Le lien intergénérationnel et Grand Âge est essentiel pour contrer l’isolement des seniors, favorisant leur intégration sociale. Cet article analyse le rôle des associations dans la création de ces liens, leur complémentarité avec les services publics, et leur impact sur la perception du vieillissement.
Montrer une meilleure représentation du Grand Âge
Création et recréation du lien intergénérationnel
Aujourd’hui avoir plus de 60 ans peut être une peine. L’arrivée à la retraite favorise la solitude, la baisse des relations sociales. Certains continuent à travailler non pas pour des contraintes financières mais pour rester actif socialement. On estime qu’il y a 4 millions sur les 16 millions de retraités qui travaillent (Serge Guérin, 2019).
Curieusement, la solitude a le même impact négatif sur la santé que fumer 15 cigarettes par jour. Selon l’Ifop 1 français sur 5 dit souffrir de solitude, malheureusement ce chiffre est en constante augmentation. La solitude touche 26% des personnes de plus de 65 ans. Ce constat génère des attentes, 80% des français considèrent que la solitude devrait être traitée comme un enjeu de santé publique en raison de ses multiples conséquences sur la santé et le moral. Toujours selon l’Ifop, 9 français sur 10 considèrent le lien intergénérationnel important et constructif d’une construction personnelle.
La perception de l’âge est l’héritage d’un cadre juridique entourant la Sécurité Sociale et le système de retraite. En dépassant l’âge des soixante ans, les individus concernés sont considérés aux yeux de la loi comme âgés. Ce cadre n’est plus adapté avec la réalité perçue aujourd’hui en raison de la longévité plus longue.
Selon Serge Guérin, sociologue spécialiste des questions sur le Grand Âge, le lien intergénérationnel est l’antidote contre la solitude des plus de 65 ans mais aussi des jeunes 18% d’entre eux souffrent de solitude. Rapprocher les générations a aussi d’autres effets au-delà de celui sur la solitude. Il permet la rencontre des générations, leur échange, une meilleure cohésion sociale, une meilleure image de cet âge et moins d’appréhension.
Le lien intergénérationnel passe par la manière de créer et de recréer du lien social adapté aux individus et leurs capacités. Cette création passe par la création d’associations, de lieux collectifs dédiés aux loisirs, l’habitat, mais d’outils technologiques facilitant la rencontre.
Pour Serge Guérin, l’inter-génération se pratique le plus dans les associations, et insiste sur leur importance. Le sociologue donne l’exemple de l’association EGEE (Entente des Générations pour l’Emploi et l’Entreprise), qui regroupe d’anciens cadres dirigeants partageant leur expérience avec divers acteurs tels que les entrepreneurs, les petites et moyennes entreprises, les établissements d’enseignement, et les chercheurs d’emploi tout au long de leur parcours professionnel. Ainsi, des individus âgés de 65 à 70 ans apportent leur aide à des personnes de 45 ans. Grâce à leurs succès, cette association a également collaboré avec une école d’ingénieurs et a contribué aux programmes de formation de Pôle Emploi.
Selon Serge Guérin, une autre initiative qui a prouvé son importance est la résidence Simone de Beauvoir. La résidence regroupe une diversité de logements pour les personnes âgées, les personnes moins âgées et les étudiants et est équipée d’un lieu commun.
La création du lien intergénérationnel est cruciale dans le maintien de la société permettant d’inclure tous les âges. Il convient de noter que le monde associatif joue un rôle important pour faciliter et favoriser le lien entre les générations. Cependant, il est temps que cet enjeux soit aussi considéré plus grandement par le secteur privé et les pouvoirs publics en reflétant une image plus positive et inclusive.
Revoir notre perception de l’Âge, un enjeu sociétal et collectif
Caroline Ida Ours, à travers son engagement sur les réseaux sociaux, illustre de manière remarquable la capacité de ces plateformes à influencer la perception de l’âge. Sa présence quotidienne et son discours axé sur la diversité et l’inclusivité soulignent la nécessité de revoir notre regard sur les individus de plus de 60 ans. Elle met en avant leur légitimité, leur beauté, leur compétence et leur pertinence dans notre société contemporaine.
