Comment l’analyse de cas révèle la RSE à IZERKHAF ?

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🏫 Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou - Faculté des sciences économiques, commerciales et des sciences de gestion - Département des sciences financière et comptabilité
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2022
🎓 Auteur·trice·s
AKSOUM THAFSOUTHAKROUR KENZA
AKSOUM THAFSOUTHAKROUR KENZA

L’analyse de cas en RSE révèle que l’application de la norme ISO 26000 dans la briqueterie IZERKHAF transforme la stratégie sociétale des entreprises. Cette étude met en lumière des pratiques innovantes essentielles pour naviguer dans un contexte économique turbulent, avec des implications significatives pour la pérennité organisationnelle.


  1. Les fondements théoriques et les enjeux de la RSE :
    1. Les fondements théoriques de la RSE : A la suite des travaux de Bowen, plusieurs cadres théoriques se sont mobilisés pour définir le concept de RSE, néanmoins, la diversité des interprétations de cette notion a contribué à de multiples controverses et de désaccords au sein des études d’un grand nombre de chercheurs.

Cependant, nous allons essayer de présenter dans ce qui suit les théories qui reviennent le plus dans la littérature.

  • La théorie économique néoclassique : Traditionnellement, l’objectif des entreprises était de maximiser les profits pour les actionnaires. Ce qui signifie que les entreprises, ne sont pas mandatées pour s’engager dans des projets qui ne favorisent pas directement la maximisation du profit. Selon l’école de Chicago et Milton Friedman, la RSE, au-delà de ses responsabilités pénales, est l’amélioration du profit des actionnaires. Ainsi, il revient à l’Etat d’en corriger les effets notamment par des incitations directes ou indirectes14.

Cette théorie considère que l’investissement dans des projets à caractère social génère des dépenses qui auront un impact négatif sur la richesse des actionnaires.

Cependant, pour inscrire la prise en compte des objectifs sociétaux dans les décisions des entreprises, il faut démontrer qu’il y a une corrélation positive entre les performances financières et les performances sociales. En outre, le dirigeant peut intégrer la RSE, dans le cas où l’engagement est présenté comme une condition incontournable d’une « rentabilité durable ». Ce courant théorique représente le volet purement rentable de la RSE, où la seule responsabilité de l’entreprise est de faire du profit.

  • La théorie de l’agence : La théorie d’agence constitue une clef explicative pour les relations. Elle suggère l’existence d’un contrat, entre un mandant (le principal) qui délègue à un mandataire (l’agent) le pouvoir de prendre, à sa place, un certain nombre de décisions.

Ce modèle recouvre toute relation contractuelle entre deux personnes afin qu’une situation dépende du travail de l’autre. Or, il peut y avoir des conflits d’intérêts, des divergences d’appréciations et du risque entre actionnaires et dirigeants. Le succès d’un type de relation repose sur le système d’information entre les deux parties et surtout de l’attitude des dirigeants face à l’information qu’ils détiennent15.

Partant du constat que les actionnaires (shareholders) ne sont pas les seuls concernés par les activités de la firme, mais que d’autres acteurs (stakeholders), peuvent subir des préjudices en cas de mauvais fonctionnement de l’entreprise, la relation d’agence a été élargie à l’ensemble des parties prenantes.

La responsabilité de l’entreprise est donc perçue comme celle des dirigeants, qui sont en relations contractuelles explicites ou implicites avec plusieurs catégories d’acteurs :

actionnaires, créanciers, mais aussi salariés, clients et consommateurs, fournisseurs, collectivités, ONG, etc. Il leur revient donc de gérer les diverses attentes de façon équilibrée.

Un contrat social implicite sert de cadre à la diffusion d’informations, à la consultation des parties prenantes. Les acteurs représentant les parties prenantes vont alors exercer un rôle de surveillance afin d’éviter les communications mensongères et de veiller à ce que les stratégies sociétales ne soient pas un simple dédouanement des dirigeants.

Dans cette approche, les parties prenantes influencent les décisions stratégiques des dirigeants et doivent assumer la responsabilité de répondre à leurs attentes.

