L’analyse de cas à Kindu révèle une dynamique urbaine complexe, où la gouvernance étatique se heurte à une croissance démographique rapide. Cette étude met en lumière les inégalités spatiales croissantes et propose une stratégie de décentralisation innovante, essentielle pour un développement urbain durable.
Objectifs et intérêts de la recherche
Objectifs
Comme dit un peu plus haut, cette étude se fixe comme objectifs les aspects pragmatiques suivants:
- Entreprendre un diagnostic et une analyse de la gouvernance urbaine de même qu’une analyse spatiale axée sur l’implantation des unités d’encadrement urbain sur les différents complexes spatiaux de la ville de Kindu. Ces complexes étant les trois communes, les 10 quartiers, les 110 blocs et au plus bas niveau environs 600 avenues.
- Mener une analyse comparative de diverses dynamiques observées (spatiale, démographique et des équipements publics);
- Proposer des stratégies d’une gouvernance pour Kindu (une ville d’occupation spontanée) dans le cadre de la décentralisation.
Intérêts
Cette étude présente des intérêts multiples. Il s’agit du point de vue pratique d’un outil de référence pour tout acteur de Kindu à cause de la profondeur du diagnostic et de l’inventaire des différents éléments de la gouvernance urbaine.
L’étude constitue aussi une base solide sur laquelle peuvent partir d’autres études sur la gouvernance des villes congolaises ayant le même contexte ou non que celui de Kindu.
Problématique et hypothèses de la recherche
Question principale de la recherche
Il est question dans notre étude, d’une analyse de différents agrégats qui entrent en compte dans la gouvernance urbaine, c’est-à-dire l’analyse des différentes opportunités, des différents intervenants et leurs actions sur le terrain. Il s’agit enfin de relations entre gouvernants et gouvernés qui se traduisent à travers la manière dont sont gérés les espaces urbains.
En mettant en place des institutions capables de résoudre ces questions complexes, en restant assez proche du citoyen pour lui fournir des biens publics, on répond aux objectifs poursuivis par le législateur, qui a choisi en RD Congo la décentralisation comme mode de gouvernance.
Cela pose un problème complexe d’organisation que l’on ne saurait régler avec des solutions ponctuelles.
L’évolution spatiale des villes en République Démocratique du Congo montre le déséquilibre qu’a représenté l’accession du pays à l’indépendance dans la gestion de tissus urbains. Ces insuffisances résultaient principalement de la politique de ségrégation résidentielle (séparation des quartiers entre quartier européen et quartier africain) qui a caractérisé la période coloniale (Makungu et Mutuka, 2014).
Ces auteurs étayent leurs propos par des textes juridiques qui en attestent. Il s’agit entre autre de l’ordonnance 55-3 du 18 septembre 1919 relative aux constructions dans les quartiers européens des circonscriptions urbaines, l’ordonnance 47/T.P du 5 mai 1937 portant règlement sur le numérotage des parcelles dans les quartiers européens des circonscriptions urbaines, le décret du 12 décembre 1939 sur la taxe de bâtisse, le décret de 1957 sur l’urbanisme.
Etablis sur base de la ségrégation spatiale, les noyaux spatiaux de Kindu qui marquent ses origines, expliquent à travers leurs situations dans l’espace cette ségrégation des unités urbaines (un centre urbain jadis destiné aux colons séparé de centres extra-coutumiers par une barrière verte).
Il s’en suit une urbanisation à plusieurs vitesses et à plusieurs modes d’occupation d’espace. D’où un aménagement parfois inspiré par la spontanéité des événements au mépris des normes scientifiques en la matière.
Il est constaté un manque de cohésion à travers divers secteurs spatiaux qui animent la vie dans la ville de Kindu. Ce qui entraîne des conflits latents ou mal gérés, des flux unidirectionnels de populations et d’information.
Cette situation fait que l’évolution spatiale urbaine est en inadéquation totale avec l’évolution des infrastructures. Comme pour toutes les grandes agglomérations, on observe ces jours que les espaces auréolaires, reculent du jour au jour.
Dans l’évolution spatiale de la ville de Kindu, il s’observe présentement un mitage vers le territoire qui ceinture la ville. Les cas des habitations secondaires pour raison d’agriculture sont légions.
Le phénomène le plus répandu est celui de « mangene » (habitation secondaire pour les agriculteurs), installés totalement dans le territoire de Kailo mais gérés par la ville et habités par la population de la ville.
