Des pratiques adaptées à l’avancée en âge

Des pratiques adaptées à l’avancée en âge

2.3. Des pratiques adaptées à l’avancée en âge

2.3.1. Le sport : une activité pour maintenir une forme physique

Au vieillissement s’associe une altération de la forme physique. Face à cela, la pratique régulière d’un sport permet aux enquêtés de se maintenir en forme physique, et de maintenir un équilibre physique et psychique. Le sport est cependant d’abord une démarche préventive.

En effet, sans pour autant éprouver de difficultés physiques, les enquêtés parlent du vieillissement comme une dégénération physique qui progressivement se met en place. Les individus anticipent donc les changements physiques qui accompagnent le vieillissement :

« Le sport c’est déjà physiquement s’entretenir. Si on peut éviter d’être bedonnant et complètement essouflé à 45 ans, j’aime autant être en bonne forme. » (Eric, H, 47 ans, administrateur civil)

Néanmoins, les premiers signes de vieillissement ressentis par les enquêtés les amènent à sélectionner des activités sportives adaptées à leur âge. Pour certains, il s’agit de sélectionner des activités sportives « modérées », permettant de limiter les risques liés à un corps qui devient plus fragile.

Pour d’autres, ce sont leurs pratiques sportives déjà préétablies qui ont été adaptées à l’avancée en âge. Certaines pratiques sportives ont alors été modulées en fréquence et en intensité :

« Je recherche un maintien au niveau sportif, un maintien en bonne forme avec des activités sportives modérées, donc l’aquagym, le tai-chi, un petit peu de karaté. » (Rachel, F, 51 ans, avocate)

Si la pratique sportive est considérée comme une activité presque nécessaire face à l’avancée en âge, tous les enquêtés ne pratiquent cependant pas de sport. Certains se définissant comme non sportifs pratiquent des activités de loisirs qui, tout en permettant d’abord de répondre aux centres d’intérêt des individus, sont considérées comme bienfaisantes pour le bien-être physique.

Ainsi, il ne s’agit pas de pratiquer des activités sportives en soi pour uniquement se maintenir en forme. Mais derrière ces loisirs reste présent le plaisir de pratiquer ces activités. Si l’avancée en âge est une contrainte physique qui nécessite un maintient en forme, la pratique d’activités bienfaisantes pour le corps n’est pas une contrainte :

« Dans la randonnée je recherche le bien-être physique, essayer de garder un peu la forme, parce que je ne suis pas une grande sportive. J’ai jamais été une grande sportive, et puis j’ai horreur des sports en salle. Tandis que la randonné, il y a le plaisir d’être dans la nature, on rencontre des gens la preuve on a créé un groupe d’amis. » (Claudine, F, 60 ans, médiatrice familiale)

Tous les individus touchés par l’avancée en âge ne pratiquent pas de sport. Cependant, c’est au travers des activités quotidiennes qu’ils trouvent un bien-être physique. En effet, monter les escaliers, ou encore faire du bricolage ne sont plus considérées comme des activités banales, mais elles sont devenues valorisées. Avec l’avancée en âge, les activités banales du quotidien semblent donc prendre un sens nouveau. Les activités bienfaisantes pour accompagner le vieillissement sont alors valorisées :

« Je dis toujours on va racheter une maison de plein pied, mais en fin de compte les escaliers c’est bon, ça fait rester en forme. Donc mes loisirs c’est pour rester en forme quand-même. Moi je me suis aperçu que quand on est malade, qu’on est obligé de rester dans le canapé, au bout de trois jours on le voit qu’on est resté sans bouger. On sent quand-même qu’à partir de 50 ans, si tu restes sans bouger tu t’encroûtes.

Si tu ne bouges pas, je crois que tu te paralyses petit à petit. Donc il faut bouger pour garder la forme. » (Carole, F, 52 ans, mère au foyer)

2.3.2. L’alimentation : un mode de vie équilibré

L’avancée en âge s’accompagne de modifications dans la vie quotidienne, des modifications concernent notamment l’alimentation. Pour certains enquêtés des problèmes de santé comme le cholestérol, sont apparus avec l’avancée en âge.

