Accueil / Analyse du Discours Politique / Analyse pragmatique et argumentative d’un discours politique / Quels résultats émergent de l’analyse du discours politique algérien ?

Quels résultats émergent de l’analyse du discours politique algérien ?

Pour citer ce mémoire et accéder à toutes ses pages
🏫 Université d’Alger 2 - Faculté des langues étrangères - Département de français
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021-2022
🎓 Auteur·trice·s
Mme Messili Amel
Mme Messili Amel

L’analyse des résultats discursifs révèle comment le ministre algérien des affaires étrangères utilise des stratégies argumentatives pour influencer son auditoire. Découvrez les implications cachées de ses déclarations et comment elles révèlent des enjeux politiques cruciaux.


Raisonnement par analogie

« L’Algérie a systématiquement condamné les changements anticonstitutionnels de gouvernement quelles qu’en soient les motivations … l’Algérie a participé à des efforts tendant à rétablir l’ordre constitutionnel ».

La première information est soutenue par un argument concret qui prouve qu’elle est réellement validée.

Techniques argumentatives de convaincre :

Pour convaincre ses interlocuteurs présents et son auditoire in absentia en même temps, le ministre a appuyé ses propos et ses arguments par des outils linguistiques et stylistiques cité auparavant : la métaphorisation, la description, la narration comme dans les exemples suivants tirés de l’entretien :

On a constaté que certaines déclarations du ministre contiennent une métaphore puis une description et une narration :

« Nous entendons battre le cœur tumultueux de cette région et travaillons surtout d’arrache-pied à promouvoir des solutions pacifiques, des solutions qui soient de nature à épargner à ce peuple des drames, des tragédies. Et je crois pouvoir dire et rappeler à ceux qui nous suivent, c’est grâce aux efforts de l’Algérie que nous sommes parvenus à la signature par les parties de conflit interne aux maliens de l’accord de paix et de réconciliation au Mali »

La métaphore qui considère la région du sahel avec ses différents états comme un seul corps avec un cœur battant qui affecte tous les autres organes comme la région qui affecte tous les pays membres dans les zones mouvementées, agitées. Cela sert à donner une description plus profonde de la situation.

Ensuite, l’orateur explique les efforts produits par l’Algérie pour faire régner la paix et sauver le peuple. Enfin, il poursuit son idée avec la narration évoquant une réalité, un argument concret prouvant ce qui est dit dans la métaphore et la description.

D’autres exemples pour bien illustrer le concept :

« Si l’on devait rouvrir ces chapitres de l’histoire et traiter des massacres à travers l’histoire, les massacres perpétrés par la France coloniale en Algérie, certains étant connus d’autres ne l’étant pas, il y’aurait de quoi remplir beaucoup de livres de l’histoire. Le chef de l’état français, dans des circonstances particulières, a fait les déclarations vous indiquez, nous pensons que l’histoire doit être laissée aux historiens et que cela doit se faire dans la sérénité et que cette appropriation par chacun des peuples concernés de son histoire devrait se faire dans toute la mesure du possible sans acrimonie et sans des accusations qui ne sont pas forcément avérées et donc … »

Ici, le locuteur compare l’histoire de la colonisation française et tous les massacres contre les algériens cités dans les archives historiques de l’état à un livre composé de plusieurs chapitres. Ensuite, il fait la description de ces massacres. Et à la fin, il aborde une narration : « Que nous prenions une interprétation particulière de la signification et de la portée de l’événement en question séparé de tout un processus historique et de beaucoup d’événements similaires où malheureusement le sang des algériens a été versé en abondance » pour expliquer et démontrer la raison pour laquelle il refuse implicitement et indirectement de répondre à la question posée par les journalistes.

« Les groupes terroristes ne fassent pas qu’une bouchée de ce grand pays si névralgique et si important pour la paix et la sécurité de toute la région. Alors j’espère qu’il y a encore de l’espace pour de la raison et pour des démarches qui puissent être respectueuses de la souveraineté du Mali comme il se doit et également, qu’elle puisse laisser place à la communauté internationale pour qu’elle assume ses responsabilités sur la base de mandat, du conseil de sécurité des nations unis, du conseil de paix et de sécurité africaine, je veux dire ; il y a des solutions autres que les faits accomplis »

Une métaphore qui affirme que ces groupes de terroristes représentent une petite minorité « une bouchée » facile à dissoudre. En les comparants à un grand pays qui est le Mali. Ensuite, il entame la description en lui attribuant l’adjectif névralgique et important pour la paix et la sécurité de toute la région. Et enfin, la narration qui apporte accessoire explicatif pour donner une solution à la crise.

