Quelles sont les applications pratiques de l’ocytocine en accouchement?

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🏫 UNIVERSITE DE LUBUMBASHI - Faculté de Médecine - Département de Gynéco-Obstétrique
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Docteur en médecine, chirurgie et accouchement - Octobre 2022
🎓 Auteur·trice·s
KABWE KIKOMBWE Jérôme
KABWE KIKOMBWE Jérôme

Les applications pratiques de l’ocytocine révèlent des enjeux cruciaux lors de l’accouchement, avec 32,1% des parturientes en ayant bénéficié. Découvrez comment une utilisation appropriée de cette hormone peut prévenir des complications maternelles et fœtales.


ACCOUCHEMENT DYSTOCIQUE

Définition

On appelle dystocie, l’ensemble des anomalies qui peuvent entraver la marche normale de l’accouchement. Celles-ci peuvent concerner la mère (bassin, dynamique utérine), le fœtus (position, présentation, volume) ou ses annexes. [42]

  1. Etiologies
  • Les dystocies mécaniques
    1. Les dystocies d’origine maternelle
      1. Les dystocies osseuses

Le bassin osseux constitue le principal obstacle à l’accouchement ; elles sont soupçonnées par l’examen clinique et confirmées par la radiopelvimétrie.

Les dystocies par obstacle prævia

Surviennent lorsqu’il existe une tumeur dans la cavité du petit bassin, située au-devant de la présentation et par conséquent empêche sa descente. De nombreuses tumeurs prævia peuvent aussi réaliser un obstacle absolu à l’accouchement par voies naturelles. Les plus fréquentes sont les kystes de l’ovaire et les fibromyomes mais également une tumeur osseuse ou un rein ectopique.

Les dystocies des parties molles

  • Les anomalies cervicales : l’obstacle ici est réalisé par le col de l’utérus. Il peut s’agir des rigidités du col dues en général à une anomalie de la contraction, d’agglutination du col, de sténose cicatricielle, d’allongement hypertrophique du col ou de fibromyome du col de l’utérus.
  • Les malformations vaginales : atrésie, hypoplasie
  • Les anomalies du périnée : périnée cicatriciel, aplasie vulvaire, distance ano-vulvaire inférieure à 5cm.

Les dystocies d’origine ovulaire

C’est le placenta prævia

Les dystocies d’origine fœtale

  • Les anomalies de la présentation :
  • Deux présentations sont totalement dystociques et imposent la césarienne : présentation transverse (dite de l’épaule), présentation du front (dite du bregma)
  • Deux présentations sont des dystocies relatives : présentation de la face, présentation du siège
    • Les dystocies du gros enfant (macrosomie)

La macrosomie fœtale est responsable de dystocies : d’engagement, de descente dans l’excavation pelvienne et lors de l’expulsion avec risques importants de dystocie des épaules

Les dystocies par malformations fœtales

Hydrocéphalies, tératomes sacro-coccygiens, anasarques…

Les dystocies dynamiques

Ce sont des dystocies du travail

Les anomalies de la contractilité utérine

  • Hypocinésie : de fréquence (moins de 2CU/10 min), d’intensité (intensité totale <30 mmhg)
  • Hypercinésie : de fréquence (plus de 5 CU /10 min), d’intensité (˃ 70 mmhg)
  • Hypertonie : relâchement utérin insuffisant : le tonus de base entre les contractions reste supérieur à 20 mmhg.

Anomalies de la dilatation

  • Dystocie de démarrage : se caractérise par la prolongation de la phase de latence
  • Dystocie dynamique : se définit par une vitesse de dilatation < 1 cm/h

III OCYTOCINE

Définition

L’Ocytocine est un nanopeptide hormonal synthétisé par l’hypothalamus et stocké dans la post-hypophyse. Cette hormone a une action utéro-tonique et participe alors aux mécanismes de l’accouchement, de la mise en travail à l’expulsion. [18,19]

Historique

Les découvertes concernant l’ocytocine commencent au début du XXème siècle.

En 1906, le Britannique Henry Dale met en évidence que l’injection d’extraits d’hypophyse postérieure provoquait des contractions de l’utérus chez des chattes gestantes. Il donne alors à cet extrait le nom d’okytokine qui signifie en grec « accouchement rapide ». [20]

En 1910, Ott et Scott démontrent que de tels extraits ont des propriétés d’éjection du lait. Pendant longtemps, seuls ces deux effets sont connus. Dans les années 1950, les connaissances concernant les caractéristiques morphologiques et biochimiques de l’ocytocine avancent [21, 22].

La notion de neurosécrétion et l’origine hypothalamo-hypophysaire de cette hormone sont finalement établies par Bargmann et Scharrer en 1951 [23].

En 1953, Vincent du Vigneaud a pu établir sa structure chimique et obtint pour cela le prix Nobel en 1955. L’ocytocine fut le premier neuropeptide dont la structure a été déterminée. [24]

En 1959, Pickford décrit chez les mammifères des effets de l’ocytocine sur l’excrétion de sodium et potassium, la pression artérielle, la circulation sanguine au niveau des mains et des avant-bras. Il conclut alors que l’ocytocine a également des fonctions physiologiques générales en dehors de la lactation et de la parturition, jusque-là méconnues. [25]

Enfin, le gène de l’ocytocine fut identifié en 1984 et le récepteur périphérique à l’ocytocine en 1992 par Kimura et ses collaborateurs [26,27].

