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Analyse de la lexicologie dans les entretiens en pédiatrie clinique

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🏫 Université catholique de Louvain - Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication (ESPO) - Ecole de communication (COMU)
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2016-2017
🎓 Auteur·trice·s
Sandro Faiella
Sandro Faiella

La lexicologie en pédiatrie clinique est essentielle pour comprendre la légitimité du clown dans les services de soins. Cet article analyse les mécanismes de son intégration, s’appuyant sur des retours d’expériences et des observations pour éclairer son rôle dans ce contexte médical.


Table des matières

Traitement

En guise de premier traitement des entretiens avec les trois clowns, il nous paraissait utile d’entamer leur retranscription quasiment26 intégrale. D’une part, afin de se réimprégner par sa lecture audio de cette masse d’informations relativement brute et à la réception étalée sur un peu plus d’une année ; de l’autre, pour la facilité offerte par sa forme scripturale d’en distinguer la substance27.

Après cette retranscription kilométrique, nous avons dû arrêter une méthode à l’abri d’un double écueil : d’une part, la tendance à interpréter les données retranscrites de façon à ce que les informations récurrentes et pertinentes qu’elles recélaient correspondent ou s’opposent aux théories survolées ; de l’autre, le contraire, soit la faiblesse des liens entre terrain et théories.

Conscients de ce risque, nous nous sommes intéressés à la lexicologie, en tant que fil de recherche à travers les propos recueillis des similitudes et antagonismes de sens. En vain : après une première lecture des retranscriptions, il est apparu qu’en raison, d’une part, du degré d’ouverture des questions qui ont balisé les entretiens et, de l’autre, de la diversité des formes d’utilisation personnelle du langage dans le chef des personnes interrogées (du franc parler au langage pondéré), nous avons été confrontés à un autre double écueil polarisé : l’amalgamation/la dissociation des termes et expressions semblables/dissemblables dans leur signifiant mais divergents/convergents dans leur signifié.

Afin de pallier cette difficulté, il aurait été nécessaire de mieux connaître chacun des interviewés, ce qui ne nous était matériellement pas possible. La lexicologie a ainsi été abandonnée, du moins, en tant que méthode unique. Considérant la nature même du présent mémoire, une « étude exploratoire », à savoir une prémisse à de tierces investigations (Trudel et al, 2007), nous avons opté pour une analyse thématique par différents filtrages.

Pratiquement, au fil de la seconde lecture de la retranscription des entretiens, nous avons élaboré une première grille dans laquelle entrent tous les extraits décrivant clairement la perception des trois clowns interrogés de leur intervention respective et, le cas échéant, de leur conception du métier ou de l’activité qu’ils exercent. La raison d’être de ce ce premier écumage que nous avons baptisé « Grille #1 » n’est pas de sélectionner d’emblée les seules données brutes reliant systématiquement chacun de ces clowns à travers telle ou telle thématique car la part d’arbitraire qui serait alors convoquée constituerait un risque de perte d’informations potentiellement utiles. L’objectif est plutôt de réduire le volume de ces données brutes afin de rendre les informations qu’elles recèlent exploitables dans la suite de la partie analytique.

Clown #1Clown #2Clown #3
Rôle– (…) aide les médecins à ce que les enfants prennent leur traitement et les infirmières (…)– on apporte quelque-chose au niveau du moral des enfants et le moral joue très fort au niveau de la guérison– Notre rôle, c’est… de changer, voilà… d’apporter ce qu’on peut… (…) l’empathie (…)
Conditions externes pour pratiquer– association encadrante – (…) j’ai, aussi, suivi des formations (…)
  • association encadrante
  • candidature
  • épreuves
  • formation
  • se rôder
Réception de la prestation<La qualité des prestations.> Oui, ça se mesure (…) on cherche toutes ces légitimations. (…)la maman qui dit : ‘(…), c’est gentil ! (…) Ca fait du bien de voir mon p’tit (…) qui sourit– <entre clowns> il y a vraiment un temps de parole qui est organisé (…)
Etc.Etc.Etc.Etc.

Fig. 1 : reconstitution fragmentaire et partiellement artificielle, a seule vocation illustrative, de la grille #1 originale28, qui s’étend sur trente pages.

