Les relations professionnelles saisonniers au sein de la CO.I.C révèlent une dynamique complexe entre travailleurs et responsables hiérarchiques, marquée par une identité relationnelle forte. Cette étude met en lumière les motivations des saisonniers à persister dans des conditions d’emploi précaires.
CHAPITRE 2 :
LES RAPPORTS PROFESSIONNELS DE TRAVAIL DES SAISONNIERS AU SEIN DE LA COIC
Identité relationnelle entre les saisonniers et leurs responsables hiérarchiques
L’enquête que nous avons menée dans les différentes unités d’égrenage de coton de la COIC relève que les travailleurs saisonniers et leurs responsables hiérarchiques se côtoient quel que soit leur statut et rôle dans cette entreprise.
« Moi je pense que les relations vont bien, c’est tellement fraternelle, tellement bon que…c’est des responsables avec qui on cause et tu ne peux même pas savoir qui est responsable ou pas » (un membre de l’équipe incendie à Korhogo 2).
La Compagnie Ivoirienne de coton a mis en place un service d’assistance social afin de se rapprocher de ses travailleurs saisonniers pour comprendre leurs besoins et d’intervenir quand il le faut.
« J’ai d’abord employé la technique de réduction. C’est-à-dire que chaque année quand on recrute, quand on fait l’appel pour les saisonniers, je fais l’effort d’être là au recrutement pour pouvoir parler du service social, de l’importance et du rôle de l’assistant social. Vous voyez, j’explique ce que je fais. Donc au cours du travail, au cours de la saison, s’ils ont des soucis, ils peuvent m’approcher et ensemble, on va chercher à trouver les solutions » (assistant social, Korhogo 4).
Dans leurs interactions, les travailleurs saisonniers entretiennent de bonne relation avec leurs responsables hiérarchiques. Cette relation montre que la COIC reconnaît la vulnérabilité de cette catégorie de travailleurs et tente d’y apporter des réponses, contribuant ainsi à un sentiment d’appartenance et de reconnaissance, même pour un emploi temporaire.
Nous allons aborder la deuxième thématique de ce chapitre relative aux relations humaines dans les équipes de travail des saisonniers de la COIC
Les relations humaines dans les équipes de travail des saisonniers de la COIC
Chaque unité d’égrenage compte quatre équipes de travail de saisonnier mais, les membres diffèrent d’une unité à une autre. Chaque équipe est sous la supervision d’un chef de quart qui est un permanent mais aussi d’un délégué élu par les saisonniers.
Ainsi, lorsque ces saisonniers rencontrent des difficultés dans l’exercice de leur fonction, c’est le délégué qui rend compte à leur premier responsable hiérarchique qui est leur chef de quart. Le choix du délégué d’équipe se fait par une élection et tous les membres ont le droit de choisir qui ils veulent.
« On ne choisit pas le délégué dans les normes, c’est une élection d’un groupe, soit un groupe de saisonnier ou un groupe de permanent. Comme nous sommes des saisonniers, alors c’est un groupe de saisonnier. Nous travaillons par équipe ou par quart » (égreneur à Korhogo 2)
Chaque équipe de travail est indépendante et fonctionne selon les règles qu’ils ont établies pour son bon fonctionnement.
« Tu sais, quand nous allons commencer le travail, le chef de l’équipe va nous appeler pour qu’on puisse s’engager dans le travail, ce qu’on doit faire pour que le travail puisse avancer. Parce qu’ils y-a certains qui font ce qu’ils veulent. Donc il nous conseil sur ce que nous devons faire » (Saisonnier à Korhogo 4)
Le travail en équipe fait naitre entre les saisonniers des sentiments d’affection, d’amitié à tel enseigne qu’ils se voient comme des membres d’une même famille peu importe leurs origines.
« Ici, c’est comme une famille même si nous ne venons pas de la même religion » (réponse donnée lors d’un focus groupe de femmes qui font des entretiens au sein de la structure à Korhogo 2).
De plus, selon nos enquêtés, chacun est libre de s’exprimer sur les difficultés qu’il traverse afin de trouver des solutions auprès des autres membres.
« Nous tout se passe ici. Dès qu’on sort d’ici là, tout ce qui se passe dehors là, nous on voit rien. Entre nous ici on connait tous nos problèmes » (réponse donnée lors d’un focus groupe de femme qui font des entretiens au sein de la structure Korhogo 4).
Au-delà des relations de travail au sein de la COIC, certains travailleurs saisonniers renforcent leur lien en se rendant visite afin d’échanger sur plusieurs sujets les concernant.
« On se voit comme des frères. Souvent même après le travail on peut se retrouver quelque part et puis échanger, causer…de fois tu vas chez l’autre. Ce n’est pas travail, travail, travail seulement qui nous lie hein » (aide mécanicien à Korhogo2)
En cas d’événement malheureux ou de réjouissance (décès, maladie, mariage, accouchement), les travailleurs saisonniers de la COIC s’entraident entre eux afin de venir en aide à celui qui est dans le besoin.
« En cas d’accouchement ou de décès entre saisonnier, on fait une cotisation, ça c’est normal. C’est dans la solidarité » (égreneur à Korhogo 3)
Lorsqu’ils ont une urgence ou qu’ils doivent s’absenter, les saisonniers ont la possibilité de se faire remplacer par un autre travailleur saisonnier de l’entreprise toutefois en signalant son absence au chef de quart.
« Chef, excuse-moi, je me suis fait remplacer ou il y-a telle personne qui va venir me remplacer » (Surveillant déchet à Korhogo 1)
Le travail en équipe uni les travailleurs saisonniers dans cet emploi précaire. Vu que le travail qu’exerce les saisonniers de la COIC est temporaire, nous allons abordes le recrutement lors de l’ouverture de la nouvelle campagne de coton qui est le troisième point de ce chapitre que nous allons déceler.
Le recrutement lors de l’ouverture d’une nouvelle campagne de coton
L’ouverture des usines est marquée par la campagne de coton qui débute de manière générale entre le mois de décembre et janvier pour fin en mars ou avril. De ce fait, nous avons voulu comprendre leur mode de recrutement après la fin du contrat de travail des saisonniers de ladite structure.
Tous nos enquêtés ont répondu unanimement que la COIC n’abandonne pas leurs travailleurs saisonniers avec qui ils ont signé un contrat de travail. Car, le premier choix de sélection porte sur ces travailleurs saisonniers.
« On fait un test. Mais, la priorité est mise sur les anciens saisonniers avec qui nous avions signé un contrat de travail » (ARH).
Dans ce chapitre, nous avons connu que l’identité relationnelle entre les saisonniers et leurs responsables hiérarchiques, les relations humaines dans les équipes de travail et le recrutement qui met l’accent sur les travailleurs saisonniers ayant déjà auparavant signé un contrat de travail avec ladite structure lors de l’ouverture d’une nouvelle campagne de coton, montre que les relations professionnelles de travail sont favorables et participent à la préservations des liens sociaux au travail.
Nous allons présenter le dernier chapitre de cette partie consacré aux résultats de notre recherche au sein de la COIC. Ce chapitre traite les enjeux identitaires des travailleurs saisonniers dans l’exercice de leurs tâches.