Les pratiques de conservation des sols sont essentielles pour lutter contre l’érosion, mais saviez-vous qu’une perte de sol moyenne de 1798,60 t/ha/an a été constatée dans le micro bassin versant de Tiravine ? Cette étude révèle des enjeux critiques pour la gestion durable des ressources naturelles.
Facteur des pratiques de conservation du sol P
Le facteur P prend en compte les pratiques de conservations des sols. Autrement dit, il concerne les techniques et pratiques antiérosives mises en place sur les parcelles en vue de chuter ou casser la vitesse d’écoulement des eaux superficielles. Dans le cadre de cette étude, et en général, le facteur P représente les pratiques de conservation adoptées et pratiquées les versants.
Les cultures en courbes de niveau, en bandes alternées ou en terrasses et reboisements en banquettes sont les bonnes pratiques pour avoir des pertes en sol effectives acceptables. Cependant au niveau du MBVT aucune structure de conservation n’a été identifiée. Les activités rencontrées sont l’élevage des animaux et la production végétale comme la patate douce (Ipomoea batatas), le manioc (Manihot sp), le maïs (Zea mays) et le pois congo (Cajanus cajan).
L’installation de ces cultures se fait de façon arbitraire et selon des pratiques traditionnelles comme sarclage dans le sens de la pente (de haut vers le bas) et la pratique sur brulure. De plus, les agriculteurs préparent leurs parcelles sans aucune structure antiérosive et restent en attente des pluies. Tout ceci risque d’augmenter la sensibilité des sols à l’érosion.
Tableau 14 : Facteur P de la zone d’étude
Facteur P de la zone d’étude | |
---|---|
Parameter/Criteria | Description/Value |
Valeurs de P | 0.51 à 1 |
Sols nus | P = 1 |
Végétations arborées et arbustives | P = 1 |
Source: CESVI-Haïti (2013) cité par PIERRE-LOUIS(2014), Construit par Wischmeier et Smith (1978)
[15_pratiques-de-conservation-des-sols-etude-essentielle_41]
Figure 20: Carte de présentation du facteur P de la zone d’étude
La rastérisation de la carte d’occupation de sols 2018 incluant les valeurs de P (tableau 20) respectivement pour chacun des types d’occupations des sols montre presqu’une uniformité au niveau de la zone d’étude pour laquelle on a deux(2) classes de P. Donc, les valeurs de P pour les sols nus et les végétations arborées et arbustives sont égales à 1 et se trouvent dans l’intervalle de 0.51 à 1(figure 20, carte de facteur P). En effet, le facteur P exprime l’effet des pratiques culturales sur le bassin versant de Tiravine.
Erosion potentielle du MBVT de Tiravine
La figure 21 suivante présente la répartition de la perte de sol potentielle.
[15_pratiques-de-conservation-des-sols-etude-essentielle_42]
Figure 21: Carte de répartition de l’érosion potentielle du MBVT de Tiravine
La figure 22 ci-dessous présente les deux(2) types d’érosion potentielle (classification de FAO) relevés au niveau de Tiravine.
[15_pratiques-de-conservation-des-sols-etude-essentielle_43]
[15_pratiques-de-conservation-des-sols-etude-essentielle_44]
7%
Normale Legère Modérée Sévère Très sévère Catastrophe
93%
Figure 22: Proportions occupées par les types d’érosion potentielle du MBVT
D’après la classification de FAO nous avons six(6) types d’érosion. Mais, la figure 21 des pertes de sol potentielles montre les deux(2) types d’érosion potentielle rencontrés sur le micro bassin versant de Tiravine. Il s’agit d’érosion de type catastrophe et de type très sévère. Les érosions de type très sévère et catastrophique occupent respectivement 7% et 93% de la surface totale de Tiravine.
