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Le rôle des clowns en pédiatrie clinique : entretiens révélateurs

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🏫 Université catholique de Louvain - Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication (ESPO) - Ecole de communication (COMU)
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2016-2017
🎓 Auteur·trice·s
Sandro Faiella
Sandro Faiella

Les clowns en pédiatrie clinique jouent un rôle essentiel dans l’amélioration du bien-être des jeunes patients. Cet article analyse leur légitimité et leur intégration dans les services hospitaliers, en s’appuyant sur des entretiens et des observations pour comprendre leur impact et leur place dans ce contexte.


Du pouvoir d’offrir à offrir du pouvoir : entretiens avec trois clowns

Sélection

La sélection des clowns a été opérée sur base d’un « choix raisonné » (Moens, 2013-2014:34), c’est-à-dire, en l’espèce, au sein duquel chaque clown choisi correspondant à un profil le plus spécifique possible et, par conséquent, le plus distinct des autres. Nous avons par exemple évité de retenir des sujets oeuvrant dans la même structure hospitalière et, plus largement, confrontés a priori à des parcours et des expériences personnelles et professionnelles similaires. L’objectif était de réduire le risque de similitudes trop marquées en termes de pratiques entre clowns afin de disposer d’approches respectives complémentaires sur certains points et contradictoires sur d’autres.

Derrière un principe commun de camouflage provisoire de l’identité sociale perceptible au premier regard qui consiste en un maquillage et un accoutrement atypiques, chaque clown semble effectivement évoluer dans le propre univers qu’il se construit et dont les premières caractéristiques sont d’ailleurs souvent ces trois éléments identitaires et identifiables. Pour ce faire et pour y amener l’enfant le temps d’une prestation, voire plus, il invente et développe des stratégies de communication verbales et non verbales toutes aussi singulières.

Sans même aborder la question de la possible diversité des structures et des infrastructures nécessaires à l’accueil du clown, le champ de recherche tendrait, le cas échéant vers l’infini, ce qui s’oppose à l’idéal de représentativité évoqué plus haut. Plutôt que viser cette hypothétique représentativité, nous adopterons une approche transversale consistant à réaliser de longs interviews avec trois clowns censés compter parmi les différents profils possibles de la profession.

Plutôt néophytes en matière de clowns et ne bénéficiant de surcroît d’aucun réseau dans le champ médical, c’est à travers une recherche sur la toile que nous avons tenté d’identifier des intervenants ou associations d’intervenants en milieu pédiatrique clinique susceptibles de nous intéresser et ce, sur le territoire francophone, une maîtrise suffisante du néerlandais nous faisant défaut. Hormis une association qui est demeurée réticente à une rencontre autour de notre travail, les portes se sont facilement ouvertes et, lorsqu’un clown ne convenait en raison de son profil d’emblée proche d’un sujet déjà interviewé, ou parce qu’il ne souhaitait pas participer, celui-ci nous renvoyait aimablement vers d’autres, plus susceptibles, selon lui, de composer notre échantillon.

Dans un souci de clarté lexicologique, nous utiliserons, en-dehors des retranscriptions des interviews1, le terme « volontaire » plutôt que « bénévole ». A la lecture de l’article 3 de la loi relative aux droits des volontaires (Service Public Fédéral Justice, 2005), il apparaît en effet que le premier de ces deux termes, souvent considérés comme des synonymes dans l’usage courant car évoquant communément l’absence de rémunération, écarte, pour sa part, la notion d’obligation.

Ainsi, un « volontaire » peut être secondairement appelée « bénévole », mais pas l’inverse car ce dernier peut-être sujet à une « obligation ». Par exemple, un individu condamné à une peine de travail d’intérêt général sera certes non rémunérée pour celui-ci, donc « bénévole », mais ne pourra pourtant être considérée comme « volontaire » en raison de la contrainte liée à sa prestation attendue.

Et par opposition au terme « volontaire » qui, en l’espèce, n’impliquera aucune forme de rémunération, nous utiliserons « professionnel ».

Présentation

Michel Vierlinck

Michel Vierlinck, sous le pseudonyme de « Bigoudi », est clown pour l’Asbl Hôpiclown depuis une quinzaine d’années. Il intervient comme volontaire au Centre hospitalier régional Mons-Hainaut – site Saint-Joseph à raison d’une fois quatre heures toutes les deux semaines. Ce psychologue de formation à la retraite gérait autrefois, dans le secteur de l’entreprise, notamment dans le recrutement, une équipe multidisciplinaire (psychologues, médecins, assistants sociaux,…). Durée de l’entretien : 1h41’’.

Catherine Vanandruel

Coordinatrice de et clown au sein de l’Asbl Les clowns à l’hôpital, Catherine Vanandruel, alias « Zutzut », est comédienne de formation. Elle et ses collègues professionnels interviennent le lundi après-midi au Centre hospitalier universitaire Saint-Pierre (Bruxelles) et le mardi après-midi à l’Hôpital Erasme (Anderlecht). Active dans le domaine dès 1995, elle compte au rang des pionniers parmi les clowns à l’hôpital et les associations encadrantes. Durée de l’entretien : 1h32’’.

Tara Beckers

A l’aube de la trentaine, Tara Beckers est également comédienne de formation et professionnelle. En tant que « Ananas », elle intervient au sein de l’Hôpital universitaire des Enfants Reine Fabiola (Bruxelles) le jeudi et le vendredi. Accessoirement, elle est la fille de l’un des cofondateurs de l’association implantée dans cette structure qui, comme son nom l’indique, accueille exclusivement de jeunes patients. En dehors de cette prestation, elle porte un projet de formation relatif à la mise en scène au théâtre. Durée de l’entretien : 1h25’’.

