Les avantages monopolistiques des investissements directs étrangers en Algérie

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🏫 Université d’Oran 2 - Faculté des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Magister - 2017-2018
🎓 Auteur·trice·s
FARSI Nabila
FARSI Nabila

Les avantages monopolistiques des IDE sont cruciaux pour comprendre l’attractivité des investissements directs étrangers en Algérie. Ce mémoire analyse l’impact des réformes institutionnelles sur le climat d’investissement entre 2000 et 2016, soulignant l’importance de la qualité des institutions.


Les nouvelles théories explicatives des IDE :

Les analyses théoriques sur la multinationalisation des firmes sont relativement récentes, leur apparition date de la fin des années 1950. La première tentative d’explication s’est faite en rejetant les apports de la théorie du commerce international. Alors que, cette théorie comprend des modèles dans lesquels sont retenues des hypothèses de concurrence pure et parfaite et d’immobilité internationale des facteurs de production. Le phénomène de la multinationalisation met en évidence le comportement des firmes agissant dans un univers de concurrence imparfaite, oligopolistique, et transférant des facteurs de production à l’étranger, les capitaux notamment.

Un des problèmes qui survient lors de la multinationalisation de la firme est de savoir comment réussir à s’implanter à l’étranger et concurrencer avec les firmes locales, en intégrant des coûts que ces dernières n’ont pas à supporter du fait qu’elles connaissent leur propre marché. Finalement, si les firmes peuvent s’implanter à l’étranger c’est bien que tout n’est pas égal par ailleurs et qu’elles possèdent un avantage sur les firmes locales, appelé « avantage monopolistique ». L’étude de la firme multinationale passe alors par la définition de cet avantage, la recherche de ses déterminants et par sa dynamisation à travers un cycle de vie.

I.1. La théorie de l’imperfection du marché et des avantages monopolistiques :

C’est à (S.Hymer1960)1, que l’on attribue généralement la paternité de la formulation de l’approche des IDE en termes d’économie industrielle et le premier qui a annoncé le paradox: «comment une firme qui s’implante à l’étranger et subie des coûts de délocalisation de sa production, peut rester compétitive face aux entreprises locales? » ; Dans sa thèse de Doctorat, Hymer a distingué entre l’investissement de portefeuille et l’investissement direct et a expliqué la distribution des IDE entre les marchés par les théories micro-économiques. En appliquant les théories d’économie industrielle. Le fait d’investir à l’étranger englobe certaines difficultés : communication, transport, barrières de langues….

Donc l’économiste a été le premier à évoquer la nécessité de l’existence des «avantages spécifiques ou monopolistiques», qui vont permettre à la firme de surmonter les risques et les coûts inhérents à la localisation de la production dans un pays étranger. En s’installant à l’étranger, la firme pénètre dans un environnement nouveau, s’exposant ainsi à des risques de fluctuations des taux de change et aux aléas socio-économiques cité ci après.2

L’auteur énumère les raisons économiques qui inciteraient une firme à s’implanter à l’étranger et y produire directement, préférablement à l’accord de licence de fabrication :

  • Avantage difficilement définissable donc impossible de le vendre ;
  • Incertitude quant à la fixation du prix de vente d’un avantage liée à la difficulté de calcul des recettes escomptées ;
  • Négociations du prix de vente difficiles entre les deux parties concernant les risques encourus ;
  • En s’implantant la firme est en contact direct avec le marché étranger et reçoit donc les informations dont elle peut se servir pour mettre au point de nouveaux produits et améliorer sa position concurrentielle.

Selon Hymer3, l’investissement direct protège l’entreprise contre la concurrence et lui permet de maximiser les quasi rentes dues à ses avantages technologiques et à la différenciation de ses produits.

Dans le prolongement de cette analyse, (Kindleberger 1969)4, insère la notion « d’avantage spécifique » dans le cadre du modèle économique général des imperfections. Les différents types d’ « avantages spécifiques » ou concurrentiels sont liés à un certain nombre d’imperfections des marchés dont la firme tire profit pour s’implanter à l’étranger. Elle profite notamment de son « avantage monopolistique » sur les firmes locales. La nature des « Avantages Monopolistiques » qui entrainent l’IDE est analysée par Kindleberger d’après quatre catégories d’imperfections :

  • Les imperfections sur les marchés des produits, notamment la différenciation des produits ;
  • Les imperfections sur les marchés des facteurs de production, principalement la protection par les brevets et les secrets industriels ;
  • Les économies d’échelle internes ou externes exploitées (internes à la firme et celles du secteur dont elle peut profiter en augmentant sa production) ;
  • Les politiques gouvernementales d’intervention sur les marchés, tendant à favoriser l’implantation.

Donc la réponse est qu’une firme s’implante à l’étranger (en choisissant de créer une filiale à l’étranger ) pour exploiter des avantages « spécifiques» qui peuvent être de plusieurs ordre : technologique, ressources en capitaux, économie d’échelle, différenciation des produits, expérience managériale …etc, possédés par l’entreprise étrangère sur les firmes locales qui lui permettent de les concurrencer sur leur territoire national et de dépasser les barrières locales.

