L’innovation technologique à Kindu révèle des inégalités spatiales croissantes, défiant les attentes de développement urbain. Cette recherche met en lumière les enjeux de la gouvernance participative, essentielle pour transformer ces défis en opportunités de croissance durable et équitable.
Kindu, une ville présente ou en devenir ?
La problématique de l’acceptation d’une agglomération comme ville ne date pas d’aujourd’hui. Mieux appréhender cette problématique exige une réponse à la question ‘’quelles sont les raisons d’ordre géographique qui expliquent que la ville soit là, qu’elle s’y soit enracinée, qu’elle y ait prospéré, et cela en dépit même d’autres facteurs géographiques défavorables ?’’
Deux aspects sont à analyser pour cette question : le premier constitue le cadre urbain d’ensemble et exprime la raison générale de la naissance et du développement de la ville. Ceci explique qu’une ville a eu l’occasion et les moyens de vivre en un point quelconque de la région. C’est l’ensemble de situation générale, ou, plus brièvement, de situation.
Le deuxième aspect concerne les traits purement locaux du paysage en fonction duquel s’installe et se développe la cité; par opposition à la situation, ils constituent les éléments du site local (Blanchard, 2018).
D’après son évolution, Kindu a traversé plusieurs statuts. Il a été démontré que Kindu, n’a été qu’un centre commercial jouant le rôle d’un centre de transbordement de marchandises. De là, le centre est devenu chef-lieu du territoire de Lokando, puis de District du Maniema puis enfin de la province du Maniema, statut politico-juridique qu’il a jusqu’à ces jours.
Ces changements se sont accompagné des apports anthropologiques, culturels, économiques, spatio-géographiques, religieux et sociaux.
En ce qui concerne les quatre fonctions dont parle Le Corbusier (habiter, travailler, se divertir et circuler), qui résument la charte d’Athènes, elles vont être analysées à travers une corrélation avec les équipements sociaux de base de la ville. Quoi qu’il en soit, les grandes fonctions ci-haut citées, sont typiques à toutes les grandes agglomérations. Elles ne peuvent donc pas être des conditions nécessaires pour juger du sort d’une agglomération comme ville.
La ville est aussi caractérisée par la citadinisation des populations qui est un signe de progrès : les conditions sanitaires sont plus favorables que dans les campagnes, l’accès aux équipements, la scolarisation plus aisée, l’industrialisation et la tertiarisation des économies qui créent des emplois, même s’ils sont informels … (A. Ciattoni et Y. Veyret 2007).
De taille moyenne, la ville de Kindu peut à peine disposer de quelques-unes des conditions que Veyret et ses compagnons attribuent à la ville.
De par sa définition, et des points de vue ci-haut étalés, on serait partagé entre la négation de ce statut et l’affirmation de ce dernier pour la ville de Kindu. Les deux possibilités autour du statut de Kindu s’offrent dès lors qu’on examine sa dynamique territoriale et socio-économique.
La croissance démographique, une pression sur l’espace
La ville de Kindu a connu une évolution sans cesse croissante de sa population. Les événements socio-politiques qui se sont succédés dans le pays et surtout à l’Est, sont d’une part à l’origine de cette évolution, mais d’autres part, l’effritement du secteur socio-économique de la province toute entière n’est pas à négliger.
Sachant que la compréhension de la signification des migrations gagne en profondeur lorsqu’elles sont bien analysées localement, nous ne pouvons pas avec précision expliquer ce mouvement. A cet égard, il convient de signaler qu’à ces jours, il n’existe pas d’études sociodémographiques récentes, ce qui rend spéculative la diversité des causes attribuées à ce paramètre.
La lecture combinée de la figure n°1 et du tableau de la répartition des populations en annexe, révèle que l’évolution de la population de Kindu est à l’image de celle de la RDC. Le sex ratio est en faveur des filles avec un total de 281 572 soit 51,7% contre 263 482 soit 48,3% d’hommes. Il se dégage une différence de 3,3% entre les deux sexes.
En ce qui concerne le taux d’accroissement de cette population, il n’est pas statique. Bien que sans cesse croissante, la population a connu deux moments forts qui ont marqué son évolution. Il s’agit d’une croissance à faible taux 0,38% qui a qualifié les années 2001 à 2003 puis d’un fort taux calculé autour d’une moyenne de 0,6% qui a caractérisé les années 2007 à 2018.
Tableau de la répartition des populations | |
---|---|
Paramètre/Critères | Description/Valeur |
Population totale | 545 054 |
Sex ratio | 51,7% filles, 48,3% garçons |
Taux d’accroissement (2001-2003) | 0,38% |
Taux d’accroissement (2007-2018) | 0,6% |
Figure 2 : Evolution globale de la population à Kindu Source : Données du tableau en annexe 2
[8_innovation-technologique-a-kindu-une-analyse-essentielle_15]
700000
600000
500000
400000
300000
200000
100000
0
1986 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
EVOLUTION DE LA POPULATION
Les années de faible croissance, sont celles où l’Est du pays a été sous l’occupation de la rébellion. Très peu de communications ont eu lieu entre la ville de Kindu et son arrière-pays. Notons aussi que plusieurs personnes ont choisi de fuir la ville pour se réfugier ailleurs.