La combinaison des facteurs d’érosivité, d’érodibilité et de la topographie du milieu montre que le MBV de Tiravine est très dégradé et 93% de sa surface totale se trouve dans un état catastrophique. Cet état dégradé peut s’expliquer par l’agressivité des précipitations sur la zone d’étude, la morphologie escarpée du terrain favorable à l’érosion et la présence de sol superficiel font que le MBVT est très sensible à l’érosion hydrique.
Tout ce qui provoque comme conséquence le mauvais fonctionnement des ouvrages hydroagricoles du périmètre d’Avezac.
Erosion effective du MBVT
Dans le cadre de ce travail académique, le calcul de l’érosion effective a été obtenu par croissement de la couverture végétale des sols, les types d’occupation des sols et l’érosion potentielle. Les valeurs des facteurs C et P qui étaient égales à 1 en condition d’érosion potentielle sont alors différentes ou égales à 1 comme s’est indiqué dans le tableau 13 et 14. En effet, la figure 23 suivante présente la répartition de l’érosion effective sur le MBVT.
[15_pratiques-de-conservation-des-sols-etude-essentielle_45]
Figure 23: Carte de répartition de l’érosion effective au niveau du MBVT
Suivant la classification des types d’érosion de FAO, le micro bassin versant de Tiravine présente les six(6) types d’érosion qui suivent : Normale, Légère, Modérée, Sévère, Très Sévère et Catastrophique. La figure 24 suivante présente les proportions occupées par les types d’érosion au niveau du MBVT.
3%
2%
12%
16%
44%
23%
Normale Legère Modérée Sévère Très sévère Catastrophe
Figure 24 : Proportions occupées par les types d’érosion effective du MBVT
D’après la figure 24, 44% de la surface totale du MBVT accusent une érosion de type normale sur lesquels les pertes de sol vont de 0 à 389.00 t/ha/an, contre 2% de la surface totale du MBVT qui déclarent une érosion de type catastrophique avec des pertes de sol de 3,245.01 à 4,634.00 t/ha/an. Ces états érosifs du micro bassin versant de Tiravine, allant de type normale au type catastrophique, peuvent être expliqués par les mauvaises pratiques agricoles utilisées par les exploitants, l’ouragan Mathieu qui avait tout dévasté le Département du Sud et en particulier le micro bassin versant de Tiravine et la nature des sols.
Tenant compte de l’état dans lequel le micro bassin versant de Tiravine est actuellement trouvé avec des versants dénudés sur lesquels les agriculteurs pratiquent des cultures érosives couplées par des techniques culturales inadaptées à ces versants tendent à accélérer l’érosion des versants et l’ensédimentation des ouvrages hydroagricoles en aval. De plus, les vecteurs ne cessent pas d’alimenter la prise sur berge et le lit mineur de la ravine du Sud en sédiment, ce qui entrave en effet le bon fonctionnement des infrastructures hydroagricoles du périmètre d’Avezac.
En réponse à ces problèmes, nous faisons des recommandations (Annexe 7) pour remédier la situation des versants et des vecteurs du micro bassin versant de Tiravine et pour protéger les infrastructures hydroagricoles du périmètre d’Avezac. En outre, la préservation de ces ressources (eaux et sols) passe par des activités d’aménagement sur les versants et les vecteurs.
Ces aménagements visent la construction et la mise en place des biomécaniques tant au niveau des versants que des ravines.
Questions Fréquemment Posées
Quelles sont les pratiques de conservation des sols recommandées à Tiravine ?
Les bonnes pratiques pour avoir des pertes en sol effectives acceptables incluent les cultures en courbes de niveau, en bandes alternées ou en terrasses et reboisements en banquettes.
Quel est l’état de l’érosion dans le micro bassin versant de Tiravine ?
93% de la surface totale de Tiravine se trouve dans un état catastrophique, avec des érosions de type très sévère et catastrophique.
Comment est calculée l’érosion effective dans le MBVT de Tiravine ?
L’érosion effective a été calculée par croisement de la couverture végétale des sols, les types d’occupation des sols et l’érosion potentielle.