Les problèmes d’accès à l’eau à Kindu révèlent une crise sous-jacente de gouvernance urbaine, exacerbée par une croissance démographique rapide. Cette recherche met en lumière des solutions innovantes, telles que la stratégie ‘D 3 B’, essentielles pour transformer les inégalités spatiales en opportunités de développement.
Chapitre quatrième :
PROBLEMES DE GOUVERNANCE TERRITORIALE A KINDU
Ce chapitre aborde deux principaux aspects de la gouvernance territorial, à savoir : d’une part, les problèmes, qui soit doivent trouver solution par la gouvernance, soit se dressent en termes d’obstacles. Nous le qualifions ici de difficultés. D’autre part, les potentialités dont dispose la ville à partir d’une analyse FFOM (forces, faiblesses, opportunités et menaces) se basant sur les potentialités de la ville et son hinterland proche.
Inventaire des difficultés de la gouvernance urbaine à Kindu
Nous analysons ici les questions de gouvernance ayant trait à l’accès aux services de base. Il s’agit de plusieurs problèmes comme listés ci-après:
Difficultés d’accès aux services sociaux de base
La ville de Kindu étant au centre des enjeux de la gouvernance analysés un peu plus haut, il est évident qu’elle présente un lot de problèmes sur le plan socio-économique. Ces derniers relèvent de plusieurs ordres. Le plan de développement urbain (PDU) et les autres travaux de planifications faits par la division du plan, en disent long. Nous épinglons ici les principaux problèmes de gouvernance qui se posent à Kindu:
Accès à l’eau potable :
La ville a disposé depuis 1945 d’une usine de traitement et d’épuration d’eau du fleuve Congo, avec deux châteaux d’eau et un laboratoire, pour une population estimée en 2019 à 580052 âmes, et dont la croissance est estimée à 3,16% l’an.
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Photo n° 6 : Le principal château d’eau construit depuis l’époque coloniale qui dessert la ville à ce jour
D’après une enquête du PNUD à Kindu, seuls 3,3% des populations ont accès à l’eau de robinet dans le logement, 6,7% dans les parcelles, alors que 7,6% ont accès à l’eau de la REGIDESO à partir des bornes fontaines. Le reste des populations se contente de l’eau de puits aménagés ou non, de sources, des rivières et du fleuve. Nous y reviendrons avec forte détaille au troisième chapitre.
Nos enquêtes auprès du service concerné (REGIDESO), signalent qu’à ces jours un peu plus de 10% de la population sont connectés à l’eau potable et disposent des robinets à domicile. Il en est de même de l’estimation de nombre personnes ayant accès à l’eau de la REGIDESO via les bornes fontaines nous est paru difficile pour raison de la cohabitation et de la solidarité des populations.
Une initiative a été menée en 2012 par la ville de Kindu financée par la CTB qui a installé par gravitation un autre système d’adduction d’eau mais toujours dans la commune de Kasuku.
La gestion de ce système est actuellement faite par une organisation belge ENABEL. Elle perçoit l’argent auprès des usagers organisés en ASUREP à chaque borne fontaine.
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Photos n° 7 et n° 8 : Les bornes fontaines gérées par ENABEL (ex CTB). Un agent y vend l’eau pendant la journée
A ces jours d’autres châteaux d’eau se sont ajoutés. Il s’agit du château d’eau de la fondation MAPON qui pompe l’eau souterraine et desserve le complexe médico-scolaire de la fondation MAPON et les populations environnantes. Le troisième est celui installé à Alunguli, avec une possibilité de service très limitée à cause de la non permanence de l’énergie.
Bref la question de desserte en eau reste entière dans la ville de Kindu. D’après l’étude de PNUD ci-haut évoquée, le pourcentage d’individus ayant accès à l’eau potable au Maniema comparé aux objectifs du millénaire n’a pas évolué. Dans dix ans il a évolué de 33% à 40% alors que le niveau national a frôlé les 50%, contre plus de 65% prévus par l’OMD 7.