Ils sont alors enclins à modifier leurs habitudes alimentaires. Le changement de ces habitudes est au départ vécu comme une contrainte, mais intégré progressivement au mode de vie, le sentiment de contrainte s’estompe peu à peu.

Ainsi pour certains, les effets du vieillissement comme le cholestérol engendrent des ruptures dans le mode alimentaire, mais peu à peu assimilés, c’est un nouveau rapport à l’alimentation qui se met en place :

« Mon alimentation a beaucoup changé. Pendant longtemps je mangeais comme tout le monde, et là en vieillissant on m’a découvert du cholestérol. Donc du jour au lendemain il a fallu faire attention, donc je me suis mise aux 5 fruits aux 5 légumes.

Plus de charcuterie, une alimentation beaucoup plus saine alors que pendant longtemps je mangeais de tout, des pizzas, des choucroutes. Maintenant j’axe plus sur des plats qui soient le moins lipidiques possibles.

J’évite les graisses animales, le fromage, mais ça me plaît. C’est un régime agréable. […] Au début, le beurre du matin c’est tout bête, c’est comme une dépendance, j’avais envie de mon beurre, et maintenant ça y est, c’est fini. J’ai fait un sevrage si on peut dire. » (Claudine, F, 60 ans, médiatrice familiale)

Le vieillissement engendre un nouvel équilibre alimentaire. Bien que certains individus ne soient pas touchés par des problèmes de santé comme le cholestérol, leur mode alimentaire a cependant évolué.

Ce changement est amorcé par de nouvelles normes alimentaires, comme la restriction en quantité, des produits diversifiés, peu lipidiques, et une priorité accordée aux fruits et légumes. Néanmoins, ces normes ne sont pas vécues comme une contrainte telle un régime, elles sont fortement intégrées dans le mode de vie. C’est une évolution du modèle nutritif qui se dessine tout au long du cycle de vie. Pendant la période de jeunesse, l’alimentation est très nutritive et riche, les féculents et les grandes proportions sont privilégiés.

En revanche, à l’approche de l’âge de la vieillesse, c’est un modèle d’alimentation plus sélective en aliments bienfaisants pour le corps qui s’installe peu à peu. Les féculents ont alors laissé la place aux légumes.

L’alimentation ne répond donc plus à un besoin uniquement nutritif permettant d’assouvir la faim. Elle est devenue un acte de bien-être, un moyen de mieux vieillir. L’équilibre alimentaire rentre alors dans le jeu de la prévention :

« J’ai une alimentation variée, sans régime. Mais par contre je limite les quantités, notamment le midi où je ne mange pas grand-chose. Le midi je mange légumes bouillis, poisson, fruits et crudités.

A partir d’un certain âge il faut faire attention quand-même. C’est pas bon pour la santé. Il ne faut pas manger comme un goinfre comme à 15 -20 ans où tu manges comme quatre. Je mange de tout, mais de façon échelonnée dans la journée. Je mange plutôt des légumes et du poisson le midi, des glucides et pas trop de viande rouge le soir. Donc je mange de tout mais de façon modérée.

Mais je ne fais pas spécialement de régimes, je ne me pèse pas, les calories je ne regarde pas du tout. […] Ca a changé au fur et à mesure des années. Quand j’étais plus jeunes, je faisais moins attention, j’y pensais moins. Et puis après avec l’âge t’y pense plus. » (Jacques, H, 51 ans, anesthésiste)

Si un nouveau mode alimentaire est fortement intégré au mode de vie, il convient de questionner les éléments déclencheurs de ce changement. La prise de conscience du vieillissement constitue d’une part l’un de ces éléments déclencheurs. Au vieillissement est associé une prise de poids à laquelle les individus veulent échapper. L’évolution du discours médiatique impact d’autre part sur les pratiques alimentaires des individus.

Depuis 2001, le Programme National Nutrition et Santé a lancé une campagne d’information face aux problèmes de surpoids. Le message préconisant « cinq fruits et légumes par jour » a ainsi envahi les médias. La captation de ce message par les individus a alors amené des changements de leur mode alimentaire. Mais davantage que le poids des messages médiatiques, l’individu entreprend des démarches d’information de santé.

