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Comment des stratégies d’implémentation transforment l’irrigation à Maury ?

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🏫 Université d'État d'Haïti (UEH) - Faculté d'Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV) - Département du Génie Rural (DGNR)
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Ingénieur-Agronome - 2013
🎓 Auteur·trice·s
HÉRARD Elove
HÉRARD Elove

Les stratégies d’implémentation irrigation révèlent des lacunes surprenantes dans la gestion du périmètre irrigué de Maury. Cette étude met en lumière les défis techniques et organisationnels auxquels fait face l’Association des Irrigants de Maury, avec des implications cruciales pour l’avenir de l’irrigation dans la région.


Gestion technique du système

La gestion technique concerne l’état du réseau et l’ensemble des activités qu’offre l’association en vue de permettre aux usagers d’avoir l’eau au moment opportun. Il s’agit entre autres du service technique, de la fonctionnalité des infrastructures, de la distribution et des tours d’eau, de l’entretien et de la maintenance du réseau, des conflits et modalités de résolution. Cependant, pour mieux comprendre la gestion du périmètre, la connaissance de son histoire est un outil important.

Historique du réseau d’irrigation

Le système de Maury a été fondé depuis le temps de la colonie. Par exemple, le réseau comprend plusieurs aqueducs fabriqués en chaux qui ont été mis en place par les colons. A l’origine, le système a été construit pour faire fonctionner les moulins qui devenaient dysfonctionnels après le départ des colons.

En 1941, certains ouvrages ont été construits en maçonnerie avec utilisation de pompes à cause d’un faible débit au niveau du réseau. A cette époque, il y avait Standard Food, une compagnie cultivant la figue banane sur le système qui l’avait utilisé pour irriguer leurs parcelles emblavées de figue banane. En 1946, pour cause politique, Standard Food s’en allait et le système devenait dysfonctionnel.

En 1950, sous l’intervention de l’État et à travers le MARNDR, le système devenait fonctionnel. En 1978, l’État avait mis un syndic sur le périmètre. Les travaux de curage ont été faits surtout sous forme de combite durant presque tout son mandat. En 1994, la FAO avait commencé des travaux de réhabilitation, mais ils étaient inachevés. Sous le financement d’une organisation internationale appelée Nouvelle Planète, ODD avait continué ces travaux.

De 2007 jusqu’en mars 2009, CECI avait réalisé des travaux de réhabilitation sur le système. Le barrage a été consolidé par le MARNDR en 2010 dans le cadre du projet dénommé « PWOJÈ LAKANSYÈL/PWOJÈ IJANS POU KORE DEPLASE 12 JANVYE 2010 ». Ce travail a été exécuté par CECI et financé par USAID/OFDA.

Le tableau suivant présente l’évolution des interventions sur le réseau de sa création du temps de la colonie à nos jours.

Tableau 4 : Historique du réseau d’irrigation de Maury

Date

Événement et organismes d’interventions

Au temps de la colonie

Création du système ;

Des aqueducs faits en chaux ont été mis en place par les colons ; Dysfonctionnement du système après le départ des colons.

1941

Remise en fonction du système par Standard Food et construction en maçonnerie de certains ouvrages avec utilisation de pompes à cause du faible débit au niveau du réseau ;

Utilisation du système par Standard Food pour irriguer les figues bananes.

1946

Dysfonctionnement du système et départ de Standard Food.

1950

Remise en fonction du système par l’État à travers le MARNDR.

1978

Mise en place d’un syndic sur le périmètre par l’État.

1994

Début des travaux de réhabilitation du système par FAO et continuation par ODD

sous le financement de Nouvelle Planète.

Janvier 2007 à

mars 2009

Réhabilitation du système par CECI.

Octobre 2010

Consolidation du barrage par le MARNDR.

Après la construction du périmètre au temps de la colonie, deux interventions d’envergure ont été faites sur le réseau notamment celles de 1994 et 2007. Ces interventions concernaient la construction du canal principal et en partie des canaux secondaires. Les autres interventions sont légères et concernent la construction de quelques ouvrages ou quelques tronçons de canaux en maçonnerie. Jusqu’à date, le réseau secondaire est en grande partie en terre avec des pertes énormes d’eau au niveau des zones de répartition de l’eau dans les différents canaux. Hormis la consolidation du barrage en octobre 2010, aucune réhabilitation n’a eu lieu sur le système depuis 2009, date de la fin de l’intervention de CECI.

