Les perspectives futures du personnage révèlent comment le protagoniste de « Le Destin de Narimane » incarne les tensions sociales algériennes contemporaines. Cette recherche met en lumière des éléments inattendus qui redéfinissent notre compréhension du lien entre littérature et réalité socioculturelle, avec des implications cruciales pour l’analyse littéraire.
L’étude du personnage principal et ses rapports avec la société du roman
L’œuvre littéraire constitue le miroir de l’époque de son créateur parce qu’elle interprète parfaitement la réalité sociale de son temps. De plus, le personnage romanesque comme unité signifiante dans cette œuvre reflète la société de son auteur parce qu’il est issu du monde qui le produit tributaire de la réalité politique, économique, sociale et culturelle de son époque, il est aussi la création d’un auteur en chair et en os qui alimente sa créature de sa propre vie.55
De ce fait, le romancier essaye toujours d’intégrer son personnage dans une société fictive qui emprunte la plus part de ses caractéristiques de sa société réelle. Ici c’est le personnage qui prend le triomphe de traduire ces caractéristiques à travers son être, son faire et son dire cités dans le deuxième chapitre. Cette affirmation relève l’interrogation suivante : en quoi le personnage de notre roman reflète-t-il la société ?
D’abord, nous avons constaté que notre roman reflète une société réelle évoquée principalement par le personnage de « Narimane ». Ainsi il fait de son héroïne un spectateur de la société algérienne pendant la décennie noire puis la société parisienne et toulousaine. Tout en décrivant la réalité sociale, politique, économique de cette époque ainsi ses traditions et ses mœurs.
3. 1. La situation politique sociale et économique de la société du roman :
55-CATHERINE, Durvye, Le roman et Ses Personnages, Ed Ellipses, 2007, p91
Le personnage romanesque reflète et juge toujours la réalité sociale et politique de l’époque à laquelle son auteur le crée56. En fait, il se définit à travers son opinion politique, son rang social et son niveau intellectuel …etc.
À ce propos, l’auteur situe son roman dans un cadre social et politique bien précis qui se manifeste clairement dès la première ligne du roman « au début des années 1990, Narimane vit dans un appartement coquet situé au centre d’Alger »57. Dans ce passage il s’agit de la vague terroriste des années 1990 qui a bouleversé la stabilité de l’Algérie avec tout ce qui l’accompagne d’insécurité et de disparitions mystérieuses illustrées initialement par la disparition de Rachid « au fil des mois, Rachid reste introuvable. Pour l’instant, l’affaire a été classée sans suite. Dépassés par les événements dans une atmosphère d’insécurité … mais pour le moment, l’enquête demeure très obscure car il faut dire que les disparitions se comptent par milliers »58. À travers cet extrait, on constate que la disparition de Rachid n’était pas le seul drame car à l’époque, l’Algérie rentre dans une atmosphère d’insécurité où les disparitions mystérieuses des gens comptent par milliers.
Il s’illustre aussi à travers l’état de couvre-feu imposé à la société du roman, on cite par exemple : « …un couvre-feu a été instauré et fixé à 23 heures et de toute façon, il est préférable de ne pas trop s’attarder le soir dans les rues. »59. Cela montre qu’à cause de l’insécurité et du déséquilibre politique du pays, le gouvernement a établi un état de couvre-feu par conséquent les gens doivent rentrer tôt à leurs domiciles pour éviter les attaques terroristes probables. Sans oublier encore les bombardements affreux qui envahissent les quartiers algériens.
En outre, on remarque que notre personnage se bascule dans une variété de niveaux sociaux (la classe sociale basse comme celle de Rachid, moyenne comme celle de Yacine et riche comme celle de Mounir).
Le déséquilibre politique et social cité auparavant provoque une décadence aiguë de la situation économique, ce qui s’explique d’abord par la prédominance du niveau social bas. On peut lire : « j’ai vendu mon appartement, la voiture de mon père et le peu de bijoux que j’avais ; malgré cela, je m’en sors tout juste, confie-t-elle avec angoisse à Nabila »60. Ce passage montre qu’au début du roman, Narimane appartenait à la classe sociale basse et après la disparition de Rachid sa situation financière s’aggrave de plus en plus c’est pourquoi elle vend ses propriétés « son appartement et ses bijoux, la voiture de son père ». Ici on peut dire que l’appartenance sociale de l’héroïne n’est pas faite par hasard, elle symbolise entre autres, le niveau de vie du peuple algérien dans cette époque. Cependant, lorsqu’elle épouse Mounir et part à Paris, elle quitte la pauvreté et saute vers la bourgeoisie et la richesse extrême donc, le passage de la première situation vers une situation meilleure révèle, sans doute, le niveau de vie de la société parisienne.