  • La théorie du contrat social : L’idée centrale de la théorie du contrat social est comment relier l’entreprise à la société. Selon cette théorie, l’entreprise doit agir de façon responsable, non seulement parce que c’est dans son intérêt commercial de le faire, mais parce, qu’elle fait partie de la vision générale de la fonction de l’entreprise attendue implicitement par la société16.

En outre, selon le paradigme du contrat social, une entreprise est considérée comme une institution sociale et doit s’associer à d’autres structures sociales comme la famille, le système éducatif et les institutions religieuses, pour aider à améliorer la vie et répondre aux besoins de la société.

En d’autres termes, selon, la théorie du contrat, l’entreprise et la société sont des partenaires égaux, ou chacun bénéficie d’un ensemble de droits, de devoirs et de responsabilités réciproques. Il y a donc, un besoin réciproque direct et indirect entre les entreprises et la société. Autrement dit, l‘entreprise a besoin d’un soutien continu de la société en termes de ressources humaines et matérielles, tandis que, la société attend que l’entreprise opère d’une manière socialement responsable, puisque les entreprises contrôlent d’énormes quantités de ressources économiques et productives (technologies, finances qui peuvent affecter directement ou indirectement la société dans laquelle elles opèrent).

  • La théorie des parties prenantes : La théorie des parties prenantes s’est progressivement imposée comme la référence théorique dominante de la RSE. Freeman soutient ainsi que la RSE occupe une place justifiée dans la gestion de l’entreprise. Les parties prenantes sont définies par l’auteur comme étant « tout individu ou groupe d’individus qui peut influencer ou être influencé par la réalisation des objectifs de l’organisation »17, sont

ainsi généralement identifiés les actionnaires, les fournisseurs, les employés, les clients, les pouvoirs publics, les communautés locales et les acteurs de la société civile, tels que les organisations non gouvernementales, etc.

Au niveau de la littérature, la théorie des parties prenantes a été utilisée pour définir et donner du sens au concept de RSE. Dans ce sens, la responsabilité envers la société devient la responsabilité envers les parties prenantes. Nous pouvons donc distinguer trois approches de cette théorie : une approche descriptive, instrumentale et normative18.

Concernant les approches descriptives et instrumentales, ces dernières reposent sur une vision contractualiste de la relation entreprise parties prenantes. Elles décrivent la nature des relations entre la firme et ses parties prenantes ainsi que l’intérêt pour l’entreprise de mettre en œuvre des réponses adaptées à leurs attentes. De son côté, l’approche normative de la théorie transforme les observations en des préconisations pour un comportement plus juste.

Ainsi, l’intérêt principal de cette théorie est de mettre en évidence une vision pluraliste de l’organisation ouverte sur son environnement et de fonder une vision partenariale des organisations, associant les dirigeants à l’ensemble des parties prenantes.

  • La théorie de la dépendance à l’égard des ressources : « Cette théorie fait dépendre l’entreprise de son environnement et affirme que sa pérennité dépend de son aptitude à gérer des demandes de groupes différents, en particulier ceux dont les ressources et le soutien sont déterminants pour sa survie19 ».

Cette théorie met en évidence le fait que la vulnérabilité de l’entreprise vient de son besoin en ressources qui sont contrôlées par son environnement. Cette situation justifie davantage la prise en compte des parties prenantes par l’entreprise notamment celles dont les actions pourraient mettre en péril la vie de l’entreprise mais elle fait intervenir une autre dimension, celle de la légitimité sociale concept au cœur des théories néo-institutionnelles.

  • Les théories néo-institutionnelles de la légitimité : Cette approche implique une représentation de l’organisation qui est totalement introduite dans la société, dans ses valeurs et sa culture. Les parties prenantes sont considérées comme des « mises en scène » et déterminées par l‘importance que leur donnent les dirigeants.