Service technique

L’association ne dispose pas de service technique. Le minimum de service est fourni par 3 vanniers qui assurent la distribution de l’eau. Le CG nouvellement élu met en place une commission pour la gestion des infrastructures en vue d’une meilleure gestion de ces dernières. Cette commission est composée d’agriculteurs membres des CS.

Cependant, vu leur faible niveau de formation, de connaissance et de technicité, cette commission risque de ne pas produire les résultats escomptés. Dans une logique de renforcement, l’association a signé des contrats de partenariat avec APDBA et GEDER de façon formelle et développé un lien avec ODD de façon informelle. Ces actions restent encore très limitées dans le sens qu’il y a une application très faible des protocoles d’accord.

Fonctionnalité des infrastructures

Sur le périmètre, certains canaux, en particulier les canaux tertiaires et les parties intermédiaires et aval des canaux secondaires sont obstrués par des sédiments et des débris, causant une perte d’eau et une diminution de la quantité d’eau devant arriver en aval des ramifications plus petites.

La prise et les vannes sont plus ou moins fonctionnelles. Elles sont entretenues de façon régulière en vue de faciliter la rentrée de l’eau dans le canal tête morte et l’évacuer quand il le faut, généralement en période de crues.

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Figure 4 : Les 2 vannes de chasse du réseau et la vanne d’entrée accompagnée de sa grille

Figure 5 : Seuil-déversoir au travers de la rivière dérivant l’eau dans le canal tête morte

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Figure 4 : Canal primaire au flanc d’un versant sans protection pour empêcher la sédimentation

Par rapport à la position du canal primaire au flanc d’un versant dans la plus grande partie de sa longueur, surtout en amont, il est très exposé à la sédimentation par des sédiments légers, de grosses pierres et d’autres matériaux lors des averses et souvent se sédimente graduellement, ayant ainsi pour conséquence une diminution du débit qu’il transporte effectivement.

[7_strategies-implementation-pour-optimiser-irrigation_6]Le canal principal est en maçonnerie sur toute sa longueur. Quant aux canaux secondaires, la partie amont est en maçonnerie jusqu’à une certaine longueur et le reste, en grande majorité, est en terre battue. La quasi-totalité des canaux tertiaires est en terre battue. A cause de la forte infiltration dans les parties en terre battue des canaux, il y a une diminution assez élevée de la quantité d’eau devant arriver aux parcelles.

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Figure 5 : Tronçon d’un canal tertiaire très enherbé

Figure 6 : Partie d’un canal secondaire en terre battue faisant suite à la partie en maçonnerie

Les portes dérivant l’eau du canal primaire aux canaux secondaires sont endommagées, donc en mauvais état. Il y en a qui n’ont même pas de cadenas, ce qui rend beaucoup plus difficile le contrôle dans la distribution de l’eau. De plus, il n’y a aucun appareil sur le réseau pouvant contrôler le débit.

Distribution et tour d’eau

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Figure 7 : Porte d’un canal secondaire dysfonctionnel sans cadenas ni appareil contrôlant le débit

Il y a un horaire au niveau du canal primaire jusqu’aux secondaires, mais pas de tour d’eau jusqu’aux parcelles. Cet horaire n’est défini pour être applicable qu’en période d’étiage, de novembre à mai. Il faut noter qu’en saison pluvieuse, le débit est très important au niveau du canal primaire. Ce qui laisse croire que le problème de disponibilité en eau ne se pose pas, mais celui de gestion ou de distribution.

La distribution de l’eau sur le périmètre est assurée par les vanniers. Les membres du CG épaulent les vanniers dans l’accomplissement de leurs tâches quand ils sont dépassés. Cependant, des usagers affirment que le service de distribution de l’eau n’est pas satisfaisant. Pour distribuer l’eau, on divise le périmètre en trois blocs avec un jour libre pour tous les blocs. Les différents blocs et leur horaire d’irrigation sont présentés dans le tableau suivant.