26 Préférant éviter toute approche psychologisante digressive et hasardeuse, les interjections, hésitations et autres « blancs » dans la conversation ont été repris sous cette combinaison typographique : « (…) ».

27 Faute de disposer de compétences en psychologie, entre autres disciplines, nous n’avons pas pris en considération les métadonnées liées au timbre de la voix des déclarants, à leur phrasé ou encore à leur rythme locutif.

28 Cf. « 8.3. Grille #1 ». De plus, les contenus des certaines cases ont été volontairement été mélangés afin d’éviter d’arrêter toute interprétation réductrice.

Afin que notre filtrage isole les interactions entre intervenants, nous nous sommes intéressés aux méthodes explicitées par Pierre Paillé et Alex Mucchielli (2008), en particulier celle s’appuyant sur des « catégories conceptualisantes » et celle dite « thématique ». Nous avons donc tenté d’en comprendre la philosophie et de les adapter à notre corpus d’entretiens avec les clowns ramené à la grille #1 et ce, en se focalisant spécifiquement sur l’image du clown sous l’angle de son action.

Notre démarche a abouti à une seconde grille (« Grille #2 »). Celle-ci se focalise sur les interactions entre les principaux protagonistes de pédiatrie évoqués à travers les interviews des trois clowns et contient en guise d’informations des verbes (d’état ou d’action) censés synthétiser les données contenues dans la grille #1.

EnfantParentSoignantHôpitalClownAssociation
Enfantsollicites’identifie accepte collabore joue sourit ritreconnaît
Parentautoriseapprécie remercie rejette comprennentreconnaît
Soignes’appuiereconnaît
informe (visite du clown)sollicite
Soignantcollabore
écart
apprécie
Hôpital
permetécouteécouteécoutes’engage
offrese faitappuie(s’)appuie
accompagneaccepterse fait accepterse fait accepter
transformeperformerelaieaccepter
distraitdécryptesollicite(se) forme
performe(culture)s’informerelaie
se fait accepterpartage (codes)(se) protège
Clowns’adaptereconnaît
écoute
décode
touche
communique
métacommunique
interagit
séduit
Associationintroduits’engage sollicite communiqueforme reconnaît communique

Fig. 2 : « Grille #2 ». Présentation synthétique des interactions entre protagonistes29 où ceux de la première colonne (les émétteurs) qui réalisent l’action envers ceux de la première ligne (les récepteurs).

29 Hors grille : les instances publiques qui font autorité, en l’occurrence la Commission communautaire française de la Région de Bruxelles – département santé, qui apporte son « soutien » et sa « reconnaissance » à l’association de Catherine Vanandruel. Ainsi que le « public » et, même si « pas suffisamment », le « politique ».

Les données étant extraites d’entretiens avec trois clowns autour de leurs pratiques, il était inéluctable de voir appraître la plus grande concentration de verbes à la croisée de la ligne « Clown » avec les autres colonnes. Si, en raison de la non-exhaustivité et de la subjectivité caractérisant notre démarche, nous ne sommes pas autorisés à réaliser quelque déduction complexe, le nombre et surtout la diversité de ces verbes, même dans l’absolu, renforcent l’image d’un outil polyvalent, tel un couteau suisse, que constitue le clown et, le cas échéant, renvoient à la compétence visiblement multiple dont il fait montre, à commencer par celle qui consiste à définir les contours de sa contribution artistique.

La grille #3 se rapproche de nos hypothèses de départ en attribuant à un clown « générique » des formulations de synthèse élaborées sur base des contenus de la grille #1, mais classés cette fois selon que ceux-ci se rapportent soit à l’image (plus significative que dans le grille précédente) que renvoie le clown, soit évoquent la reconnaissance (ou l’absence de), soit participent de la construction de la légitimité dont il fait l’objet (ou la contrarient)30.

