Les applications pratiques à Kindu révèlent une dynamique urbaine complexe, où la gouvernance locale peine à suivre la croissance rapide de la ville. Cette recherche met en lumière des solutions innovantes pour une gestion participative, essentielle face aux inégalités croissantes et à l’étalement urbain désordonné.
Actions urbaines et gouvernance locale
Confondues aux actions nationales et provinciales, les actions urbaines se chevauchent. Il s’agit de :
- Asphaltage de 1240 mètres de la voirie de Kindu de l’avenue de l’évêché et de 1500 mètres sur l’avenue de la paix par la banque mondiale à travers le projet de développement urbain (PDU);
- Construction des trois marchés communaux par la banque mondiale ;
- Appui en médicaments et fonctionnement aux deux zones de santé de la ville par le projet ASSP/ CARITAS-IMA-DFED ;
- Appui à l’agriculture périurbaine par le FIDA à travers le PIRAM ;
- Appui en surveillance épidémiologique et la vaccination par l’OMS ;
- Appui en manuel scolaire et le programme village et école assainis par l’UNICEF ;
- Captage et adduction d’eau potable au quartier Basoko dans la commune de Kasuku par la coopération technique belge, CTB (système gravitaire) et dans la commune Alunguli par la REGIDES (Banque Moniale). Signalons ici qu’un
privé s’est démarqué dans ce domaine. Il s’agit de la fondation Mapon qui compte deux châteaux d’eau ;
- Assistance en vivres et non vivres aux sinistrés des récentes inondations dans la ville de Kindu par la CARITAS développement, par le gouvernement central ;
- Construction de l’hôpital général d’Alunguli et quelques centres de santé par le projet ASSP/ CARITAS-IMA-DFED ;
- Construction du complexe médico-scolaire et universitaire (MAPON) de Lumbulumbu par la fondation Mapon financé par la fondation GETLER.
A côté de ces projets financés par les privés et les institutions du système des Nations unies dans la ville de Kindu, celle-ci a connu aussi des projets financés par le gouvernement national :
- Construction et réhabilitation des infrastructures publiques (asphaltage de la voirie urbaine de Kindu sur plus de 12 Km, la tribune centrale de Kindu, bureau de l’inspection provinciale de la police, bureaux de la DGM, DGDA et DGRAD, modernisation de l’aéroport de Kindu, l’hôpital général de référence de Kindu ).
- Adduction d’eau potable dans la commune d’Alunguli ;
- Eclairage public dans les grandes artères de la ville de Kindu (non achevé jusqu’à ce jour) ;
- Appui en médicament dans les zones de santé (en cours) ;
- Construction des écoles et centres de santé (en cours) ;
Telles sont les grandes actions au niveau urbain réalisées à Kindu avec des fonds public/privé.
En ce qui concerne les projets urbains réalisés par divers acteurs, et au vu de nombre important d’intervenants, nous le regroupons ici par catégorie d’intervention dans des tableaux ci-dessous. Nous signalons en passant que ces différents acteurs n’exécutent pas simultanément des actions sur terrain. Ils ne sont pas tous permanents. Leur présence est souvent fonction des besoins humanitaires et/ou de réponses aux appels d’offre que lance soit le gouvernement national, provinciale et les partenaires des institutions de Bretton wods. Ils restent de ce fait entièrement dépendent des fonds extérieurs et tombent de temps en temps dans les oubliettes.
Dans le domaine sanitaire
Deux grands acteurs ont marqué leur présence au niveau de la ville de Kindu à travers leurs actions. Bien qu’appuyées par les organisations du système des nations unies, Merlin a beaucoup fait au niveau de la ville de Kindu sur le plan sanitaire. Il a été relayé dans ses actions par la CARITAS. Voyons dans le tableau ci-dessous les différents acteurs du domaine sanitaire.
Nous signalons que le secteur de santé est devenu l’un de plus prisés de la ville par les privés, qui y ont multiplié des petites structures qualifiées de ‘’mouroirs’’.
Tableau 19 : Acteurs urbains et leurs actions
Tableau 19 : Acteurs urbains et leurs actions | |
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Parameter/Criteria | Description/Value |
Acteurs | Actions dans le domaine sanitaire |
Source :Enquête de terrain, 2019.
Dans le domaine de l’éducation
Comme nous venons de le signifier pour le domaine sanitaire, le domaine de l’éducation est aussi prisé par les privés, qui s’y investissent pour des objectifs lucratifs. Le relâchement constaté de la part du pouvoir public en matière de l’éducation et les événements qui se sont succédés au pays ont favorisé cet état des choses.
