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🏫 Université Peleforo GON COULIBALY - Sciences Sociales - Département de Sociologie
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021-2022
🎓 Auteur·trice·s
SATCHI Elie
SATCHI Elie

L’historique de l’industrie cotonnière en Côte d’Ivoire révèle des pratiques de culture traditionnelles antérieures à la colonisation, évoluant vers des développements significatifs depuis 1902. Cette étude se concentre sur les conditions de travail précaires des saisonniers de la CO.I.C à Korhogo, éclairant leur rapport au travail.


CHAPITRE 2 : CADRE METHODOLOGIQUE DE L’ETUDE

Délimitation du champ de l’étude

Afin de présenter un travail concis et précis, il nous a semblé nécessaire de limiter notre champ d’étude à trois niveaux : au niveau historique, au géographique et un niveau social.

Champ historique de l’étude

Dès avant la colonisation, le coton était cultivé traditionnellement dans le Nord du pays pour les besoins de tissage locaux. Les premières actions de développement de la culture du coton ont débuté vers 1902, à l’initiative des filateurs français, et la première usine d’égrenage mécanique voit le jour en 1912.

Les premières stations expérimentales sont installées à Ferkessédougou et à Bouaké en 1926, sous l’égide de l’Institut Français de Recherche sur le coton et des fibres textiles (IRCT).

A partir de 1963, la Côte d’Ivoire indépendante confie à la Compagnie Française pour le Développement des Fibres Textiles (CFDT) la responsabilité du développement de la production cotonnière (encadrement des producteurs, collecte et égrenage du coton-graine, vente de la fibre). C’est à partir de ce moment que la culture du coton prend véritablement son essor.

Le 1er octobre 1973, l’État de Côte d’Ivoire crée la Compagnie Ivoirienne pour le Développement des Textiles (CIDT) dans laquelle la CFDT est actionnaire à hauteur de 30% (contre 70% pour l’État) et conserve un rôle d’assistance technique (N. Gergely, 2010). En 1995-96, la seule région de Korhogo produisait un quart de la totalité du coton graine de la Côte d’Ivoire.

Historique de l'industrie cotonnière en Côte d'Ivoire

(Bassett, 2002)

Champ géographique

Située dans le nord de la Côte d’Ivoire à 635 km d’Abidjan, la capitale économique, et à 500 km de Yamoussoukro, la capitale politique, Korhogo est la quatrième ville la plus peuplée et la plus grand. Surnommée la « cité du Poro », elle est le chef-lieu du district des Savanes et de la région du Poro.

Avec une superficie 12.500 km2, soit 3,9% du territoire national et une population estimée à 440 926 habitants selon le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2021, la ville de Korhogo est un point de passage stratégique vers le Mali et le Burkina Faso. Dans le nord de la Côte d’Ivoire, précisément à Korhogo, le coton constitue la principale richesse de la région, au point d’y être appelé « l’or blanc ».

Source : https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Korhogo&oldid=213554792

Champ sociologique

La présente étude vise à déterminer les facteurs qui maintiennent les travailleurs saisonniers de la COIC dans l’emploi précaire en dépit des conditions de travail précaire. Elle s’inscrit donc dans la Sociologie du travail et des entreprises par laquelle, nous aurons des éléments de réponses portant sur notre sujet. A cet effet, notre champ d’investigation a été dans les différentes unités d’égrainage de ladite structure.

Type de l’étude

Notre étude est basée sur la recherche qualitative. Cette méthode repose sur une démarche interprétative. Il s’agit donc de dégager le sens d’une action afin d’en expliquer les causes ou les effets. Les types de données collectées sont essentiellement des discours traduisant des opinions, des perceptions, des sentiments, des pratiques sociales et des représentations sociales.

Phase exploratoire de l’étude

6.1.Recherche documentaire

Recherche documentaire nous a permis de consulter des documents spécialisés relatifs à notre sujet d’étude. Ainsi, nous avons pu répertorier et exploiter des mémoires et thèses et les ouvrages de méthodologie et spécialisés à la bibliothèque au sein de l’Université Peleforo Gon Coulibaly de Korhogo (UPGC).

Nous sommes également allés sur les sites internet, où nous avons consulté de nombreux articles, revues, rapports, travaux de synthèse, thèses de doctorat et des livres en accès libre abordant certains aspects de notre thématique. Ces différentes informations recueillies nous ont permis d’avoir des données pertinentes sur notre sujet, qui nous ont aidés dans la construction de notre problématique de recherche.