ImageReconnaissanceLégitimité
Echapper à la notion d’âgeAccompagner le processus thérapeutiqueVoir sa structure encadrante financée par les pouvoirs publics et les donateurs
Etre perçu comme un interlucteur comiqueEtre perçu comme une sorte de copainPercevoir une rémunération
Etre perçu comme un « zozo »Vivre une véritable rencontreEtre présenté au sein de la pédiatrie par la présidente de l’association encadrante dont ont fait désormais partie après un parcours formatif interne
Se définir comme une propositionPercevoir les réactions de l’enfant à leur niveau microVoir l’activté de clown à l’hôpital devenir un vrai métier (même si à temps partiel)
Se définir comme une opportunité, un outil, un rassembleurJauger de ses propres qualités d’acteur(- trice)Voir une convention signée entre l’association encadrante et le chef de service pédiatrique
Eviter d’être dans la thérapieAméliorer le moralAvoir signé un contrat avec l’association encadrante
Se présenter comme un lien entre art et santéJouer les médiateurs ou devenir soi-même objet de médiationVoir son association encadrante en contact direct avec la direction hospitalière pour des questions de financement
Se permettre « tout »Etre en phase avec les émotions des autresDevoir s’adresser à des personnes désignées par la pédiatrie plutôt qu’à n’importe quelle autre
Etre un électron libreEtre ignoré en action par un autre intervenantPartager une vision et y faire adhérer les autres personnes présentes dans la chambre
Se distinguer vestimentairement de tout autre intervenantEtre sans le demander une oreille attentive à d’autres intervenantsNe pas devoir expliquer pourquoi on se trouve dans la chambre
Etre une figure culturelle occidentaleVoir sa prestation respectée par le personnel médicalEtre refoulé par des mères en raison d’une incompréhension culturelle et travailler à la multiculturalité
Finir par faire partie du paysageEtre sollicité par le personnel soignant lors de l’intervention de celui-ci
Ne pas être associé à la souffranceVoir le personnel soignant prendre part à la prestation artistique
Etre doté d’une panoplie d’accessoires insolites et, ou diversVoir l’enfant ou ses parents interagir
Etre maquilléAdopter un langage commun, notamment décalé
Etre inventifS’inspirer et être apprécié par d’autres clowns ou associations encadrantes
Avoir son propre universDéterminer celles et ceux qui méritent de porter le titre de « clown » et selon quels critères
Pratiquer l’autodérision et le rire « avec » plutôt que le rire « de »Contribuer au développement du climat de camaraderie entre pairs
Etre une émotion, être dans le sensorielEtre en relation avec les différentes catégories de personnel soignant ou assimilé
Se distinguer du clown « traditionnel »Emettre et recevoir des retours périodiques sur les interventions
Faire abstraction de son propre genrePercevoir le contentement des familles ou en recevoir les remerciements
Faire fi de ses propres convictionsSavoir l’enfant détendu après la prestation artistique
Entendre le corps médical saluer le bénéfice d’une prestation en particulier
Avoir grandi dans le milieu du clown d’hôpital
Bénéficier d’un temps de parole entre pairs
Travail de fond en termes de communication, comme condition d’acceptation par le milieu clinique
Etre passé par une école artistique
Etre professionnellement formé à une discipline en lien avec l’art clownesque
Réunir des compétences ad-hoc
Maîtriser les techniques artistiques
Etre désintéressé de la rémunération
Avoir un lien émotionnel avec les enfants Savoir que d’autres aimeraient entrer dans l’équipe des clowns

Fig. 3 : « Grille #3 ». Inventaire des éléments en lien avec l’image du clown, sa reconnaissance et sa légitimité au sein du service pédiatrique. La lecture s’opère uniquement par colonne et non par ligne.

S’il a été relativement peu complexe de remplir la colonne consacrée à l’image du clown, ventiler les contenus entre celle consacrée à la reconnaissance et celle dédiée à la légitimité a été plus ardu. Après une première classification au sein de cette troisième grille, il est apparu que certains éléments semblaient répondre aux différentes définitions de ces deux notions à la fois. Nous l’avons donc réorganisée en ajoutant le filtre additionnel suivant : ce qui allait entrer dans le champ de la légitimité devait revêtir une dimension « formelle » voire « officielle ». C’est ainsi, par exemple, que ce relève des compétences censées crédibiliser l’action du clown (parce qu’elles nécessitent une reconnaissance préalable), ont été ôtées de la colonne « légitimité ». Cependant, les trois derniers contenus de cette même colonne peuvent prêter à confusion, mais ils y ont été maintenus dans la mesure où ils convoquent indirectement la notion de légitimité à travers la portée légale symbolique de la situation qu’ils décrivent.

