Cette étude révèle comment l’antibiorésistance entérobactéries Sétif impacte la santé publique, en mettant en lumière la prévalence des gènes CTX-M. Découvrez les implications cruciales de ces résultats pour la lutte contre les infections nosocomiales.
CHAPITRE 3
RESULTATS ET DISCUSSION
Résultats
-Entérobactéries
Durant cette étude, 2421 souches d’entérobactéries ont été isolées pendant la période de 4 ans et 4 mois (du 01/01/2013 au 30/04/2017), de patients hospitalisés ou externes du Centre Hospitalo-universitaire de Sétif.
Répartition des entérobactéries par espèces
Les souches d’entérobactéries identifiées sont réparties comme suit ; E. coli est la souche la plus fréquente (n= 1160), suivie par K. pneumoniae (n=479) et P.mirabilis (n=216) ces trois souches représentent plus de 67% des entérobatéries isolées. Les autres espèces minoritaires sont E. cloacae (n=91), Enterobacter sp (n=59), Klebsiella sp (n=42), M. morganii (n=40), S. macescens (n=38), K. oxytoca (n=35), Citrobacter sp (n=30), C. freundii (n=28) et P. vulgaris (n=27). D’autresespèces rarement isoléessont identifiées comme Enterobacter gergoviae, Pantoea, Providencia, Salmonella, Shigella, Hafnia, Cedecae devisae, Ewingella… (n=176) (fig.12).
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50,00%
45,00%
40,00%
35,00%
30,00%
25,00%
20,00%
15,00%
10,00%
5,00%
0,00%
47,91%
19,78%
8,92%3,76%
7,28%
1,73%
1,57%
1,24%
1,12%
2,44%
1,65%
1,45%
1,16%
Figure 12. Répartition des entérobactéries selon l’espèce.
Répartition des entérobactéries selon l’origine de l’infection
Plus de la moitié des souches d’entérobactéries isolées proviennent du milieu hospitalier soit 57.71 %. Par contre (42.29%) des prélèvements représentent des infections communautaires (fig.13).
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42.29%
57.71%
OUT
IN
Figure 13. Pourcentages des entérobactéries selon l’origine de l’infection.
Pourcentage des entérobactéries selon le sexe
La population du sexe féminin est la plus touchée par les infections à entérobactéries (54.29%) par rapport au sexe masculin (44.97%) (fig.14).
Figure 14. Pourcentages des souches entériques selon le sexe | ||
---|---|---|
60,00% | 54,29% | |
50,00% | 44,97% | |
40,00% | ||
30,00% | ||
20,00% | ||
10,00% | ||
0,00% | ||
Feminin |
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0,74%
Masculin
Inconnue
Répartition des entérobactéries selon les tranches d’âge
La majorité des entérobactéries sont isolées, plus chez les adultes que chez les enfants ; mais lors de la répartition de l’âge par tranche, la tranche d’âge 1-10 ans est la plus élevé (14.38%), suivi de la tranche 61 et plus (13.06 %), la tranche 21-30 ans est en troisième position (11.42%), de 31-40 ans (8.33%), de 51-60 ans (7.30%), de 11-20 ans (6.93%), de 41-50 ans (6.18%), alors que les nourrissons de <1 ans en dernier(1.20%). Cependant, (31.20%) d’entérobactéries ont été isolées d’un sexe inconnu (fig. 15).
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35,00% 31,20%
30,00%
25,00%
20,00%
14,38%
15,00%
11,42%
13,06%
10,00%
6,93%
8,33% 6,18% 7,30%
5,00% 1,20%
0,00%
Inconnu < 1 ans 01-10 11-20 21-30 31-40 41-50 51-60 61 ans
ans ans ans ans ans ans et plus
Figure 15. Répartition des entérobactéries selon les tranches d’âge.
Profil de résistance des entérobactéries aux antibiotiques
L’étude de la sensibilité des entérobactéries aux antibiotiques atteste d’un taux très élevé de résistance aux bêtalactamines (fig.16). Les résistances maximales sont notées pour l’amoxicilline où 98.40% des souches sont résistantes, suivie par la céfazoline (88.90%) et l’aztréonam (52.79%). La résistance aux C3G est également élevée, elle est de 40.72% et 30.10% respectivement pour la cefotaxime et la ceftazidime. En revanche, une sensibilité relative existe pour l’augmentin (12.58%), la céfépime (8.39%) et le ciprofloxacine (8.24%).Les plus faibles résistances sont notées pour les carbapénèmes (l’imipeneme et l’ertapeneme) et la cefoxitine.