L’enquête exploratoire

Les enquêtes exploratoires ont pour fonction de mettre en lumière des aspects du phénomène étudié auxquels le chercheur n’aurait pas pensé spontanément lui-même et à compléter ainsi les pistes de travail que ses lectures auront mis en évidence (L. V. Campenhoudt, 2006).

Dans un premier temps, l’enquête exploratoire nous a permis de savoir avec qui il est utile d’avoir un entretien, en quoi consisteront les entretiens et comment y procéder et comment les exploiter afin d’établir une rupture épistémologique avec notre objet d’étude. De plus, elle nous a permis d’élaborer nos constats, de formuler nos questions recherches, d’établir les objectifs et mettre en place les hypothèses de recherche.

Echantillonnage

7.1.Population cible

Cette étude porte sur l’ensemble des travailleurs saisonniers de la CO.I.C ayant signé un contrat de travail avec l’entreprise puis, les personnes ressources de ladite structure répondant à notre sujet d’étude.

Tableau 3 : Echantillon pour l’enquête par entretien

Tableau 3 : Echantillon pour l’enquête par entretien
CatégorieNombre
Assistant Ressource Humaine01
Assistant social01
Infirmier01
Adjoint aux maintenances04
Adjoint aux Logistique01
Saisonnier24
Total32

Taille de l’échantillon

Au total, le nombre d’enquêté s’élève à 32 personnes. Les différentes interviews se sont déroulées sur les lieux du travail et chez certains saisonniers disponibles.

Critère de choix

Le critère de choix s’est porté sur tous les travailleurs saisonniers ayant signés un contrat de travail envers ladite structure et du personnel administratif ayant un lien direct avec les travailleurs saisonniers.

Technique d’échantillonnage

Notre étude étant basée sur la recherche qualitative, nous avons opté pour l’échantillonnage par réseaux ou en boule de neige. En effet, cette technique nous a permis d’entrer en contact envers plusieurs saisonniers sur les différents sites d’unité d’égrenage de coton de la COIC. Ainsi, après avoir interviewé 01 ou 02 saisonniers, l’enquêté nous conduit vers un autre saisonnier pour l’entretien.

Outils de collectes de données

L’outil de collectes de donnée utilisé pour notre étude est le guide d’entretien.

Il nous permis d’établir des thématiques et des questions en accord avec notre sujet de recherche.

Techniques de collecte de données

Lors de nos enquêtes à la Compagnie Ivoirienne de Coton de Korhogo, nous avons utilisé plusieurs techniques de collectes de données telles que l’entretien bibliographique, l’entretien semi-directif et l’observation armée dans le but de mieux cerner l’objet de notre étude. Par moment, nous avons fait usage du focus groupe lorsque nous rencontrions un groupe de saisonnier disponible à nous recevoir.

L’entretien bibliographique

L’entretien de type biographique peut être entendu, dans une acception large, comme un entretien ouvert, approfondi et centré sur la personne. Le discours qui y est formulé, et suscité par les interpellations du chercheur, porte sur les expériences biographiques de l’interviewé, sur des moments de son parcours, sur des fragments de son existence.

Tout entretien biographique suppose, a minima, que les personnes interviewées racontent quelque chose à propos de leur vie, de certaines dimensions de celle-ci (professionnelle, familiale, affective…), de certains événements vécus (perte d’emploi, divorce, héritage…) (D. Demazière, 2005)

Cette technique, nous a permis de cerner en profondeur les conditions de travail dans lesquelles les travailleurs saisonniers se sont engagés. A cet effet, le choix de cette technique c’est porté sur les travailleurs saisonniers retenus pour la révision des machines lors de l’inter-campagne.

L’entretien semi-directif

Il porte sur un certain nombre de thèmes qui sont identifiés dans un guide d’entretien préparé par l’enquêteur. Nous avons opté cette technique pour ne pas que nos enquêtés sortent des thématiques que nous avons établi selon notre étude.

Focus groupe

A travers le focus groupe, les travailleurs saisonniers illettrés avec le soutien des autres saisonniers lettrés, ont pu s’exprimer sur les questions qui leur ont été posées en fonction des différentes thématiques abordées. A travers cette technique, nous avons pu interviewer un groupe de 11 femmes saisonnières recrutées pour l’entretien des unités d’égrenage de coton dont 05 à Korhogo 2 et 06 à Korhogo 4.