La reprise effective de cette croissance a eu lieu entre 2007 et 2008 et n’a plus connu de recul. Cette reprise s’explique par la stabilité qu’a connue le pays après l’organisation des élections de 2006 et la reprise ou la relance économique dans la ville, qui a renoué avec d’autres villes du pays.
Il sied de signaler qu’en dehors de ces indices qui bien sûr intéressent l’aménageur, un autre et non de moindre, est le taux ou la part de la jeunesse. La ville de Kindu dégage une proportion assez importante des jeunes. Il s’agit de 348 172 jeunes soit 63,8% de la population totale. De ceux-ci 51,2% sont des filles contre 48,8% de garçons.
[8_innovation-technologique-a-kindu-une-analyse-essentielle_16]35
[8_innovation-technologique-a-kindu-une-analyse-essentielle_17]
Tableau de la pyramide des âges de la ville de Kindu en 2019 | |
---|---|
Paramètre/Critères | Description/Valeur |
Population jeune | 348 172 jeunes soit 63,8% |
Proportion de filles | 51,2% |
Proportion de garçons | 48,8% |
Figure 3 : Pyramide des âges de la ville de Kindu en 2019 Source : Données du tableau en annexe 3
Si l’on s’en tient à l’évolution de la population jeune, on est vite tenté de mener une comparaison avec l’implantation des équipements urbains. Ce point sera abordé dans le quatrième chapitre.
250000
200000
150000
100000
50000
KASUKU
MIKELENGE ALUNGULI
0
Figure 4 : Évolution de la population par commune (2001-2019) Source : donnée du tableau en annexe 2
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Sur la figure 3, il se dégage que la commune de Mikelenge, bien qu’étant la plus peuplée des trois, connaît une évolution irrégulière. Cette population a connu un léger mouvement de zigzag de 2005 à 2006 puis de 2010 à 2011. Ces périodes coïncident avec les périodes d’enrôlement des électeurs et des élections.
En ce qui concerne la commune de Kasuku, moyennement peuplée, celle-ci a connu une croissance plus élevée de sa population entre 2011 et 2013, puis celle-ci est redevenue normale jusqu’à ces jours. Cette situation s’explique par la présence des équipements socio-économiques.
Enfin la commune d’Alunguli moins peuplée, connaît une évolution presque linéaire. Constituée à environ 75% de la population d’une même tribu (lega), celle-ci constitue une zone de transit pour les populations arrivées en ville, qui après l’amélioration de leur situation, s’installent dans la commune de Kasuku.
[8_innovation-technologique-a-kindu-une-analyse-essentielle_18]
MIKELENGE KASUKU ALUNGULI
KASUKU 36%
MIKELENGE 40%
ALUNGULI 24%
Figure 5 : Répartition de la population par commune en 2019 Source : donnée du tableau en annexe 2
Ce graphique montre que la commune de Mikelenge vient en tête avec 40,4 % de la population de la ville, suivie de Kasuku avec 36% en fin la commune d’Alunguli la moins peuplée avec 23,6 %.
L’importance démographique de la commune de Mikelenge s’explique aussi par la présence à son sein d’un vaste espace où se pratique l’agriculture péri- urbaine. Or la population de Kindu étant majoritairement agricole, a choisi de s’installer dans cette la commune.
Il sied d’indiquer ici que derrière cette croissance se cache une multitude des problèmes que seule la gouvernance peut résoudre. Parmi eux, deux ont retenus notre attention : le premier c’est l’impact de celle-ci sur l’espace, le second la satisfaction des besoins de cette population par les acteurs de la gouvernance.
________________________
2 Définition donnée par l’article 62 de la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) du 15 mai 2001. ↑
3 Auchan Les 4 Temps, La Défense. ↑
Questions Fréquemment Posées
Quelle est la dynamique spatiale de la ville de Kindu?
La ville de Kindu connaît une croissance spatiale et démographique supérieure à l’évolution des infrastructures, créant des inégalités spatiales et des frustrations.
Comment la gouvernance urbaine est-elle structurée à Kindu?
La gouvernance urbaine de Kindu est présentée comme un terrain de batailles politiques où l’État reste le principal acteur de développement, secondé par des partenaires et quelques privés.
Quelles sont les propositions pour améliorer la gouvernance à Kindu?
La recherche propose une gouvernance participative basée sur la décentralisation à travers la stratégie ‘D 3 B’ pour développer les espaces urbains.