Structure chimique

L’ocytocine est une hormone peptidique constituée de 9 acides aminés (Cys-Tyr-Ile- Gln-Asn-Cys-Pro-Leu-Gly) dont la composition est identique chez l’ensemble des mammifères. Sa structure est très proche de celle de la vasopressine, dont elle ne se distingue que par 2 acides aminés (en position 3 et 8) et dont les actions sont fortement liées. Les gènes de ces 2 peptides sont situés sur le chromosome 20 dans l’espèce humaine [28].

La demi-vie de l’ocytocine est très courte : environ 3 à 5 minutes. Chez l’homme, il existe un seul récepteur à l’ocytocine, un polypeptide de 388 acides aminés organisés en 7 domaines transmembranaires, de la famille des récepteurs couplés à la protéine G [29].

Neuroanatomie

L’ocytocine est une neurohormone (substance synthétisée par des cellules nerveuses et sécrétée dans le sang circulant pour agir à distance sur des cellules cibles) sécrétée par l’hypothalamus et excrétée par l’hypophyse postérieure.

Pour rappel, embryologiquement, l’hypophyse découle de l’accolement de deux régions

: une partie glandulaire à l’avant (antéhypophyse ou hypophyse antérieure) et une partie nerveuse à l’arrière (posthypophyse ou hypophyse postérieure ou neurohypophyse), composée de capillaires, d’axones et de cellules gliales. Les corps neuronaux des axones de l’hypophyse postérieure sont situés au niveau des noyaux supra-optique et paraventriculaire de l’hypothalamus.

L’ocytocine est synthétisée par les neurones magnocellulaires des noyaux paraventriculaire et supra-optique de l’hypothalamus, dont les terminaisons nerveuses se rejoignent au niveau de l’hypophyse postérieure, à partir de laquelle l’ocytocine est libérée dans la circulation sanguine afin de jouer son rôle de neurohormone [26,29].

A côté de ce système hypothalamo-hypophysaire magnocellulaire, il existe un autre trajet permettant à l’ocytocine d’atteindre directement les cellules antéhypophysaires par le système porte hypophysaire. A ce niveau, l’ocytocine a une action activatrice sur la prolactine et pourrait avoir des effets inhibiteurs sur l’axe corticotrope en inhibant l’adrénocorticotrophine (ACTH), faisant d’elle une hormone « anti-stress »

Un troisième trajet neuronal émanant du système magnocellulaire classique, mais aussi d’autres noyaux parvocellulaires (par exemple noyaux supra-chiasmatiques) se termine dans

différents groupes cellulaires centraux (système limbique, locus ceruleus, noyau accumbens) ou périphériques (corne dorsale de la moelle). A ce niveau, l’ocytocine agit comme un neurotransmetteur et non comme une neurohormone, et a des effets comportementaux complexes (intégration sociale, comportement maternel chez la femelle après parturition, régulation de l’appétit – satiété) [30].

Régulation de la sécrétion de l’ocytocine

La sécrétion d’ocytocine dans la circulation sanguine générale est provoquée par des stimuli tels que la stimulation mammaire, la stimulation génitale, les stimuli sexuels comme le coït, des stimuli olfactifs, l’allaitement ou encore la parturition. Ces stimulations, par le biais d’un rétrocontrôle positif, entraînent une augmentation du taux circulant d’ocytocine [26].

Les actions de l’ocytocine sur les comportements et sa physiologie sont dépendantes de divers facteurs.

En effet, le genre intervient et il a été mis en évidence que l’ocytocine et l’expression de ses récepteurs étaient plus élevées chez les femelles, de même que la distribution des récepteurs ocytocinergiques au niveau cérébral différait entre les mâles et les femelles [29].

Les actions de l’ocytocine sont fortement dépendantes des hormones stéroïdes. Les promoteurs du gène de l’ocytocine sont stimulés par les œstrogènes. Lors de la grossesse, les œstrogènes ont un rôle important dans la régulation du taux plasmatique d’ocytocine : ils augmentent la transcription d’ocytocine et le nombre de ses récepteurs au niveau utérin, mammaire et cérébral. Ainsi les changements physiologiques liés à la grossesse, à l’accouchement et à l’allaitement sont dus à une augmentation de l’activité ocytocinergique par deux voies : augmentation de la production d’ocytocine et augmentation du nombre de récepteurs. D’autre part, les promoteurs du gène de l’ocytocine sont également stimulés par les hormones thyroïdiennes [31, 32].

D’autres neurotransmetteurs ont montré des interactions avec le métabolisme de l’ocytocine. Ainsi l’histamine, qui agit comme neurotransmetteur dans l’hypothalamus, augmente les niveaux plasmatiques d’ocytocine et active les neurones 15 supraoptiques. Des effets stimulateurs et inhibiteurs de la noradrénaline sur la sécrétion d’ocytocine ont été rapportés en relation avec le stimulus de succion, en fonction du type de récepteur adrénergique affecté [30].

Des molécules exogènes comme l’alcool, ou les opiacés et la morphine interagissent également avec l’ocytocine en inhibant son action [33,34].


Questions Fréquemment Posées

Qu’est-ce que l’ocytocine et quel est son rôle pendant l’accouchement?

L’Ocytocine est un nanopeptide hormonal synthétisé par l’hypothalamus et stocké dans la post-hypophyse. Cette hormone a une action utéro-tonique et participe alors aux mécanismes de l’accouchement, de la mise en travail à l’expulsion.

Quelle est la fréquence d’administration de l’ocytocine lors de l’accouchement?

Les résultats montrent que 32,1% des parturientes ont reçu de l’ocytocine, principalement pour hypocinésie.

Pourquoi l’administration d’ocytocine doit-elle être surveillée de près?

L’analyse souligne l’importance d’une utilisation appropriée et d’une surveillance stricte de cette hormone pour prévenir les complications maternelles et fœtales.

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