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🏫 Université Peleforo GON COULIBALY - Sciences Sociales - Département de Sociologie
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021-2022
🎓 Auteur·trice·s
SATCHI Elie
SATCHI Elie

Le salaire minimum en Côte d’Ivoire joue un rôle crucial dans la précarité de l’emploi des travailleurs saisonniers de l’industrie cotonnière, comme le montre cette étude sur la CO.I.C à Korhogo. L’analyse qualitative révèle les motivations des travailleurs à persister malgré des conditions défavorables.


Salaire minimum et sécurité sociale

Salaire minimum

Selon la définition qu’en donne Bureau international du Travail (BIT, 2008), le salaire minimum est un salaire qui établit un plancher pour la structure des salaires afin de protéger les travailleurs qui se trouvent au bas de l’échelle.

En plus de la définition du (BIT, 2008), P. Sodsriwiboon et G.Srour (2009), expliquent que le salaire minimum est fixé par les pouvoirs publics et révisé régulièrement en consultation avec les organisations patronales et syndicales. De ce fait, des raisons morales, sociales et économiques sont invoquées pour le justifier.

Salaire minimum en Côte d'Ivoire : enjeux et défis

En effet, pour le (BIT, 2009), la mise en place du salaire minimum contribue à lutter contre les inégalités salariales, la pauvreté des travailleurs et des nouvelles formes d’emplois atypiques qui sont habituellement associées aux salaires très bas. De ce fait, le (BIT, 2009) montre que ce regain d’intérêt a conduit à une hausse importante de la valeur réelle du salaire minimum : +

6,5 % par an entre 2001 et 2007 dans les pays en voie de développement, contre + 3,8 % par an entre 2001 et 2007 dans les pays développés.

Néanmoins, les pays ayant ratifiés la convention n° 131 de l’Organisation internationale du travail en 1970, la principale question à laquelle doivent répondre leurs responsables politiques, n’est pas de savoir s’il faut adopter un salaire minimum ou pas, mais plutôt de savoir « comment le faire fonctionner » et à quel niveau doit-il être fixé? (BIT, 2012).

Contrairement à ces auteurs qui privilégient l’application des salaires minimum, d’autres montrent que cette application constitue un déséquilibre sur le marché du travail.

A cet effet, selon la théorie néoclassique, l’existence d’un salaire minimum nuit à la réalisation de l’équilibre sur le marché du travail. Alors, les entreprises qui sont censées rémunérer les salariés à hauteur de leur productivité sont pénalisés, si elles engagent un travailleur qui leur rapporte moins que ce que coûte le salaire minimum. Au-delà d’un certain seuil critique, le salaire minimum favorise, dans ce cadre de pensée, le chômage (S. Grobon, 2013).

De plus, Selon l’analyse de G. Laroque et B. Salanié (2000), une augmentation de 10 % du SMIC détruit à long terme environ 290 000 emplois.

La mise en place des salaires minimum constitue un point fondamental permettant à tous les salariés de répondre aux besoins auxquels ils font face. Cependant, cette mesure ne fait pas l’unanimité aux seins des structures pour les pays l’ayant ratifié. Car, cela pourrait engendrer le chômage, et l’accroissement des emplois vulnérables, du fait que les entreprises dans leur ensemble recrutent plus les travailleurs qualifiés.

En revanche, si leur revenu est bas, alors le salaire des employés sera en dessous du salaire minimum fixé par les autorités politique du pays. Toutefois, la fixation du salaire minimum doit prendre encontre les besoins des employés, les coûts de la vie, les facteurs sociaux. Mais, ces responsables politiques doivent joindre les responsables des entreprises sur la table de négociation avant de fixer le salaire minimum qu’il faut.

Nous allons aborder l’aspect de la sécurité sociale des travailleurs.

Sécurité sociale

Selon le collège de France (2020), La protection sociale désigne l’ensemble des institutions et des mécanismes de prise en charge collective des conséquences pour les individus des risques sociaux : maladie, perte d’emploi (chômage), vieillesse (retraite), accident, famille, faiblesse des ressources et dépendance.