Accès à l’eau potable
National
Maniema
Sentier OMD
100%
80%
60%
40%
40%
20%
33%
0%
1990
1995
2000
2005
2010
2015
Cible 10: Réduire de moitié, d’ici à 2015, la proportion de la population sans accès durable
à un approvisionnement en eau potable et à des services d’assainissement de base
MN OMD 7: Assurer un environnement durable
Source : Le plan quinquennal du Maniema.
% population ayant un accès durable à
une source d’eau améliorée
Figure 12 : Evolution du niveau d’accès à l’eau potable
Accès à l’électricité :
Servie en électricité hydro-électrique à partir de la centrale hydro-électrique de Lutshulukulu située à 101 Km, la ville de Kindu en reçoit 500 Kw à 1 Mgw selon la saison. L’état vétuste et obsolète des installations n’augure pas un avenir meilleur pour la ville.
Toujours d’après le PNUD, seuls 5543 ménages sur plus 100 000 que compte la ville, soit 5,5% sont abonnés à l’électricité. De ceux-ci, seuls 3444 sont effectivement desservis en électricité, donc sont connectés à ce réseau géré par la SNEL. Notons qu’une partie de ces abonnés n’est servie que de façon intermittente. Ce qui pousse les populations à recourir à des solutions palliatives. Elles recourent ainsi au solaire et aux générateurs pour les autres usages.
Nos enquêtes nous ont révélé que la commune de Kasuku vient en tête avec 51% suivie de la commune de Mikelenge avec 38 % vient enfin la commune d’Alunguli qui compte moins d’abonné représentant ainsi 11%
Cette situation a des répercussions graves sur l’environnement. Les populations sont obligées de recourir aux bois et à la braise pour la cuisine. Cette autre question demeure dans l’attente d’une solution durable.
Accès aux soins de santé primaire :
La ville compte deux zones de santé : Celle de Kindu et celle d’Alunguli. Elle compte 2 hôpitaux généraux de référence, donc 2 hôpitaux publics, l’un dans la zone de santé de Kindu II (Kasuku et Mikelenge) et l’autre dans la zone de santé de Kindu (Aluguli et son hinterland) et 3 centres hospitaliers privés. On compte aussi 75 centres de santé dont 19 centres de santé publics et 56 centres privés agréés. Un seul hôpital public est construit selon les normes et a fait récemment l’objet d’une réhabilitation (l’hôpital général de référence de Kindu, appelé aussi hôpital provincial) (CTB, 2015).
Avec deux hôpitaux généraux de référence, et 19 centres de santé publics, le secteur sanitaire est absorbé par les privés, qui comptent 3 hôpitaux soit 60% et 56 centres de santé soit 74% de ces structures.
Il en ressort que la politique publique d’accès aux soins de santé primaire à tous, se trouve diluée dans cette masse des structures privées et passe presque inaperçue.
Hopitaux publics
Hopitaux privés
Hopitaux
privés 60%
Hopitaux publics 40%
Figure 13 : Répartition de structures hospitalières dans la ville de Kindu (Source :
En ce qui concerne la fréquentation de ces structures sanitaires, nos enquêtes qui ne concernent que les cinq grands hôpitaux révèlent ce qui suit :
Tableau n° 19 Fréquentation et qualité des structures sanitaire de Kindu
Structures | Gestionnaire | Niveau d’Equipement | Catégories de patients en % | |
Nantis | Moins nantis | |||
HGR Kindu | Public | Moyen | 29,8 | 70,2 |
Hopital MAPON | Privé | De pointe | 68,1 | 31,1 |
CH BDOM | Privé | Moyen | 59 | 41 |
Hôpital SNCC | Public | Vétuste | 11 | 89 |
HGR Alunguli | Public | Moyen | 4 | 96 |
Source : Enquête, juillet 2019
De l’analyse de ces résultats, il ressort que les structures sanitaires privées sont plus fréquentées par la catégorie jugées nantie de la ville de Kindu. Ainsi, l’hôpital MAPON vient en tête suivi du centre hospitalier BDOM. Il est à noter ici que les meilleurs équipements et services médicaux ne sont disponibles que chez les privés. Cependant, l’accès n’est pas à la bourse de tous les citoyens. Nous évoquerons à ce titre la fondation de l’ancien Premier Ministre Matata Ponyo qui dans ses réalisations comme acteur privé, a construit l’hôpital MAPON, qui reste la structure sanitaire la mieux équipée et qui fournit un service de qualité.