Conclusion

La partie théorique nous a d’abord renseigné sur la modification de la perception de l’environnement liée aux particularités de hôpital, lieu de vie neutre dans l’absolu à l’égard des patients et qui, dans son offre de prise en charge, est attentif à leurs pathologies respectives et, dans le cas de la pédiatrie, en sus, à leur âge.

  • Dans cet espace fondamentalement dédié au soin, la culture, incarnée entre autres formes expressives par le clown, a trouvé sa place au côté du leitmotiv fonctionnel. La figure du clown ainsi accommodée à la pédiatrie, à savoir le clown capable d’empathie, est tangiblement synonyme dans les faits d’optimisme, de liberté et de décalage, qu’il propose d’ailleurs de partager avec l’enfant, bénéficiaire premier des lieux.
  • Moins perceptible, le clown ne se contente pas de faire, d’agir, il « est ». A commencer par un objet de médiation, essentiellement distinctif par son dépouillement des normes sociales et ce, même si toutefois respectueux de celles inhérentes à la santé de l’enfant et, en amont, de l’action des autres protagonistes, spécifiquement le médical et le paramédical. Le clown évolue ainsi à travers une contrainte systémique : sa capacité à divertir, à être à l’écoute ou encore à assurer le relais implique en effet une pondération constante entre son ambition altruiste et les risques possibles y associés. De sorte que d’adjuvant « pédiatrique » il ne devienne, même involontairement, opposant. Ce faux « chien dans un jeu de quilles » apparaît ainsi tel un équilibriste en interaction avec le public qui réagit (ou pas), mais également – restons métaphoriques – avec les techniciens chargés de la tension du filet de sécurité, l’orchestre qui donne la mesure et, le cas échéant, l’autre élément se son binôme éventuel.

Nous avons par ailleurs à la fois distingué et associé « reconnaissance » et « légitimité ». Et envisagé la compétence comme un lien.

  • La « reconnaissance », sous l’angle du réseau relationnel complexe au sein duquel celle-ci circule inexorablement et dont les nœuds (les individus) s’identifient préalablement sur base de leur caractères propres comme similaires, avant de faire montre d’estime professionnelle, sociale et personnelle à des degrés et pour des motifs divers. Une processus, traversé par les notions relativement subjectives de respect et de dignité, et ardu à modéliser car générateur de liens en codéveloppement constant, tantôt individuellement, tantôt collectivement, tantôt mûris, tantôt improvisés selon les variables structurelles du moment.
  • La « légitimité », conséquente à la reconnaissance individuelle et notamment liée à un « agir » autorisé par le groupe au sein donc, d’un système normé. A l’instar de la reconnaissance, la légitimité constitue une pratique mutuelle psychosociale où l’individu est susceptible de passer de l’ignorance à un niveau supérieur de visibilité, par lui-même (l’estime de soi) et par ses pairs, d’où la nécessité de l’envisager, elle aussi, de manière systémique.
  • La « compétence », comme médium entre individus en quête ou en phase d’attribution de reconnaissance voire de légitimité. Plus qu’une cause ou une condition de cette légitimité, la compétence, en tant qu’objet transactionnel, est surtout productrice de sens : lesdits individus se reconnaissent des ressemblances (et des différences), se jaugent et s’évaluent en tout ou en partie à travers elle.

Nous avons ensuite été éclairés par l’expérience du terrain à travers trois regards.

