Exemples des business modèle du logiciel libre

Exemples des business modèle du logiciel libre

II – Quelques exemples

A – Le cas Apache: partage des coûts

Supposons que vous travailliez pour une société présentant le besoin critique d’un serveur Web de haute fiabilité et capable de traiter des volumes conséquents. Votre serveur devrait alors fonctionner 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, mais aussi être rapide et personnalisable.
Comment allez-vous procéder pour arriver à vos fins? Vous pouvez choisir l’une des trois stratégies suivantes:

  • – Acheter un serveur Web propriétaire. Dans ce cas, vous faites le pari que le cahier des charges du vendeur correspondra au vôtre et que ce dernier aura la compétence technique pour implémenter le serveur correctement. Même en ces deux assertions, il est probable que la personnalisation du produit montre ses limites. Vous ne pourrez le modifier qu’à travers les points d’accès fournis par le vendeur. Ce choix du serveur Web propriétaire n’est pas le plus séduisant (pour la plupart des décideurs).
  • – Développer votre propre serveur. Il ne s’agit pas d’une option à écarter a priori. Les serveurs Web ne sont pas très compliqués (à l’inverse des navigateurs) et un serveur spécialisé peut très bien être incomplet et humble. En suivant cette voie, vous obtiendrez exactement les fonctionnalités et la personnalisation souhaitées, mais il vous faudra payer ces avantages en temps de développement. Votre société aura peut-être des problèmes le jour où vous la quitterez (pour la retraite ou pour un autre emploi).
  • – Rejoindre le groupe Apache. Le serveur Apache a été mis au point par un groupe de webmasters reliés par Internet, qui ont compris la nécessité d’unir leurs efforts et d’améliorer un code commun plutôt que d’engager un grand nombre d’efforts de développement parallèles. De cette manière, ces personnes ont pu réunir à la fois les avantages du développement d’un serveur personnel et le puissant effet de « déboguage » grâce à la revue par un grand nombre de pairs travaillant en parallèle. Les avantages du choix d’Apache sont certains. Nous pouvons en mesurer l’impact en lisant tous les mois le sondage du site Netcraft41, montrant depuis sa mise en place une progression inéluctable du serveur Apache au détriment de tous les serveurs propriétaires. En juin 1999, ce serveur et ses dérivés dirigeaient 61% des serveurs Web de par le monde. Sans propriétaire légal, sans promotion et sans société de services offrant des contrats de maintenance.

Nous pouvons généraliser l’histoire d’Apache à un modèle où les utilisateurs de logiciels trouvent leurs avantages dans le financement d’un développement à sources ouvertes. Cette approche leur fournit un produit meilleur à un prix plus faible.

B- Le cas Cisco: étaler les risques

Voici quelques années, deux programmeurs de la société Cisco ont reçu pour mission d’écrire un système de files d’impression à l’intention du réseau d’entreprise de leur société. Le duo a proposé des modifications astucieuses au logiciel standard de files d’impression sous Unix ainsi que quelques scripts d’interface s’acquittant de la tâche. Toutefois, un petit problème est apparu. En effet, aucun de ces deux programmeurs n’allait rester employé éternellement dans cette entreprise.

Voilà pourquoi ils ont rencontré leur patron et l’ont convaincu d’autoriser la publication du logiciel de files d’impression sous une licence à sources ouvertes. Ils ont fondé leur argumentation sur le fait que la société Cisco n’y perdrait rien en termes de prix d’acquisition et avait donc tout à y gagner.

En encourageant la croissance d’une communauté d’utilisateurs et de co-développeurs issus de nombreuses sociétés, la société Cisco pouvait se prémunir efficacement contre la perte des développeurs originaux du logiciel.

Il est possible de généraliser l’histoire de Cisco à un modèle dans lequel les sources ouvertes n’ont pas plus l’intention de réduire les coûts que d’étaler les risques. Toutes les parties pensent que l’ouverture des sources et la présence d’une communauté qui collabore, suite à un financement par de nombreux flux indépendants, fournit une assurance économiquement appréciable et suffisante pour lui dégager des crédits.

