La gouvernance participative à Kindu révèle des inégalités croissantes face à une urbanisation rapide. En explorant la stratégie ‘D 3 B’, cette recherche propose des solutions innovantes pour transformer la dynamique spatiale et améliorer les infrastructures urbaines, avec des implications cruciales pour le développement local.
Université Pédagogique Nationale
Faculté des Sciences
Département de Géographie-Sciences de l’Environnement
Option : Géographie-Sciences de l’environnement Orientation : Aménagement du territoire
Mémoire présenté et soutenu en vue de l’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies en Sciences
Dynamique spatiale et géogouvernance de la ville de Kindu
Kitembo Kabalibali Peter
Supervisé par : Jean-Claude Mashini Dhi Mbita M.
2021-2022
A l’issue de cette étude, il s’avère que :
- Dans la ville de Kindu, l’Etat reste le principal acteur de développement. Il est secondé par ses partenaires du développement et quelques privés qui interviennent dans l’accès aux services publics de base (eau, santé, éducation…). La ville et son hinterland disposent de plusieurs potentialités mal exploitées.
- La croissance spatiale et la croissance démographique sont au-dessus de l’évolution des infrastructures qui présentent une concentration spatiale inéquitable; base de frustration et d’indifférence de la population.
- A cet effet, une gouvernance participative basée sur une décentralisation à la base est nécessaire à travers la stratégie ‘’D 3 B’’ proposée.
Résumé
Loin d’être une question commune, la gouvernance de la ville de Kindu est un terrain des batailles politiques pour le positionnement des acteurs du pouvoir central. Pourtant, les lois du pays ont prôné la décentralisation comme mode de gestion. Il en résulte que la ville est gérée par des autorités établies suite au non achèvement du processus électoral. Faute d’une coordination, les acteurs urbains de Kindu sont plus motivés par des intérêts personnels que communautaires.
L’absence de stratégies d’aménagement urbain, de cadre de référence et de coordination ainsi que l’accroissement démographique ont conduit à l’étalement des villes. La ville connaît un mitage sans pouvoir bénéficier des services, des équipements et des infrastructures nécessaires. Il se dégage ainsi, un écart important entre les potentialités urbaines qui devraient guider les acteurs et les actions réalisées. Il est alors plus que nécessaire de prôner la géogouvernance pour non seulement la ville de Kindu, mais aussi pour les villes congolaises afin d’espérer une gouvernance locale susceptible de développer les espaces urbains.
Mots clés :
Gouvernance urbaine, gouvernance territoriale, géogouvernance, dynamique spatiale, ville moyenne, Kindu, RDC.
Abstract
Far from being a common issue, the governance of the city of Kindu is a field of political battles for the positioning of central power actors. However, the laws of the country have advocated decentralization as a mode of management. As a result, the city is managed by disputed authorities, established following the non-completion of the electoral process. Due to a lack of coordination, the urban actors of Kindu are more motivated by personal than community interests.
The lack of urban development strategies, reference and coordination frameworks, population growth have led to the sprawl of cities. The city is experiencing a slump without being able to benefit from the necessary services, equipment and infrastructure. There is thus a significant gap between the urban potentialities that should guide the actors and the actions carried out. It is therefore more than necessary to advocate geo governance for not only the city of Kindu, but also Congolese cities in order to hope for local governance capable of developing urban spaces.
Key words :
Urban governance, territorial governance, geo governance, spatial dynamics, medium-sized city, Kindu, DRC.
Sommaire
Pages préliminaires Introduction générale
Chapitre premier : Croissance spatiale de Kindu
Chapitre deuxième : Equipements d’encadrement urbain, un thermomètre de l’équité sociospatiale à Kindu
Chapitre troisième : Enjeux et défis de la gouvernance urbaine à Kindu
Chapitre quatrième : Problèmes de gouvernance territoriale à Kindu
Chapitre cinquième : Perspectives de gestion de la ville de Kindu
Conclusion générale Bibliographie sélective
Annexes utiles Table des matières
Introduction générale
Contexte de l’étude :
L’urbanisation dans le monde est de deux ordres. Celle des pays du Nord et celle des pays du Sud. Il existe en Occident une relation entre l’urbanisation et le développement économique (Djeki, 2014) lequel touche à la fois des espaces urbanisés et des espaces non urbanisés. Ce qui n’est pas le cas des pays du Sud.
Au Nord tout comme au Sud, l’urbanisation a conduit à étendre indéfiniment la taille des villes. La différence entre les deux mondes réside au niveau de la maîtrise de la gestion de l’espace (Nzuzi, 1995). Cet auteur souligne que « la gestion de l’espace est l’un des problèmes les plus complexes qui se posent aux États africains issus de la colonisation depuis les indépendances, la croissance urbaine qui s’était accélérée après la seconde guerre mondiale ne s’est pas ralentie. La morphologie actuelle des villes africaines est plutôt le résultat d’une croissance spontanée que l’aboutissement d’un schéma d’aménagement ».