Au-delà de cette définition, selon le (BIT, 2021), la sécurité sociale contribue à la croissance économique en relevant la productivité du travail et en renforçant la stabilité sociale. Ainsi, cette institution internationale nous fait savoir que divers types de sécurité sociale influent tout particulièrement sur la productivité du travail tels que :

  • Les systèmes de soins de santé. Ils permettent de maintenir les travailleurs en bonne santé et de soigner ceux qui tombent malades. Une santé médiocre est l’une des causes principales du faible niveau de la productivité dans de nombreux pays en développement où les travailleurs n’ont pas accès à des soins de santé appropriés
  • Les régimes de pension. Ceux-ci permettent aux travailleurs âgés de quitter plus facilement la vie active, ce qui résout le problème posé par les travailleurs poursuivant leurs activités alors que leur productivité est tombée à un faible niveau.
  • Les indemnités de maladie. Elles contribuent au rétablissement des travailleurs malades en supprimant la pression financière qui les contraindrait à poursuivre le travail malgré leur état de santé.
  • L’assurance maternité. Elle protège la santé des travailleuses et de leurs enfants.
  • Les régimes d’assurance contre les accidents du travail, jouent un rôle de plus en plus important dans la prévention des accidents liés au travail et des maladies professionnelles et dans le rétablissement des travailleurs qui en sont victimes.
  • Les allocations pour enfant à charge (et autres prestations en espèces fournies quand le soutien de famille est dans l’incapacité de travailler) contribuent à assurer que les parents disposent d’un revenu suffisant pour offrir à leurs enfants une alimentation appropriée et un cadre de vie sain. Dans les pays en développement, ces allocations peuvent aussi constituer un outil très utile pour lutter contre le travail des enfants et promouvoir la fréquentation scolaire.

Certes, la sécurité sociale constitue un maillon essentiel pour le bien-être des travailleurs, mais, selon (V. Beaulieu, 2011), pour avoir accès à l’ensemble du régime de protection sociale mis en place par l’État pour soutenir les travailleurs dans les divers aléas de la vie, il faut impérativement être reconnu comme un salarié au sens des diverses lois du travail.

En effet, selon cet auteur, aujourd’hui, les statuts d’emploi étant plus difficiles à délimiter qu’auparavant, plusieurs travailleurs se retrouvent dans cette zone grise où la définition de leur statut, et donc de leurs droits et des protections sociales auxquelles ils ont accès, devient extrêmement complexe. Au fond, ce qu’il est essentiel de comprendre c’est que le statut de salarié est « la clé de l’accès aux divers régimes de protection sociale mis en place pour les travailleurs » (Bernier, Vallée et Jobin, 2003).

En revanche, pour le collège de France (2020), la famille est aussi une forme d’assurance lorsque l’un de leur membre est victime d’une situation professionnelle comme les accidents de travail. Pour ce Collège, la famille est la première instance d’entraide mutuelle, notamment dans le domaine des risques qui peuvent affecter les revenus d’activité.

La famille a été pendant longtemps le seul lieu de solidarité entre les générations. Elle est souvent la seule institution qui permet la gestion du risque dans les sociétés traditionnelles ou peu développées (la gestion de ces risques affecte d’ailleurs la constitution de la famille en influençant les comportements de natalité).

Elle partage ce rôle avec les entreprises et mutuelles d’assurance et les Etats-Providence dans les sociétés développées.

En somme, le salaire minimum et la sécurité sociale vont de pair. Dans l’ensemble, le travail minimum vise à garantir un niveau de vie décent aux travailleurs afin qu’ils puissent faire face aux aléas de la vie. Quant à la sécurité sociale, elle offre une protection contre les risques sociaux tel que le chômage, la vieillesse, les maladies, les accidents de travail etc. Néanmoins, tous les deux contribuent à la sécurité économique des travailleurs.

Champ de référence théorique

Notre étude prend comme cadre théorique l’identité professionnelle de C. Dubar. Cette théorie s’inscrit dans le courant théorique de l’interactionnisme symbolique établit par H. Blumer. Les fondamentaux de ce courant, selon H. Blumer, se reposent sur trois grands points :

  1. Les êtres humains agissent envers les choses sur la base du sens qu’elles ont pour eux
  2. La signification de ces choses dérive et émerge de l’interaction avec autrui
  3. Le sens traité modifie par un processus d’interprétations auquel a recours la personne qui à faire à elle (L. Lacaze, 2000).