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100,00%
90,00%
80,00%
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
98,40%
88,90%
52,79%
40,72% 28,57% 20,38%
30,10%
21,43%
8,39%
12,58% 8,24%
7,53%
7,22%
4,82% 4,36%
4,71%
2,35%
Figure 16. Pourcentages de résistance des entérobactéries aux antibiotiques
Profil de résistance des entérobactéries aux antibiotiques par année
Les données décrites ci-dessous relatent d’une manière plus détaillée l’évolution de la résistance des entérobactéries aux β-lactamines et aux autres antibiotiques par année, durant la période du 01/01/2013 au 30/04/2017 :
- Résistance aux β-lactamines
La résistance des entérobactéries aux β-lactamines montre un taux élevé de résistance à AMX de presque 100% pendant les 5 années étudiés et à la CZO (C1G) d’un taux d’environ 90%. Une augmentation importante de résistance à AMC, AMP et les C3G d’une moyenne de 5- 10% par an est notée. L’apparence considérable de la FOX et l’augmentation de la résistance des antibiotiques du dernier recours IPM et ETP dans le traitement constitue un véritable problème de santé publique.
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100,00%
90,00%
80,00%
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
30,00%
2013
2014
2015
2016
2017
20,00%
10,00%
0,00%
AMX AMC AMP ATM CPN CZO FEP CTX CAZ FOX ETP IPM
Figure 17. Pourcentages de résistance des entérobactéries aux β-lactamines par année.
- Résistance aux autres antibiotiques
Le graphe montre que l’évolution des résistances aux quinolones et aux sulfamides est similaire à celle des β-lactamines, elle est en augmentation croissante à des taux qu’il faut prendre en considération. En revanche, la résistance aux aminosides est presque stable durant les cinq années avec une nette diminution pour la gentamycine. Par contre, l’acide nalidixique reste l’antibiotique le plus actif.
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5,00%
2013 2014 2015 2016 2017
1,29%
2,00%2,85%
2,90%
2,61%
0,00%
AN
CIP
GEN
TOB
SXT
4,57%
8,21%
10,00%
10,82%
10,35%
10,88%
10,45%8,67%
8,89%
13,86%
9,22%
8,36%
20,00%
15,00%
24,60%
21,47%
30,00%
25,00%
32,02%
35,00%
Figure 18. Pourcentages de résistance des entérobactéries aux autres antibotiques par année.
Les EBLSE
Le test de synergie est positif pour 53 souches d’entérobactéries étudiées. Les 3 autres souches ont montré un test de double synergie négatif. Pour ces souches, il a été nécessaire de pratiquer le test de synergie sur MH contenant de la cloxacilline à cause de la forte expression de leur céphalosporinase.
Fréquence d’isolement des EBLSE
La prévalence de l’année 2017 a débuté avec un pourcentage élevé des EBLSE (35%) par rapport à la totalité des entérobactéries isolées durant cette période.
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EBLSE + 35%
EBLSE – 65%
Figure 19.Fréquence des EBLSE.
Répartition des EBLSE selon l’espèce
Les 56 entérobactéries productrices de β-lactamases à spectre élargie isolées durant cette période de 4 mois sont réparties comme suit : 23 E. coli, 22 K. pneumoniae, 4 E. cloacae, 3 M. morganii, 2 S. marcescens, 1 E. aerogenes et 1 C. freundii.
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4% 2% 2%
5%
7%
41%
39%
E. coli
K. pneumoniae
E. cloacae
M. morganii
S. marcescens
E. aerogenes
C. freundii
Figure 20. Répartition des EBLSE par espèce.
Répartition des EBLSE selon l’origine de l’infection
La majorité (75%) des entérobactéries sécrétrices de BLSE sont isolées des infections d’origine hospitalières. Les espèces bactériennes impliquées sont E. cloacae et E. aerogenes isolées exclusivement du milieu hospitalier et représentent des germes typiquement d’origine nosocomiales. L’espèce C. freundii est issue d’une infection communautaire. L’espèce S. marcescens semble ubiquitaire elle est issue d’infections nosocomiale et communautaire. Par contre, les espèces E. coli et K. pneumoniae et qui représentent un nombre plus important de souches, leurs fréquences d’isolement des infections nosocomiales sont plus élevées et de l’ordre de (82.61%) et de (72.73%) respectivement.
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100,00%
90,00%
80,00%
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
INF COMMU
INF NOSO
Figure 21. Répartition des EBLSE selon l’origine de l’infection.
Répartition des EBLSE selon le service
Certains services hospitaliers sont apparus plus concernés par le problème de résistance liée à la production de BLSE, notamment les services des maladies infectieuses et de la néphrologie d’où proviennent respectivement (31%) et (12%) des souches BLSE, suivi par le service de pédiatrie avec un taux de (10%). Au niveau des autres services l’isolement de souches BLSE est faible et réparti comme suit : Hématologie (7%), Neurochirurgie (7%), Médecine interne (7%), Cardiologie (5%), Bloc d’Urgence Chirurgical (5%), Orthopédie (5%), Néo-natal (3%), Chirurgie Femme (2%), Bloc d’Urgence Médical (2%), Réa-Médical (2%), et Pneumo- phtisiologie (2%).