Nous notons cependant que ce phénomène reste irréversible. Il s’accompagne très souvent d’un lot des problèmes que les sociétés doivent résoudre. La résolution de ceux-ci, suppose un apport constant des solutions multisectorielles et interdisciplinaires.
Différentes pistes de réflexion abordées à l’occasion de ce travail portant sur la dynamique spatiale et la gouvernance urbaine, visent à trouver des réponses structurelles plus adaptées aux besoins de communautés urbaines. Or, ces communautés ne sont pas des structures isolées. Elles sont en interaction directe ou indirecte avec d’autres structures spatiales, territoriales et régionales.
Pumain (1999) pense que par-delà l’expansion générale de la taille des villes et de leur nombre, se cache une tendance à la hiérarchisation, c’est-à-dire à l’augmentation des inégalités. Cette tendance s’explique en partie par les avantages initiaux dans les processus d’adaptation par diffusion des innovations. Il apparaît, d’après Merlin (1987) que « l’influence du territoire, de sa répartition et de son exploitation peut s’exercer sur le plan du groupement urbain, … ».
Nous avons pensé pour notre part, que seule une gestion harmonieuse de l’espace urbain et de sa région peut résoudre les problèmes qui accompagnent l’urbanisation des pays du Sud. C’est là toute la problématique de la gouvernance urbaine et territoriale (Mashini, 2018).
Dans les pays des anciennes démocraties, des études ont régulièrement été menées à ce sujet et coordonnées très souvent par des universités. C’est le cas de l’université d’Ottawa dans sa collection gouvernance (Gilles et Andrew, 1999). Ces études ont défini plusieurs alternatives dans ce domaine.
D’après Harry (1999), le concept de gouvernance trouve son premier éclaircissement en Afrique avec la Banque mondiale qui insinue que « La gouvernance implique la définition de mécanismes de gestion d’un système social et de ses actions dans le but d’assurer la sécurité, la prospérité, la cohérence, l’ordre et la continuité du système ».
Bien que le concept soit apparu depuis lors dans le langage politique et du développement, il a fallu attendre 1995 pour avoir la première théorisation de la question par les Nations Unies pour qui, « la gouvernance est considérée comme l’ensemble des différents processus et méthodes à travers lesquels les individus et les institutions, publiques et privées, gèrent leurs affaires communes » (Osmont, 2008).
Dans la présente étude, nous allons nous pencher sur l’analyse de la dynamique spatiale et territoriale d’une ville moyenne de la RD Congo, couplées ici à la géogouvernance urbaine.
Kindu, une ville sans véritable gouvernance urbaine (territoriale) ?
Il s’agit pour nous d’entreprendre un diagnostic de la gouvernance urbaine de même qu’une analyse spatiale de l’implantation des unités d’encadrement urbain sur les différents complexes spatiaux de la ville de Kindu. Ces complexes étant les trois communes, les dix quartiers et au plus bas niveau les 110 blocs et avenues.
La ville de Kindu, chef-lieu de la province du Maniema et siège des institutions provinciales, se trouve être confrontée à la dualité d’appropriation de prise d’initiative en matière d’implantation d’équipements d’encadrement urbain.
Ce constat de terrain est autant une des motivations de la présente recherche. Cependant, bien des villes de la RD Congo, jouant le rôle de chef-lieu de province, sont aussi les sièges de plusieurs institutions. Il en résulte une complémentarité, entre les actions des administrations urbaines, provinciales et nationales mais aussi des privés. C’est le cas par exemple de l’asphaltage de grandes artères urbaines, où la ville a ajouté plus de deux kilomètres des voiries à ceux prévus par le gouvernement central dans ses programmes de ‘’cinq chantiers’’ et de la ‘’révolution de la modernité’’.
Il en va sans dire que le niveau urbain ou local de la gouvernance se trouve amputé de certains de ses acteurs et, par conséquent, on assiste aux balbutiements d’une gouvernance locale de moins en moins présente sur le terrain.
Questions Fréquemment Posées
Quelle est la principale caractéristique de la gouvernance à Kindu?
Dans la ville de Kindu, l’État reste le principal acteur de développement, secondé par ses partenaires du développement et quelques privés.
Quels sont les défis de la croissance urbaine à Kindu?
La ville connaît une croissance spatiale et démographique supérieure à l’évolution des infrastructures, créant des inégalités spatiales et des frustrations.
Quelle stratégie est proposée pour améliorer la gouvernance à Kindu?
Une gouvernance participative basée sur une décentralisation à la base est nécessaire à travers la stratégie ‘D 3 B’ proposée.