Son message a réussi à fédérer une communauté de 110 000 adeptes, composée majoritairement de femmes (76%) et d’hommes (24%). Elle utilise habilement les réseaux sociaux comme tribune pour déconstruire les stéréotypes tenaces qui entourent les personnes de plus de 60 ans, sans même nécessairement mentionner l’âge en tant que tel. Sa stratégie consiste à rendre plus visible ce segment de la population au sein de l’espace public et numérique.
L’approche de Caroline Ida Ours consiste à partager des moments de sa vie quotidienne, en utilisant les codes typiques des réseaux sociaux, pour influencer positivement la perception de l’âge. Elle est convaincue que cette transformation dépasse le cadre personnel et revêt un intérêt public indéniable. Son action montre que les réseaux sociaux peuvent être un outil puissant pour promouvoir l’inclusivité et une meilleure image des plus de 60 ans en contribuant ainsi à l’évolution des normes sociétales. Cet objectif passe par la répétition d’un message simple pour faire changer notre regard sur stereotype désuet
Elle constate que les préjugés sur l’âge ont un impact dans le monde professionnel dès l’âge de 45 ans, “on est considéré comme trop vieux et trop cher”. Son discours a permis de bâtir une communauté solidaire et d’attirer l’attention de marques, d’associations, et d’autres créateurs de contenu tels que la télévision, les podcasts, et les comptes Instagram.
Caroline Ida Ours choisit soigneusement des partenariats pertinents pour diffuser son message auprès de diverses communautés d’influenceurs afin de sensibiliser davantage. Elle a conscience que son message représente un enjeu commercial en collaborant avec des marques de maquillage, de mode, et de lingerie, secteurs souvent axés sur la jeunesse. C’est la raison pour laquelle elle privilégie des partenariats réguliers, collaborant avec des marques sur des thématiques spécifiques dans le but de transmettre un message éducatif aux consommateurs, sans mettre l’accent sur son âge.
Cette approche vise à éviter tout opportunisme qui pourrait diluer ou dévaloriser le message
Sa politique de partenariat lui a permis de construire un défilé de mode intergénérationnel avec Les Petits Frères des Pauvres à l’occasion de la Journée internationale des personnes âgées en 2022. Cette politique lui a aussi permis de construire une collaboration avec la maison Darjeeling qui a fait sensation tant dans la presse, que sur les réseaux car c’était la première campagne avec un mannequin silver sans retouche.
“Par cette collaboration j’ai montré la sincérité de ma démarche, en montrant que notre garde de robe ne se limitait pas à du Damart”. Elle note que les entreprises se doivent d’exposer cette réalité, “aujourd’hui, bien qu’on porte les mêmes vêtements que les jeunes, on ne voit pas des mannequins silver dans les enseignes grand public.
Or on représente une part importante en nombre de consommateurs et de pouvoir d’achat. C’est par la représentation qu’on trouvera totalement normal de voir un jeune à côté d’un moins jeune”
Caroline Ida Ours accueille les nouvelles campagnes plus inclusives dans secteur promouvant typiquement par la fraîcheur de l’âge tels que le maquillage, la mode et ou la lingerie. Elle souligne néanmoins qu’il ne s’agit pas simplement de montrer pour montrer, mais plutôt de partager dans le but d’intégrer cette réalité et ainsi sensibiliser davantage de personnes à cette question cruciale.
En somme, la représentation joue un jeu crucial dans notre perception de l’âge ou du Grand Âge. Cette représentation passe par les marques, les médias, mais aussi les pouvoirs publics. Un nouveau discours est nécessaire pour faire comprendre ce qu’est le Grand Âge, cela passe par la mise avant d’une politique de prévention.