Contact

Les entretiens avec les clowns s’inscrivent dans la procédure suivante.

prise de contact : présentation personnelle, présentation du présent travail, vérification de principe des critères de sélection, obtention de l’accord du sujet, prise de rendez-vous ;

rendez-vous : accueil en un lieu calme, brève discussion hors sujet destinée à mettre à l’aise le clown et mémorant, explication du type d’interview choisi (semi-directif), des balises sous formes de questions centrales et des droits du sujet, vérification par rétroaction de la bonne compréhension de ces aspects, début de l’entretien par une question introductive destinée à y pénétrer progressivement, corps de l’entretien, fin de l’entretien par une question de clôture et par des remerciements ;

suivi : envoi d’une copie électronique du mémoire.

Entretiens

Nous avons accordé notre préférence à des entretiens semi-directifs. « Semi-directifs », pour le consensus que ce type présente par rapport aux autres principales façons de procéder et, accessoirement, par élimination de ces derniers, à savoir : l’entretien directif ou fermé, proche du questionnaire, donc plus aisé dans le traitement, mais plutôt hermétique aux informations périphériques parfois utiles car capables de nuancer les réponses plus cadrées ; l’entretien non directif ou ouvert, potentiellement nourri, mais au possible écueil psychologisant dans l’interprétation des données ; l’entretien collectif, variante très difficile à mettre en œuvre en raison de la disparité géographique et de la disponibilité desdits clowns. Ainsi pris tel un compromis renvoyant à l’improvisation réglée de Pierre Bourdieu (1968), l’entretien semi-directif implique de pouvoir ajuster au besoin son déroulé en s’appuyant sur le balisage préalablement établi et connu de l’interviewé.

Ce balisage s’est traduit en huit « questions » centrales (n°2 à n°9), une introductive (n°1) et une de clôture (n°10) que, préalablement à l’entretien, nous avons énoncé face aux clowns. C’est ce qui a sans doute favorisé de leur part quelque digression et anticipation à l’égard de certaines questions-balises.

Pareille attitude renvoie en partie aux type d’entretien dit « compréhensif » car convoquant « une compréhension toujours en train de se faire » (Paillé, 2011) et parce que signe d’enthousiasme de la part de ces « informateurs » à partager volontiers leur « savoir précieux » (Kaufmann, 1996 :48). Un savoir que, dans cet esprit, nous nous sommes évertués à solliciter et accuser non sans « empathie ».

Questions-balises

Qu’est-ce qui vous a amené à enfiler le nez rouge ? (Question modulable selon le déguisement porté par l’artiste-clown.)

Comment définiriez-vous votre rôle à l’hôpital en tant que clown ?

moyen, pour l’enfant, d’« échapper » à sa condition de patient et, ou de supporter un examen/traitement/soin/… (rôle d’instrument/d’outil/de médium/…)

écouteur actif à l’égard de l’un ou de plusieurs des autres protagonistes (en référence au principe de psychologie de l’écoute active)

médiateur entre l’enfant/sa famille et les autres protagonistes (voire entre les autres protagonistes)

thérapeute

autre…

Les éventuelles formations artistiques et, ou que vous considérez en lien avec votre rôle à l’hôpital, avez-vous suivies ? Dans quelle mesure celles-ci s’y avèrent-elles facilitatrices ou contraignantes ?

formation sanctionnée par un certificat/diplôme/autre…

formation en autodidacte (lectures/observations/…)

formation par des pairs et, ou in situ

autre…

Quels sont les éléments qui favorisent et, ou qui défavorisent votre prestation ?

genre (masculin/féminin)

apparence (couleur de peau, taille, voix,…)

degré de reconnaissance et, ou de légitimité accordé

disponibilité et, ou l’écoute du personnel de l’hôpital

confiance en soi/appréhension….

une organisation extérieure

autre…

Qui est votre contact ou relais et votre autorité à l’hôpital ? Quelles en sont la nature, l’intensité et la fréquence de vos rapports ?

la direction administrative/médicale/autre…

le Chef du Service de Pédiatrie

l’infirmière en Chef

une organisation extérieure (en l’occurrence de clowns)

une organisation d’animateur

autre…

Comment êtes-vous d’une part identifié et de l’autre légitimé en tant que clown par les différents protagonistes ?

grâce à une évaluation par l’hôpital/une association (pairs)/vous-même (auto)

grâce à l’image de la figure générique du clown

grâce au déguisement

grâce à la notoriété de votre personnage

grâce à la réputation de votre personnage

grâce à la « qualité » de vos prestations

grâce à une organisation extérieure

grâce à votre formation académique ou aux diplômes extérieurs

autre…

En quoi consiste votre déguisement ainsi que vos accessoires éventuels et quels rôles jouent-ils dans votre prestation ?

rôle d’identification (la figure générique du clown)

rôle de distinction (par rapport aux autres protagonistes du Service de Pédiatrie)

rôle de distraction

autre…

En quoi consiste votre communication verbale (stratégie/outils/et quelle place occupe-t-elle dans votre prestation ?

support de la communication non-verbale (ou inversement)

autre…

Comment mesurez-vous la pertinence globale de votre intervention ?

auto-évaluation

évaluation par un/des tiers (patient/hôpital/association/autres…)

autre…

Avez-vous quelque-chose à ajouter ?

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1 Cf. « 7. Annexes ».

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