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N-CH 7%
NEPH 12%
PED
10%
HTO 7%
MI 7%
CARDIO 5%
CX 31%
BUC 5%
5%
PPHT 2%
R-MED 2%
2% 2%
N-NAT
3%
ORT
CHF BUM
Figure 22. Répartition des EBLSE selon le service.
Répartition des EBLSE selon la nature du prélèvement
La répartition des sites anatomiques présentée dans la figure 23, montre que le site le plus concerné par les EBLSE sont les urines (32%), suivi du pus (30%) dans lesquels les germes ont été isolés. Les taux retrouvés dans les autres prélèvements sont comme suit : hémocultures (16%), LCR (11%), liquide d’ascite (3%) et (2%) pour chacun des autres prélèvements Drain, Prélèvement Buccal, sonde urinaire et trachéal.
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2%
3%
2%
2%2%
11%
32%
16%
30%
URINE
PUS HEMOCULTURE LCR
L. ASCITE DRAIN
P. BUCCAL SONDE URINAIRE
TRACHEAL
Figure 23. Répartition des EBLSE selon la nature du prélèvement.
Répartition des EBLSE selon le sexe
Le pourcentage est inversé par rapport à la totalité des entérobactéries isolées, le sexe masculin représente un taux plus élevé (51.79%) de la fréquence d’isolement des EBLSE.
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Féminin; 48,21%
Masculin; 51,79%
Figure 24. Répartition des EBLSE selon le sexe.
Profil de résistance des EBLSE
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Figure 25.Test de synergie.
L’antibiogramme effectué pour les souches d’EBLSE a permis d’étudier leurs profils de résistance vis-à-vis des antibiotiques testés.
- Résistance aux β-lactamines
Durant la période d’étude, le taux de résistance aux céphalosporines de 3émegénération a connu une augmentation très remarquable. Les résultats de la résistance des 56 isolats d’entérobactéries productrices de BLSE montrent que toutes les souches sont totalement résistantes (100%) à l’ampicilline, l’amoxicilline et la ticarcilline, ainsi, qu’aux céphalosporines de 1ére génération (C1G) la céfazoline et la céfalotine, aux C2G ; la céfuroxime, aux C3G (CAZ, CTX), à la Céfepime (C4G) et à l’aztréonam. Concernant la résistance de ces souches aux inhibiteurs des β-lactamines on note une résistance élevée vis-à- vis de l’association amoxicilline/acide clavulanique. Par contre, l’association pipéracilline/tazobactam demeure plus active.
Il est à signaler aussi dans ce travail, la présence de 16 souches différentes résistantes à la céfoxitine (FOX), suggérant la possible production d’une céphalosporinase plasmidique de type AmpC.
L’imipéneme et l’ertapeneme restent les antibiotiques de choix avec la sensibilité de 54 souches pour l’imipéneme contre 2 résistantes, 53 souches sensibles à l’ertapeneme contre 3 souches. La sensibilité au méropeneme portant sur 4 souches se sont montrées toutes sensibles. Cependant, la légère résistance aux IPM et ERT est à prendre en considération.
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Figure 26. Test de synergie vu dans un antibiogramme d’une souche Klebsiella pneumoniae BLSE +.
- Résistance aux aminosides
Des résistances associées aux aminosides sont retrouvées chez plus de 60% des souches EBLSE, ce qui présente un fort risque d’échec thérapeutique. Par contre, l’amikacine reste l’antibiotique le plus efficace sur les souches EBLSE avec un taux de sensibilité de 84%.
- Résistance aux quinolones
La résistance de souches EBLSE aux C3G est associée à une résistance aux quinolones et aux fluoroquinolones. Cette résistance est observée chez (70%) des souches pour la ciprofloxacineet (35%) pour la levofloxacine.
- Résistance aux autres antibiotiques
L’étude de la sensibilité aux autres familles d’antibiotiques a révélé aussi des résistances plus au moins faibles. Quelques souches sont résistantes à la tigécycline, la minocycline, l’association sulfaméthoxazole + triméthoprime et la fosfomycine. Toutefois, la tigécycline et la fosfomycine se sont montré les antibiotiques les plus actifs sur toutes les souches testées.
Figure 27. Profil de résistance des EBLSE aux antibiotiques.
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100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
S
I R
AMP/AMX AMX/ACV PIP/TAZ
TIC AZM CAZ CTX FEP CPN CZO CXM FOX ETP IPM MER AMK GEN TOB TGY MIC SXT CIP LVX
FOS