« Une explosion été là, nul ne pouvait la stopper face à la dégradation de cette situation, et dans sa sagesse, l’Algérie a opté pour la rupture des relations diplomatiques ; ce qui est un acte civilisé qui se retrouve dans les pratiques de toutes les nations du monde. Et donc nous vivons sans relations diplomatiques, ce n’est pas la première fois que ça nous arrive, c’est déjà arrivé à l’initiative dans la partie marocaine dans le passé et à l’initiative dans la partie algérienne

cette fois-ci », ici le ministre a comparé la rupture entre le Maroc et l’Algérie à « une explosion ». Puis, la description de l’événement qui était inévitable vue la situation où en est arrivée la relation entre les deux pays. Ensuite, la narration qui fournit des explications pour justifier le choix de la rupture.

Les figures rhétoriques extraites :

La question rhétorique : plusieurs questions ont été employées pour inciter l’auditoire à réfléchir et à changer d’avis aussi comme l’énoncé : « il faut se demander si ceux qui développent des coopérations militaires avec des puissances militaires étrangères n’ayant rien à voir avec la région nord-africaine ne sont pas ceux qui parient sur le pire ? ». Cette question n’a pas à recevoir une réponse mais plutôt à revoir la situation d’une façon plus raisonnée, provoquer une réaction chez l’auditoire, le comportement du Maroc voisin est en quelque sorte est offensif et dangereux. Cette forme dirige la pensée

« Ou est-ce que c’est par d’autres moyens sans doute plus complexe, sans doute plus, j’allais dire, plus doux en apparence qui ont pour finalité de frayer la voie à une solution pacifique ? », une autre question rhétorique qui a la valeur d’un argument, refléter une évidence et a pour but de mettre l’interlocuteur entre deux choix, ou bien garder son idée et la défendre ou alors adhérer au point de vue du locuteur.

L’énumération : il y a quelques énumérations dans les énoncés à but de lever le ton de la discussion comme suit :

« Lorsqu’il s’agit d’atteinte à la mémoire ou à l’histoire ou la dignité du peuple algérien ou de compatriotes installés ou voyageant en France. Ceci constitue souvent des motifs très sérieux de difficultés dans les relations »

Le locuteur a cité d’une manière ordonnable les éléments qui peuvent être la cause du conflit entre les deux pays ; la mémoire, l’histoire, la dignité. Cette méthode suscite à peser l’importance des éléments énumérés quant au sujet controversé.

L’hyperbole : le locuteur a rarement utilisé le style de l’exagération vue qu’il entreprend avec une haute responsabilité de son statut, on citera quand même un exemple : « une explosion été là, nul ne pouvait la stopper » l’hyperbole illustré avec le mot « explosion » qui donne un effet d’exagération par rapport à la réalité.

L’anaphore : peu utilisée pour donner un aspect d’importance et de sérieux au sujet en question, exprimer une insistance sur une action pour prouver la priorité accordée à l’affaire évoquée comme dans ce qui suit : « nous veillons à ce qu’il n’y est pas de charters, nous veillons à ce que les gens bénéficient des recours possibles devant les autorités françaises avant qu’elles soient reconduites aux frontières. Et en cela, les autorités algériennes veillent véritablement, à ce que ces accords algero-français soient exécutés ».

Il y a aussi une répétition : « nous parviendrons à avoir un tel sommet qui sera véritablement un temps fort pour le monde arabe et pour la communauté internationale. Je m’empresse d’ajouter que le sommet en question sera un sommet qui renforcera les chances de la paix au Moyen-Orient, probablement, en bâtissant sur l’initiative arabe de paix de Beyrouth de 2002 et que ça sera un sommet de la responsabilité et de l’unité, un sommet où la communauté internationale sera appelée à assumer quand même un devoir de vérité envers la paix au Moyen-Orient ». Cette répétition implique une insistance et une assurance sur la bonne volonté de réaliser un événement réussi.

Le paradoxe : quelques-uns détectés qui ont apporté une invitation à la réflexion, un style agréable pour montrer une vérité dans les arguments présentés telle que : « apporter des solutions africaines aux problèmes de l’Afrique » les antonymes (solutions) et (problèmes) mis dans le même énoncé attirent l’attention de l’auditeur et le susciter à approuver la décision du refus des interventions étrangères.

Un autre exemple : « La communauté internationale n’a aucun intérêt à être divisée alors que les groupes terroristes et les autres groupes de trafiquants de tout genre, eux savent harmoniser leurs positions et leurs actions » l’orateur a consolidé l’argument en mettant des mots opposés dans la même expression, c’est ce qu’on appelle le chiasme, afin de montrer la valeur et l’importance de la solidarité face aux dangers imminents.

La personnification : le ministre a employé le style de la personnification, on a pu constater qu’il a personnifié à titre d’exemple, l’état algérien dans plusieurs passages comme : « Disant que l’Algérie croit résolument aux solutions diplomatiques », « l’Algérie assume déjà une part considérable dans la stabilisation de cette région ».

Il a personnifié également le continent africain : « l’Afrique assumerait, pleinement, ses responsabilités en matière de paix et de sécurité ».

Le locuteur a attribué des verbes aux comparés inanimés pour but de faire passer le message plus facilement aux téléspectateurs et créer une émotion.

