L’innovation technologique irrigation Maury révèle des lacunes surprenantes dans la gestion actuelle du périmètre irrigué par l’Association des Irrigants de Maury. Cette étude met en lumière des dysfonctionnements critiques, soulignant l’urgence d’améliorer les infrastructures et l’administration pour garantir une distribution d’eau efficace.
Gestion organisationnelle du périmètre
Le périmètre irrigué de Maury est géré par l’Association des Irrigants de Maury (AIM). Cette association est la dernière structure en date, mais dès le temps de la colonie on rencontrait déjà une forme de gestion que l’historique de la gestion du périmètre nous renseignera.
Historique de la gestion
La gestion du système connait beaucoup de changements depuis sa création. Au temps de la colonie, le système était géré par les colons. Le départ de ces derniers a entrainé le dysfonctionnement du système. Il fallait attendre l’arrivée de Standard Food en 1941 pour la remise en état et la gestion du système.
Du départ de Standard Food en 1946 jusqu’en 1950, le système n’a été géré par aucun organisme. A partir de 1950, l’État a pris en charge le système et la gestion a été assurée par le MARNDR. En 1957, le MARNDR a laissé la tâche à l’ODVA, une de ses structures qui, vingt-et-un ans plus tard soit en 1978, a mis un syndic sur le système qui avait l’autorité d’appliquer des sanctions en cas d’infraction.
Après les évènements sociopolitiques de 1986, l’autorité du syndic diminuait graduellement d’année en année jusqu’en 2007, où l’Association des Irrigants de Maury a vu le jour et gère le système à la place du syndic.
L’AIM est une structure qui a été mise en place dans le cadre de la réhabilitation des périmètres irrigués de Maury et de Liancourt, projet qui contenait un volet organisationnel. La création des associations d’irrigants tant à Maury qu’à Liancourt constitue une étape historique dans la structuration des petits périmètres irrigués de la Vallée de l’Artibonite pour leur gestion.
A la longue, cette situation devrait permettre de clarifier le statut de ces derniers au sein de l’ODVA et pousser les responsables à définir le mode de gestion à adopter : serait-ce l’autogestion ou la co-gestion ? Toute intervention additionnelle sur ces réseaux devrait se donner comme objectif de répondre à cette question.
Pour le périmètre irrigué de Maury, l’autogestion a été adoptée. Le tableau suivant présente l’évolution que connait la gestion du système du temps de la colonie à nos jours.
Tableau 6 : Historique de la structure de gestion
Historique de la structure de gestion | |
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Parameter/Criteria | Description/Value |
Colonie | Géré par les colons |
Standard Food | 1941 – Remise en état et gestion |
MARNDR | 1950 – Prise en charge |
ODVA | 1957 – Gestion par syndic |
AIM | 2007 – Gestion actuelle |
La structure actuelle de gestion
Le périmètre est géré par l’AIM. Il s’agit donc d’une autogestion. L’organigramme suivant donne une représentation schématique de la structure de gestion de l’AIM.
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Figure 8 : Niveau d’organisation de l’AIM
Le périmètre est structuré autour de trois organes. Il s’agit de l’Assemblée Générale (AG), du Comité de Gestion (CG) et des Comités de Secteur (CS).
L’Assemblée Générale (AG)
Elle est l’instance suprême de l’association. Elle réunit tous les usagers travaillant sur le périmètre qui sont au nombre de neuf cents (900) environ. Le CG ne dispose pas une liste complète, actualisée et définitive des usagers, ce qui constitue un handicap dans l’autogestion. Un usager est membre de l’assemblée générale de l’association dès qu’il ait une parcelle irriguée sur le périmètre. Il n’y a pas de droit de membres, c’est-à-dire les usagers ne versent aucune participation pour être membre de l’association.
Selon les statuts, l’AG se réunit de façon ordinaire tous les mois de décembre pour prendre les grandes décisions telles :
- Examiner et sanctionner les rapports d’activités et financiers de l’année écoulée ;
- Planifier la distribution de l’eau et fixer les redevances ;
- Discuter des points d’intérêt général.