  • Celui d’un chef de service pédiatrique qui constate au niveau hospitalier une certaine dépendance aux initiatives externes en termes d’offre artistique (entre autres), en l’occurrence dans le champ du volontariat et, en l’espèce, quant à l’intervention de clowns auprès des jeunes patients. Ce qui ne l’empêche d’accorder à ceux-ci sa confiance et de reconnaître les vertus de leur apport voire de les considérer, en raison de leur capacité à aider l’enfant à dédramatiser ce qu’il vit, presque l’égal du thérapeute. Ou quand l’offre artistique originelle se fait « para- thérapeutique » dans un cadre où chacun échange ses perceptions mais conserve idéalement son rôle, question de maîtrise a priori inférieure des compétences de l’autre et, y liée, de crédibilité respective dans les actes et la communication qui les accompagne.
  • Celui d’un clown, réputé, en-dehors commeau sein de l’hôpital, qui rappelle la notion de l’inconnu dans l’accueil même qu’il va recevoir de l’enfant, mais aussi dans sa réception, son décodage, son interprétation et sa réaction en retour, face à la prestation de l’intéressé. Et, forcément, la nécessaire capacité d’adaptation à l’espace clinique car c’est lui qui pénètre ce dernier (et non l’inverse), doublée d’une responsabilité morale propre aux risques d’un impact négatif qui courent dès le franchissement du seuil (dans le cas d’une visite en chambre s’entend). D’où l’importance de la relation (le contenu de la rencontre) plutôt que celle du lien (la figure artistique ou emblématique des parties en présence, à commencer par celle du patient). Enfin, le clown fait médiation, au sens vu plus haut, mais aussi par rapport à la transaction qu’il opère entre l’intériorité et l’extériorité de l’hôpital.
  • Celui d’un échantillon de clowns présentant des parcours assez hétérogènes dont ils offrent à la fois le témoignage détaillé et, à la fois de brèves modélisations de processus dans lesquels s’inscrivent leur pratique artistique respective au sein de la pédiatrie. Une pratique de l’art clownesque depuis environ 15, 20 et 2 ans (au moment des entretiens), motivée globalement par un sentiment d’utilité pour vocation et d’un souci de bienveillance comme premier garde- fous, qui n’altère pas, par ailleurs, leur réalisme face à la question de la légitimité induite ou entravée par des actes de reconnaissance ou de non-reconnaissance – ces derniers semblent plutôt rares au sein de notre inventaire. En effet, si l’image circassienne du clown renvoie à la notion de comique et de burlesque, ou encore au rire, sa présence dans l’hôpital, en pédiatrie, nécessite plus qu’une simple adaptation : au-delà de techniques de jeu transposables s’impose une dose de psychologie et d’analyse systémique synchrone avec l’état et, ou les réactions de l’enfant, mais aussi des autres intervenants de toutes natures. En analogie avec la réduction considérable de la surface faciale de maquillage, liée à la réduction même des distances physiques cliniques entre individus, c’est l’attitude générale du clown qui, malgré l’animation folklorique ostenible qu’il personifie selon la circonstance, se veut foncièrement humble face à cet enfant qui ne l’a pas choisi et, de surcroît, autour duquel gravitent d’autres publics « involontaires ». Le clown a ainsi nombre d’objectifs à sa charge. Faire admettre sa figure qui est exclusive en cet espace mais dont, en contre-partie, il est d’une certaine façon tributaire des codes qu’elle véhivule. Amener une offre, en accepter l’éventuel refus et, dans l’autre cas de figure, trouver son public, maintenir son attention voire, souvent, sa participation, en la modulant, et effectuer une sortie à la hauteur de l’entrée.

Et si elle intervient évidemment à d’autres moments, c’est « essentiellement » dans ce laps de temps que se développe la reconnaissance, de façon directe ou, parfois, de manière plus complexe, comme par l’intermédiaire d’autres protagonistes. Un exemple de cas de figure relaté est celui de cette mère que l’enfant consulte par le non-verbal avant de se permettre toute réplique en guise de réponse au clown.

Et cette image évoquée plus haut, induite d’une figure héritée de celle plus spécifiquement du spectacle « traditionnel », laquelle est toujours présente dans l’imaginaire collectif occidental, et donc encore y associée, mérite un parallèle avec la notion de compétence chez le clown. En effet, toutes deux regorgent de termes parfois éclectiques que leur ont respectivement attribués les trois clowns interrogés.

Autrement écrit, l’image comme la compétence sont chacune complexe car éclectique en ce qui les fabrique. Nous pourrions ainsi considérer que ce que l’on projette sur le clown, en tant que figure, donc sur son image, connaît une correspondance dans le champ de ses compétences, de ce que l’on est supposé en attendre.

Par exemple, l’image du personnage recourant à l’autodérision correspondrait à la faculté à métacommuniquer. De même, le maquillage utilisé et le côté « zozo » correspondraient à la capacité à transformer la perception de l’environnement. Etc. Dans le perspective d’une validation de cette correspondance, l’image positive, la figure

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