En ce qui concerne la théorie de l’identité professionnelle, C. Dubar fait savoir que l’identité professionnelle est le fait de se définir individuellement à partir des caractéristiques de son travail, de ses réalisations professionnelles, de ses compétences professionnelles, de l’appartenance à un groupe professionnel (formation, équipe, entreprise, métier, secteur, filière, statut…) (Id-carrières., s. d.).

Dans l’article intitulé « Le diagnostic de l’identité professionnelle : une dimension essentielle pour la qualité au travail », A. M. Fray et S. Picouleau (2010), expliquent que, selon Dubar, l’identité se construit autour de trois dimensions : le moi, le nous et les autres.

Identité professionnelle

Selon ces auteurs, l’identité est à la fois identité pour soi et identité pour autrui.

  • Identité pour soi car elle renvoie dans un premier temps à l’image que l’on se construit de soi-même.
  • Identité pour autrui car l’identité est aussi l’image que nous souhaitons renvoyer aux autres.
  • Enfin, l’identité se construit à travers l’image que les autres nous renvoient.

L’identité est donc issue d’un processus de construction. Elle est le fruit de l’interaction de ces trois paramètres. La théorie de l’identité professionnelle nous permettra de mettre en lumière les conditions de travail des travailleurs saisonniers, de comprendre leur rapport au travail donc le sens qu’ils accordent au travail, leurs aspirations professionnelles et la satisfaction qu’ils éprouvent pour le travail précaire dans lequel ils se sont engagés et les relations professionnelles dans les équipes de travaille mais aussi avec leurs responsables hiérarchiques.

Objectif général de l’étude

L’objectif général de la présente étude est de déterminer les facteurs qui maintiennent les travailleurs saisonniers de la COIC dans l’emploi précaire en dépit des conditions de travail précaire.

Objectifs spécifiques

  • Déterminer le sens du travail que les travailleurs saisonniers s’accordent au sein de la COIC.
  • Expliquer les rapports professionnels de travail dans lesquels ils interagissent.
  • Déterminer les enjeux identitaires qui favorisent leur maintien en dépit des conditions de travail précaire.

L’hypothèse de l’étude

Les facteurs qui maintiennent les travailleurs saisonniers de la COIC dans l’emploi précaire résultent du sens qu’ils accordent au travail.

Les hypothèses spécifiques

  • Le travail à la COIC est un canal permettant aux travailleurs saisonniers de répondre à certains besoins auxquels ils sont confrontés en dépit des risques liés à leur condition de travail.
  • Les rapports professionnels de travail leur permettent de préserver les liens sociaux au travail.
  • Les enjeux identitaires dans lesquels ils se situent favorisent leur maintien dans les emplois précaires socio-professionnels.

Modèle d’analyse

Dans la présente étude, l’hypothèse montre que les facteurs qui maintiennent les travailleurs saisonniers de la COIC dans l’emploi précaire résultent du sens qu’ils accordent au travail.

Cette hypothèse admet deux variables :

  • La première variable à expliquer est le sens qu’ils accordent au travail.
  • La deuxième variable explicative est le maintien des travailleurs saisonniers de la COIC dans l’emploi précaire.
Tableau 1 : Indicateur du sens accordé au travail par les travailleurs saisonniers.
ConceptsDimensionsIndicateurs
LE SENS QU’ILS ACCORDENT AU TRAVAILRelationnelle
  • Le respect
  • La cohesion
  • L’estime de soi
Professionnelle
  • La santé
  • La retraite
  • L’évolution de carrière
Idéologique
  • L’atteinte des objectifs
  • Reconnaissance au travail
  • Soutien familiale
Tableau 2 : Indicateur du maintien des travailleurs saisonniers de la COIC dans l’emploi précaire.
ConceptsDimensionsIndicateurs
LE MAINTIEN DES TRAVAILLEURS SAISONNIERS DE LA COIC DANS L’EMPLOI PRECAIRERelationnelle
  • La courtoisie
  • La solidarité
  • L’affection
Professionnelle
  • Contrat de travail
  • Experience professionnelle
  • Heures de travail
Idéologique
  • Restriction du marché de l’emploi
  • Difficultés sociales et familiales
  • Manque d’emploi

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