La précarité de l’emploi en Côte d’Ivoire est analysée à travers le prisme des travailleurs saisonniers de la CO.I.C à Korhogo. Cette étude qualitative, fondée sur la théorie de l’identité professionnelle de Claude Dubar, explore les raisons qui poussent ces travailleurs à persister dans des conditions difficiles.
La revue critique de la littérature
La revue critique de notre littérature porte sur notre sujet. Elle met en lumière à travers différents auteurs les éléments significatifs de l’emploi précaire et le rapport au travail des salariés précaires et est aussi en lien avec notre théorie étudié. Cette revue nous permettra de comprendre la situation socioprofessionnelle des travailleurs saisonniers de la COIC.
De ce fait, les différents thématiques que nous allons aborder porteront sur : les aspects et effets de la précarité de l’emploi, les relations professionnelles de travail, la rencontre entre les attentes et la réalité de travail, sens et reconnaissance au travail et la satisfaction au travail.
Les aspects et effets de la précarité
La précarité de l’emploi des salariés présente plusieurs aspects ou caractéristiques selon des études menées par différents chercheurs. Elle renvoie donc à quelque chose qui relève des perceptions, du jugement. Une même situation peut être qualifiée de précaire par une personne, et ne pas être reconnue comme telle par une autre. La personne qui vit la situation en question aura également son propre jugement, et pourra se considérer comme étant précaire ou non (B. Lamotte et al,. 2008)
Le salarié de la précarité exerce, selon le sociologue S. Paugam, « un travail qui lui semble sans intérêt, mal rétribué et peu reconnu dans l’entreprise ».
B. Fourcade (1992), présente trois aspects qui doivent être pris en compte dans l’analyse du phénomène de la précarité d’un salarié.
-La discontinuité : la précarité implique une discontinuité observable par une approche des trajectoires professionnelles des individus en situation précaire. L’enchaînement de situations dans le temps est déterminant.
-Le revenu : les situations particulières correspondent le plus souvent à de faibles revenus.
-La protection sociale : la pérennité des droits sociaux n’est pas toujours assurée.
En ce qui concerne l’absence de protection social, M. D’Amour (2009) fait savoir que les travailleurs indépendants sont de manière générale exclus de l’aire de d’application des lois du travail (normes du travail, santé et sécurité) ainsi que la possibilité de négocier collectivement leur condition de travail.
J. Wresinski (1987) va non seulement énumérer les aspects de la précarité mais aussi, il va évoquer les effets que cela peut produire sur la vie du salarié précaire. Pour lui, la précarité est l’absence d’une ou plusieurs sécurités, notamment celle de l’emploi permettant aux personnes et aux familles d’assumer leurs obligations professionnelles, familiales et sociales et de jouir de leurs droits fondamentaux. L’insécurité qui en résulte peut être plus ou moins étendue et avoir des conséquences plus ou moins graves et définitives. Elle conduit à la grande pauvreté, quand elle affecte plusieurs domaines de l’existence, qu’elle devient persistante, qu’elle compromet ses chance de réassumer ses responsabilités et de reconquérir ses droits par soi-même, dans un avenir prévisible.
En dehors de ces différents aspects de la précarité de l’emploi que nous venons d’énumérer, à travers d’autres auteurs, nous allons présenter les effets qu’elle peut endurer sur la vie social et professionnelle des salariés.
Pour Malenfant (2002), l’un des impacts que peut avoir la précarité de l’emploi sur le salarié précaire est la baisse de l’estime de soi. Pour lui, passer à répétition d’une période avec un statut, une place comme travailleur, à une autre où on se voit retirer cette place dans le monde devient aussi particulièrement difficile.
Des démarches de recherche d’emploi qui se soldent trop souvent par des échecs suscitent des interrogations sur la qualité de ses acquis professionnels et sur l’image, la manière d’être, voire l’allure, ou encore sur les préjudices pouvant découler de fréquents changements d’emploi. De plus, cet auteur montre que les changements constants de milieu de travail peuvent, en effet, agir sur le développement de ces compétences professionnelles, que ce soit celles que nécessite le maniement d’outils et d’appareils, lesquels sont rarement semblables d’un endroit à l’autre,
ou bien celles des us et coutumes de l’organisation, autant de connaissances qui sont essentielles pour développer rapidement une efficacité et bien fonctionner dans l’environnement de travail.
Selon (A. Darcy et al,. 2013) l’insécurité des contrats précaires peuvent entrainer des conditions de stress psychosocial au travail et l’augmentation de la consommation de substances.
Au-delà des conséquences physiques, les dommages sont nombreux sur la santé psychique et notamment sur le stress des individus car la précarité de l’emploi est un facteur qui influence le degré de stress au travail, et pas uniquement en période de crise économique.
En ce qui concerne la consommation de substances, le vécu de la précarité de l’emploi peut inciter les individus à adopter des comportements de consommation de substance à risque telles que l’alcool ou le tabac. Cette association précarité de l’emploi est fortement associée à la consommation abusive d’alcool et également à une augmentation de la consommation de tabac.
Cependant, une étude réalisée par l’Observatoire Régional de la Santé Rhône-Alpes (2008), montre que les conditions de vie, de travail et de santé des saisonniers ne semblent pas poser de problèmes particuliers aux employeurs dans la gestion du travail au sein de leur entreprise. Cependant, cette étude révèle que plusieurs employeurs reconnaissent tous que les conditions de vie et de santé des saisonniers ont une influence sur la qualité du travail fourni.
Mais, il semble que cette affirmation ne soit qu’assez rarement accompagnée d’une attention réelle aux conditions de vie, de travail et de santé de leurs saisonniers. Au-delà de la non considération des conséquences que la précarité du travail à sur les travailleurs saisonniers, il faut noter aussi
que ces travailleurs précaires n’arrivent pas à répondre à leurs besoins et ceux de leur famille, et même de valoriser leur statut professionnel ceux avec qui ils interagissent.
Paugam (2000) explique que les salariés précaires risquent de perdre le sentiment de ne pas entretenir de relations harmonieuses avec leurs enfants à cause de la précarité de leur emploi telles que les fortes difficultés professionnelles liées à la fois à une insatisfaction dans le travail et l’instabilité de leur emploi. De fait, ces auteurs montrent que cet effet du mode d’intégration professionnelle sur les relations parentales est significatif uniquement pour les femmes.
Les effets de la précarité de l’emploi sont multiples. En étudiants ses caractéristiques présentés par ces différents auteurs de notre étude, nous comprenons les conséquences qu’elle a sur la vie socio-professionnelle des salariés précaires.