Pour citer ce mémoire et accéder à toutes ses pages
🏫 Université Peleforo GON COULIBALY - Sciences Sociales - Département de Sociologie
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021-2022
🎓 Auteur·trice·s
SATCHI Elie
SATCHI Elie

Les enjeux identitaires des saisonniers dans l’industrie cotonnière ivoirienne révèlent comment le maintien de leur statut professionnel, malgré des conditions de travail précaires, influence leur rapport à l’emploi. Cette étude qualitative met en lumière les motivations profondes qui les poussent à persévérer au sein de la CO.I.C.


CHAPITRE 3 :

LES ENJEUX IDENTITAIRES QUI FAVORISENT LEUR MAINTIEN EN DEPIT DES CONDITIONS DE TRAVAIL PRECAIRE

Des enjeux professionnels

Même si le salaire est insuffisant, et que les conditions de travail sont précaires, le plus important, c’est de défendre son statut. Ainsi, les raisons de leur intégration à la COIC sont multiples. L’une des raisons selon une saisonnière, est que : « ce qui est intéressant, c’est qu’il y a un salaire ».

Pourtant, plusieurs d’entre eux menaient une activité avant d’intégrer la COIC. Cependant, face à des difficultés qu’ils encourraient, ils ont opté pour un emploi qui leur permettra de répondre à leurs besoins.

« Ce sont les problèmes financiers qui ont fait que je suis arrivé à coic. Sinon, dans la vie courante même j’étais un commerçant. Mais quand le commerce a commencé à dégénéré, ça n’allait pas, je suis venu à coic en tant que MO ‘‘manœuvre occasionnel’’. Aujourd’hui, petit à petit, j’ai repris mes activités » (peseur balle).

Enjeux identitaires des saisonniers en Côte d'Ivoire

Etant donné que le travail est précaire et que les besoins sont d’envergure, nous avons cherché les raisons de leur maintien dans cet emploi.

« Ce qui me maintien, c’est parce qu’on n’a pas eu encore eu mieux ailleurs ! » (Mécanicien)

Cependant, même si le salaire qu’ils perçoivent répond au SMIG, les heures supplémentaires de travail qu’ils effectuent ne sont pas correctement payées.

« Actuellement les heures supplémentaires c’est à 75% quand c’est petit que ça doit être payé ! Mais chez nous là. Les 75% ne sont pas payés. C’est à peine même qu’on te paye à 50%. 50% ou bien 25% tu vois non. Mais une fois que ça excède les 75%, il diminue, c’est-à dire qu’il enlève des heures or tu as travaillé ». (Surveillant déchet).

A partir des réponses obtenues auprès de nos enquêtés, nous comprenons l’importance de ceux- ci d’intégrer la COIC, bien que l’emploi qu’ils ont accepté est discontinu et entaché de nombreux risques professionnels. En revanche, ils sont devenu des salariés ce qui leur permet de se prendre en charge afin de répondre à plusieurs besoins auxquels ils sont confrontés.

Enjeux de protection sociale

Notre problématique relève que les travailleurs saisonniers ont une faible protection sociale. Face à ce fait, nous sommes revenus à eux pour en savoir plus. En premier lieu, nous avons cherché à savoir s’ils avaient une carte pour la Couverture Maladie Universelle (CMU) et comment cela fonctionne.

« En tant que saisonnier, ici-là, au niveau de la CMU, on est sensé à payer 1000 francs par mois, la compagnie paye 500 francs et nous payons le reste. Donc c’est un avantage » (cariste).

De ce fait, si la COIC contribue au payement de leur cotisation au niveau de la CMU, qu’en est-il dans le cas d’une maladie professionnelle ou d’accident de travail ?

« Bon, on va aller part à part. Une blessure par accident ici, c’est la société qui s’occupe de la personne. Nous avons une infirmerie au sein de l’usine. Donc pour quelqu’un qui est malade, va se faire consulter et s’il y-a des médicaments on lui donne » (égreneur).