C – Le cas Open-Cascad 42

Open-CASCADE est une filiale de Eads Matra Datavision, fondée en janvier 2001. Cette équipe de 100 personnes (80 réalisateurs inclus) travaille en France et en Russie. Leur mission est de fournir des services ainsi que le support pour les utilisateurs, les éditeurs de logiciels et les chercheurs industriels pour leurs projets de développement basés sur le logiciel Open-CASCADE 3d (logiciel libre d’entreprise) chargé de modeler des composants.

Les compagnies industrielles obtiennent un avantage concurrentiel via les applications contenant leur savoir-faire spécifique. Dans beaucoup de cas, ce besoin spécifique n’est pas couvert par le logiciel commercial de CAO ou, s’il est couvert, est difficile ou cher à la mise en application. Par contre, avec le logiciel Open-Cascade…

  • Open-CASCADE Il leur est possible de développer leur propre application et de se fonder sur le support cost-effective de l’équipe d’Open-CASCADE;
  •  Il est possible de faire appel aux experts d’Open-CASCADE pour le développement, le déploiement et l’entretien de leur application spécifique.
  •  Dans les deux cas, la solution d’Open-CASCADE leur apporte:
  •  Une intégration facile de leur logiciel avec des systèmes DAO (Dessin assisté par ordinateur) génériques de ce logiciel;
  •  Tous les avantages d’un outil d’Open Source, comme:
  •  La continuité de produit;
  •  L’absence de contrainte de logiciel de boîte noire;
  •  Le prix réduit: aucun honoraire d’exécution, à l’exception des services dont ils ont besoin;
  •  La possibilité de distribuer leur application sans contrainte d’autorisation;
  •  L’accès au code source d’Open-CASCADE permettant un choix particulièrement large des possibilités de projet de recherche;
  •  L’échange en ligne à www.opencascade.org fournissant une plateforme idéale pour la diffusion des résultats de leurs développements;
  •  Des solutions rentables de support d’Open-CASCADE, ayant été conçues pour répondre aux besoins spécifiques de l’environnement de la recherche.
  •  Plusieurs grandes entreprises industrielles et plusieurs entreprises de recherches ont accordé leur confiance à Open Cascade:
  •  BMW
  •  U.C. Berkeley
  •  Flamingo

D – Le cas du Bundestag

Le Bundestag, la Chambre du Parlement allemand, analyse l’éventualité de se séparer du système d’exploitation Windows en faveur de GNU/Linux dans un souci partiel de sécurité.

Une commission parlementaire va devoir décider quel système d’exploitation utiliser lorsque le moment de remplacer Windows NT sera venu (NT est l’OS actuellement en service sur les machines du Bundestag); selon Volker Schroer, un conseiller social-démocrate au Bundestag. « Le problème de base est la fin du support NT de Microsoft à la fin de l’année 2002.

Il est possible de continuer à l’utiliser pendant un certain temps, mais vous devrez l’upgrader ou alors changer d’OS (Operating System ou système d’exploitation.) » signale-t-il. « Les seules options à l’étude sont une autre version de Windows ou GNU/Linux.

Le comité examine la proposition de commuter les ordinateurs du Bundestag (plus de 5000) vers GNU/Linux afin d’en améliorer (éventuellement) la stabilité et la sécurité, mais aussi pour réaliser une opération rentable. ».
D’après les études du comité, mettre GNU/Linux en application dans tout le gouvernement fédéral pourrait aboutir à une épargne de 125 millions d’euros.

Parmi les arguments en faveur de GNU/Linux: des rapports selon lesquels certaines versions de Windows contiendraient des backdoors (trou de sécurité créé intentionnellement à des fins d’espionnage) conçues pour permettre un accès aux données des utilisateurs par la NSA (les services secrets américains).

41 : http://www.netceft.net.
42: http://www.ddg.net/ic-712902-1794-9-10000.html..

Des rapports concernant certaines backdoors ont déjà été mentionnés dans les médias l’année passée. Selon ceux-ci, les militaires allemands éliminaient les logiciels Microsoft des ordinateurs dits sensibles.

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