Dans ce domaine, c’est l’Etat congolais avec son partenaire UNICEF qui trônent à la tête. Ils sont suivis par les organisations internationales et les églises qui ont signé avec l’Etat Congolais des accords de cogestion des écoles publiques.
Signalons en passant que les infrastructures sont les plus souvent construites par le gouvernement central. En ce qui concerne les privés, ils restent promoteurs de leurs écoles y compris les infrastructures.
La fondation MAPON s’est une fois de plus distingué avec un complexe scolaire de très haute qualité incluant à son sein un cycle complet du primaire, du secondaire et une université de renommé international.
Construite en 2016 elle organise les facultés plus technique et pratique que théoriques, et accueille des étudiants de nationalités diverses.
Nous y reviendrons un peu plus en détail dans la deuxième partie de ce travail.
Les infrastructures routières
Le gouvernement central reste le principal promoteur des infrastructures routières ou tout simplement de la voirie urbaine à Kindu. Cependant, la ville a initié un projet de bitumage de 2,7 Km dans son plan de développement urbain (voir carte ci-après).
Il sied de signaler que la nomination de Matata Ponyo à la primature correspond au lancement du programme ‘’révolution de la modernité’’ qui a vu Kindu bénéficier de plus de 10 km de voirie asphalté. Cependant, cet asphaltage n’a couvert que deux communes de la ville de Kindu.
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Carte 16 : Kindu : Voiries urbaines asphaltées par la ville et le gouvernement central (Source : données du terrain 2019)
Les difficultés des acteurs de la gouvernance
Les difficultés auxquelles sont confrontés les acteurs urbains dans la réalisation de leurs projets, sont de plusieurs ordres. Les unes sont inhérentes à la définition même des problèmes à résoudre, les autres tiennent à la cohabitation, de l’orientation du bailleur et des attentes de la communauté urbaine.
La plus grande difficulté qu’ont connue les acteurs à ce niveau, est liée à la destruction totale de tous les systèmes de gestion de la ville. Tout est priorité. D’où les acteurs sont restés le plus longtemps sur les projets d’assistance ponctuelle, plongeant ainsi les populations dans l’attentisme.
L’enclavement de la ville en particulier et de la province en général, n’a pas facilité les choses aux acteurs. Le seul mode de transport étant l’avion, et par occasion intermittente le train, a doublé le coût des projets. C’est le cas par exemple de quelques écoles primaires construites par le fonds social pour un coût de 100 000$ par école.
Le manque sur place de toutes les ressources est à mettre toujours au compte de l’enclavement d’une part, mais d’autre part, la qualité de la main d’œuvre, dont certaines organisations ont besoin n’a pas été rencontrée sur place. D’où son importation, qui a entraîné une certaine méfiance des locaux.
L’autre difficulté qui a touché les acteurs, c’est l’atavisme ; les populations se sont longtemps attachées à la coutume et aux mœurs du coin. C’est qui n’a pas favorisé l’introduction des innovations tentées par les acteurs.
Cet aspect a été plus observé dans le domaine agricole (agriculture péri-urbaine, et maraîchère, pisciculture, élevage, …).
Conclusion partielle
La gouvernance urbaine à Kindu reste un idéal, bien que prônée par la constitution de la RD Congo.
Kindu est confrontée à un certain nombre des problèmes. Ainsi, elle fait face aux problèmes liés à l’accès aux soins de santé primaires, à l’accès à l’eau potable, accès à l’énergie, à l’accès à l’éducation, etc.
Il s’avère que le budget de la ville tel qu’il est conçu ne peut résoudre les différents problèmes que connaît la ville. D’où, elle est constamment obligée à recourir aux partenaires du développement pour tout projet urbain, comme c’est le cas avec la Banque Mondiale qui finance quelques projets dans le cadre du plan de développement urbain (PDU).
Après l’analyse des différents acteurs de la gouvernance dans la ville de Kindu, abordons dans le chapitre qui suit, les différents problèmes auxquels reste buttée la gouvernance territoriale.
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les principaux acteurs de la gouvernance urbaine à Kindu ?
L’État reste le principal acteur de développement, secondé par des partenaires et quelques privés.
Quelles actions ont été entreprises pour améliorer les infrastructures à Kindu ?
Des actions incluent l’asphaltage de 1240 mètres de voirie et la construction de trois marchés communaux par la Banque mondiale.
Comment la ville de Kindu fait-elle face à l’étalement urbain ?
La recherche propose une gouvernance participative basée sur la décentralisation à travers la stratégie ‘D 3 B’ pour développer les espaces urbains.