L’avancée en âge provoque un intéressement pour des sujets se raccordant au vieillissement, comme la santé notamment. Ainsi, non seulement attentifs au message médiatique, les individus portent de l’intérêt aux informations en matière de santé et d’alimentation :

« J’aime bien le sucré, le chocolat. J’en mange pas beaucoup, j’en mange une fois par jour, mais si je me laissais aller, j’en mangerais deux fois par jour. Je fais attention à ce que je mange de plus en plus. C’est vrai que je me suis beaucoup intéressé aux 5 fruits et légumes par jour, trois laitages par jour, pas beaucoup de viande. C’est pas un régime du tout, c’est un régime qualitatif on pourrait dire.

C’est quand-même un peu de contraintes, mais pas trop. Au fur et à mesure que j’avais des informations très concordantes, qui montraient l’impact de l’alimentation sur la bonne santé, petit à petit j’ai changé un peu mon alimentation. Je m’y intéressais de par mon métier, mais il y a des données théoriques incontournables et prouvées, et à la fois il y a une information diffuse. Il me semble qu’il y a de plus en plus de gens qui font attention. Mais je crois qu’on peut faire de l’excellente cuisine équilibrée. » (Rémi, H, 54 ans, psychiatre)

Les produits étiquetés allégés sont décrits comme étant favorables à un « meilleur-être » physique, puisqu’ils sont pauvres en matières grasses. Leur utilisation irait alors dans le sens des intérêts des enquêtés qui privilégient une alimentation saine, et ainsi peu grasse. Cependant, il n’en n’est rien. Face à l’avancée en âge, les individus adoptent de nouveaux comportements alimentaires qui peuvent apparaître restrictifs.

Mais l’alimentation doit rester un plaisir, un plaisir notamment gustatif. Pour certains, les produits allégés sont décrits comme des produits où le goût des aliments proposés est altéré et dégradé. C’est ainsi qu’ils préfèrent privilégier des petites quantités de matières grasses, au détriment d’une plus grande quantité d’aliments pauvres en matières grasses et exempts de goût.

Pour d’autres, l’achat de produits allégés n’est pas un comportement habituel. Ils considèrent ces achats comme inutiles et ne se sentent pas attirés par ce type de produits. Ainsi, c’est davantage une modification du comportement alimentaire en terme de quantités qui s’opère, plutôt qu’une modification des comportements d’achat en terme de types de produits étiquetés allégés :

« On fait attention mais on ne mange pas allégé. La crème j’ai voulu en acheter de la 5 pourcent, mais j’ai laissé tombé parce que c’est de l’eau. Mieux vaut prendre de la 30 et en manger moins. Il vaut mieux prendre des bons produits et en manger moins. On fait attention aux graisses, on prend de la margarine spéciale pour le cholestérol. » (Carole, F, 52 ans, mère au foyer)

Les produits biologiques sont désignés comme des produits répondant à une recherche de bien-être. Ils sont alors en accord avec les requêtes des enquêtés en matière de santé et d’alimentation. Certains enquêtés font quelques fois l’acquisition de ces produits par curiosité, dans une optique comparative aux autres produits alimentaires, ou simplement pour bénéficier des effets bienfaisants de ces produits pour l’organisme.

Cependant, l’acquisition de produits biologiques n’est pas une démarche habituelle. En dépit des qualités énoncées alliant alimentation et bien-être, ces produits ne constituent pas la base alimentaire des enquêtés.

D’une part, Certains sont sceptiques quant à la véritable efficacité en terme de bien-être de ces produits. Ces derniers dénoncent notamment le prétexte de l’étiquetage de produits bénéfiques pour la santé au profit d’une manœuvre commerciale. Le scepticisme face à l’étiquetage bio l’emporte donc sur le discours médiatique valorisant les produits issus de l’agriculture biologique. Pour d’autres, le coût élevé de ces produits comparativement à d’autres produits non biologiques constitue un frein à leur acquisition :

« Les produits bio, non. Je fais pas la pas, et en plus je trouve qu’il y a toute une histoire commerciale derrière. J’y crois pas. J’ai une amie qui vient de mourir d’un cancer grave elle a toujours mangée bio.