I.2. La théorie du cycle de vie du produit:

Le modèle de (R.Vernon 1966)5 est une première explication dynamique de la relation entre le commerce et l’investissement direct, combinant à la fois des éléments d’économie industrielle et d’économie internationale. Cette voie de recherche a incorporé le facteur technologique dans la théorie de l’échange international et dans la théorie de la localisation.

La théorie du cycle de vie du produit de Vernon lui a permet de rendre compte des comportements d‘implantation à l‘étranger des entreprises multinationales américaines.

Cette théorie décrit les choix d‘exportation et de multinationalisation en fonction des différents stades du cycle de vie d‘un produit qui sont la naissance (émergence), la croissance, la maturité et le déclin. Le tableau ci-dessous illustre schématiquement les différentes étapes de la multinationalisation d’un monopole en fonction du cycle de vie du produit selon la théorie de Vernon6 :

  • Émergence: le nouveau produit caractérisé par une forte intensité technique et technologique est d’abord vendu dans le pays de l’entreprise innovatrice.
  • Croissance: le prix du produit commence à baisser sur le marché intérieur par effet de la demande croissante, avec la standardisation et les économies d’échelles le produit commence à être exporté vers des pays à revenu élevé et assez élevé et ouverte à l’innovation.
  • Maturité: à cette phase l’entreprise fait face à la concurrence d’entreprises étrangères imitatrices, afin de récupérer des parts de marché et contrer la concurrences, l’entreprise délocalise et produit dans les pays importateurs dont les coûts des facteurs de production sont faibles pour maintenir sa position de domination.
  • Déclin: le produit se banalise, la production est arrêtée dans le pays de l’entreprise innovatrice en raison du déclin de la demande. Mais la demande résiduelle est satisfaite en moyen par l’importation en provenance des filiales à l’étranger.

Le tableau ci-dessous montre qu’à chaque phase du cycle de vie du produit les firmes adoptent des stratégies différentes expliquant ainsi le passage de la production nationale à l’exportation du produit puis à la fabrication à l’étranger et enfin à la réexportation vers le marché de l’entreprise mère à partir des pays tiers.

Tableau N° 1-01 : l’interprétation dynamique de l’IDE en fonction des phases du cycle de vie d’un produit
Cycle de vie du produitCroissanceMaturitéDéclin
Pays d’origine de l’entreprise innovatriceL’entreprise innovatrice a le monopole de la production et de la vente dans le pays. Pas d’implantation ni de concurrents. ExportDébut de délocalisation de la production. Exportation et implantationBaisse importante puis arrêt de la production. Importations.
Autres pays développésImportation en provenance du pays de l’entreprise innovatrice.Début de la production (sous licence et/ou par concurrents). Début des exportations.Baisse de la production et début des importations
Pays moins développésQuelques importations en provenance du pays de l’entreprise innovatriceImportation. Première prospection en vue d’implanter des unités de productionProduction par des unités délocalisées et exportation vers les pays développés
Caractéristiques du produitLe produit nécessite beaucoup de dépense en RD et travail qualifié.

Source : Cours Politique et Stratégie d’Entreprise (ISGS 2008).

Supposons une entreprise qui possède un monopole fondé sur sa capacité d’innovation, après avoir exploité son monopole sur le marché national, la firme innovatrice va tenter de l’exploiter à l’exportation, puis de le produire à l’étranger.

Au début le produit est conçu dans le pays d’origine avec des technologies innovatrices, et il est aussi produit pour le marché local. Après, arrivé à un autre stade du cycle de vie, une certaine croissance et connaissance du marché, de synergie, le produit est exporté vers d’autres pays ayant des caractéristiques similaires au pays d’origine.

Lorsque le produit devient standard et mature, les coûts de travail deviennent très importants dans le processus de production, c’est à ce moment là que les firmes délocalisent à la recherche de coûts de production bas. En s’implantant à l’étranger, l’entreprise va créer son propre réseau de sous-traitants et de fournisseurs, limitant du même coup les velléités d’imitation.

Comme l’explique Mucchielli « Toute cette stratégie consiste à remplacer l’avantage technologique absolu perdu, ou en passe de l’être, par des avantages relatifs de coûts et de différenciation, afin de conserver une place de leader dans les pays d’accueil»7.

Le cycle de vie du produit constitue la première interprétation dynamique des déterminants des IDE et de leurs relations avec le commerce international.

________________________

1 Hymer S. (1960), ―The international Operations of National Firms: A Study of Foreign Direct Investment, Cambridge: Ph. D Thesis, Department of Economics, M.I.T. p40.

2 Hamer, S., 1976,”The international operations of multinational firms: a study of direct foreign investment”, MIT press, Cambridge. Cite par Benesrighe, D., “Du processus de multinationalisation des firmes industrielles”, Revue Regard sur l’Economique, n° 3 – 2005. P240

3 Cité par Guir, R., et Crener, M.A., 1984, « l’investissement direct et la firme multinationale », Economica, Paris.p77

4 Kindleberger. C.P “A theory of Direct Foreign Investiments” ―The International Corporation‖, Cambridge, MIT Press, pp. 17-34.

5 Vernon R. (1966), ―International Investment and International Trade in the Product Cycle‖, Quarterly Journal of economics, Mai, pp.190-207.

6 MUCCHIELLI J-L., 1998, Multinationales et mondialisation, le Seuil, Paris.

7 Ibid.

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