Tableau 5 : Les différents blocs et leur horaire d’irrigation

Blocs

Secteurs et portes

Portes

Jours et Heures

1

Secteurs 10 et 11 + porte 20 dans le secteur 9

(portes 20 à 26)

Portes 23 à 26

Du Lundi (6 : 00 AM) au Mardi

(6 : 00 AM)

Portes 20 à 22

Du Mardi (6 : 00 AM) au

Mercredi (6 : 00 AM)

2

Secteurs 7 et 8 + portes 18 et

19 dans le secteur 9

(portes 12 à 19)

Portes 15 à 19

Du Mercredi (6 : 00 AM) au

Jeudi (6 : 00 AM)

Portes 12 à 14

Du Jeudi (6 : 00 AM) au

Vendredi (6 : 00 AM)

3

Secteurs 1 à 6

(portes 1 à 11)

Portes 1 à 11

Du Vendredi (6 : 00 AM) au

Dimanche (6 : 00 AM)

1, 2 et 3

Tous les secteurs

Portes 1 à 26

Du Dimanche (6 : 00 AM) au

Lundi (6 : 00 AM)

Chaque bloc a des jours fixes dans la semaine pour recevoir l’eau et à l’intérieur de chaque bloc, on divise par porte en fonction de leur quantité. On priorise le plus souvent les cultures qui sont beaucoup plus sensibles à la sécheresse, ce qui cause généralement une sorte de réticence quant à la collecte des redevances, quand elle est réalisée, de la part des usagers possédant les cultures les moins sensibles à la sécheresse. Le dimanche reste libre pour les usagers qui ont manqué leur jour.

Entretien et maintenance

Le curage est le principal travail d’entretien réalisé habituellement sur le périmètre. Bien que rarement, l’association a l’habitude de réhabiliter des petits tronçons de canal endommagés. On réalise généralement deux curages par année sur le périmètre : en novembre, avant la campagne du haricot et en mai, au début de la saison pluvieuse.

Ces curages pourraient être plus fréquents si l’association disposait assez de fonds à ces fins. Pour effectuer ces curages, sous forme de combite entre les usagers, on utilise les redevances, quand elles sont payées, et l’argent venant des services des motoculteurs après avoir enlevé le salaire des vanniers et l’argent pour la location du local de l’association.

Ces curages se réalisent le plus souvent sur le canal principal. Parfois on touche à peine un petit tronçon des parties amont des canaux secondaires. Étant donné que les canaux secondaires et tertiaires traversent des parcelles, les usagers font parfois un curage léger du tronçon traversant leurs parcelles pour pouvoir mieux utiliser l’eau.

Des fois, les travaux de curage se font en dehors des dates précitées quand l’État haïtien, à travers l’ODVA, octroie une assistance financière à l’association à ces fins. Beaucoup d’usagers sont généralement impliqués dans ces travaux et parfois, des habitants de la zone qui ne sont même pas usagers donnent leur aide.

Conflits et modalités de résolution

Plusieurs cas de conflits sont rencontrés sur le périmètre dont les causes sont de trois types : l’irrégularité dans la distribution, le détournement d’eau et le choix des vanniers.

  • L’irrégularité dans la distribution de l’eau est une source de conflits entre les usagers. Ces cas sont souvent réglés à l’amiable.
  • Dans le cas de détournement d’eau, on donne généralement un blâme psychologique, c’est-à-dire des dures observations aux gens qui y sont impliqués. On prévoit dans les cas les plus extrêmes où ces derniers n’acceptent pas de se soumettre, de saisir le tribunal compétent. Dans le dernier cas, on prévoit un versement d’une amende monétaire par les concernés, cas qui n’arrive pas encore. Le plus souvent, le tribunal de paix de Désarmes reçoit les usagers en cas de conflits terriens, voie de fer, cas qui ne concernent pas le CG.
  • Le choix des vanniers est parfois une source de conflits. Des usagers ont pensé souvent qu’il y a de la partisannerie qui, d’après le comité de gestion, sera toujours ainsi. Généralement, ils sont obligés de les accepter et les laisser accomplir les tâches qui leur sont attribuées.

Questions Fréquemment Posées

Quelle est l’histoire du réseau d’irrigation de Maury?

Le système de Maury a été fondé depuis le temps de la colonie, avec des aqueducs fabriqués en chaux. Il a connu plusieurs interventions, notamment en 1941, 1950, 1994, et 2007.

Quels sont les principaux dysfonctionnements du système d’irrigation à Maury?

L’AIM manque de capacité technique pour établir des horaires d’irrigation et collecter les redevances, et le réseau secondaire est en grande partie en terre avec des pertes énormes d’eau.

Quelles recommandations sont proposées pour améliorer la gestion de l’irrigation à Maury?

Des recommandations sont proposées pour améliorer la gestion des infrastructures, la distribution d’eau et l’administration financière de l’association.

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