Selon le CG, sur six AG, trois sont organisées respectivement pour les années 2009, 2011 et 2012, soit 50% de réalisation, avec de faible taux de participation. Pour 2011 et 2012, respectivement 60 et 58 usagers ont participé, soit 6.67% et 6.44% du nombre total des usagers, ce qui montre que leur participation dans les AG est très faible et loin d’être effective. Le procès verbal de l’AG de 2009 a été introuvable. Les procès verbaux, quand ils sont présents, sont très pauvres, c’est-à-dire ne disposent pas vraiment d’explications claires en ce qui à trait aux décisions prises. Tout ceci fait voir que l’association a un grand handicap en ce qui à trait à l’organisation des AG.
Le Comité de Gestion (CG)
Le CG est composé de onze membres dont 1 président, 1 vice-président, 1 secrétaire général, 1 secrétaire adjoint, 1 trésorier, 2 délégués, 2 conseillers et 2 membres. Il coiffe tout le périmètre et contient un membre par secteur.
Conformément aux statuts, pour être membre du CG, il faut passer un minimum de deux ans en comité de secteur mais lors des premières élections, tous les membres ont été élus pour une durée de trois ans. Pour les comités qui allaient suivre, les statuts ont prévu de procéder par tiers (1/3) et les postes sont bien définis avec leur durée dont 1/3 des membres pour 1 an, 1/3 pour 2 ans et 1/3 pou 3 ans. Ceci n’a jamais été appliqué puisque toutes les élections ont élu des membres pour une durée de 2 ans. Le CG vient d’être élu. Pour ce nouveau comité, on prend la résolution d’appliquer ce principe en attribuant une durée à chaque poste.
Chaque secteur envoie son représentant et l’ensemble de ces représentants forment le CG. Entre eux, ils réalisent les élections pour attribuer un poste à chaque membre envoyé par son secteur.
Pendant deux fois, le CG contenait une femme, mais on n’a pas encore de femmes présidentes de ce comité.
Conformément aux statuts, le CG se réunit régulièrement chaque dimanche pour réfléchir sur le fonctionnement de l’association et prendre les décisions nécessaires. Selon les procès verbaux disponibles, les rencontres sont réalisées à plus de 90% au cours des 12 derniers mois. En moyenne, il y a entre 85 et 90% de présence au cours de ces rencontres. Sur le plan de réunion, le CG est fonctionnel. Toutefois, certains efforts doivent être consentis en vue d’élaborer des procès verbaux corrects et également sur la conduite des réunions.
Les Comités de Secteur (CS)
Les usagers exploitant un espace de terres bien délimité sur le périmètre forment un secteur. Le nombre de canaux secondaires qui dessert ces espaces dépend de leur taille et varie de un à sept. Le CS est calqué sur le découpage hydraulique du périmètre. En effet, on a au total onze secteurs sur le périmètre.
Chaque secteur a un comité communément appelé Comité de Secteur. Ce dernier est le premier responsable de l’entretien et la maintenance des canaux du secteur où il se trouve. Il sert aussi d’interface entre le CG et les usagers du secteur en question. Conformément aux statuts, tous les comités de secteur doivent contenir sept membres avec une particularité pour le comité du secteur 1 considéré comme le secteur le plus petit du périmètre qui est composé de cinq membres; ce qui donne soixante quinze (75) membres au total pour l’ensemble des comités de secteur réunis.
Il y a onze femmes sur ces 75 membres soit 14.67% de femmes. Parmi ces dernières, on trouve une vice-présidente pour le secteur 6. Chaque secteur est représenté par un membre dans le CG et ce membre ne peut pas être le président du secteur en question.
On est éligible à être candidat pour participer aux élections en vue de faire partir du CS dès qu’on ait une parcelle irriguée se trouvant dans le secteur et soit membre du secteur en question. Les élections pour élire un CS se font tous les deux ans et les électeurs sont les usagers faisant partie du secteur en question. Selon les règlements internes de l’association, le CG rencontre les présidents des différents CS tous les 2e et 4e dimanches des mois et tous les membres des CS en assemblée générale de comités de secteur tous les derniers samedis des mois. Ces rencontres n’ont jamais eu lieu, car les membres de ces comités ne sont pas intéressés sans pouvoir donner une raison valable, ce qui fait voir que ces comités ne sont pas fonctionnels en réalité.