Ensuite, le chômage, le manque de travail et l’émigration sont aussi révélateurs de la décadence du niveau social. On cite : « Ainsi, elle commence à prospecter et à consulter quelque rares offres d’emploi dans la presse quotidienne, mais en vain. Le doute et l’inquiétude envahissent son esprit »61. Selon ce passage, nous arrivons à déduire que Narimane se réfugie vers l’émigration (elle part avec Mounir) pour s’enfuir d’une réalité économique dure en fait elle consulte les annonces de travail dans les journaux mais en vain.
2. Les traditions et les mœurs :
Le personnage romanesque peut traduire la réalité culturelle, les traditions et les mœurs de son époque, il reflète, sans doute, l’identité de la société dans laquelle il existe. Ainsi dans notre corpus nous allons signaler la manifestation d’une grande partie des coutumes et croyances algériennes : commençant d’abord, par la célébration des fêtes religieuses comme Aïd El Fitr et Ramadan, on cite : « …durant cette période comme celle de l’Aïd el Fitr qui marque la fin du mois de ramadan.
Les cris de joie des enfants du quartier se font entendre. Certains d’entre eux viennent sonner à la porte et tendent leurs petites mains pour recevoir quelques pièces de monnaie en échange d’un « Saha Aidek. »62.
Cet extrait cite deux fêtes religieuses, celles de Ramadan et de Aïd El Fitr, ces fêtes sacrées montrent le grand attachement du peuple algérien à l’ « ISLAM » avec ses valeurs de générosité, de solidarité, de complaisance et de patience. Ici le narrateur montre la manière dont les musulmans célèbrent leurs fêtes en décrivant l’ambiance de ces cérémonies caractérisées par « les cris de joie des enfants » qui sonnent dans les portes pour échanger un « Saha Aidek » par des pièces d’argent.
De plus, on a aussi les fêtes de mariage en citant le mariage de Zohra, l’amie de Narimane :
«La cérémonie bat son plein. On chante et on danse. On sert des sodas, du café, du thé, plusieurs sortes de pâtisseries : des baklawas, des makrouts, des tchareks et bien d’autre encore. Zohra poursuit sa sdéra. Lors de la sdéra, on retrouve en général la haute couture du terroir imprégnée de ses modèles riches et variés tels que bedrouns et seroual, des djebas de toutes les régions aux couleurs variées ou encore des ensembles aux empiècements perlés… »63.
Dans ce passage, le narrateur décrit avec détail l’une des fêtes de mariage qui sont célébrées d’une manière spéciale par la société algérienne qui se caractérise par une ambiance unique « chante et danse » avec des plats et des tenues traditionnelles agréables. Aussi, on arrive à retenir que « baklawas, makrouts, tchareks, sdéra, bedrouns, seroual » sont tous des objets précieux spécifiques pour l’héritage algérien.
Les croyances font aussi part de l’identité de la société de l’héroïne qui paraît très superstitieuse. À ce propos, khalti Dahbia déclare souvent : « balekou l’ain ! Leur répète-t-elle souvent. Les regards sont trop braqués sur vous. Pour chasser le mauvais œil, il faut jeter régulièrement une poignée de sel dans l’évier ou dehors après l’avoir tournée sept fois autour de vos têtes (…) voir un marabout et porter une khamsa. »64 p 9. Cet extrait affirme que la société du roman est une société superstitieuse, ce qui s’explique à travers le statut de khalti Dahbia (la tante de Rachid), une femme qui croit beaucoup au mauvais œil, au khamsa et aux marabouts. Ainsi, avoir tourné le sel sur la tête sept fois ou porter une khamsa sont des rites de nos ancêtres qui dévoilent les spécificités culturelles de notre région.
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55 CATHERINE, Durvye, Le roman et Ses Personnages, Ed Ellipses, 2007, p91 ↑
56 CATHERINE, Durvye, Le roman et Ses Personnages, Ed Ellipses, 2007. p.91. ↑
60 HACENE, Katia, Le Destin de Narimane, Ed El Quobia (ex-Dhakiret El Ouma), 2015, p 21 ↑
63 HACENE, Katia, Le Destin de Narimane, Ed El Quobia (ex-Dhakiret El Ouma), 2015, p 13,14 . ↑
Questions Fréquemment Posées
Comment le personnage principal de ‘Le Destin de Narimane’ reflète-t-il la société algérienne?
Le personnage de ‘Narimane’ est un spectateur de la société algérienne pendant la décennie noire, décrivant la réalité sociale, politique et économique de cette époque ainsi que ses traditions et ses mœurs.
Quelle est l’importance du personnage principal dans le roman ‘Le Destin de Narimane’?
Le personnage principal est essentiel car il traduit les préoccupations sociales et reflète les caractéristiques de la société algérienne à travers son être, son faire et son dire.
Quel contexte politique et social est décrit dans ‘Le Destin de Narimane’?
Le roman se situe au début des années 1990, une période marquée par une vague terroriste en Algérie, illustrée par des événements comme la disparition de Rachid et l’instauration d’un couvre-feu.