Selon les institutionnalistes, il existe à l’extérieur des organisations, un ensemble de valeurs, de normes et de modèles organisationnels qui vont influencer leurs structures et leurs modes de gestion. Cette théorie postule que l’entreprise, dans la recherche de sa légitimité, va chercher à répondre aux pressions réglementaires à travers des comportements ou des structures approuvées par son environnement légal et concurrentiel en matière de mimétisme interentreprises et d’adoptions des normes différentes. Dans cette signification, la RSE est reliée au concept de la légitimité de l’entreprise.

La légitimité signifie « la perception générale que les actions d’une entité sont désirables, convenables et adéquates par rapport à un système de normes, de valeurs et de croyances sociales20 ». En ajoutant que « la légitimité est socialement construite, c’est-à-dire qu’elle est indépendante des observations individuelles mais reste dépendante de l’audience collective ».

La théorie néo-institutionnelle alors met l’accent sur l’adoption, par l’entreprise, de pratiques reconnues « normes de comportement » indépendante de l’utilité intrinsèque de ces pratiques pour l’organisation, à savoir des pratiques institutionnalisées par la société.

  • La théorie du leadership stratégique : Née à partir des travaux de Hambrick et Mason (1984), et concentre sur l’idée que l’homme est le principal acteur dans la compréhension des comportements organisationnels. Ainsi, le comportement de l’entreprise constitue le reflet des caractéristiques personnelles des membres de l’équipe dirigeante21.

Le processus étant le suivant : les managers interprètent les stimuli environnementaux à travers un filtre de valeurs personnelles et de croyances (Thomas et Simerly, 1995).

De ce fait, il en résulte des comportements et des résultats organisationnels façonnés à leur image. D’ailleurs, Wood (1991) défend l’idée selon laquelle « la responsabilité de l’entreprise n’est pas réalisée par des acteurs organisationnels abstraits mais bien par des acteurs humains

».

Ces constats mettent l’accent sur la dimension volontariste des organisations et rappellent que les comportements des firmes sont le reflet et la conséquence de l’action humaine. Plus précisément, ce champ de réflexion soutient que le comité de direction et le PDG (Président Directeur Général) sont tous deux importants dans la compréhension des comportements organisationnels (Thomas et Simerly, 1995).

________________________

14Capron Michel, Françoise Ouairel-Lanoizelee, op, cit, page 33.

15Taleb Bedreddine, « Les motivations d’engagement des entreprises dans la responsabilité sociale : le cas du secteur industriel algérien », Thèse de doctorat en sciences de gestion, Université Aix-Marseille, France, 2013, page 50.

16Pester Florent, op, cit, page 27.

17Capron Michel,Françoise Quairel-Lanoizelee, op, cit, page 36.

18Mhedhbi Ines Mhissen, « Engagement sociétal global en PME : une approche par les logiques d’action des dirigeants en Tunisie », Thèse de doctorat en sciences de gestion, Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambresis et l’école supérieure de commerce de Tunis, 2017, page 20.

19https://wikimemoires.net/2013/01/approches-theoriques-de-la-responsabilite-sociale-dentreprise/ consulté le 03-08-2022.

20Taoukif Fatima Ez-Zahra (2014), « Analyse perceptuelle des déterminants de l’engagement sociétal des entreprises marocaines labellisées RSE : de la performance au développement durable – cas du Maroc », Thèse Gestion et management, Université Moulay Ismaïl, Maroc, 2015, page 40.

21Taleb Badreddine, op, cit, page 54.


Questions Fréquemment Posées

Qu’est-ce que la norme ISO 26000 en matière de RSE?

La norme ISO 26000 est un cadre qui guide les entreprises sur la responsabilité sociale, en intégrant les pratiques sociétales dans leur stratégie pour assurer leur pérennité.

Comment la théorie économique néoclassique perçoit-elle la RSE?

La théorie économique néoclassique considère que l’objectif principal des entreprises est de maximiser les profits pour les actionnaires, et que l’investissement dans des projets sociaux peut nuire à cette maximisation.

Quel est le rôle des parties prenantes selon la théorie de l’agence?

Selon la théorie de l’agence, les parties prenantes influencent les décisions stratégiques des dirigeants et doivent assumer la responsabilité de répondre à leurs attentes.

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