Cependant, cette action est limitée. Car la prise en charge n’est pas totale. C’est-à dire que les médicaments qu’ils reçoivent ne sont que pour les premiers soins. Mais, si la maladie ou l’accident est grave, une ordonnance est prescrite pour que celui-ci se rendre dans une pharmacie ou dans un établissement sanitaire pour poursuivre ses soins à ses propres frais.

« Dans le cas où il n’y-a pas de médicament, on fait une ordonnance tu vas à l’hôpital avec tes propres moyens. Mais si les médicaments sont sur place on te donne » (même égreneur).

Tout en poursuivant nos entretiens avec ces travailleurs saisonniers, leur prise en charge par la COIC en cas de maladie professionnelle et d’accident de travail ne se limite pas seulement au niveau de l’infirmerie. Mais, dans certains cas, la CNPS intervient.

« Comme nous sommes déclarés, c’est la CNPS qui gère ce côté-là. Il y-avait l’un des collègues qui a eu ce problème-là, la société c’est occupée et après la CNPS qui la pris en charge » (cariste).

Cependant, un autre fait remarquable a attiré notre attention. Il s’agit d’un saisonnier qui a subi un accident de travail. Ainsi, la réaction de l’entreprise à son égard a été différente de celui évoqué par le cariste ci-dessus.

« Moi j’ai fait un accident grave ici, ce sont mes parents qui m’ont pris en charge. Ils sont allés faire le scanner à Abidjan. La coic n’a rien fait » (mécanicien machiniste)

Certes, le travail est précaire et les risques liés à leur profession demeurent, nous constatons dans cette partie que la COIC fournie des efforts dans la protection sociale de leurs travailleurs saisonniers en intervenant de divers manières pour les aider à être en bonne santé afin d’accomplir leurs différents tâches.

En somme, l’intégration des travailleurs saisonniers à la COIC est d’un intérêt capital. Ce travail précaire comme son nom l’indique, ne peut en aucun cas couvrir tous les besoins auxquels ils font face. Cependant, ils sont devenus des salariés, et dans l’ensemble, ils sont indépendants et participent à la construction de leur propre identité en dépit des conditions de travail précaire.

Les enjeux familiaux

La plus part de ces travailleurs saisonniers sont indépendants, c’est-à dire qu’ils ne vivent pas sous la tutelle d’une personne. Ainsi, ils sont confrontés à certaines situations qu’eux-mêmes doivent répondre. Face à ce fait, voici l’une des réponses de nos enquêtés : « c’est dans petit jeton qu’on gagne ici là qu’on scolarise nos enfants, les nourrir et puis à les soigner »

Parmi ces travailleurs saisonniers, il y a des veuves. Elles ont de lourdes responsabilités. En effet, toutes les dépenses de la maison sont sous leur responsabilité. Du coup, elles deviennent le « chef » de leur maison : « Si tu as un local, tu dois payer la nourriture, tu dois te prendre en charge, s’occuper des enfants, qu’est-ce que tu peux faire ? » (Saisonnière à Korhogo 4).

Au vu des réponses données par nos enquêtés, nous avons estimé que ceux-ci ont besoin d’être soutenus. A cet effet, nous leur avons demandé quel soutien reçoivent-ils de leur famille respective ou des personnes envers qui ils interagissent face à leur condition précaire de travail.

La plupart des saisonniers ont affirmé qu’en cas de besoin, par moment, certains membres de leur famille leur viennent en aide financièrement. Cependant, pour certains, le soutien est plus

« moralement que financier ».

Si l’apport du soutien familial est faible, qu’en est-il des associations qu’ils ont intégrées ?

« Si on a problème, on va voir notre association .Chaque fin du mois il y-a cotisation, il y-a un montant qui est fixé. C’est une famille puisque c’est l’association de tous les ressortissants de notre département » (mécanicien).

La précarité de l’emploi saisonnier représente un défi majeur pour les familles dont les membres sont les principaux soutiens. Bien qu’ils fassent preuve de résilience et cherchent à se construire socialement, l’accès à l’emploi demeure une difficulté centrale. Le rôle des associations est crucial pour pallier le manque de soutien familial.

Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top