La méthodologie de recherche sur les mineurs adoptée dans cette étude permet d’analyser les facteurs explicatifs des violences vécues par les pensionnaires de la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou et du centre de Laye. Elle met en avant les faiblesses organisationnelles et les relations interpersonnelles conflictuelles comme causes principales.
2.2- STRATEGIE DE RECHERCHE
Cette étude obéit à une méthodologie. De ce fait, elle exige une démarche appropriée, une méthode qui utilise des outils adaptés pour atteindre les objectifs recherchés. Dans les paragraphes suivants, nous allons aborder la collecte des données, les outils de collecte et le traitement des données.
1. Instruments et techniques de collecte de données
Pour mieux cerner le sujet, nous avons eu recours à plusieurs instruments et techniques pour recueillir les informations nécessaires à l’étude.
1.1 Techniques de collecte de données
La recherche documentaire :
Dans le cadre de la présente étude, la recension des écrits a été d’un apport considérable. Elle a permis de collecter des informations déjà produites par des auteurs qui ont abordé des thèmes en rapport avec notre sujet. Ainsi, elle a concerné des ouvrages généraux, des ouvrages spécifiques, des rapports et des mémoires.
A cet effet, nous avons consulté des documents dans les bibliothèques et des centres de documentation (Bibliothèque de l’INFTS, Université de Ouagadougou, Bibliothèque de l’ENAM, Sites Internet). Cette phase qui a constitué une étape importante s’est déroulée tout au long de l’enquête.
Elle nous a permis d’approfondir la réflexion sur le phénomène en vue de circonscrire le sujet, asseoir la problématique et adopter une méthodologie qui combine l’approche quantitative et qualitative.
L’entretien
Il a été utilisé pour recueillir des données auprès des chefs de service des structures et des personnes ressources. Il a consisté à des échanges individuels avec ces différents acteurs, au cours desquels nous avons pris des notes et enregistré des informations.
Le récit de vie
Il consiste pour les mineurs à faire une description minutieuse de leur vécu. Il a pour avantage de nous conduire dans les péripéties de la vie des mineurs judiciarisés. En effet, nous avons eu à vivre les émotions fortes, les sentiments les plus émouvants ; une histoire détaillée d’un vécu qui fait le portrait des violences que subissent les mineurs en établissement judiciarisé.
Les récits de vie retracés par ces mineurs nous ont permis également de comprendre les rapports sociaux conflictuels et les conditions sociales de vie précaires qui prévalent au sein du milieu judiciarisé.
1.2 Instruments de collecte de données
Questionnaire
Dans le cadre de l’étude, le questionnaire a été utilisé pour collecter des informations auprès des mineurs et des agents pénitentiaires des deux (02) établissements judiciarisés.
Guide d’entretien
Cet outil a été nécessaire pour recueillir les données surtout qualitatives auprès des personnes ressources et des responsables des établissements judiciarisés.
La grille d’observation
Cet instrument va servir à collecter des informations qui ne seront pas facilitées par les autres outils.
2. Collecte et analyse des données
2.1 Collecte des données
Elle s’est déroulée en plusieurs étapes.
Enquête exploratoire
Nous avons procédé par des entretiens exploratoires pendant cette phase de l’étude. Ils ont consisté à un échange avec les agents des établissements concernés et les responsables pour recueillir leurs points de vue au sujet de notre thématique.
En effet, leurs avis nous ont permis d’élargir notre champ de compréhension du sujet, de cibler le genre d’ouvrage et de mieux orienter les items des guides d’entretiens et des questionnaires. Cette phase s’est déroulée du 23 février au 10 mars 2018.
Pré-test
Le pré-test nous a permis de tester l’efficacité de nos outils de collecte de données. Cette étape s’est effectuée auprès d’un public composé d’agents intervenant auprès des mineurs judiciarisés et des responsables de structures de prise en charge de ces mineurs.
Il s’est déroulé du 26 au 28 février 2018 et nous a aidés à réorganiser le questionnaire et de reformuler certaines questions.
Enquête proprement dite
L’enquête proprement dite a consisté à collecter les données à travers les questionnaires, les guides d’entretien, les récits de vie et la grille d’observation. Les questionnaires et les entretiens ont été menés de façon indirecte auprès des mineurs et des responsables des établissements judiciarisés et de façon directe auprès des agents.
2.2 Exploitation des données
L’exploitation des données quantitatives recueillies a été faite à l’ordinateur grâce au logiciel d’enquête et d’analyse des données « sphinx », aux logiciels Microsoft Word 2013 et Microsoft Excel 2013.Quant aux données qualitatives, elles ont été traitées de façon manuelle.
DIFFICULTES ET LIMITES DE L’ETUDE
Cette étude n’a pas la prétention d’être exhaustive et cela se justifie par les difficultés rencontrées ainsi que les limites qu’elle comporte.
1. Difficultés de la recherche
Quelques difficultés émaillent le processus de la recherche dont les principales sont :
-l’indisponibilité de certains enquêté ;
-la peur qui assaille les victimes ;
-le sentiment de honte et très souvent de culpabilité n’ont pas facilité les enquêtes de terrain malgré la confidentialité dont nous avons fait preuve dans notre approche.
A cela, il est à ajouter que les données statistiques et les différentes archives ne relèvent pas spécifiquement de la thématique.
Notons également que nous n’avons pu avoir que 75% de l’effectif des mineurs sollicités pour l’enquête. En effet ce déficit est constaté à Laye ou les agents nous ont signifié qu’ils ont reçu des instructions de nous autoriser à enquêter sur dix(10) mineurs au lieu de quinze(15) initialement sollicités ; cela a constitué un obstacle au déroulement de l’étude.
2. Les limites de la recherche
La présente étude comporte bien des limites.
D’abord, cette recherche porte spécifiquement sur les mineurs judiciarisés séjournant à la MACO et au centre de laye. De ce fait, les données recueillies dans ces établissements judiciarisés ne sauraient être généralisables à celles d’autres établissements judiciarisés dont les réalités pourraient être tout autres.
En outre, l’étude s’est limitée aux facteurs liés aux faiblesses du mode organisationnel et aux relations interpersonnelles conflictuelles pour expliquer les violences vécues par les mineurs à la MACO et au centre de Laye. Du reste, les facteurs liés aux troubles de comportement et de la conduite des mineurs, aux ruptures de leurs liens familiaux, restent des aspects que nous n’avons pas abordés.
Dans cette perspective, d’autres études seraient souhaitables pour épuiser cette problématique en prenant en compte les aspects non explorés par la présente étude.
Enfin, les informations recueillies relèvent du déclaratif. Ainsi, l’authenticité de ces données reste tributaire de la bonne foi des enquêtés, de sorte que la qualité et la validité de l’analyse et de l’interprétation peuvent en être biaisées.