L’observation armée

En utilisant cette technique de collecte de donnée, à partir d’un appareil photo, nous avons pu prendre plusieurs images des machines d’égrenages du coton. Ainsi, lors de l’intercampagne, nous avons pu découvrir des outils de travail pour la révision des machines des unités d’égrenage (image page 41, 42, 45).

Traitement des données

Dans le cadre de la retranscription des données que nous avons recueilli, nous avons rendus compte de ce que nous ont dit les interviewés de la façon la plus objective possible et la plus fiable possible. C’est raison pour laquelle, nous avons d’abord retranscrit et saisies les données obtenues, puis nous les avons revérifiés avant de les analyser.

De ce fait, les données d’enquête ont été écrites et enregistrées aux smartphones. La saisie, le traitement et l’analyse de ce corpus se sont fait manuellement.

Analyse de contenu

Il s’agira ici de faire ressortir les thèmes récurrents dans les propos ou verbatim des enquêtés. Ce qui nous permettra de constituer des thématiques importantes pour expliquer le phénomène à étude. A cet effet, la classification de ces thématiques s’articulera autour de trois (03) principales catégories d’informations. Il s’agit donc de présenter dans les résultats de cette étude

  • Le sens du travail pour les travailleurs saisonniers au sein de la COIC ;
  • Les rapports professionnels de travail des saisonniers au sein de la COIC ;
  • Les enjeux identitaires qui favorisent leur maintien en dépit des conditions de travail précaire.

Difficulté de l’étude

Comme toute recherche scientifique, notre étude comporte des limites dont la prise en compte permettra de mieux apprécier ses résultats. Bien qu’elles n’affectent pas fondamentalement la pertinence de l’analyse et les résultats, il convient toutefois de nommer les plus importantes :

La première difficulté est liée à la réticence de certains saisonniers à fournir des informations relatives à notre sujet d’étude et les bruits des machines qui nous empêchait de cerner les réponses aux questions posées. En effet, en ce qui concerne la réticence des travailleurs saisonniers, il faut savoir que, lorsqu’ils sont sur les lieux du travail, ils font savoir que tout va bien de peur de subir des sanctions de la part de leur employeur.

Il faut noter aussi que plusieurs de ces saisonniers avaient du mal à s’exprimer en langue française et même comprenaient difficilement les questions qu’ont leur posaient à cause de leur faible niveau d’instruction.

La seconde difficulté est relative à l’indisponibilité des travailleurs saisonniers. Pendant la campagne normale, les travailleurs saisonniers étaient préoccupés à leurs différentes tâches dans les différentes unités d’égrenage de ladite structure. Ainsi, plusieurs rendez-vous hors de la structure que nous avons entrepris avec certains saisonniers n’ont pas abouti en raison de plusieurs facteurs comme la fatigue, les funérailles ou les voyages.

Face à ce fait, nous avons attendu la période de l’intercampagne qui est la période des révisions des machines afin de mener notre enquête en toute quiétude. C’est pourquoi, la majeure partie de nos enquêté sont ceux qui ont été retenus par ladite structure pour l’inter-campagne.

La troisième difficulté se situe au niveau des collectes de données au niveau de la CNPS et le coût du transport. Au niveau de la CNPS, le processus de collecte de donnée établir par cette entreprise n’a pas été à notre avantage. En effet, selon la direction de la CNPS de Korhogo, pour que nous puissions enquêter dans leur structure, nous devrions rédiger une demande d’enquête à la direction d’Abidjan et c’est elle qui doit nous donner l’autorisation de mener notre enquête à la CNPS de Korhogo. Alors, nous avons trouvé ce processus long.

En ce qui concerne le coût du transport, il faut savoir que les moyens de transport pour se déplacer dans la ville de Korhogo sont les « motos taxi » dont le prix d’une trajectoire diffère d’un lieu à un autre. Or les différentes unités d’égrenage de coton ne sont pas situées dans le même endroit. La première est au centre-ville, les trois autres unités sont situées à la sortie de la ville de Korhogo, c’est-à dire sur la route de Ferkessédougou au quartier Natio Kobadara. Ainsi, les différentes collectes de données que nous avons effectuées dans ces unités d’égrenage ont eu une influence considérable sur notre ressource financière.

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