Le tableau suivant donne un résumé de la structure de gestion du périmètre jusqu’à date et son mode de fonctionnement.
Tableau 7 : La structure de gestion du périmètre
La structure de gestion du périmètre | |
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Parameter/Criteria | Description/Value |
AG régulières | Taux de participation faible |
CG | Réunions régulières |
CS | Rencontres non tenues |
Les AG régulières sont réalisées avec de très faible taux de participation et les procès verbaux ont de faible contenu. Le CG se réunit régulièrement mais les procès verbaux ont de faible contenu et les prises de décisions sont également très faibles. Les rencontres non tenues des CS peuvent être expliquées par la surcharge de réunions pour les membres.
Le comité de gestion nouvellement élu en avril 2013 décide de modifier les dates des rencontres et ces dernières sont ainsi reparties ordinairement :
- AG : Tous les mois de décembre ;
- CG : tous les 2e et 4e dimanches des mois à partir de 3 heures ;
- Commissions nouvellement mises en place : une fois par semaine et le jour n’est pas fixé. Les commissions se réunissent de façon indépendante les unes des autres ;
- Conférence des présidents des secteurs : tous les derniers dimanches des mois ;
- Assemblée des comités de secteurs : tous les 3 mois et la date précise n’est pas fixée.
Toutefois, il peut y avoir des rencontres à l’extraordinaire quand il y a besoin. A part de l’AG, les statuts ne disent rien concernant les différentes rencontres et le CG peut modifier ces dates sans aucun problème.
Les commissions nouvellement mises en place par le CG sont au nombre de quatre dont trois mixtes : une pour l’administration, une pour les infrastructures d’irrigation et une pour les matériels et une commission de femmes. Cette décision a été soumise à l’AG et acceptée par cette dernière, mais ne se figurant pas dans les statuts de l’association. Ce comité prévoit l’amendement de la charte à la fin de son mandat dans l’objectif d’intégrer l’existence et le mode de fonctionnement de ces commissions. Le tableau suivant présente les différentes commissions de l’association.
Tableau 8 : Les différentes commissions de l’association
Les différentes commissions de l’association | |
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Parameter/Criteria | Description/Value |
Commissions | Quatre commissions, dont trois mixtes |
Légalité, fonctionnalité et légitimité de l’AIM
L’association possède tous les textes légaux à savoir les statuts, les règlements internes, l’autorisation de la mairie de la commune et la reconnaissance du MAST. Selon le CG, l’accord de transfert de gestion avec le MARNDR ne se fait pas uniquement à cause du faible taux de recouvrement des redevances. L’association est donc légale compte tenu de ces textes légaux qu’elle possède.
Les procès verbaux des rencontres sont souvent élaborés ; la majorité des usagers connaissent l’AIM uniquement de nom ; les comités sont élus et les élections se font généralement à temps et dans la transparence mais beaucoup d’usagers ne votent pas ; l’AG n’a pas toujours eu lieu et très peu d’usagers y participent ; il n’y a pas une liste d’usagers complète et actualisée ; la majorité des usagers ne connaissent même pas les membres des comités ; à part des rencontres du CG, les autres réunions prévues n’ont jamais eu lieu. Tout ceci laisse croire que l’association est peu fonctionnelle et légitime.
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2 Définition donnée par l’article 62 de la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) du 15 mai 2001. ↑
3 Auchan Les 4 Temps, La Défense. ↑
Questions Fréquemment Posées
Qui gère le périmètre irrigué de Maury ?
Le périmètre irrigué de Maury est géré par l’Association des Irrigants de Maury (AIM).
Quel est l’historique de la gestion du système d’irrigation à Maury ?
La gestion du système a beaucoup changé depuis sa création, passant des colons à Standard Food, puis à l’État, l’ODVA, et enfin à l’AIM en 2007.
Quels sont les organes de gestion de l’AIM ?
Le périmètre est structuré autour de trois organes : l’Assemblée Générale (AG), le Comité de Gestion (CG) et les Comités de Secteur (CS).