La ville de Kindu, telle que conçue dans ses origines coloniales, était un point de rupture de charge. Elle a évolué au fil du temps et des événements avec les mêmes équipements urbains. Ce qui pose le problème de leur adaptation aux circonstances actuelles.
La complexité des problèmes liés à la mauvaise gestion des espaces et à une inégale répartition des unités d’encadrement urbain, fait de ceux-ci un tabou. Ces problèmes sont perceptibles, mais leurs gestionnaires sont peu invités dans les débats sur la gouvernance.
C’est à ce titre que nous avons pensé pour notre part, qu’analyser les problèmes de la gouvernance urbaine de Kindu, suppose une analyse approfondie de la question de la politique spatiale.
A cet effet, il s’agit de la relation qu’entretient la société et son espace, la disposition spatiale des équipements pour différents services, ainsi que les questions relevant des priorités qui motivent les actions des animateurs.
A ces jours, plusieurs événements parfois spontanés, à l’instar de guerres, catastrophes naturelles ou avènement des nouveaux animateurs politiques, et socio-économiques, sont à mettre à l’actif des dynamiques spatiales observées à Kindu.
Seule l’analyse circonstancielle, quantitative et qualitative de ces événements, pourra apporter une lumière sur les motifs qui justifient ces dynamiques spatio-temporelles de notre site d’étude.
Face aux divers constats énumérés ci-haut, l’architecture urbaine de Kindu dégage une zonation déséquilibrée. On y note la présence des quartiers pourvus des voies de circulation, avec accès aux différents services, à côté des quartiers où règne la promiscuité.
Ce qui pose la question, comme dit un peu plus loin, de l’application pour Kindu, du concept « ville comme corps » (Italo, 2004).
Ainsi, il convient de se poser des questions suivantes par rapport à la gestion des espaces dans cette ville :
- Comment cerner les questions de gouvernance urbaine et territoriale pour la ville moyenne de Kindu ?
- Quelle est la répartition spatiale des unités territoriales d’encadrement urbain à Kindu ?
- Ces unités répondent-elles aux besoins des communautés urbaines au regard des multiples potentialités de la ville ?
- Est-il possible de mettre sur pied un mode de gouvernance participative afin de réorganiser l’espace urbain de Kindu à ce jour ?
Hypothèses de travail
De nombreuses hypothèses sont généralement avancées pour expliquer l’émergence de la notion de gouvernance. Ces hypothèses sont portées par les phénomènes et les transformations des sociétés dont cette notion essaie de rendre compte.
Nous pensons pour notre part que l’atteinte de toutes les prérogatives qu’on pense la ville être capable, demanderait une gestion tout à fait particulière. Celle-ci reste le seul et unique moyen de poser des actes capables de répondre aux besoins de tous et de chacun.
A la lecture de notre problématique, on serait tenté de proposer une hypothèse principale que la recherche pourra vérifier. Celle-ci postule l’existence d’une politique de la gestion des espaces urbains à Kindu.
Cependant, la diversité des interrogations ci-haut répertoriées, oblige une vision multidimensionnelle de la question de gouvernance.
Ainsi les hypothèses pour notre travail peuvent se résumer comme suit :
- La question de la gouvernance urbaine et territoriale serait la principale préoccupation des acteurs urbains et cela dans sa cohérence avec la gouvernance nationale ;
- La répartition spatiale des unités territoriales d’encadrement urbain serait inégale et ne tiendrait pas compte des facteurs socio-économiques d’une bonne planification;
- Les unités territoriales d’encadrement urbain ne seraient pas en mesure de répondre aux besoins des communautés urbaines à Kindu, ses impacts seraient nombreux et sectoriels ;
- Il serait possible de réorganiser ces espaces par la mise sur pied d’une géogouvernance urbaine et territoriale à travers une participation des tous les acteurs de la vie urbaine, bref asseoir une gouvernance participative.
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les objectifs de l’analyse de cas à Kindu ?
Cette étude se fixe comme objectifs d’entreprendre un diagnostic et une analyse de la gouvernance urbaine ainsi qu’une analyse spatiale axée sur l’implantation des unités d’encadrement urbain.
Pourquoi la gouvernance urbaine à Kindu est-elle considérée comme un terrain de batailles politiques ?
La gouvernance urbaine de Kindu est un terrain de batailles politiques où l’État reste le principal acteur de développement, secondé par des partenaires et quelques privés.
Comment la décentralisation peut-elle améliorer la gouvernance à Kindu ?
La recherche propose une gouvernance participative basée sur la décentralisation à travers la stratégie ‘D 3 B’ pour développer les espaces urbains.