Un autre cas est celui de l’hôpital BDOM, structure de l’église catholique avec un service bien organisé, rivalisant ainsi les structures hospitalières publiques. Les hôpitaux de l’Etat tel que l’hôpital de la SNCC, l’hôpital général de référence de Kindu II (provincial) et celui de référence d’Alunguli, sont en permanence en partenariat avec les organisations de Nations unies comme OMS,
UNICEF, …
Accès à l’aménagement
Avec 181 écoles primaires (131 écoles publiques et 50 écoles privées) et 141 écoles secondaires (85 écoles publiques et 56 écoles privées) qui fonctionnent, la ville de Kindu connaît une véritable amélioration en termes d’effectifs d’écoles. De 43 écoles secondaires publiques en 2001 à 85 écoles en 2018, l’effectif a presque doublé en dix-huit ans. De l’autre côté, la population s’est multipliée par 2,5. Ce qui démontre une certaine inadéquation entre l’évolution de la population scolaire et les infrastructures scolaires.
En ce qui concerne l’enseignement supérieur et universitaire, la ville compte 6 universités parmi lesquelles, 5 sont privées et 1 seule est publique. Par contre, sur 14 institutions supérieures de Kindu, 10 sont publiques et 4 sont privées.
9
Privé
Publique
0
Privé; 9
Publique; 14
20
40
Secondaire
ESU
Privé; 56
60
Privé; 5
Primaire
80
100
120
Publique; 131
140
Publique; 85
Figure 14 : Répartition des structures éducatives
La lecture de ce graphique indique que le secteur d’éducation est majoritairement contrôlé par le secteur public. En définitive, le secteur éducatif n’a pas attiré les privés du fait de la pauvreté des ménages. Ceci est confirmé par les résultats de l’enquête EADE-DRC (2012).
D’après cette enquête, « la comparaison des provinces en termes de distribution des classes de revenu, révèle que c’est dans les provinces de l’Equateur, du Maniema et du Kasaï Oriental où il y a plus de 70 % des ménages avec un revenu mensuel inférieur à 50 $ US. Le Maniema avec 78,5 % alors qu’à l’opposé Kinshasa compte 52 % des ménages considérés comme pauvres.
Le grand problème reste celui des infrastructures et de la qualité de l’enseignement et de l’accessibilité de celui-ci. La pauvreté des parents prive un bon nombre d’enfant l’accès à l’éducation. Heureusement que la mise en application de la gratuité va changer la donne, mais n’aura pas à rambleer le fossé entre les classes en matière d’accessibilité des enfants à une éducation de qualité.
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2 Définition donnée par l’article 62 de la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) du 15 mai 2001. ↑
3 Auchan Les 4 Temps, La Défense. ↑
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les principaux problèmes d’accès à l’eau à Kindu?
La ville de Kindu présente plusieurs problèmes d’accès à l’eau potable, avec seulement 3,3% de la population ayant accès à l’eau de robinet dans le logement et 6,7% dans les parcelles.
Quelle est la situation de l’accès à l’eau potable à Kindu en 2019?
En 2019, environ 10% de la population de Kindu était connectée à l’eau potable, tandis que le reste se contentait d’eau de puits, de sources, des rivières et du fleuve.
Comment la gestion de l’eau est-elle organisée à Kindu?
La gestion de l’eau à Kindu est effectuée par l’organisation belge ENABEL, qui perçoit des frais auprès des usagers organisés en ASUREP à chaque borne fontaine.