidement un buisson de deux à trois mètre de haut… Genre : Tithonia (2)
  • Espèce : diversifolia (2)

Nom scientifique : Tithonia diversifolia Hemsl A.Gray, 1883 (1)

Usage

Tithonia diversifolia est une plante utilisée comme engrais vert (Kaho et al., 2011). Au Cameroun Ngosong et al. (2016) ont montré que la combinaison ou non des biomasses de T. diversifolia aux engrais inorganiques améliorait la fertilité du sol et la production du maïs et de la tomate. Ses feuilles sont généralement utilisées comme fourrage (García et al., 2017).

Utilisation comme insecticide

L’extrait aqueux de feuilles de T. diversifolia possède une efficacité termiticide capable de réduire la densité et la diversité des populations de termites (Diby et al., 2015). La rémanence de cet extrait aqueux dure plus de 4 mois, et est proposer comme substitut des produits chimiques contre les attaques de termites dans le sol (Diby et al., 2015).

La figure 7 présente les différentes espèces végétales mentionnées ci-dessus.

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A B C

Figure 7: Pieds de Azadirachta Indica (A), Eucalyptus camaldulensis (B) et Tithonia diversifolia (C)

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