J’ai l’impression qu’il y a un conditionnement médiatique. Et puis c’est tellement plus cher que les autres produits que je me dis c’est pas possible qu’il n’y a que les riches qui puissent être en bonne santé. Donc je mange sain mais je ne vais pas dans les épiceries bios. Ce n’est pas parce que je n’ai pas les moyens financiers, mais je n’en suis pas persuadée. » (Claudine, F, 60 ans, médiatrice familiale)

Cependant, les individus de plus en plus soucieux de leur santé et de leur bien-être considèrent les produits issus de l’agriculture biologique comme une alternative à une alimentation saine. En effet, le discours médiatique et les courants écologiques en pleine expansion dénoncent les risques encourus pour la santé face à la présence de produits nocifs pour l’organisme et face à un environnement de plus en plus vulnérable pour le bien-être individuel.

Au-delà des effets de cycle de vie et de l’avancée en âge qui font de la santé et du bien-être un centre d’intérêt des individus, le discours médiatique autour des produits biologiques et de l’environnement d’une manière générale amène un changement des comportements alimentaires en faveur de ces produits biologiques. Néanmoins, le manque de diversité de ces produits ne permet pas aux individus d’adopter une alimentation uniquement biologique :

« On se rend bien compte des risques et des adjonctions de produits qu’on a dans les produits préemballés, on voit les pesticides au niveau des légumes. Donc quand on peut, on achète plutôt bio. Mais comme il n’y a pas suffisamment de variété dans les produits, c’est pour ça qu’on n’achète pas que bio. Et puis faut dire que c’est souvent plus cher, donc ça fait un peu réfléchir.

Mais il y a tellement de pollution partout que si on peut éviter en mangeant des produits bio plutôt que d’aggraver la situation en mangeant des cochonneries, on préfère le faire. » (Rachel, F, 51 ans, avocate)

En dépit des modifications des pratiques alimentaires, le repas n’est pas un moment de restriction, il demeure un moment de convivialité. En France l’alimentation à une dimension culturelle forte.

Elle est intégrée aux pratiques culturelles des français et demeure un moment de convivialité, de partage. Ainsi, bien qu’avec l’avancée en âge l’individu surveille davantage son alimentation afin de maintenir un bien-être physique et de prévenir les effets du vieillissement, manger ne doit pas s’inscrire dans un modèle de privation. Manger demeure un plaisir gustatif et convivial :

« Je crois qu’on accorde de l’intérêt au fait de devoir obéir davantage à ce que notre organisme nous demande qu’à notre envie. Je crois qu’on est ouvert à toute sorte d’alimentation, moi j’aime de tout.

La nourriture reste toujours un centre de convivialité, on aime rassembler tout le monde au tour d’une table, ça reste une tradition. Ma femme a toujours autant de plaisir à confectionner les repas. Mais bon on est plus raisonnable, on s’alimente davantage en fonction de ce qu’on a besoin d’apporter comme énergie à notre organisme. » (Laurent, H, 54 ans, capitaine de police)

Face à l’arrivée des premiers signes de vieillissement, les individus adoptent donc des pratiques adaptées aux conséquences de l’avancée en âge. Si certaines pratiques comme le sport ou l’alimentation sont modifiées, leur sens n’est cependant pas remis en question.

Ces changements ne constituent pas une rupture. Ils s’intègrent donc dans un mode de vie renouvelé. Les pratiques sportives et alimentaires mettent en lumière des pratiques typiquement liées au cycle de vie. Mais si les pratiques des individus sont liées au cycle de vie, quel comportement adoptent les enquêtés face à Internet, outil de communication pourtant nouveau et relevant d’une culture de l’informatique propre aux jeunes générations ?

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Les 45-60 ans : âges de transition
Université 🏫: Université Paris Descartes - Faculté des Sciences Humaines et Sociales Sorbonne
Auteur·trice·s 🎓:
Charlotte Feuillafée

Charlotte Feuillafée
Année de soutenance 📅: Master 2, Magistère de sciences sociales appliquées à l’interculturel - Juin 2008
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