Dans un autre passage, il a attribué une caractéristique humaine : une pathologie « La deuxième faute de jugement également, c’est d’avoir constaté que les états membres sont divisés sur cette question et d’avoir laissé, j’allais dire, se gangréner ! » pour inciter implicitement à réfléchir et revoir la cause de cette division et de s’en débarrasser pour sauver l’organisation de l’union africaine.

Conclusion générale :

Arrivons au terme de ce travail de recherche, nous estimons que nous avons abouti à nos objectifs soulignés au début de cette modeste analyse : la problématique qui a encadré notre travail est d’interpréter les déclarations du ministre des affaires étrangères algérien, Monsieur Remtane Lamamra, lors de son entretien en Éthiopie.

Pour ce qui est objectifs de l’étude est d’expliquer l’implicite, dévoiler le sens caché et relever l’effet de l’argumentation dans les propos de notre locuteur en question. Nous avons suggéré que le politicien possède le pouvoir d’influencer le public par la parole, agir sur ses auditeurs par le biais de différentes stratégies discursives, ces hypothèses qui donnent des pré-réponses à notre analyse ont été confirmées par le résultat des analyses.

En ce qui concerne les résultats de ces recherches, nous résumons que selon la théorie pragmatique en premier lieu, puis la théorie argumentative qui partage avec la précédente la fonction d’agir par la parole, nous sommes arrivées à extraire plusieurs informations et interprétations :

L’étude des actes de langage, les présupposés et les sous-entendus, les implicatures et tous les implicites traités selon l’analyse pragmatique du discours ont dévoilé les positions de la politique algérienne par rapport aux relations étrangères et son emplacement stratégique dans le continent.

L’Algérie s’oppose aux interventions étrangères dans les pays amis, privilégie le principe de la liberté et la souveraineté pour chaque état et population, favorise le respect et la bonne foi dans les relations internationales, encourage les revendications légitimes et décourage le non-respect de la loi et de la constitution pour épargner les nations les répercussions néfastes des conflits politiques.

Le ministre a fait usage de sa large expérience dans le domaine de la diplomatie pour répondre aux interrogations présentées avec professionnalisme, il a réussi à entretenir en représentant la nation algérienne et ses positions fermes, sa vision pour l’avenir, sa solidarité absolue avec les questions internationales.

Il a adressé des messages de sensibilisations pour la communauté africaine, arabe et internationale pour les persuader afin d’entreprendre un avenir meilleur pour les générations futures.

L’étude argumentative et rhétorique montre les compétences de l’orateur pour mobiliser des arguments, des raisonnements, des techniques diverses afin de consolider son discours par un style d’éloquence qui n’a pas seulement pour l’ornement des propos mais aussi établir une influence et agir sur l’auditoire.

La dimension rhétorique classifie le contenu en trois piliers ; les arguments logiques et rationnels s’inscrivent dans le logos, les techniques de persuasion et émotionnelles se classent dans le pathos, l’orateur avec tout ce qu’il peut refléter dans ses prises de parole lorsqu’il entretient par objectivité ou subjectivité, personnel ou ministériel, s’assemble dans l’éthos.

Tout au long de l’analyse, nous avons tenté de montrer si les hypothèses soulignées au départ étaient entérinées ou annulées. Effectivement, les résultats dégotés assurent que la parole est une arme, agie sur l’interlocuteur et le fait réagir à son tour, les mots possèdent une force employée pour effectuer un changement dans le monde, dans la vie des gens.

Apparemment, le ministre était bien honnête et sûr de ses renseignements quand il avait déclaré que la relation bilatérale, entre l’Algérie est la France, est dans une phase ascendante après la brouille diplomatique, puisque le président français s’est rendu à Alger le 25 aout 2022 pour une visite amicale où il s’est entretenu avec le président algérien pour un partenariat renouvelé. Pareil pour ces avancées sur les questions de l’union africaine, de la rupture avec le Maroc, de la situation dans la région du Sahel,…

Nous tenons compte des limites de cette étude analytique, il existe une possibilité d’établir une analyse interactive, énonciative, pour une appréhension plus exhaustive de cet entretien, il est intéressant de développer ces notions abordées et d’autres dans des recherches futures dans le domaine de l’analyse de discours.


Questions Fréquemment Posées

Quels outils linguistiques le ministre algérien utilise-t-il pour convaincre son auditoire ?

Le ministre a appuyé ses propos et ses arguments par des outils linguistiques et stylistiques tels que la métaphorisation, la description et la narration.

Comment le ministre algérien décrit-il la situation dans la région du Sahel ?

Il utilise une métaphore en considérant la région du Sahel comme un seul corps avec un cœur battant, affectant tous les pays membres dans les zones mouvementées.

Quelle est la position du ministre algérien sur l’histoire coloniale française en Algérie ?

Il compare l’histoire de la colonisation française et des massacres en Algérie à un livre composé de plusieurs chapitres, soulignant que l’histoire doit être laissée aux historiens et traitée dans la sérénité.

Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top